Texte intégral
Nous pouvons parler du Service européen pour l'action extérieure. Nous pouvons également parler de l'Iran, d'Haïti, de l'Afghanistan, de la Grèce, de la Libye et de la Suisse.
Concernant l'Iran, comme vous le savez, une déclaration a été adoptée, à l'appel de l'Allemagne, du Royaume-Uni et de la France qui s'indignaient du brouillage subi par les émissions à destination de l'Iran. Ce texte a été adopté par les Vingt-sept après une discussion beaucoup plus facile que prévue. Dans cette déclaration, que disons-nous ? Nous attirons l'attention sur le brouillage dont sont victimes des chaînes britanniques, allemandes et américaines, ainsi qu'Eutelsat. Notre protestation est politique. Nous sommes absolument hostiles au brouillage de nos émissions mais nous ne sommes pas des censeurs. Nous souhaitons que leur contestation politique soit entendue et nous avons entendu la protestation d'un certain nombre de membres du mouvement vert iranien qui s'indignaient qu'on laisse faire.
Cela n'a pas été facile d'avoir l'assentiment entre nos trois pays sur ce texte. Cependant, par la suite, tout le monde s'est déclaré d'accord. Je dis cela avec précaution parce que cela mérite d'être discuté de savoir quelles mesures doit prendre Eutelsat pour brouiller les émissions iraniennes à destination de nos pays. Vous comprenez que ce n'est pas facile de prendre une décision comme celle-là : "pas de liberté pour les ennemis de la liberté". C'est un peu difficile mais je suis très heureux que cette lettre ait trouvé sa place et soit acceptée dans les conclusions d'aujourd'hui.
Indépendamment de cela, le mouvement de contestation continue, même si on n'en n'entend pas parler tous les jours et le mouvement de résistance est toujours aussi vif sinon plus fort encore. Voilà pour l'Iran.
Sur Haïti, il y a plusieurs choses à la fois. Il y a le fait que tout le monde se prépare à cette réunion du 31 mars à New York : Catherine Ashton, qui est allée en Haïti, nous y représentera. Pour ma part, je serai également au G8 à Ottawa et il y a aussi la visite du président Sarkozy à Washington la veille. Je comprends qu'un certain nombre de ministres n'y seront pas puisque nous serons représentés en pleine concertation par Catherine Ashton. On nous a demandé d'annoncer notre participation financière, très simplement, pour mettre ensemble nos participations et la répartition de nos aides nationales qui seront additionnées à ce que Mme Ashton a trouvé très vite finalement.
Je sais qu'on lui a reproché de ne pas s'être manifestée elle-même à ce moment-là mais, franchement, cela a été plutôt un record que de trouver 400 et même 420 millions d'euros en un délai aussi court. Je ne lui reproche pas ; elle est allée après, c'était beaucoup plus visible.
Maintenant, il y a un problème immédiat, c'est de savoir comment la saison des pluies va se passer pour des centaines de milliers de gens sous les tentes. Il y a environ une quinzaine sinon une vingtaine d'endroits où pourraient être installés des gens qui sont toujours sur la place qu'ils ont occupée après le tremblement de terre. Il faut du temps pour installer toutes ces tentes, bien sûr, mais aussi le système d'écoulement des eaux, le système de latrines, etc., c'est vraiment difficile et cela ne pourra pas durer. Il faudra poursuivre l'aide pendant de nombreux mois, aide qui était réputée être une aide d'urgence et que l'on va être obligé d'étendre alors que la planification à laquelle nous nous livrons - la Commission, ECHO, Mme Ashton, les Etats membres l'Union européenne - devra étaler sa programmation sur dix ans au moins.
Il s'agit donc d'un exercice très compliqué pendant lequel nous avons consulté - Catherine Ashton bien sûr, les Commissaires, les Etats membres et les Haïtiens. Ils ne sont pas nombreux et beaucoup de ceux qui auraient pu assumer des responsabilités ont été blessés ou sont morts pendant le tremblement de terre. Et puis il y a le sort des enfants : les enfants sont évidemment une population extrêmement vulnérable. Avec la saison des pluies, certains seront atteints d'affections pulmonaires banales, mais qui, en cette période, peuvent devenir très grave.
