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Il y a un mois, le Président de la république choisissait de venir ici, sur le plateau de Saclay, pour présenter ses voeux au monde de l'éducation et de la recherche.
Ce choix ne devait rien au hasard. Car chacun de nous le sait, Saclay, c'est l'un des plus beaux symboles de l'ambition que je porte depuis presque trois ans : celle d'offrir aux étudiants de nos universités et de nos grandes écoles les meilleures conditions d'études ; celle d'offrir aux enseignants et aux chercheurs la possibilité de conduire leurs travaux dans un environnement qui n'a rien à envier aux grands campus internationaux ; celle de faire de la recherche française le moteur de l'innovation et de la croissance pour que nous sortions renforcés de la crise économique que nous traversons.
Ici, au coeur de l'Essonne, au coeur d'un Grand Paris qui est d'ores et déjà en marche, nous allons faire un très beau pari : celui de rassembler nos universités, nos grandes écoles et nos entreprises de haute technologie pour constituer avec nos établissements et nos centres de recherche une Silicon Valley à la française.
Ce pari, mes chers amis, nous le faisons ensemble. Ce choix de faire naître une Silicon Valley à la française, c'est avant tout le vôtre, celui que vous avez fait avec vos établissements, avec vos enseignants et vos chercheurs, avec vos étudiants.
Nous avons tout à gagner à travailler ensemble et à inventer ce campus d'un genre nouveau : un campus écologique, un campus ouvert et paysager, un campus ancré au coeur d'une nature préservée, aux bâtiments de faible hauteur et à faible consommation énergétique, qui deviendra un lieu de vie et de culture pour les chercheurs et les étudiants, bien sûr, mais aussi pour l'ensemble des habitants des vallées environnantes et du plateau.
Car je l'ai dit à de nombreuses reprises : le plus bel atout de Saclay, c'est le plateau lui-même. La nature est partout autour de nous, et je souhaite que demain elle soit encore plus présente. Ces 2 300 hectares de terres agricoles préservées, ils seront respectés non seulement parce qu'on ne développe pas la science aux dépens de l'agriculture, mais aussi au nom d'une idée très simple : un campus moderne, c'est un campus vert, c'est un campus où la qualité de vie des chercheurs et des étudiants est considérée comme un atout et non pas comme une question accessoire.
Je tiens en effet à ce que l'intégration du campus de Saclay dans son environnement naturel soit irréprochable. En particulier, l'implantation des établissements sur le plateau devra limiter l'étalement urbain et ainsi préserver au maximum les espaces naturels et agricoles. Je salue d'ailleurs le choix du célèbre paysagiste Michel DESVIGNE pour animer une équipe pluridisciplinaire d'urbanistes, d'architectes et de paysagistes qui accompagnera la mission d'aménagement du plateau. Je crois que c'est tout un symbole.
Et pour construire ce campus du XXIème siècle, des projets sont en train de naître et de grandir un peu partout sur le plateau. Nos universités et nos écoles se rapprochent et tissent des liens toujours plus étroits entre elles, notamment grâce à la fondation de coopération scientifique dont je tiens à saluer le travail remarquable. De grandes infrastructures communes et mutualisées ont déjà vu le jour, comme le synchrotron Soleil et la plate-forme d'imagerie Neurospin. D'autres infrastructures seront bientôt construites, comme le premier bâtiment Nano Innov dédié aux nanotechnologies, mais aussi des nouveaux équipements sportifs et culturels qui feront de Saclay une véritable cité scientifique, vivante et moderne.
Alors oui, le campus dont vous rêviez, dont nous rêvions est en train de naître et nous avons désormais toutes les raisons d'être optimistes.
Cet optimisme, nous le devons d'abord à quelques établissements qui ont été pionniers du plateau de Saclay. Et parmi eux, comment ne pas citer l'Institut d'optique où nous sommes réunis aujourd'hui pour inaugurer ce tout nouveau bâtiment ?
Des bâtiments agréables et fonctionnels, qui s'inscrivent avec harmonie dans l'architecture générale de l'Ecole Polytechnique.
Ces bâtiments, Madame la Présidente, ce sont ceux du laboratoire Charles Fabry. Un laboratoire d'excellence fréquenté par des chercheurs de renom et qui a tout naturellement bénéficié, pour ses nouveaux locaux, d'un soutien financier de l'Etat à hauteur de 6 millions d'euros, en plus des 1,5 millions apportés en complément par le conseil général de l'Essonne que je remercie, et des 1,7 millions financés sur fonds propres.
Et la scientifique que vous êtes ne me démentira pas : la qualité de votre Institut se mesure d'abord à la qualité de ses programmes de recherche. A cet égard, la réputation du laboratoire Charles Fabry n'est plus à démontrer, pas plus que son rayonnement international qui le situe aujourd'hui parmi les tous premiers centres mondiaux de recherche dans le domaine de l'optique.
Sur le plan de la recherche fondamentale, vos équipes ont réalisé des avancées scientifiques de tout premier plan. Je pense notamment, mais pas seulement, aux travaux du Professeur Alain ASPECT qui ont permis de valider expérimentalement certains des postulats les plus complexes de l'histoire de la physique, comme le concept d'intrication quantique de SCHRÖDINGER, vieux de plus de 70 ans. Des travaux qui ont valu à leur auteur la médaille d'or du CNRS en 2005 et, il y a quelques semaines, le prix WOLF.
Cela méritait d'être souligné, comme mériteraient de l'être les nombreuses découvertes qui ont vu le jour dans votre laboratoire, dont la plupart ont débouché sur des applications très concrètes, dans des domaines aussi variés que l'imagerie médicale, la technologie du laser, la métrologie optique, ou le cryptage de l'information.
