Déclaration de M. Hubert Falco, secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants, sur l'appel du général De Gaulle à la résistance à l'occupant nazi du 18 juin 1940.

Prononcé le 1er juin 2010

Intervenant(s) : 

Circonstance : Projection en avant première de "L'appel du 18 juin, ce jour là tout a changé", à Paris le 1er juin 2010

Texte intégral

Soixante-dix ans. Soixante-dix ans ont passé. Presque la vie d'un homme.
Le temps a fait son oeuvre. Les compagnons du général de Gaulle, ceux qui l'avaient rejoint à Londres, dans les Forces Françaises Libres, et dans la Résistance intérieure, sont de moins en moins nombreux.
Mais l'écho de l'appel du 18 juin retentit encore, dans la conscience nationale, comme l'un des moments les plus fondateurs de ce que nous sommes et de ce qu'est la France.
Je ne crois pas qu'il existe, dans le monde, un pays qui ait vécu une histoire aussi singulière que la nôtre.
Imaginez qu'un jour un auteur vienne voir Patrick de Carolis et lui propose le scénario d'un film.
Un scénario où un pays tout entier serait anéanti, prêt à se livrer à l'ennemi, à se renier lui-même et à tout abandonner.
Et voilà qu'un homme, un homme seul, replié dans une capitale étrangère, parlerait à la radio et appellerait à la mobilisation des esprits et des volontés.
Et contre toute attente, contre toute logique même, cet appel, qui ne serait pas entendu par grand-monde, finirait par donner naissance à l'un des plus grands mouvements d'idées et de combat de l'Histoire.
Si jamais un scénariste se mettait en tête d'écrire un tel film et le présentait à France Télévisions, je ne crois pas qu'il aurait beaucoup de chance d'être pris au sérieux.
Parfois, dans l'histoire, la réalité prend le pas sur la fiction. C'est ce qui s'est passé le 18 juin 1940. C'est toute l'aventure de la Résistance et de la France libre.
Des hommes se sont levés contre un destin tragique. Ils se sont dressés contre l'inéluctable. Ils ont choisi la liberté et la France, parce qu'ils croyaient en l'une comme en l'autre. Ils aimaient la France et la liberté plus qu'eux-mêmes.
Et ces hommes n'avaient, en moyenne, que dix-huit ou vingt-cinq ans... C'est la jeunesse de notre pays qui a répondu à l'appel du général de Gaulle. C'est la jeunesse de notre pays qui a libéré et relevé la France...
L'Appel du 18 juin signe le début de l'une des plus grandes pages de notre histoire nationale. Une page de courage, de volonté, de don de soi.
Nous traversons, aujourd'hui, un moment difficile de notre histoire. C'est une crise économique, mais c'est aussi une crise morale, une crise de la conscience nationale et, très certainement, une crise de civilisation.
Oui, il faut que l'idée de civilisation soit mal en point dans un pays pour que des individus aillent profaner des cimetières ou ériger le mépris du drapeau en absolu artistique...
Eh bien, face à chacune de ces crises, nous avons encore beaucoup à apprendre de l'appel du 18 juin, rédigé pourtant dans d'autres circonstances : ne pas renoncer, ne pas céder à l'abandon, se battre et faire front collectivement.
Il y a, dans l'appel du 18 juin, un message universel, un message qui excède l'époque à laquelle il a été prononcé et qui donne à chacun d'entre nous des raisons d'espérer et de croire en la France.
Je voudrais remercier le réalisateur, les producteurs, la direction de France Télévisions : il était nécessaire de commémorer l'appel du 18 juin. Parce qu'il nous apprend, en fin de compte, ce qu'être Français veut dire, ce qu'être Français exige. Ce n'est pas une race, la France. Ce n'est pas une religion, ni même une culture.
C'est un destin que nous avons collectivement à assumer. C'est une idée, une certaine idée, que nous plaçons au-dessus de tout, au-dessus de nos différences, de nos convictions, de nos croyances, parce que nous savons une chose : elle seule nous réunit.
Je formule le voeu que beaucoup de nos compatriotes visionnent ce film. Je pressens d'ailleurs qu'ils seront infiniment plus nombreux devant leur téléviseur que les Français qui entendirent l'appel du général de Gaulle en 1940.
Mais je sais qu'avec ce film, France Télévisions répond à un besoin des téléspectateurs, un besoin de connaissance et de transmission de la mémoire. Et plus qu'un besoin, un désir de France.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 3 juin 2010