Texte intégral
Monsieur le préfet,
Messieurs les Présidents des conseils régionaux de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane,
Monsieur le Président de la Fédération Française d'Athlétisme,
Messieurs les Directeurs de la jeunesse et des sports de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane Monsieur le Directeur du CREPS Antilles-Guyane, Mesdames et messieurs les présidents de ligues et des clubs
Et, enfin, un salut tout particulier à Messieurs les Présidents des Fédérations Jamaïquaine, et Haïtienne d'Athlétisme, Messieurs les représentants des Gouvernements de Saint Vincent et Grenadines, de la Barbade et d'Antigua qui nous ont fait l'honneur de leur présence, tout au long de ce colloque,
Mesdames et messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d'être parmi vous aujourd'hui, pour conclure le séminaire organisé par la fédération française d'athlétisme dans le cadre du Plan de développement de son réseau aux Antilles et en Guyane. Je sais que vos travaux et discussions ont été riches et constructifs.
Je voudrais associer à cet évènement ma collègue Marie-Luce PENCHARD, ministre chargée de l'Outre-mer qui est malheureusement retenue en métropole ; elle m'a demandé de bien vouloir vous saluer en son nom. Ce dont je m'acquitte bien volontiers tant les relations entre nos deux administrations sont excellentes.
Depuis toujours l'Outre-Mer a apporté une très forte contribution aux équipes de France, notamment en athlétisme. Le visage de l'athlétisme français a longtemps été celui des territoires ultra marins (Marie-José Pérec, Christine Arron ou Muriel Hurtis pour la Guadeloupe, Bruno Marie-Rose et Max Morinière, originaires de la Martinique, Kathia Benth pour la Guyane, et tant d'autres encore). Ce colloque est donc un acte de reconnaissance du rang et de la place de l'athlétisme des Antilles-Guyane au sein de l'athlétisme français
Mais c'est aussi un pari renouvelé sur l'avenir, sur le potentiel sportif de vos régions. Ce pari sera gagné si tous ensembles, fédérations, pouvoirs publics, collectivités, nous rassemblons nos moyens au service du développement et de l'excellence sportive.
Pour que ces terres de champions que sont la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane soient un axe stratégique majeur pour la fédération française d'athlétisme et plus généralement pour le sport français.
C'est donc en parfaite cohérence avec cette ambition qu'a été conçu le parcours de l'excellence sportive de la fédération française d'athlétisme, approuvé à l'unanimité par la délégation permanente de la commission nationale du sport de haut niveau le 7 avril dernier.
Renouer durablement avec des résultats brillants sur la scène internationale comme ceux des championnats du monde 2003 à Paris / Saint-Denis ou de 2005 à Helsinki avec un total de médailles de l'ordre de 7 ou 8, tel est l'objectif que vous vous êtes fixés.
Comment ? Le mouvement sportif et le Gouvernement ont choisi de mettre en place une stratégie toute entière tournée vers l'exigence.
J'en retiens en particulier 5 axes forts :
1. L'identification des potentiels par rapport à la haute performance et la définition d'étapes de progression au travers de repères clairs et précis
Vous proposez de distinguer 3 niveaux parmi la population des sportifs de haut niveau de votre fédération :
- Les jeunes à potentiels (JP) dont les performances laissent entrevoir un potentiel olympique à l'horizon 2016 ou 2020.
- Les potentiels olympiques (PO) dont l'accès à la finale olympique ou mondiale constitue l'objectif,
- Les forts potentiels olympiques orientés vers la conquête de l'or olympique,
L'ensemble du dispositif vise ainsi à baliser un chemin de progression avec 3 étapes : l'accès au haut niveau - l'accès à la performance internationale senior et l'accès au podium olympique.
Votre volonté affirmée, et partagée par mes services, de resserrer de façon significative l'accès aux listes de sportifs de haut niveau de votre discipline, constitue la meilleure illustration de cette nouvelle exigence et du sens redonné au mot « performance ».
Il faut être lucide : seuls les meilleurs de nos athlètes, les mieux préparés, ceux dont les talents et les qualités auront été identifiés puis entretenus, dirigés, guidés vers l'excellence trouveront les marches des podiums des grandes compétions internationales et des rendez-vous olympiques. Cette indispensable prise en compte d'une plus grande sélectivité dans l'accès à l'excellence, dans un monde où la compétitivité sportive est de plus en plus exacerbée, (l'ensemble caribéen en est une parfaite illustration) n'est pas exclusive, pour autant d'une politique de développement et de formation des jeunes à l'athlétisme, à l'école comme au sein des clubs. Les deux stratégies marchent main dans la main.
2. La mise en place d'un accompagnement individualisé des athlètes cohérent avec leur niveau, les objectifs de performance et ciblé sur la haute performance
Il convient de prendre en compte la situation personnelle de chaque athlète dans une approche globale de son projet de performance et de son projet de vie, qui s'inscrit sur le long terme. Les deux sont intimement liés.
