Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je connais Skender Hyseni, l'actuel ministre des Affaires étrangères du Kosovo, depuis 18 ans. Il y a 18 ans en effet, je suis arrivé au Kosovo pour rendre visite à Ibrahim Rugova et Skender était déjà là, aujourd'hui il est ministre ! Bonjour Monsieur le Ministre, merci d'être venu, je suis enchanté de vous recevoir, de recevoir mes amis kosovars.
Je pense que la situation au Kosovo et en Serbie connaît une évolution positive. Tous les problèmes ne sont pas réglés mais quand j'ai eu l'honneur d'être chargé par le Secrétaire général des Nations unies, à l'époque Kofi Annan, de représenter l'ONU en juillet 1999 et pour deux ans, je n'aurais pas pensé que je recevrais aujourd'hui Skender Hyseni, ministre des Affaires étrangères du Kosovo. Les choses évoluent donc et je pense qu'elles évoluent bien.
Il y a quelques semaines, je me suis rendu à Belgrade et à Pristina. J'ai dit clairement à nos amis serbes, comme je l'ai dit clairement à l'Assemblée à Pristina à nos amis kosovars que, du point de vue de la France, leur entrée dans l'Union européenne ne faisait pas de doute. J'ai dit aux Serbes qu'une part de leur avenir était dans l'Union européenne et que, pour cela, il fallait - non pas comme une pré-condition car aucune pré-condition n'est inscrite dans les Traités - commencer un dialogue qui, en réalité, n'a jamais vraiment cessé. J'ai dit la même chose à Pristina et le point de vue de la France est que tous les pays des Balkans occidentaux doivent entrer dans l'Union européenne. Ce sera un processus progressif, lent, différencié mais que ce qui a été commencé pour la Croatie s'offrira de la même façon à la Serbie, c'est une évidence pour nous.
Je tiens à remercier le ministre des Affaires étrangères du Kosovo, Skender Hyseni de sa visite. J'ai également eu l'occasion à plusieurs reprises de recevoir le ministre des Affaires étrangères de Serbie, Vuk Jeremic. Nous nous retrouverons à Sarajevo le 2 juin lors de la réunion organisée par la Présidence espagnole et sous la présidence de Mme Catherine Ashton. D'ici là, la France fera tous les efforts, je ferai personnellement tous les efforts pour qu'un dialogue s'établisse entre la Serbie et le Kosovo. C'est une nécessité pour nous, c'est une chance pour eux, c'est une évidence pour la communauté internationale.
Skender Hyseni, soyez le bienvenu en France.
Q - Pensez-vous que la présence internationale au Kosovo s'inscrira dans le long terme ou faut-il laisser un peu les autorités locales prendre leurs responsabilités ? Et deuxièmement, concernant le sommet de Sarajevo, attendons-nous quelque chose de beaucoup plus précis ou c'est simplement l'occasion de faire le point ?
R - Je souhaite que la durée de la présence internationale soit la plus courte possible. Cela fait déjà maintenant 11 ans, depuis 1999. Je pense que la présence européenne est encore nécessaire pour quelques années.
Cette présence européenne se manifeste non seulement par une mission de police, avec environ 2.000 policiers, mais également via un volet très important de formation administrative et technique. Cela va-t-il durer longtemps ? J'espère le moins possible mais c'est au personnel politique, au ministre des Affaires étrangères du Kosovo et au ministre des Affaires étrangères de Serbie, aux deux gouvernements de faire des efforts pour que le temps se réduise.
Voulez-vous ma prédiction personnelle ? Je pense que les esprits sont mûrs, je pense que la jeune génération, aussi bien à Belgrade qu'à Pristina, est maintenant capable de comprendre la nécessité du dialogue. Comme l'a dit le ministre des Affaires étrangères, nous ne demandons pas aux Serbes de reconnaître le Kosovo tout de suite. Nous leur demandons, au nom de l'Union européenne, de commencer à donner des signes qui peuvent, comme l'a dit le ministre Hyseni, commencer par l'approvisionnement en électricité, par la mise en place des transports, par des actions entre voisins qu'il est nécessaire de mettre en oeuvre.
Les esprits ont changé des deux côtés et, pour les jeunes générations serbe et kosovare à qui je fais confiance, le mouvement est nécessaire. Je ne garantis pas sa rapidité, mais je vous assure qu'en 1999, il était impossible d'imaginer que le mouvement se ferait aussi vite. Je suis très optimiste, peut-être trop, mais si je n'avais pas été optimiste, je vous assure que je n'aurais pas été au Kosovo.
Q - Concernant le Sommet de Sarajevo, attendons-nous quelque chose de beaucoup plus précis ?
