Texte intégral
F. Rivière.- Bonjour, H. de Raincourt.
Bonjour.
Les marchés ont, en effet, salué le plan de soutien à la zone euro annoncé dans la nuit de dimanche à lundi. Les bourses européennes, mais pas seulement d'ailleurs, ont clôturé en très forte hausse. Est-ce que vous croyez que l'euro est désormais hors de danger ?
On ne peut certainement pas affirmer d'une manière définitive que l'euro est hors de danger. Ce qui est clair, en réalité, c'est quand même que c'est absolument la première fois qu'un plan de stabilisation de l'euro lui permettant d'affronter des crises lorsqu'elles surviennent est adopté à ce niveau et avec cette ampleur. 750 milliards d'euros, y compris la contribution du FMI, ça donne presque le tournis. En tout cas, je pense que c'est une avancée absolument déterminante dans ce que la France souhaite depuis longtemps, c'est-à-dire la mise en place d'une gouvernance économique et financière de la zone euro avec des outils adaptés pour pouvoir répondre aux situations de crise, et en particulier comme celle que nous avons connue ces derniers jours. Donc, on ne peut pas dire que c'est fini, que ça ne reviendra pas. Evidemment, ça, ce n'est pas possible !
Des Etats endettés, qui empruntent des montants astronomiques pour prêter de l'argent à des Etats encore plus endettés qu'eux, c'est pas une construction un peu folle, ça ?
Ça peut paraître, effectivement, quelque chose d'extrêmement fragile. Néanmoins, c'est la seule façon que nous ayons aujourd'hui de nous en sortir, parce que ce qu'il faut voir c'est si on agissait pas de cette façon que se passerait-il ? Bon, un Etat en faillite c'est quelque chose qui, effectivement, est assez inimaginable, et donc c'est la raison pour laquelle il faut mettre en place les outils qui vont permettre de réagir. Alors, on passe par une phase de tension qui est assez forte, effectivement, mais je crois que l'euro et que la politique européenne en la matière, ont pris le bon chemin.
N. Sarkozy, qui recevait hier les organisations syndicales et patronales, s'est prononcé contre la reconduction des mesures exceptionnelles de soutien au pouvoir d'achat des ménages qui avaient été décidées l'année dernière en expliquant qu'il fallait maintenant engager le redressement des finances publiques. La semaine dernière, le Premier ministre avait annoncé le gel des dépenses publiques sur les trois prochaines années. Est-ce que la crise grecque a fait peu à la France pour elle-même ?
Il faut conjuguer deux choses. Nous avons la crise grecque ces dernières semaines ; nous avons eu la crise de l'automne 2008. Et donc, la France, comme d'autres pays d'ailleurs, a mis en place un plan de relance par l'investissement et un certain nombre de mesures de soutien au pouvoir d'achat. C'est bien de cela dont il s'agit. Et donc, aujourd'hui, nous sommes dans la situation où malgré ce qui s'est passé ces derniers jours, il faut que l'on mettre en place la politique de sortie de crise. Et il était clair, et il était convenu - ça été annoncé lorsque ces mesures de soutien au pouvoir d'achat ont été adoptées - que ce ne serait pas reconductible. Et donc, maintenant, nous sommes dans la période où nous mettons en place les éléments de sortie de cette crise. Donc, on ne reconduit pas ce qui avait été fait précédemment, et, effectivement, nous allons élaborer un budget 2001 en termes de dépenses au niveau...
... de rigueur.
Certainement pas de rigueur, puisque vous connaissez la définition de la rigueur. La rigueur c'est moins de dépenses et plus de recettes, c'est-à-dire plus d'impôts. Nous, nous maîtrisons nos dépenses et nous ne voulons à aucun prix augmenter la fiscalité puisque nous considérons que c'est un des éléments essentiels, pour ne pas dire déterminants, de la compétitivité de la France et de nos entreprises. Et c'est un point qui est essentiel pour notre avenir économique.
Est-ce qu'on vous donne pour consigne de ne pas employer le terme de rigueur ? Est-ce ce que mot est interdit au sein du Gouvernement ?
Il n'y a pas d'interdiction en tant que telle. Ce qui est quand même souhaitable...
...parce qu'il y en a qui le disent dans la majorité, J.-F. Copé emploie le mot, A. Juppé emploie le mot, mais au Gouvernement on a l'impression que c'est un tabou total.
