Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur les mouvements de spéculation contre la Grèce et contre l'euro, à l'Assemblée nationale le 27 avril 2010

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Circonstance : Question posée par M. Paul Giacobbi, député (SRC) et président du Conseil exécutif de Corse, à l'Assemblée nationale le 27 avril 2010

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur Giacobbi,
Je voudrais d'abord faire remarquer que si la Grèce est aujourd'hui dans la situation qui est la sienne, ce n'est pas parce qu'elle s'est endettée pour aider ses banques, c'est parce qu'elle s'est endettée tout court, et qu'elle a conduit une politique qui l'amène aujourd'hui à un déficit qui est presque le double de celui qui avait été annoncé.
Mais je voudrais profiter de votre question pour m'adresser au fond à tous ceux qui spéculent aujourd'hui contre la Grèce, et qui spéculent au fond contre la monnaie européenne, pour leur dire de la façon la plus claire qui soit, que l'Union européenne, que les Etats de la zone euro vont assumer toutes leurs responsabilités à l'égard de la Grèce. Nous serons au côté de la Grèce, comme cela a été décidé au dernier Conseil européen. Et les hésitations qui ont pu sembler être celles du gouvernement allemand vont être aujourd'hui même dissipées ; Madame Merkel doit s'exprimer dans quelques minutes, et je ne doute pas qu'elle prendra exactement la même position que celle qui est la position du gouvernement français et de l'ensemble des Etats européens.
Nous devons arrêter cette spéculation, qui est irrationnelle, qui n'a rien à voir avec la réalité - même si elle est sérieuse - des finances publiques grecques. Et la seule façon de le faire, c'est de mettre en place, immédiatement, les 30 milliards d'euros que les pays européens ont promis de prêter à la Grèce pour lui permettre de faire ses échéances dans des conditions convenables.
Pour le reste, M. Giacobbi, vous avez raison, et je vous remercie d'avoir rappelé que la France menait le combat pour une réforme profonde du système monétaire. J'entendais hier un député du Parti socialiste qui s'en prenait au gouvernement français qui n'aurait pas de résultats sur ce sujet ; il aurait pu, plutôt, nous apporter son soutien, car c'est vrai que nous avons du mal à convaincre l'ensemble des pays qui ont une responsabilité, s'agissant de cette crise financière - je pense aux Etats-Unis, où les débats, comme vous le savez, au Congrès ne vont pas dans le bon sens ; je pense à d'autres pays européens ; je pense à la Chine, où se trouve aujourd'hui le président de la République - qui doivent prendre avec nous leurs responsabilités pour changer les règles d'un système financier qui autorise aujourd'hui une spéculation immorale, une spéculation qui n'a aucun fondement contre un Etat que nous allons ensemble protéger, comme nous allons protéger notre monnaie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 29 avril 2010