R - Ce n'est pas à moi de le dire. A Sarajevo, il n'y aura pas que le dossier afférant à la Serbie et au Kosovo qui sera évoqué. Il y a un certain nombre de problèmes dans les Balkans et notamment en Bosnie Herzégovine. Tout cela sera organisé par la Présidence espagnole emmenée par Miguel Moratinos, avec la participation active des Italiens, ainsi que par Mme Ashton, la Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité.
De nombreux dossiers seront évoqués, en particulier celui de la Bosnie Herzégovine. D'ailleurs, nous nous retrouverons théoriquement et pratiquement pour cela, mais s'il y a d'autres paroles échangées nous serons très heureux qu'elles le soient à cette occasion. Je suis là aussi assez optimiste, progressivement les choses s'arrangent.
Q - Etes-vous optimiste sur les chances, au sein de l'Union européenne, d'une reconnaissance du Kosovo puisque tous les pays, dont l'Espagne, n'ont pas reconnu le Kosovo ?
R - Il y a un certain nombre de pays qui n'ont pas reconnu le Kosovo, mais il y en a déjà, si je ne m'abuse, 66 qui l'ont reconnu.
Il est vrai qu'il y en a qui n'ont pas encore reconnu le Kosovo, en particulier l'Espagne avec mon ami Miguel Moratinos qui organise cette réunion avec Catherine Ashton. Parmi les vingt-sept pays de l'Union européenne, cinq n'ont pas reconnu le Kosovo, cela viendra.
A un moment donné la réalité de ce pays particulier qui est le Kosovo sera reconnue mais chacun des pays de l'Union européenne ont des problèmes légitimes et nationaux. Le problème de la Présidence espagnole, je le connais très bien et cela ne m'empêche pas avec Miguel Moratinos de rendre visite à nos amis kosovars et à nos amis serbes. Au contraire, cela autorise à faire des efforts qui, je crois, aboutiront. Vous savez, quand on a assisté à la férocité des affrontements entre la Serbie et le Kosovo, avant qu'il ne soit indépendant, on est content de cette évolution. Si elle peut être plus rapide ce serait mieux encore mais c'est tout de même pas mal ! Je suis allé à Pristina il y a quelques semaines, c'était tout de même différent, cela évolue bien, je le crois et j'espère ne pas me tromper !
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 mai 2010
Je connais Skender Hyseni, l'actuel ministre des Affaires étrangères du Kosovo, depuis 18 ans. Il y a 18 ans en effet, je suis arrivé au Kosovo pour rendre visite à Ibrahim Rugova et Skender était déjà là, aujourd'hui il est ministre ! Bonjour Monsieur le Ministre, merci d'être venu, je suis enchanté de vous recevoir, de recevoir mes amis kosovars.
Je pense que la situation au Kosovo et en Serbie connaît une évolution positive. Tous les problèmes ne sont pas réglés mais quand j'ai eu l'honneur d'être chargé par le Secrétaire général des Nations unies, à l'époque Kofi Annan, de représenter l'ONU en juillet 1999 et pour deux ans, je n'aurais pas pensé que je recevrais aujourd'hui Skender Hyseni, ministre des Affaires étrangères du Kosovo. Les choses évoluent donc et je pense qu'elles évoluent bien.
Il y a quelques semaines, je me suis rendu à Belgrade et à Pristina. J'ai dit clairement à nos amis serbes, comme je l'ai dit clairement à l'Assemblée à Pristina à nos amis kosovars que, du point de vue de la France, leur entrée dans l'Union européenne ne faisait pas de doute. J'ai dit aux Serbes qu'une part de leur avenir était dans l'Union européenne et que, pour cela, il fallait - non pas comme une pré-condition car aucune pré-condition n'est inscrite dans les Traités - commencer un dialogue qui, en réalité, n'a jamais vraiment cessé. J'ai dit la même chose à Pristina et le point de vue de la France est que tous les pays des Balkans occidentaux doivent entrer dans l'Union européenne. Ce sera un processus progressif, lent, différencié mais que ce qui a été commencé pour la Croatie s'offrira de la même façon à la Serbie, c'est une évidence pour nous.
Je tiens à remercier le ministre des Affaires étrangères du Kosovo, Skender Hyseni de sa visite. J'ai également eu l'occasion à plusieurs reprises de recevoir le ministre des Affaires étrangères de Serbie, Vuk Jeremic. Nous nous retrouverons à Sarajevo le 2 juin lors de la réunion organisée par la Présidence espagnole et sous la présidence de Mme Catherine Ashton. D'ici là, la France fera tous les efforts, je ferai personnellement tous les efforts pour qu'un dialogue s'établisse entre la Serbie et le Kosovo. C'est une nécessité pour nous, c'est une chance pour eux, c'est une évidence pour la communauté internationale.