Voilà, tout cela est très compliqué. Les Nations unies ont essayé d'être un chapeau à tout cela. Est-ce qu'on peut faire mieux ? Oui. Le dernier point, c'est sans doute cette interrogation, ce dont nous avons beaucoup parlé ce matin, est-ce qu'il faut un centre de crise ici à Bruxelles ? Sûrement, pourquoi pas ? Mieux équipé que ceux qui existent déjà. Il y a plusieurs centres de crise mais ce que je crois, c'est que ce que nous ne devons pas faire est plus important que ce que l'on peut faire parce que c'est la prévention qui nous manque. Or la prévention d'un tremblement de terre cela n'existe pas. On sait très bien quelles sont les failles, mais on ne sait pas à quel moment cela arrive en revanche.
Ce que pourrait faire et devrait faire la Haute représentante, c'est d'organiser les multiples possibilités des Vingt-sept. Il y a des sécurités civiles. Les Italiens, par exemple, sont bons, et ont bien réagi. Il faut savoir ce que l'on pourrait faire d'avance pour organiser immédiatement, 24 heures sur 24, la coordination, éventuellement suggérer à certains pays de partir les premiers par rapport aux autres, etc. Il faut harmoniser tout ce qui n'a pas pu l'être. Encore une fois, c'est impossible au moment d'un tel tremblement de terre. Je vous rappelle qu'il y a eu ensuite un tremblement de terre encore plus fort, de 8,8 sur l'échelle de Richter, au Chili. Les bâtiments ont mieux résisté parce qu'ils étaient mieux construits. Il y a donc eu deux séismes importants et je pense qu'un centre de crise à Bruxelles, sous l'autorité de la Haute représentante en lien avec la Commission, pourrait être très utile : organiser l'aide immédiate en termes d'efficacité majeure et d'efficacité comparée et prendre des décisions immédiatement, dans l'heure, après de telles catastrophes. Je crois que ce serait très efficace. En tout cas, c'est dans ce domaine que l'on pourrait améliorer les choses.
Il y a des gens qui ont parlé de la visibilité européenne, pourquoi pas ? C'est beaucoup mieux quand on sait ce que l'on a fait mais ce n'est pas le problème principal, d'avoir le drapeau européen sur chacune des activités de secours. Tout le monde sait que les pays qui sont là-bas - je parle d'Haïti mais je pourrais parler d'ailleurs - sont membres de l'Union européenne. Il faudrait le faire savoir, mais ce qui compte le plus c'est l'efficacité. Cela a été une discussion très intéressante.
Q - Combien sera annoncé à la conférence le 31 mars ?
R - On n'a même pas encore défini le montant exact de l'aide de l'Union européenne. Pour le moment, 420 millions d'euros ont été réunis, si l'on additionne toutes les ressources consacrées par l'Union européenne. Je peux vous dire que la part française correspond à environ 326 millions d'euros (incluant entre autre la remise de la dette...). On doit l'établir précisément pour le 29 mars puisque le 31 mars aura lieu la Conférence des donateurs. On vous communiquera cela de façon très disciplinée le 29 mars, d'autres pays l'ont déjà fait mais ils n'étaient peut-être pas confrontés à la même complexité que la France.
Tout cela est convenu dans un seul plan européen. Néanmoins, ce n'est pas encore terminé, il reste 8-10 jours. Vous comprenez que sur une échéance à 10 ans, c'est très difficile si cela n'est pas agréé par avance avant de le proposer aux Haïtiens. C'est aux Haïtiens de décider, mais c'est avant tout une décision politique, et j'insiste sur ce mot. Ce ne sera pas une addition d'aides sans un déploiement politique en termes, par exemple, d'urbanisme et de localisation des reconstructions. C'est vraiment une décision politique qui appartient aux Haïtiens. Nous, nous pouvons suggérer, offrir mais nous ne pouvons pas décider à leur place. C'est d'ailleurs tout l'intérêt que cela soit fait dans le bâtiment des Nations unies, avec les Nations unies.