Ces résultats ne relèvent pas du hasard, mais d'une plate-forme de valorisation particulièrement active et avec de nombreux partenariats. Et de ce point de vue vous êtes un modèle.
Car l'excellence de l'Institut d'optique, c'est aussi l'excellence de son réseau de partenaires. Avec le CNRS pour ses programmes de recherche. Avec l'université et les grandes écoles pour sa politique de formation. Avec les entreprises enfin, en particulier grâce au pôle de compétitivité Sytematic.
Et tout cela pour le plus grand profit de ses étudiants qui bénéficient d'un enseignement diversifié, à la fois théorique et pratique, débouchant sur une véritable insertion professionnelle, tant dans les métiers de la recherche que dans ceux du management, en passant par les métiers de l'ingénieur.
Car pour donner envie à vos étudiants d'entreprendre et de lancer leurs propres projets, vous n'avez pas hésité à développer une filière spécialisée dans la création d'entreprise. C'est là, je dois vous l'avouer, une initiative à laquelle je suis particulièrement sensible. Car l'entrepreneuriat étudiant est insuffisamment développé dans notre pays. Il doit être encouragé sous toutes ses formes, et notamment dans les écoles d'ingénieurs.
Mesdames et messieurs, le dynamisme de l'Institut d'optique, de sa formation comme de sa recherche, doit être contagieux pour l'ensemble du plateau de Saclay.
Je crois que c'est le sens de l'engagement pris par les 23 acteurs du campus de Saclay regroupés autour de la fondation de coopération scientifique.
Ce projet que vous portez est sans équivalent en France. C'est la raison pour laquelle le Président de la République a souhaité compléter la dotation de 850 Meuros du Plan Campus en réservant 1 milliard d'euros sur l'emprunt national.
Ces moyens accordés par l'Etat sont considérables. Mais je veux le dire très clairement devant vous, ils créent aussi des devoirs. Cet effort financier exceptionnel doit s'appuyer sur une collaboration exemplaire de l'ensemble des 23 acteurs du campus, car ce projet ne se résumera pas à une mise à niveau immobilière. C'est pourquoi nous avons demandé à la fondation de coopération scientifique d'approfondir son projet scientifique et pédagogique pour qu'il soit à la hauteur des enjeux.
Si des progrès très importants ont été accomplis depuis le dépôt de votre dossier de campus en février 2009, il reste du chemin à parcourir dans plusieurs domaines : le renforcement de votre potentiel de recherche dans quelques domaines stratégiques et d'excellence, en phase avec les priorités de la stratégie nationale de recherche et d'innovation ; une mutualisation plus forte des formations au niveau master et doctorat, pour laquelle tout le défi est le rapprochement des grandes écoles et de l'université ; la mise en place d'un dispositif de valorisation de la recherche commun à tous les acteurs ; et la création d'une marque unique, avec une signature scientifique commune et visible de Shanghaï.
Il faudra également réfléchir à la place des sciences humaines et sociales sur le plateau de Saclay. La présence d'HEC et la proximité de l'Université de Versailles - Saint-Quentin permettront de porter haut les couleurs des SHS, qui ne peuvent pas être considérées comme un domaine mineur.
Mais le sujet le plus difficile sur lequel il vous faut encore mettre de l'énergie, c'est celui de la gouvernance. C'est à mes yeux un enjeu essentiel pour l'avenir du plateau de Saclay. Comme les meilleurs pôles d'innovation mondiaux, le campus devra être capable de dégager des priorités claires et surtout de parler d'une seule voix.
Je sais que vous avez proposé une gouvernance renforcée autour du bureau de la fondation, un conseil d'orientation scientifique et une représentation croisée avec le futur établissement public d'aménagement du plateau de Saclay. Ces propositions vont dans le bon sens et supposent une modification des statuts de la fondation que je vous encourage à faire le plus rapidement possible.
Mais il faudra aussi réfléchir à l'évolution des deux PRES, qui regroupent les différents établissements présents sur le plateau. Car seule une gouvernance rénovée vous permettra d'accéder au statut de campus d'excellence que l'emprunt national permettra de doter. Ce sont des questions que je vous pose. Car la labellisation au titre de l'emprunt national dépendra des acteurs. Un rapprochement entre les PRES serait mon souhait, mais vous pouvez avoir des options différentes.
C'est cette gouvernance qui vous permettra de candidater aux appels à projets de l'emprunt national, notamment pour les instituts de recherche technologique et pour les laboratoires d'excellence.
C'est elle aussi qui vous permettra d'imaginer le projet de vie pour votre campus, avec des parcs et des lieux de vie agréables, des restaurants et des salles de spectacles, des espaces conviviaux, propices aux rencontres et aux échanges.
Mais cette grande cité de la science et de l'innovation ne pourra pas voir le jour sans un engagement fort des collectivités locales. Je sais qu'elles seront en soutien à ce beau projet. J'attends d'ailleurs avec impatience la réalisation d'un réseau de transport en site propre sur le plateau, et je fais confiance à la région pour le faire.
Mesdames et Messieurs, le campus de Saclay a tout pour jouer dans la cour des grands pôles d'innovation mondiaux. A vous de le faire vivre et de répondre à ce défi pour notre pays tout entier. A vous de répondre à cette promesse formidable pour notre jeunesse, dont l'avenir est aujourd'hui entre vos mains.
Je vous remercie.
Source http://campussaclay-preprod.novactive.fr, le 20 avril 2010