Texte intégral
P. Lapousterle - Un mot sur la Gay pride qui a connu un énorme succès samedi à Paris : plus de 500 000 personnes ont participé, parfois simplement en tant que badauds. Au premier rang, il y avait de responsables politiques importants : M. Delanoë, maire de Paris, pour le PS ; R. Hue pour le parti communiste ; MM. Lipietz et Mamère pour les Verts. Par contre, pas de responsable du mouvement des citoyens ?
- "Des représentants du Mouvement des citoyens s'y trouvaient et n'ont sans doute pas été vus parce qu'ils n'étaient pas au premier rang."
Vous n'avez pas voulu y aller ?
- "J'inaugurais dans mon village natal un centre culturel."
Vous n'êtes pas contre ?
- "Pas du tout. Cette manifestation extrêmement populaire est maintenant quelque chose de parfaitement intégré dans notre vie politique et publique."
Demain, vous allez parler à l'Assemblée nationale avec les autres députés des rave-parties, afin de savoir s'il faut les réglementer ou non. Beaucoup de socialistes ne le veulent pas, les Verts non plus. Même à droite, beaucoup de députés semblent ne pas vouloir réglementer. Quelle est votre position ?
- "Je pense qu'il faut prendre des précautions de façon à ce que ces rave-parties se déroulent dans de bonnes conditions. Certaines associations se rendent sur place, je pense à SOS médecins, pour assurer qu'il n'y ait pas d'accidents ou d'incidents. Il ne s'agit pas d'encadrer, de régimenter, d'interdire ou je ne sais quoi."
Faut-il légiférer ?
- "A mon avis, on pourrait réglementer."
L. Jospin a dit "les députés vont décider" ?
- "Si les députés décident, c'est qu'il y aura un texte sous bénéfice d'inventaire."
Quelques mots sur la réunion du Conseil national des Verts, le parlement des Verts, qui s'est tenu avant-hier et hier, avec l'élection à la tête du parti de D. Voynet. Pensez-vous que les Verts se sont déconsidérés durant la précédente semaine ou bien au contraire, ont-ils réussi à surmonter une épreuve ?
- "Il faut mettre les choses en perspective. Il y a d'une part le caractère microscopique de leurs querelles, car c'est une tempête dans un verre d'eau, et d'autre part, le rôle extrêmement importants que les Verts jouent dans notre pays. Je parle de la direction qui a trouvé le moyen - ce qui n'est quand même pas mince -, avec la complicité du parti socialiste et du Gouvernement, de prendre véritablement en otage notre politique énergétique. D'un côté, il y a des agitations, des querelles internes que je qualifierais de banales et de l'autre côté, un poids lourd dans beaucoup de domaines. Voyez par exemple comment la réglementation imposée par les Verts est toujours tatillonne et tracassière."
Je vous pose la question parce que vous faite partie, jusqu'à plus ample information, de la majorité plurielle.
- "La majorité plurielle, aujourd'hui, n'a plus grand sens. Ce fut une construction pour répondre à un événement inattendu : la victoire de la gauche, phénomène je dirais circonstanciel. Aujourd'hui, chacun le voit, il y a des projets tout à fait différents et on ne peut pas considérer que la majorité plurielle forme un tout."
Les Verts disent : "nous sommes la deuxième force de la majorité actuelle."
- "Qu'ils le disent. Il va y avoir des élections présidentielles et c'est à ce moment-là que l'on verra exactement quel est le poids de chacun."
On vient d'apprendre que M. Chirac, entre 1992 et 1995, a dépensé en billets d'avions 2 millions et de demi de francs en liquide. L'affaire est passée au Parquet. Quelles réflexions cela vous inspire-t-il ?
- "Qu'il voyageait beaucoup ! D'autre part, je pensais que les paiements étaient effectués autrement que par de l'argent liquide."
Cela vous surprend-il?
- "Cela m'étonne."
Dans le domaine économique et social, votre formation politique s'est distinguée en votant au Parlement contre le volet anti-licenciement de la loi. Est-ce que vous pensez que L. Fabius a été un peu loin dans cette affaire ? Etait-ce son droit de dire qu'il n'était pas d'accord ?