Q - Concernant le centre de crise, c'est pour bientôt ?
R - Je crois que c'est particulièrement difficile à envisager avant qu'un bilan soit fait de l'ensemble des possibilités des vingt-sept membres de l'Union européenne. Cela prendra un certain temps, mais il y a déjà des centres de crise. ECHO a été mis en place rapidement, alors que Mme Ashton était restée avec peu de personnel. Karel De Gucht s'est rendu rapidement sur place et il a rédigé un bon rapport.
Je n'ai pas idée de quand cela se fera. Néanmoins, on peut le faire assez vite parce qu'il y aura un numéro de téléphone, une permanence. Je crois, cependant, que recenser les besoins est plus facile que de recenser immédiatement les disponibilités et l'étendue des aides. Par exemple, concernant la sécurité civile française ou italienne, c'est assez facile, mais vous avez aussi toutes les actions des ONG. Alors, c'est difficile même en terme de propositions qu'on pourrait éventuellement leur faire ; je prends mes précautions.
Q - Catherine Ashton doit-elle faire des propositions ?
R - On lui a demandé. Le rapport sera complet si l'on réussit à recenser toutes les aides dans les Etats membres de l'Union européenne ; ce qui va être tout de même un peu compliqué. En attendant, il convient de souligner qu'il y a eu un déploiement européen tout à fait remarquable.
Q - Les Etats sont-ils d'accord ?
R - Il faut les habituer. Ils n'étaient, par exemple, pas d'accord pour faire l'Union européenne non plus ! C'est une conséquence du Traité de Lisbonne. Les Etats ne seront sans doute pas volontaires pour se faire diriger. Cependant, si on prend l'habitude de leur demander d'envoyer immédiatement un hôpital mobile, un élément de la sécurité civile par exemple, je pense que cela sera très vite accepté. C'est une pratique très récente, cela n'a jamais été fait auparavant, c'est donc une discipline à adopter. Les secours sont difficilement coordonnables et c'est la raison pour laquelle il ne faut pas demander une date dans l'immédiat.
Q - S'agissant du brouillage des émissions en Iran, avez-vous arrêté des mesures ?
R - La censure nous pose, par principe, un problème. Dans la lettre adressée à Mme Ashton et à M. Moratinos, il est simplement demandé que l'on proteste, que l'on s'indigne et que l'on arrête le brouillage de nos émissions.
Q - Comment ?
R - A votre avis, comment agit-on politiquement ? Tout d'abord en le disant, puis en ayant tout le monde de son côté. On n'est pas forcé de prendre des mesures de contre-brouillage pour l'instant. J'ignore ce qui va se passer, on va voir, mais de toute façon, cela ne nous appartient pas, cela appartient à Eutelsat, une société privée - nous, nous n'avons aucun moyen de tourner un bouton.
Q - Où en est la discussion sur le Service européen pour l'action extérieure ?
R - La discussion en cours consiste à dire que le service européen pour l'action extérieure doit être entre les mains de la Haute représentante et que tout ce qui gravite autour peut être discuté. La Haute représentante est la vice-présidente de la Commission, c'est elle qui doit avoir la haute main, les nominations doivent être faites de la même manière et non pas par l'extérieur.
Nous pensons que la distribution entre les personnes proposées par Bruxelles et les diplomates nationaux est encore légèrement déséquilibrée, ce que nous avons fait remarquer aujourd'hui. Il faut aussi que le budget de tout ce service soit mis à la disposition de la Haute représentante pour donner à la fois de la signification et du poids à ce service européen d'action extérieure. Il y a donc encore du chemin à parcourir. La discussion n'est pas terminée. Cela peut être extrêmement efficace. Pour éviter que cela ne suscite une concurrence paralysante, il faut réussir à harmoniser l'ensemble des parties.
