Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le Président Ayrault,
J'aurais d'abord aimé que vous commenciez votre question en vous félicitant du rôle de la France dans l'articulation d'une solution à la crise européenne. Mais vous êtes, sur ce sujet, dans la caricature permanente. Il y a quelques jours, vous avez indiqué que vous souteniez le plan d'austérité mis en oeuvre par le Premier ministre grec ; vous avez, j'imagine, indiqué que vous souteniez celui du Premier ministre socialiste portugais ; sans doute celui du Président du gouvernement socialiste espagnol, mais dès qu'il s'agit de la France, alors là, c'est la facilité et la démagogie.
Au moment où le monde entier a les yeux rivés sur la zone euro et sur notre capacité à conduire une politique responsable, la première secrétaire du Parti socialiste sortant de mon bureau ce matin a déclaré qu'il fallait "mettre en oeuvre une nouvelle politique d'emplois-jeunes", qu'il fallait "distribuer 200 euros à 16 millions de ménages en atténuation de la TVA", au motif qu'il fallait "relancer la consommation". Le Parti socialiste est absolument inguérissable ! Il y a quelque mois, pour faire face à la crise financière, il nous avait déjà proposé de baisser massivement la TVA, il fallait nous inspirer de la politique de M. Gordon Brown, dont on a vu les résultats économiques qu'elle a eus sur le pouvoir d'achat des Britanniques.
Alors, Monsieur Ayrault, non nous n'emprunterons pas le chemin que vous avez emprunté avec le tournant de la rigueur en 1983 ! Nous n'augmenterons pas massivement les impôts ! Nous ne bloquerons pas les salaires et les prix pour provoquer une baisse massive du pouvoir d'achat des Français ! Nous allons continuer et amplifier une politique économique qui nous donne aujourd'hui les meilleures prévisions de l'ensemble de la zone euro. Nous allons la poursuivre en soutenant les investissements d'avenir, comme je l'ai fait la semaine dernière en débloquant les 7 premiers milliards destinés à soutenir la croissance. Nous allons le faire en continuant à soutenir les politiques de l'emploi, comme le Président de la République l'a annoncé hier devant l'ensemble des partenaires sociaux. Nous allons continuer à soutenir une politique de compétitivité avec la suppression de la taxe professionnelle, et avec la diminution d'un certain nombre de contraintes qui pesaient sur nos entreprises. Et oui, nous allons mettre en oeuvre une politique de réduction des déficits, parce que nous nous y sommes engagés, parce que c'est la crédibilité de l'euro qui est en cause, et parce que c'est notre indépendance nationale.
J'ai ce matin signé les lettres de cadrage à l'ensemble des membres du Gouvernement, et elles comportent les mesures que j'ai annoncées jeudi dernier. Il s'agit de geler les dépenses publiques pendant trois ans, parce qu'elles sont à un niveau qui est parmi les plus élevés dans le monde. Il s'agit de continuer à réduire le nombre des emplois publics. Il s'agit aussi de réduire de 5 milliards les niches fiscales en deux ans, et je suis sûr que vous aurez à coeur de nous y aider.
Voilà, Mesdames et Messieurs les députés, la politique que nous allons conduire. Franchement, j'attendais autre chose de la part du Parti socialiste. Mais il est vrai, comme vient de le déclarer Jack Lang, que "son programme est pâle, décevant et tristounet".
Source http://www.gouvernement.fr, le 12 mai 2010