- "Tout commence avec Vilvoorde. L. Jospin, qui est dans l'opposition, va en Belgique pour dire : "il ne faut pas ces licenciements." Deuxième temps : on constate, quelques temps plus tard, que Michelin, qui réalise des profits, licencie massivement. Le Gouvernement présente une loi sur "les nouvelles régulations économiques" ; il s'agit de répondre à ce type de situations. Les députés du Mouvement des citoyens votent contre - J.-P. Chevènement est toujours au Gouvernement. Quelques temps plus tard, déferlante de licenciements boursiers, autrement dit, il faut que les actionnaires gagnent beaucoup d'argent - c'est la logique des fonds de pension après tout. Le Gouvernement nous présente une loi de modernisation sociale. Qu'est-ce que je constate ? Dans cette loi de modernisation sociale, il manque l'essentiel, c'est-à-dire qu'il y a une impossibilité pour les pouvoirs publics, pour l'Etat - qui est donc aux abonnés absents - d'intervenir dans les grandes affaires, quand il y a des transferts de filiales ou des licenciements massifs. Nous avons assisté à cette occasion à ce que j'appellerais une "manipulation" puisque l'on a vu les communistes et le Gouvernement faire du suspens, mais au bout de quinze jours un accord est intervenu qui ne résout toujours rien. Ce sont les salariés qui s'en apercevront le jour où à nouveau, hélas, il y aura des licenciements. Quant à M. Fabius, il exprime à haute et intelligible voix la politique du Gouvernement mais en même temps, par ses déclarations comme celle de M. Pierret, il met en valeur le rôle de R. Hue, à tel point que certains pourraient croire qu'il y a quelque chose dans la loi. C'est une répartition des tâches : "je te donne la rhubarbe et tu me donnes le senné."
Est-ce que L. Jospin a une politique de droite ? Fait-il comme ferait un gouvernement de droite ?
- "Par rapport à la déclaration de politique générale de L. Jospin en juin 1997, il y a une dérive libérale tout à fait caractérisée. Je prendrai un seul exemple : on va encore privatiser la Snecma. Les privatisations n'arrêtent pas. Si le Medef peut passer à l'offensive en permanence c'est que nous sommes dans un système privatisé."
J.-P. Chevènement a-t-il sa chance s'il se présente à l'élection présidentielle ?
- "Attendons d'abord qu'il ait pris sa décision ! Mais j'espère qu'elle sera favorable. Ce ne sera pas une candidature de témoignage : je souhaite, et nous ferons tout pour cela, que J.-P. Chevènement se batte pour figurer dans la course au deuxième tour."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 25 juin 2001)
- "Des représentants du Mouvement des citoyens s'y trouvaient et n'ont sans doute pas été vus parce qu'ils n'étaient pas au premier rang."
Vous n'avez pas voulu y aller ?
- "J'inaugurais dans mon village natal un centre culturel."
Vous n'êtes pas contre ?
- "Pas du tout. Cette manifestation extrêmement populaire est maintenant quelque chose de parfaitement intégré dans notre vie politique et publique."
Demain, vous allez parler à l'Assemblée nationale avec les autres députés des rave-parties, afin de savoir s'il faut les réglementer ou non. Beaucoup de socialistes ne le veulent pas, les Verts non plus. Même à droite, beaucoup de députés semblent ne pas vouloir réglementer. Quelle est votre position ?
- "Je pense qu'il faut prendre des précautions de façon à ce que ces rave-parties se déroulent dans de bonnes conditions. Certaines associations se rendent sur place, je pense à SOS médecins, pour assurer qu'il n'y ait pas d'accidents ou d'incidents. Il ne s'agit pas d'encadrer, de régimenter, d'interdire ou je ne sais quoi."
Faut-il légiférer ?
- "A mon avis, on pourrait réglementer."
L. Jospin a dit "les députés vont décider" ?
- "Si les députés décident, c'est qu'il y aura un texte sous bénéfice d'inventaire."
Quelques mots sur la réunion du Conseil national des Verts, le parlement des Verts, qui s'est tenu avant-hier et hier, avec l'élection à la tête du parti de D. Voynet. Pensez-vous que les Verts se sont déconsidérés durant la précédente semaine ou bien au contraire, ont-ils réussi à surmonter une épreuve ?
