Texte intégral
Messieurs les Députés, (M. Michel HAVARD, Député du Rhône et M. Claude BIRRAUX, Député de la Haute-Savoie),
Monsieur le Président de la Fédération française du Bâtiment, (M. Didier Ridoret),
Monsieur le Président de Qualibat ( M. Alain Maugard) et Président du Comité opérationnel n°1 du Grenelle de l'environnement, consacré au bâtiment,
Mesdames, Messieurs,
Parmi tous les secteurs d'activité impactés par le Grenelle de l'Environnement, le secteur du bâtiment est certainement l'un de ceux qui occupe une place majeure dans notre stratégie pour accéder à une société plus respectueuse de l'environnement puisqu'à lui seul, il représente plus de 40% des consommations énergétiques de notre pays, et près du quart des émissions de gaz à effet de serre.
Du côté des ménages, la facture annuelle de chauffage est un poste de dépenses conséquent, en particulier pour les foyers les plus modestes puisqu'on l'estime à environ 900 euros en moyenne par ménage et par an. Cette moyenne recouvre en réalité de grandes disparités, encore accrues par la hausse du prix des énergies : cette dépense annuelle peut ainsi varier de 250 euros pour une maison « basse consommation » à plus de 1 800 euros pour une maison mal isolée.
Pour toutes ces raisons, le Plan Bâtiment du Grenelle de l'environnement est donc clairement un chantier prioritaire des Grenelle. Sa mise en oeuvre aura un triple effet positif : réduire durablement les dépenses énergétiques et les inégalités qui en découlent, améliorer le pouvoir d'achat des ménages et contribuer à la réduction des émissions de CO2.
Permettez-moi de vous rappeler rapidement les objectifs que nous poursuivons pour les logements existants :
- Nous voulons réduire les consommations d'énergie du parc des bâtiments existants d'au moins 38% d'ici à 2020 et, à cette fin, conduire un programme ambitieux de rénovation thermique et énergétique des bâtiments pour atteindre le rythme de 400 000 rénovations complètes de logements chaque année à compter de 2013 ;
- Nous souhaitons rénover l'ensemble des logements sociaux, avec, pour commencer la réalisation de travaux sur les 800 000 logements sociaux les plus énergivores d'ici 2020.
J'ajoute que le Grand Emprunt nous a permis de renforcer encore notre effort puisqu'il consacre une enveloppe de 500 millions d'euros à la lutte contre la précarité énergétique, enveloppe qui sera complétée par un apport des fournisseurs d'énergie et de l'ANAH, jusqu'à hauteur de 1,25 milliard d'euro. Cela va nous permettre de rénover les logements des 300 000 propriétaires occupants aux revenus les plus faibles et dont plus de la moitié vit dans les territoires ruraux, souvent dans de l'habitat individuel dégradé.
Nous le ferons grâce à une action systématique de repérage, de diagnostic et de travaux qui doit nous permettre, au final, d'allier, pour ces foyers modestes, un gain de pouvoir d'achat, une amélioration de la qualité de vie, et plus de respect pour l'environnement. C'est à mes yeux un exemple tout à fait parlant de ce que doit être notre effort en matière de solidarité écologique.
C'est aussi, pour votre secteur un défi considérable.
Le secteur de la rénovation est en effet un secteur-clé pour la relance de l'économie et le développement des métiers de la croissance verte. Avec la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement, le chiffre d'affaires de votre secteur d'activité devrait être multiplié par plus de deux d'ici 2012, pour atteindre 18 à 22 milliards d'euros par an. Cela doit se traduire également par la mobilisation de 120 000 emplois supplémentaires dans ce secteur très intensif en emplois, qui présentent le double avantage d'être peu délocalisables et répartis sur l'ensemble de notre territoire.
La diffusion très rapide de l'éco-prêt à taux zéro - Jean-Louis Borloo a annoncé très récemment la signature du 100 000ème en un an - et la rénovation programmée de plus de 35 000 logements sociaux induisent déjà un investissement de près de 3 milliards d'euros. Un tel rythme d'investissement correspond à la mobilisation de près de 40 000 emplois. Cette dynamique est encore amenée à s'amplifier fortement dans les prochains mois. Cela va également aider votre secteur d'activité à mieux faire face aux difficultés conjoncturelles liées à la crise.
La question de la formation de la filière du bâtiment est un enjeu majeur pour la réussite des objectifs du Grenelle Environnement. Il est essentiel que l'offre de formation soit adaptée aux besoins, qui vont aller croissants.