Cet accompagnement déterminera les financements et les accès aux ressources et dispositifs d'accompagnement. Il faut coordonner les moyens humains, techniques et financiers affectés à chaque athlète au plan sportif, médical, social et socioprofessionnel. Ces moyens doivent être concentrés sur nos athlètes qui peuvent légitimement aspirer à une finale et une médaille olympique.
3. Le regroupement des athlètes dans des structures encadrées par des cadres compétents dans un schéma cohérent ciblé sur la haute performance
Pour chaque spécialité, le suivi et la préparation des athlètes à potentiel doivent s'inscrire dans un plan d'accompagnement cohérent de leur performance qui intègre :
- un soutien individualisé de leur entraînement,
- des centres ressources spécialisés adaptés à chaque niveau,
- des actions de préparation et de regroupement ciblées et pertinentes.
A chaque niveau, il convient de s'assurer que l'encadrement dispose de la compétence nécessaire à l'accompagnement des athlètes qui lui sont confiés.
Je ne doute pas que les Antilles et la Guyane continueront d'apporter leur indispensable concours à cette stratégie ambitieuse pour le haut niveau français en athlétisme.
La FFA a affiché sa volonté de détecter et d'accompagner au mieux les athlètes à fort potentiel de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane, tout à la fois dans leurs ambitions sportives et dans un projet d'insertion et de formation qui doit être conçu dans le souci permanent d'offrir le meilleur environnement possible.
4. Les coopérations régionales avec les nations caraïbes
Dans ce monde où les hiérarchies sportives sont rebattues, les stratégies nationales ne sont plus d'actualité. Compétition, émulation et coopération vont de pair.
Il est d'ailleurs significatif, au plan international, que, dans le sillage fulgurant d'Usain BOLT, désormais l'une des figures de proue les plus emblématiques du sport mondial, de plus en plus de champions soient issus de la zone Caraïbe.
Aux derniers championnats du monde à Berlin en août 2009, les athlètes originaires de ces îles ont en effet obtenu l'impressionnant total de 9 médailles d'or, pour un total de 25 podiums.
Dans ce contexte, la stratégie de rapprochement et d'intensification des échanges entre la fédération française d'athlétisme et ses homologues de Jamaïque et de Cuba, voire à terme à d'autres fédérations paraît une évidence.
Cette ouverture de l'athlétisme des Antilles et de Guyane sur son environnement caribéen est une ambition majeure. Soyez assuré monsieur le Président, Cher Bernard AMSALEM, de l'appui de mon ministère, de ses services territoriaux et ses établissements pour vous accompagner, durablement, dans cette voie
Le déplacement de plusieurs cadres de la FFA à Kingston et La Havane du 23 au 27 février dernier a mis en lumière l'intérêt réciproque évident au développement d'une coopération à la fois aux plans institutionnel (regroupement de dirigeants), technique (regroupement d'entraîneurs) et sportif (stages de jeunes).
Dans ce cadre conventionnel, de nouveaux échanges sont attendus au cours du second semestre 2010. Ils s'annoncent d'ores et déjà enrichissants pour tous. Je mise beaucoup sur ces échanges. Ils sont la voie de l'avenir.
5- Mobiliser les moyens de l'Etat au service de la modernisation de l'offre sportive
Si l'accueil des meilleurs athlètes métropolitains pour des confrontations dans la zone Caraïbes est un moyen efficace au service de la dynamisation de l'athlétisme antillo-guyanais, en revanche, un déracinement trop précoce et insuffisamment préparé des jeunes talents détectés en Guadeloupe, en Martinique ou en Guyane conduit trop souvent, même pour les plus prometteurs, à un échec tant sur le plan sportif que professionnel. Les Antilles et la Guyane doivent redevenir le berceau d'un nouveau développement sportif au service de ses athlètes.
Tel est le principe directeur du plan de développement du réseau Antilles-Guyane athlétisme.
Cet enjeu est crucial pour la fédération française d'athlétisme et pour le secrétariat d'Etat aux sports, qui accomplit un effort très important d'accompagnement des fédérations dans leurs ambitions sportives depuis la détection jusqu'à la quête olympique et développe depuis plus de vingt-cinq ans une politique volontariste de soutien au « double projet » (sportif d'une part, de formation et d'insertion professionnelle d'autre part) des sportifs de haut niveau. Les collectivités territoriales et le mouvement sportif local doivent être partie prenante de ce plan.
Si l'année 2009 a été consacrée au lancement du projet et notamment à son appropriation et sa définition un peu plus fine par les acteurs locaux, il est important, à mes yeux, que les clubs et les ligues se projettent dans les orientations proposées et y voient une occasion de se développer et de se structurer.
En octobre 2009, la fédération s'est rendue en Guadeloupe puis en Martinique pour échanger avec les acteurs de l'athlétisme et les autorités locales sur les grands axes d'un plan de développement. Un protocole d'accord a été signé entre la FFA, la ligue d'athlétisme de Guadeloupe, la région Guadeloupe, dont le soutien financier - que je salue - atteste de son attachement au projet. Le CREPS de Guadeloupe est aussi au coeur de ce projet. Je me réjouis que tous les acteurs se rassemblent autour de cette stratégie.