Figurez-vous que ça ne m'a pas échappé, mais la semaine dernière nous avons eu un séminaire du Gouvernement réunissant les ministres autour du Premier ministre, où on nous a présenté les grandes lignes de l'objectif que nous nous fixons pour le budget de 2011, et on voit bien qu'effectivement nous allons maîtriser, comme on l'a jamais fait, zéro valeur, nos dépenses, mais sans augmenter nos recettes.
C'est quoi le mot alors ? Si ce n'est pas la rigueur, quel est le mot qui convient ?
Eh bien, c'est un plan de maîtrise de nos dépenses.
Ça veut dire qu'avant on ne les maîtrisait pas alors.
C'est-à-dire qu'avant nous avions- je ne parle pas d'une période plus ancienne -, mais nous avions un système qui faisait que depuis trois ans, et on a été le premier gouvernement à l'avoir fait, où nos dépenses augmentaient mécaniquement du montant de l'inflation. Eh bien, aujourd'hui, nous disons nous devons faire l'effort correspondant au différentiel entre le zéro valeur et le zéro volume.
C'est un peu austère, donc !
C'est effectivement quelque chose, ce n'est pas très drôle, de devoir faire des économies, mais c'est fondamental. Nous devons pour assainir nos finances publiques, eh bien nous avons aujourd'hui, en 2010, un déficit de 8 %, nous devons l'année prochaine atteindre 6 % en 2011 et en 2013 parvenir à nos 3 %. C'est notre engagement auprès des instances européennes. Il en va de la crédibilité de la France, il en va de la signature de la France.
Mais pour ça, il va falloir se serrer un peu la ceinture.
Mais écoutez, oui, mais pas tant que ça quand même, parce que quand on regarde les mesures que l'on envisage, eh ben écoutez, 5 milliards sur les niches fiscales, etc.
...oui, on est loin de ce que vont faire les Grecs, c'est clair.
Ca, c'est sûr, malheureusement pour eux !
H. de Raincourt, l'Assemblée nationale va voter aujourd'hui une résolution, un nouveau dispositif législatif, qui stipule que le voile intégral est contraire aux valeurs républicaines. Les députés socialistes vont voter, en principe, ce texte avec vous. J'imagine que ça c'est un motif de satisfaction, même si ça ne préjuge pas de ce qui va se passer pour la loi.
Ecoutez, je pense que sur des sujets comme ceux-là, qui sont de sujets de société, dont on parle depuis - parce qu'on n'en parle pas depuis huit jours, on en parle depuis - longtemps, on a franchi un certain nombre d'étapes. La réflexion des uns et des autres est aujourd'hui, je crois, relativement claire, il y a eu une mission à l'Assemblée nationale, et on s'engage dans un processus par le vote d'une proposition de résolution qui est, comme vous l'avez souligné vous-même, une nouveauté dans la vie du Parlement français. Je crois que les forces démocratiques et républicaines vont se réunir autour de ce texte. Donc, on va affirmer un principe, et moi je trouve que c'est bon sur un principe important que l'unité nationale se manifeste.
Pour obtenir le ralliement des députés socialistes à cette résolution, le groupe UMP a accepté finalement de retirer du texte un point qui prévoyait l'organisation d'un grand débat national sur les droits des femmes. Au fond, ça vous évite peut-être un nouveau débat qui aurait pu un peu déraper, comme celui sur l'identité nationale. C'est peut-être pas plus mal, non ?
Il faut savoir ce qu'on veut dans la vie. Si on veut obtenir la réunion du plus grand nombre des députés, il faut se mettre d'accord et trouver la voie de passage, le cheminement qui corresponde à l'équilibre acceptable par les uns et par les autres. Ca s'appelle le fonctionnement normal d'une démocratie.
Pour l'instant, l'unanimité n'est pas au rendez-vous en ce qui concerne le projet de loi qui devrait être présenté mercredi de la semaine prochaine. Est-ce que vous pensez, est-ce que vous espérez y parvenir ?
Ecoutez, à partir du moment où on affirme que le port du voile intégral n'est pas le bienvenu en France, il reste après à en arrêter les modalités pour que ce soit simple, compréhensible et applicable. Et puis, chacun se prononcera, chacun assumera sa responsabilité devant l'opinion.
Si c'est simple, compréhensible et applicable, peut-être que vous une chance alors !
Mais nous l'espérons.
Merci H. de Raincourt. Bonne journée.