Pour accompagner cette montée en puissance, j'ai installé, le 13 octobre 2009, le comité national de pilotage pour le développement des métiers liés à la croissance verte, créé dans le cadre du plan national de mobilisation des territoires et des filières.
Ce plan est une déclinaison opérationnelle du Grenelle de l'environnement ; il vise à nourrir la croissance verte en adaptant les compétences métiers d'aujourd'hui afin que les entreprises disposent de ressources humaines qualifiées et suffisantes pour s'adapter à cette mutation. Outre le comité national, 11 comités de filières ont été constitués pour faire émerger les besoins de formation et mettre en adéquation l'offre avec la demande de nouvelles qualifications.
Ces comités de filières ont présenté les premiers résultats de leurs travaux le 28 janvier 2010, à l'occasion de la Conférence nationale sur les métiers de la croissance verte. Pour la filière « bâtiment », le comité a largement mis l'accent sur les mutations qui seront nécessaires pour faire évoluer les métiers existants, mais aussi attirer de nouvelles compétences aux frontières de son domaine : par exemple dans le secteur de la maintenance ou du diagnostic, mais aussi dans celui de la régulation, de la mesure de la performance énergétique ou bien encore dans les services (montage administratif, financier, appui juridique, suivi de contrat) intégrés aux offres globales des entreprises sur la rénovation énergétique.
Pour dynamiser ce mouvement, le comité « Bâtiment » a préconisé la poursuite et l'amplification du programme FEE Bat. Votre fédération, Monsieur le Président, avait d'ailleurs pris très tôt la mesure du véritable tournant que constituent les préoccupations croissantes de nos concitoyens en matière d'économies d'énergie puisque le programme FEE Bat a été mis en place dès 2007.
Je vous confirme donc le soutien total du Gouvernement à ce programme. Avec l'appui d'EDF qui consent un effort de 53 Meuros, une convention sera donc prochainement signée pour le financement de la formation aux économies d'énergie de 120 000 professionnels du bâtiment d'ici 2012.
Vous avez souhaité aller encore plus loin, grâce à deux programmes supplémentaires :
- Le programme « Bâtir avec l'Environnement », que vous avez lancé en 2008, structure véritablement l'action des professionnels ;
- L'opération « Les Pros de la Performance énergétique », que vous nous avez présentée en novembre 2009 à l'occasion du salon Bâtimat. Cette opération franchit un pas supplémentaire, en sélectionnant des professionnels qui seront capables de proposer l'ensemble de la chaîne pour des travaux d'amélioration énergétique. Ainsi seront assurés : en amont, une analyse et une préconisation des travaux et en aval, un engagement de performances et des conseils d'entretien et de bonne utilisation.
Vous avez également fait la preuve de votre volontarisme puisque nous avons pu déjà aujourd'hui écouter les témoignages des premières mises en oeuvre de ce dispositif que nous avions signé, Jean-Louis Borloo, Benoîst Apparu et moi-même en novembre dernier.
Permettez-moi de saluer tous les dirigeants de votre fédération pour leur clairvoyance et leur sens de l'anticipation, vous-même Monsieur le Président, mais aussi votre prédécesseur Christian Baffy, sans oublier Bernard Coloos et Paul Bréjon.
Vous êtes les ambassadeurs de cette opération, à laquelle le Gouvernement accorde une importance toute particulière. Votre rôle est absolument fondamental, car c'est bien grâce à vous que le Grenelle de l'environnement va vraiment trouver sa traduction concrète chez une majorité de Français, qui pourront compter sur votre compétence et vos conseils pour améliorer la performance énergétique de leur logement.
Alors n'hésitez pas à faire savoir autour de vous que le Grenelle de l'environnement est en marche.
Si l'on construit des logements BBC de plus en plus nombreux,
Si l'on distribue des éco-prêts à taux zéro à un rythme bien plus soutenu que prévu,
Si l'on rénove des logements sociaux en améliorant de ce fait le confort mais aussi le pouvoir d'achat de leurs occupants, tout ceci ne doit rien au hasard, mais traduit au contraire la concrétisation des mesures du Grenelle de l'environnement. Elles profitent aux hommes tout comme elles ont pour mission de protéger notre environnement et nos ressources.
Avec Jean-Louis Borloo et Benoist Apparu, nous savons que nous pouvons compter sur vous, car dans tous les moments où un grand effort collectif a été impulsé - je pense notamment au plan de rénovation urbaine ou au volet logement du plan de cohésion sociale - les professionnels de votre fédération ont été au rendez vous pour travailler en partenariat étroit avec l'Etat.
Je constate que c'est une fois de plus le cas aujourd'hui ! Soyez en chaleureusement félicités.
Je vous remercie.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 15 avril 2010