La fédération doit maintenant finaliser des accords similaires, dans le respect des spécificités locales, avec les ligues de Guyane et de Martinique.
La démarche de la fédération répond à une des orientations exprimées lors des Etats généraux de l'outre mer qui était de permettre aux citoyens de devenir des acteurs à part entière du développement de leur territoire.
Elle s'inscrit également dans le droit fil des orientations définies par le Conseil interministériel de l'Outre Mer le 6 novembre 2009, notamment sur le développement de stages de sportifs de haut niveau aux Antilles et en Guyane.
De son côté, mon ministère a contribué au soutien du plan Antilles-Guyane à hauteur de 100 000 euros en 2009 et en 2010, sans compter le renforcement des équipes de cadres techniques en athlétisme auquel il va être procédé des la rentrée de septembre.
Je souhaite à cet égard souligner l'effort consenti par ma collègue ministre de l'Outre-mer, Madame Marie-Luce PENCHARD, qui vous accordera, en 2010, une subvention de 70 000 euros, en complément du financement de mon ministère.
Pour la première fois, grâce aux Etats Généraux, le sport outre-mer est abordé de façon globale, en prenant en compte les contraintes propres à ces départements en matière de formation, d'équipements, de structuration des clubs...
S'ajoute à cet effort financier auprès de la fédération la mise en oeuvre d'un programme ambitieux de rénovation du CREPS Antilles-Guyane. dont le coeur est ici en Guadeloupe. Cette rénovation s'inscrit dans un ensemble de mesures destinées à promouvoir le sport ultra-marin actées lors du comité interministériel de l'Outre-mer de Novembre dernier.
Cet établissement, mis en service il y a plus de 40 ans, fait en effet l'objet d'un très important projet de réhabilitation décidé en accord avec la région puisqu'il est inscrit aux CPER 2000-2006 et 2007-2013. Retardé en raison du séisme du 21 novembre 2004, il a fallu restructurer l'établissement pour le mettre aux normes parasismiques. Il sera doté d'équipements sportifs et d'éléments d'accueil et de confort de très grande qualité..
La première phase de ce projet consiste en la rénovation du bâtiment administratif (qui doit être achevé à la fin de cette année normalement) et celle du bâtiment d'hébergement collectif qui ouvrira à la fin 2011.
Sont prévus pour une seconde phase qui commencera en 2011 :
- la construction de logements de fonction
- la construction d'un pôle restauration
- la construction d'une salle d'escrime
- la construction de salles de formation
- la rénovation du bâtiment d'hébergement secondaire.
Le Secrétariat d'Etat aux sports va investir 2M d'Euros dans la réfection de la piste d'athlétisme du CREPS.
Le centre médico-sportif interdisciplinaire (CREPS et UFR STAPS) situé dans l'enceinte de l'établissement a été livré en juin 2009, après rénovation pour 1,9 Meuros avec les participations de la région et du département, que je remercie.
Enfin, l'ouverture prochaine d'une structure scolaire dans l'enceinte du CREPS permettra de faciliter la réussite du double projet des sportifs et d'inciter les jeunes scolarisés à la recherche de l'excellence. 350 places sont prévues à terme.
Cette coopération entre le CREPS et l'institution scolaire est un vrai défi et une formidable opportunité autour d'un projet particulièrement novateur.
Au total, les investissements dans le cadre de ce programme représentent 17,31 Meuros dont près de 5 Meuros de participation du conseil régional de Guadeloupe - et je tiens à saluer cette implication de la région dans la formation des meilleurs athlètes français - et plus de 3 Meuros de participation du ministère chargé de l'outre-mer. Le ministère chargé des sports complète cet effort à hauteur de 9,35 Meuros. C'est un effort financier considérable de l'Etat et de la région, dans un contexte budgétaire contraint, mais qui témoigne de la volonté du Gouvernement et des collectivités de promouvoir une politique ultra marine ambitieuse.
D'autres projets suivront, je l'espère, le moment venu :
- l'aménagement de la plaine de jeu en terrain de grand jeu (rugby à 7, football à 7
- la construction d'un second gymnase
- la couverture et réfection du plateau de sports collectifs
- la construction d'un pôle communication
- la construction de 2 salles spécialisées pour les Arts Martiaux et éventuellement pour la gymnastique.
Vous le voyez, l'ambition ne manque pas. C'est à une véritable renaissance de l'athlétisme ultra marin que j'appelle.
L'athlétisme dans les Antilles et en Guyane a une tradition glorieuse ; c'est sur ce passé d'excellence que nous construirons un avenir où brilleront nos athlètes.
Je remercie une nouvelle fois tous les acteurs ici présents pour leur précieuse contribution aux performances de l'athlétisme français dans les Antilles et en Guyane.
Nous devons maintenant travailler avec acharnement et optimisme jusqu'aux Jeux olympiques de Londres !
Je vous remercie.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 2 juin 2010