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 mai 2010
Bonjour.
Les marchés ont, en effet, salué le plan de soutien à la zone euro annoncé dans la nuit de dimanche à lundi. Les bourses européennes, mais pas seulement d'ailleurs, ont clôturé en très forte hausse. Est-ce que vous croyez que l'euro est désormais hors de danger ?
On ne peut certainement pas affirmer d'une manière définitive que l'euro est hors de danger. Ce qui est clair, en réalité, c'est quand même que c'est absolument la première fois qu'un plan de stabilisation de l'euro lui permettant d'affronter des crises lorsqu'elles surviennent est adopté à ce niveau et avec cette ampleur. 750 milliards d'euros, y compris la contribution du FMI, ça donne presque le tournis. En tout cas, je pense que c'est une avancée absolument déterminante dans ce que la France souhaite depuis longtemps, c'est-à-dire la mise en place d'une gouvernance économique et financière de la zone euro avec des outils adaptés pour pouvoir répondre aux situations de crise, et en particulier comme celle que nous avons connue ces derniers jours. Donc, on ne peut pas dire que c'est fini, que ça ne reviendra pas. Evidemment, ça, ce n'est pas possible !
Des Etats endettés, qui empruntent des montants astronomiques pour prêter de l'argent à des Etats encore plus endettés qu'eux, c'est pas une construction un peu folle, ça ?
Ça peut paraître, effectivement, quelque chose d'extrêmement fragile. Néanmoins, c'est la seule façon que nous ayons aujourd'hui de nous en sortir, parce que ce qu'il faut voir c'est si on agissait pas de cette façon que se passerait-il ? Bon, un Etat en faillite c'est quelque chose qui, effectivement, est assez inimaginable, et donc c'est la raison pour laquelle il faut mettre en place les outils qui vont permettre de réagir. Alors, on passe par une phase de tension qui est assez forte, effectivement, mais je crois que l'euro et que la politique européenne en la matière, ont pris le bon chemin.
N. Sarkozy, qui recevait hier les organisations syndicales et patronales, s'est prononcé contre la reconduction des mesures exceptionnelles de soutien au pouvoir d'achat des ménages qui avaient été décidées l'année dernière en expliquant qu'il fallait maintenant engager le redressement des finances publiques. La semaine dernière, le Premier ministre avait annoncé le gel des dépenses publiques sur les trois prochaines années. Est-ce que la crise grecque a fait peu à la France pour elle-même ?
Il faut conjuguer deux choses. Nous avons la crise grecque ces dernières semaines ; nous avons eu la crise de l'automne 2008. Et donc, la France, comme d'autres pays d'ailleurs, a mis en place un plan de relance par l'investissement et un certain nombre de mesures de soutien au pouvoir d'achat. C'est bien de cela dont il s'agit. Et donc, aujourd'hui, nous sommes dans la situation où malgré ce qui s'est passé ces derniers jours, il faut que l'on mettre en place la politique de sortie de crise. Et il était clair, et il était convenu - ça été annoncé lorsque ces mesures de soutien au pouvoir d'achat ont été adoptées - que ce ne serait pas reconductible. Et donc, maintenant, nous sommes dans la période où nous mettons en place les éléments de sortie de cette crise. Donc, on ne reconduit pas ce qui avait été fait précédemment, et, effectivement, nous allons élaborer un budget 2001 en termes de dépenses au niveau...
... de rigueur.
Certainement pas de rigueur, puisque vous connaissez la définition de la rigueur. La rigueur c'est moins de dépenses et plus de recettes, c'est-à-dire plus d'impôts. Nous, nous maîtrisons nos dépenses et nous ne voulons à aucun prix augmenter la fiscalité puisque nous considérons que c'est un des éléments essentiels, pour ne pas dire déterminants, de la compétitivité de la France et de nos entreprises. Et c'est un point qui est essentiel pour notre avenir économique.
Est-ce qu'on vous donne pour consigne de ne pas employer le terme de rigueur ? Est-ce ce que mot est interdit au sein du Gouvernement ?
Il n'y a pas d'interdiction en tant que telle. Ce qui est quand même souhaitable...
...parce qu'il y en a qui le disent dans la majorité, J.-F. Copé emploie le mot, A. Juppé emploie le mot, mais au Gouvernement on a l'impression que c'est un tabou total.