Il y aura beaucoup de poids politique parce qu'une décision prise avec les vingt-sept membres de l'Union européenne par la Haute représentante aura immédiatement un impact beaucoup plus important. C'est là aussi une conséquence du Traité de Lisbonne - il y a un petit ajustement peut-on dire, de souveraineté, de pouvoir, qui n'est pas très commode à faire, c'est complètement compréhensible, mais c'est ainsi. C'est un progrès.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 mars 2010
Concernant l'Iran, comme vous le savez, une déclaration a été adoptée, à l'appel de l'Allemagne, du Royaume-Uni et de la France qui s'indignaient du brouillage subi par les émissions à destination de l'Iran. Ce texte a été adopté par les Vingt-sept après une discussion beaucoup plus facile que prévue. Dans cette déclaration, que disons-nous ? Nous attirons l'attention sur le brouillage dont sont victimes des chaînes britanniques, allemandes et américaines, ainsi qu'Eutelsat. Notre protestation est politique. Nous sommes absolument hostiles au brouillage de nos émissions mais nous ne sommes pas des censeurs. Nous souhaitons que leur contestation politique soit entendue et nous avons entendu la protestation d'un certain nombre de membres du mouvement vert iranien qui s'indignaient qu'on laisse faire.
Cela n'a pas été facile d'avoir l'assentiment entre nos trois pays sur ce texte. Cependant, par la suite, tout le monde s'est déclaré d'accord. Je dis cela avec précaution parce que cela mérite d'être discuté de savoir quelles mesures doit prendre Eutelsat pour brouiller les émissions iraniennes à destination de nos pays. Vous comprenez que ce n'est pas facile de prendre une décision comme celle-là : "pas de liberté pour les ennemis de la liberté". C'est un peu difficile mais je suis très heureux que cette lettre ait trouvé sa place et soit acceptée dans les conclusions d'aujourd'hui.
Indépendamment de cela, le mouvement de contestation continue, même si on n'en n'entend pas parler tous les jours et le mouvement de résistance est toujours aussi vif sinon plus fort encore. Voilà pour l'Iran.
Sur Haïti, il y a plusieurs choses à la fois. Il y a le fait que tout le monde se prépare à cette réunion du 31 mars à New York : Catherine Ashton, qui est allée en Haïti, nous y représentera. Pour ma part, je serai également au G8 à Ottawa et il y a aussi la visite du président Sarkozy à Washington la veille. Je comprends qu'un certain nombre de ministres n'y seront pas puisque nous serons représentés en pleine concertation par Catherine Ashton. On nous a demandé d'annoncer notre participation financière, très simplement, pour mettre ensemble nos participations et la répartition de nos aides nationales qui seront additionnées à ce que Mme Ashton a trouvé très vite finalement.
Je sais qu'on lui a reproché de ne pas s'être manifestée elle-même à ce moment-là mais, franchement, cela a été plutôt un record que de trouver 400 et même 420 millions d'euros en un délai aussi court. Je ne lui reproche pas ; elle est allée après, c'était beaucoup plus visible.
Maintenant, il y a un problème immédiat, c'est de savoir comment la saison des pluies va se passer pour des centaines de milliers de gens sous les tentes. Il y a environ une quinzaine sinon une vingtaine d'endroits où pourraient être installés des gens qui sont toujours sur la place qu'ils ont occupée après le tremblement de terre. Il faut du temps pour installer toutes ces tentes, bien sûr, mais aussi le système d'écoulement des eaux, le système de latrines, etc., c'est vraiment difficile et cela ne pourra pas durer. Il faudra poursuivre l'aide pendant de nombreux mois, aide qui était réputée être une aide d'urgence et que l'on va être obligé d'étendre alors que la planification à laquelle nous nous livrons - la Commission, ECHO, Mme Ashton, les Etats membres l'Union européenne - devra étaler sa programmation sur dix ans au moins.
Il s'agit donc d'un exercice très compliqué pendant lequel nous avons consulté - Catherine Ashton bien sûr, les Commissaires, les Etats membres et les Haïtiens. Ils ne sont pas nombreux et beaucoup de ceux qui auraient pu assumer des responsabilités ont été blessés ou sont morts pendant le tremblement de terre. Et puis il y a le sort des enfants : les enfants sont évidemment une population extrêmement vulnérable. Avec la saison des pluies, certains seront atteints d'affections pulmonaires banales, mais qui, en cette période, peuvent devenir très grave.