Skender Hyseni, soyez le bienvenu en France.
Q - Pensez-vous que la présence internationale au Kosovo s'inscrira dans le long terme ou faut-il laisser un peu les autorités locales prendre leurs responsabilités ? Et deuxièmement, concernant le sommet de Sarajevo, attendons-nous quelque chose de beaucoup plus précis ou c'est simplement l'occasion de faire le point ?
R - Je souhaite que la durée de la présence internationale soit la plus courte possible. Cela fait déjà maintenant 11 ans, depuis 1999. Je pense que la présence européenne est encore nécessaire pour quelques années.
Cette présence européenne se manifeste non seulement par une mission de police, avec environ 2.000 policiers, mais également via un volet très important de formation administrative et technique. Cela va-t-il durer longtemps ? J'espère le moins possible mais c'est au personnel politique, au ministre des Affaires étrangères du Kosovo et au ministre des Affaires étrangères de Serbie, aux deux gouvernements de faire des efforts pour que le temps se réduise.
Voulez-vous ma prédiction personnelle ? Je pense que les esprits sont mûrs, je pense que la jeune génération, aussi bien à Belgrade qu'à Pristina, est maintenant capable de comprendre la nécessité du dialogue. Comme l'a dit le ministre des Affaires étrangères, nous ne demandons pas aux Serbes de reconnaître le Kosovo tout de suite. Nous leur demandons, au nom de l'Union européenne, de commencer à donner des signes qui peuvent, comme l'a dit le ministre Hyseni, commencer par l'approvisionnement en électricité, par la mise en place des transports, par des actions entre voisins qu'il est nécessaire de mettre en oeuvre.
Les esprits ont changé des deux côtés et, pour les jeunes générations serbe et kosovare à qui je fais confiance, le mouvement est nécessaire. Je ne garantis pas sa rapidité, mais je vous assure qu'en 1999, il était impossible d'imaginer que le mouvement se ferait aussi vite. Je suis très optimiste, peut-être trop, mais si je n'avais pas été optimiste, je vous assure que je n'aurais pas été au Kosovo.
Q - Concernant le Sommet de Sarajevo, attendons-nous quelque chose de beaucoup plus précis ?
R - Ce n'est pas à moi de le dire. A Sarajevo, il n'y aura pas que le dossier afférant à la Serbie et au Kosovo qui sera évoqué. Il y a un certain nombre de problèmes dans les Balkans et notamment en Bosnie Herzégovine. Tout cela sera organisé par la Présidence espagnole emmenée par Miguel Moratinos, avec la participation active des Italiens, ainsi que par Mme Ashton, la Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité.
De nombreux dossiers seront évoqués, en particulier celui de la Bosnie Herzégovine. D'ailleurs, nous nous retrouverons théoriquement et pratiquement pour cela, mais s'il y a d'autres paroles échangées nous serons très heureux qu'elles le soient à cette occasion. Je suis là aussi assez optimiste, progressivement les choses s'arrangent.
Q - Etes-vous optimiste sur les chances, au sein de l'Union européenne, d'une reconnaissance du Kosovo puisque tous les pays, dont l'Espagne, n'ont pas reconnu le Kosovo ?
R - Il y a un certain nombre de pays qui n'ont pas reconnu le Kosovo, mais il y en a déjà, si je ne m'abuse, 66 qui l'ont reconnu.
Il est vrai qu'il y en a qui n'ont pas encore reconnu le Kosovo, en particulier l'Espagne avec mon ami Miguel Moratinos qui organise cette réunion avec Catherine Ashton. Parmi les vingt-sept pays de l'Union européenne, cinq n'ont pas reconnu le Kosovo, cela viendra.
A un moment donné la réalité de ce pays particulier qui est le Kosovo sera reconnue mais chacun des pays de l'Union européenne ont des problèmes légitimes et nationaux. Le problème de la Présidence espagnole, je le connais très bien et cela ne m'empêche pas avec Miguel Moratinos de rendre visite à nos amis kosovars et à nos amis serbes. Au contraire, cela autorise à faire des efforts qui, je crois, aboutiront. Vous savez, quand on a assisté à la férocité des affrontements entre la Serbie et le Kosovo, avant qu'il ne soit indépendant, on est content de cette évolution. Si elle peut être plus rapide ce serait mieux encore mais c'est tout de même pas mal ! Je suis allé à Pristina il y a quelques semaines, c'était tout de même différent, cela évolue bien, je le crois et j'espère ne pas me tromper !
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 mai 2010