Figurez-vous que ça ne m'a pas échappé, mais la semaine dernière nous avons eu un séminaire du Gouvernement réunissant les ministres autour du Premier ministre, où on nous a présenté les grandes lignes de l'objectif que nous nous fixons pour le budget de 2011, et on voit bien qu'effectivement nous allons maîtriser, comme on l'a jamais fait, zéro valeur, nos dépenses, mais sans augmenter nos recettes.
C'est quoi le mot alors ? Si ce n'est pas la rigueur, quel est le mot qui convient ?
Eh bien, c'est un plan de maîtrise de nos dépenses.
Ça veut dire qu'avant on ne les maîtrisait pas alors.
C'est-à-dire qu'avant nous avions- je ne parle pas d'une période plus ancienne -, mais nous avions un système qui faisait que depuis trois ans, et on a été le premier gouvernement à l'avoir fait, où nos dépenses augmentaient mécaniquement du montant de l'inflation. Eh bien, aujourd'hui, nous disons nous devons faire l'effort correspondant au différentiel entre le zéro valeur et le zéro volume.
C'est un peu austère, donc !
C'est effectivement quelque chose, ce n'est pas très drôle, de devoir faire des économies, mais c'est fondamental. Nous devons pour assainir nos finances publiques, eh bien nous avons aujourd'hui, en 2010, un déficit de 8 %, nous devons l'année prochaine atteindre 6 % en 2011 et en 2013 parvenir à nos 3 %. C'est notre engagement auprès des instances européennes. Il en va de la crédibilité de la France, il en va de la signature de la France.
Mais pour ça, il va falloir se serrer un peu la ceinture.
Mais écoutez, oui, mais pas tant que ça quand même, parce que quand on regarde les mesures que l'on envisage, eh ben écoutez, 5 milliards sur les niches fiscales, etc.
...oui, on est loin de ce que vont faire les Grecs, c'est clair.
Ca, c'est sûr, malheureusement pour eux !
H. de Raincourt, l'Assemblée nationale va voter aujourd'hui une résolution, un nouveau dispositif législatif, qui stipule que le voile intégral est contraire aux valeurs républicaines. Les députés socialistes vont voter, en principe, ce texte avec vous. J'imagine que ça c'est un motif de satisfaction, même si ça ne préjuge pas de ce qui va se passer pour la loi.
Ecoutez, je pense que sur des sujets comme ceux-là, qui sont de sujets de société, dont on parle depuis - parce qu'on n'en parle pas depuis huit jours, on en parle depuis - longtemps, on a franchi un certain nombre d'étapes. La réflexion des uns et des autres est aujourd'hui, je crois, relativement claire, il y a eu une mission à l'Assemblée nationale, et on s'engage dans un processus par le vote d'une proposition de résolution qui est, comme vous l'avez souligné vous-même, une nouveauté dans la vie du Parlement français. Je crois que les forces démocratiques et républicaines vont se réunir autour de ce texte. Donc, on va affirmer un principe, et moi je trouve que c'est bon sur un principe important que l'unité nationale se manifeste.
Pour obtenir le ralliement des députés socialistes à cette résolution, le groupe UMP a accepté finalement de retirer du texte un point qui prévoyait l'organisation d'un grand débat national sur les droits des femmes. Au fond, ça vous évite peut-être un nouveau débat qui aurait pu un peu déraper, comme celui sur l'identité nationale. C'est peut-être pas plus mal, non ?
Il faut savoir ce qu'on veut dans la vie. Si on veut obtenir la réunion du plus grand nombre des députés, il faut se mettre d'accord et trouver la voie de passage, le cheminement qui corresponde à l'équilibre acceptable par les uns et par les autres. Ca s'appelle le fonctionnement normal d'une démocratie.
Pour l'instant, l'unanimité n'est pas au rendez-vous en ce qui concerne le projet de loi qui devrait être présenté mercredi de la semaine prochaine. Est-ce que vous pensez, est-ce que vous espérez y parvenir ?
Ecoutez, à partir du moment où on affirme que le port du voile intégral n'est pas le bienvenu en France, il reste après à en arrêter les modalités pour que ce soit simple, compréhensible et applicable. Et puis, chacun se prononcera, chacun assumera sa responsabilité devant l'opinion.
Si c'est simple, compréhensible et applicable, peut-être que vous une chance alors !
Mais nous l'espérons.
Merci H. de Raincourt. Bonne journée.
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 mai 2010