Voilà, tout cela est très compliqué. Les Nations unies ont essayé d'être un chapeau à tout cela. Est-ce qu'on peut faire mieux ? Oui. Le dernier point, c'est sans doute cette interrogation, ce dont nous avons beaucoup parlé ce matin, est-ce qu'il faut un centre de crise ici à Bruxelles ? Sûrement, pourquoi pas ? Mieux équipé que ceux qui existent déjà. Il y a plusieurs centres de crise mais ce que je crois, c'est que ce que nous ne devons pas faire est plus important que ce que l'on peut faire parce que c'est la prévention qui nous manque. Or la prévention d'un tremblement de terre cela n'existe pas. On sait très bien quelles sont les failles, mais on ne sait pas à quel moment cela arrive en revanche.
Ce que pourrait faire et devrait faire la Haute représentante, c'est d'organiser les multiples possibilités des Vingt-sept. Il y a des sécurités civiles. Les Italiens, par exemple, sont bons, et ont bien réagi. Il faut savoir ce que l'on pourrait faire d'avance pour organiser immédiatement, 24 heures sur 24, la coordination, éventuellement suggérer à certains pays de partir les premiers par rapport aux autres, etc. Il faut harmoniser tout ce qui n'a pas pu l'être. Encore une fois, c'est impossible au moment d'un tel tremblement de terre. Je vous rappelle qu'il y a eu ensuite un tremblement de terre encore plus fort, de 8,8 sur l'échelle de Richter, au Chili. Les bâtiments ont mieux résisté parce qu'ils étaient mieux construits. Il y a donc eu deux séismes importants et je pense qu'un centre de crise à Bruxelles, sous l'autorité de la Haute représentante en lien avec la Commission, pourrait être très utile : organiser l'aide immédiate en termes d'efficacité majeure et d'efficacité comparée et prendre des décisions immédiatement, dans l'heure, après de telles catastrophes. Je crois que ce serait très efficace. En tout cas, c'est dans ce domaine que l'on pourrait améliorer les choses.
Il y a des gens qui ont parlé de la visibilité européenne, pourquoi pas ? C'est beaucoup mieux quand on sait ce que l'on a fait mais ce n'est pas le problème principal, d'avoir le drapeau européen sur chacune des activités de secours. Tout le monde sait que les pays qui sont là-bas - je parle d'Haïti mais je pourrais parler d'ailleurs - sont membres de l'Union européenne. Il faudrait le faire savoir, mais ce qui compte le plus c'est l'efficacité. Cela a été une discussion très intéressante.
Q - Combien sera annoncé à la conférence le 31 mars ?
R - On n'a même pas encore défini le montant exact de l'aide de l'Union européenne. Pour le moment, 420 millions d'euros ont été réunis, si l'on additionne toutes les ressources consacrées par l'Union européenne. Je peux vous dire que la part française correspond à environ 326 millions d'euros (incluant entre autre la remise de la dette...). On doit l'établir précisément pour le 29 mars puisque le 31 mars aura lieu la Conférence des donateurs. On vous communiquera cela de façon très disciplinée le 29 mars, d'autres pays l'ont déjà fait mais ils n'étaient peut-être pas confrontés à la même complexité que la France.
Tout cela est convenu dans un seul plan européen. Néanmoins, ce n'est pas encore terminé, il reste 8-10 jours. Vous comprenez que sur une échéance à 10 ans, c'est très difficile si cela n'est pas agréé par avance avant de le proposer aux Haïtiens. C'est aux Haïtiens de décider, mais c'est avant tout une décision politique, et j'insiste sur ce mot. Ce ne sera pas une addition d'aides sans un déploiement politique en termes, par exemple, d'urbanisme et de localisation des reconstructions. C'est vraiment une décision politique qui appartient aux Haïtiens. Nous, nous pouvons suggérer, offrir mais nous ne pouvons pas décider à leur place. C'est d'ailleurs tout l'intérêt que cela soit fait dans le bâtiment des Nations unies, avec les Nations unies.
Q - Concernant le centre de crise, c'est pour bientôt ?
