Texte intégral
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le Président Copé,
Nous avons vécu une crise extrêmement sérieuse puisque, au fond, ce qui était en cause à la fin de la semaine dernière, c'était l'existence même de l'euro.
Je pense que la gravité de cette crise est due, pour une part, aux atermoiements qui ont présidé à la mise en oeuvre d'une solution aux problèmes de la Grèce. Au fond, ce que les marchés ont testé à la fin de la semaine dernière, c'est la capacité de la zone euro à s'organiser, à réagir, à articuler une solution, à faire preuve de solidarité et donc finalement, c'est la mise en place de ce gouvernement économique que la France réclame de ses voeux depuis des mois et des mois.
Nous avions déjà, d'une certaine façon, fait naître ce gouvernement économique en réunissant à Paris, au moment de la crise des banques, l'ensemble des chefs d'Etat de la zone euro pour articuler la réaction de l'Union européenne. De la même façon, vendredi dernier, c'est largement à la demande de la France que cette réunion des chefs d'Etat a été organisée et au fond, pour répondre à votre question, Monsieur Copé, on voit bien que c'est dans la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro que se situe le gouvernement économique, qui doit être mis en place avec des structures permanentes pour pouvoir réagir à toutes les attaques, à toutes les crises, et impulser une véritable politique économique.
Nous avons, vendredi dernier, puis dimanche, et je voudrais en féliciter et en remercier Christine Lagarde, qui a été notre interprète, obtenu une réponse massive de la part de l'Union européenne, une réponse articulée autour de quatre niveaux. D'abord, 60 milliards d'euros immédiatement disponibles, mis en oeuvre par la Commission sur la base d'un article du Traité. Ensuite, 440 milliards d'euros sous la forme de garanties apportées à un Fonds de stabilisation européen pour qu'il puisse, le cas échéant, venir en aide aux pays qui rencontrent des difficultés. Il s'agit d'une garantie et on peut espérer que nous n'aurons pas à la mettre en oeuvre. 250 milliards d'euros de la part du Fonds monétaire international, parce qu'il est normal que le Fonds monétaire international participe, mais nous ne voulions pas qu'il soit majoritaire et qu'il conduise cette opération contre les spéculateurs, parce que c'est notre responsabilité. Et enfin, et c'est peut-être le plus important, une décision de la Banque centrale européenne d'intervenir pour la première fois sur les marchés de dette publique.
Alors oui, Monsieur le Président Copé, il faut s'appuyer sur la double expérience de la crise des banques et de la crise de l'euro que nous venons de connaître pour mettre en oeuvre un véritable gouvernement économique européen, et j'espère que l'ensemble des forces politiques de notre pays nous aidera à convaincre les Européens de la nécessité absolue de cette politique économique, industrielle, monétaire européenne, pour assurer le développement de notre mode de vie et de la société qui est celle que l'Europe incarne.
Source http://www.gouvernement.fr, le 12 mai 2010