- "Il faut mettre les choses en perspective. Il y a d'une part le caractère microscopique de leurs querelles, car c'est une tempête dans un verre d'eau, et d'autre part, le rôle extrêmement importants que les Verts jouent dans notre pays. Je parle de la direction qui a trouvé le moyen - ce qui n'est quand même pas mince -, avec la complicité du parti socialiste et du Gouvernement, de prendre véritablement en otage notre politique énergétique. D'un côté, il y a des agitations, des querelles internes que je qualifierais de banales et de l'autre côté, un poids lourd dans beaucoup de domaines. Voyez par exemple comment la réglementation imposée par les Verts est toujours tatillonne et tracassière."
Je vous pose la question parce que vous faite partie, jusqu'à plus ample information, de la majorité plurielle.
- "La majorité plurielle, aujourd'hui, n'a plus grand sens. Ce fut une construction pour répondre à un événement inattendu : la victoire de la gauche, phénomène je dirais circonstanciel. Aujourd'hui, chacun le voit, il y a des projets tout à fait différents et on ne peut pas considérer que la majorité plurielle forme un tout."
Les Verts disent : "nous sommes la deuxième force de la majorité actuelle."
- "Qu'ils le disent. Il va y avoir des élections présidentielles et c'est à ce moment-là que l'on verra exactement quel est le poids de chacun."
On vient d'apprendre que M. Chirac, entre 1992 et 1995, a dépensé en billets d'avions 2 millions et de demi de francs en liquide. L'affaire est passée au Parquet. Quelles réflexions cela vous inspire-t-il ?
- "Qu'il voyageait beaucoup ! D'autre part, je pensais que les paiements étaient effectués autrement que par de l'argent liquide."
Cela vous surprend-il?
- "Cela m'étonne."
Dans le domaine économique et social, votre formation politique s'est distinguée en votant au Parlement contre le volet anti-licenciement de la loi. Est-ce que vous pensez que L. Fabius a été un peu loin dans cette affaire ? Etait-ce son droit de dire qu'il n'était pas d'accord ?
- "Tout commence avec Vilvoorde. L. Jospin, qui est dans l'opposition, va en Belgique pour dire : "il ne faut pas ces licenciements." Deuxième temps : on constate, quelques temps plus tard, que Michelin, qui réalise des profits, licencie massivement. Le Gouvernement présente une loi sur "les nouvelles régulations économiques" ; il s'agit de répondre à ce type de situations. Les députés du Mouvement des citoyens votent contre - J.-P. Chevènement est toujours au Gouvernement. Quelques temps plus tard, déferlante de licenciements boursiers, autrement dit, il faut que les actionnaires gagnent beaucoup d'argent - c'est la logique des fonds de pension après tout. Le Gouvernement nous présente une loi de modernisation sociale. Qu'est-ce que je constate ? Dans cette loi de modernisation sociale, il manque l'essentiel, c'est-à-dire qu'il y a une impossibilité pour les pouvoirs publics, pour l'Etat - qui est donc aux abonnés absents - d'intervenir dans les grandes affaires, quand il y a des transferts de filiales ou des licenciements massifs. Nous avons assisté à cette occasion à ce que j'appellerais une "manipulation" puisque l'on a vu les communistes et le Gouvernement faire du suspens, mais au bout de quinze jours un accord est intervenu qui ne résout toujours rien. Ce sont les salariés qui s'en apercevront le jour où à nouveau, hélas, il y aura des licenciements. Quant à M. Fabius, il exprime à haute et intelligible voix la politique du Gouvernement mais en même temps, par ses déclarations comme celle de M. Pierret, il met en valeur le rôle de R. Hue, à tel point que certains pourraient croire qu'il y a quelque chose dans la loi. C'est une répartition des tâches : "je te donne la rhubarbe et tu me donnes le senné."
Est-ce que L. Jospin a une politique de droite ? Fait-il comme ferait un gouvernement de droite ?
- "Par rapport à la déclaration de politique générale de L. Jospin en juin 1997, il y a une dérive libérale tout à fait caractérisée. Je prendrai un seul exemple : on va encore privatiser la Snecma. Les privatisations n'arrêtent pas. Si le Medef peut passer à l'offensive en permanence c'est que nous sommes dans un système privatisé."
J.-P. Chevènement a-t-il sa chance s'il se présente à l'élection présidentielle ?
- "Attendons d'abord qu'il ait pris sa décision ! Mais j'espère qu'elle sera favorable. Ce ne sera pas une candidature de témoignage : je souhaite, et nous ferons tout pour cela, que J.-P. Chevènement se batte pour figurer dans la course au deuxième tour."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 25 juin 2001)