R - Je crois que c'est particulièrement difficile à envisager avant qu'un bilan soit fait de l'ensemble des possibilités des vingt-sept membres de l'Union européenne. Cela prendra un certain temps, mais il y a déjà des centres de crise. ECHO a été mis en place rapidement, alors que Mme Ashton était restée avec peu de personnel. Karel De Gucht s'est rendu rapidement sur place et il a rédigé un bon rapport.
Je n'ai pas idée de quand cela se fera. Néanmoins, on peut le faire assez vite parce qu'il y aura un numéro de téléphone, une permanence. Je crois, cependant, que recenser les besoins est plus facile que de recenser immédiatement les disponibilités et l'étendue des aides. Par exemple, concernant la sécurité civile française ou italienne, c'est assez facile, mais vous avez aussi toutes les actions des ONG. Alors, c'est difficile même en terme de propositions qu'on pourrait éventuellement leur faire ; je prends mes précautions.
Q - Catherine Ashton doit-elle faire des propositions ?
R - On lui a demandé. Le rapport sera complet si l'on réussit à recenser toutes les aides dans les Etats membres de l'Union européenne ; ce qui va être tout de même un peu compliqué. En attendant, il convient de souligner qu'il y a eu un déploiement européen tout à fait remarquable.
Q - Les Etats sont-ils d'accord ?
R - Il faut les habituer. Ils n'étaient, par exemple, pas d'accord pour faire l'Union européenne non plus ! C'est une conséquence du Traité de Lisbonne. Les Etats ne seront sans doute pas volontaires pour se faire diriger. Cependant, si on prend l'habitude de leur demander d'envoyer immédiatement un hôpital mobile, un élément de la sécurité civile par exemple, je pense que cela sera très vite accepté. C'est une pratique très récente, cela n'a jamais été fait auparavant, c'est donc une discipline à adopter. Les secours sont difficilement coordonnables et c'est la raison pour laquelle il ne faut pas demander une date dans l'immédiat.
Q - S'agissant du brouillage des émissions en Iran, avez-vous arrêté des mesures ?
R - La censure nous pose, par principe, un problème. Dans la lettre adressée à Mme Ashton et à M. Moratinos, il est simplement demandé que l'on proteste, que l'on s'indigne et que l'on arrête le brouillage de nos émissions.
Q - Comment ?
R - A votre avis, comment agit-on politiquement ? Tout d'abord en le disant, puis en ayant tout le monde de son côté. On n'est pas forcé de prendre des mesures de contre-brouillage pour l'instant. J'ignore ce qui va se passer, on va voir, mais de toute façon, cela ne nous appartient pas, cela appartient à Eutelsat, une société privée - nous, nous n'avons aucun moyen de tourner un bouton.
Q - Où en est la discussion sur le Service européen pour l'action extérieure ?
R - La discussion en cours consiste à dire que le service européen pour l'action extérieure doit être entre les mains de la Haute représentante et que tout ce qui gravite autour peut être discuté. La Haute représentante est la vice-présidente de la Commission, c'est elle qui doit avoir la haute main, les nominations doivent être faites de la même manière et non pas par l'extérieur.
Nous pensons que la distribution entre les personnes proposées par Bruxelles et les diplomates nationaux est encore légèrement déséquilibrée, ce que nous avons fait remarquer aujourd'hui. Il faut aussi que le budget de tout ce service soit mis à la disposition de la Haute représentante pour donner à la fois de la signification et du poids à ce service européen d'action extérieure. Il y a donc encore du chemin à parcourir. La discussion n'est pas terminée. Cela peut être extrêmement efficace. Pour éviter que cela ne suscite une concurrence paralysante, il faut réussir à harmoniser l'ensemble des parties.
Il y aura beaucoup de poids politique parce qu'une décision prise avec les vingt-sept membres de l'Union européenne par la Haute représentante aura immédiatement un impact beaucoup plus important. C'est là aussi une conséquence du Traité de Lisbonne - il y a un petit ajustement peut-on dire, de souveraineté, de pouvoir, qui n'est pas très commode à faire, c'est complètement compréhensible, mais c'est ainsi. C'est un progrès.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 mars 2010