Texte intégral
Alors que la télévision est en train de franchir l'étape décisive du numérique, la radio ne pouvait à l'évidence rester en deçà de cette révolution, qui a déjà commencé à modifier en profondeur nos pratiques d'écoute.
Pleinement conscient de cet enjeu et du défi que nous avons à relever collectivement, le Premier ministre a confié à M. David KESSLER une mission sur « L'avenir numérique de la radio », et je suis très heureux que nous soyons réunis aujourd'hui à l'occasion du démarrage de cette mission, essentielle à l'essor d'un média qui, grâce au numérique, trouve le moyen de renforcer encore son rôle dans la vie des Français.
Je remercie chacune et chacun d'entre vous d'avoir répondu présent à cette invitation, et je suis aussi, bien sûr, très reconnaissant envers le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) et envers son Président, M. Michel BOYON, d'avoir bien voulu accueillir cette rencontre qui me permet - ainsi qu'à ma collègue Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET et aux représentants du ministère de l'Industrie - de vous « installer » dans les meilleures conditions et sous les meilleurs auspices.
L'avenir numérique de la radio, c'est d'abord et avant tout l'avenir des auditeurs - ces auditeurs qui sont bien, je crois, l'enjeu central de la mission, car ils représentes la première de vos exigences, à vous éditeurs, diffuseurs et industriels. Et l'un des aspects essentiels de la mission sera d'appréhender les divers modes d'écoute de la radio, leur renouvellement et même leur profonde métamorphose.
L'avenir numérique de la radio ne peut pas s'envisager sans examiner le passé récent de ce média, et sans faire de parallèle. Alors que la diffusion numérique terrestre a véritablement multiplié l'offre de télévisions gratuites dans un paysage qui se distinguait par la rareté de son offre, la multiplication des offres de radio a déjà connu un premier « big bang », au début des années 1980, avec le développement de la bande FM.
Pourtant, l'abondance de l'offre reste encore aujourd'hui inégale, et dans certaines parties du territoire national, on ne peut capter qu'une dizaine de stations seulement. L'un des angles de la réflexion sera d'imaginer comment le numérique permet aux radios d'étendre leur couverture, induisant automatiquement une augmentation de l'offre pour les auditeurs.
Cet avenir numérique de la radio ne peut pas non plus être envisagé sans une réflexion globale sur l'articulation entre les différents modes de diffusion : par voie hertzienne, satellitaire ou Internet - des voies qui ne s'opposent nullement, mais se complètent et sont même en perpétuelle interaction.
L'expérience nous apprend qu'en matière de diffusion radiophonique, plus encore peut-être que dans d'autres domaines, il est nécessaire d'être pragmatique. Car malgré le développement fabuleux de la FM, nous savons tous, ici, que les grandes ondes continuent d'être appréciées par un nombre important d'auditeurs : le nouveau ne tue pas l'ancien, ne le remplace pas, mais s'y combine de manière subtile et complexe.
L'année 2009 a été, économiquement, particulièrement difficile pour l'ensemble des médias, mais peut-être la radio l'a-t-elle vécu plus douloureusement encore que d'autres. Car jusqu'alors, le marché publicitaire de la radio se portait bien et le choc a été brutal.
Cette dimension économique est un aspect essentiel pour envisager l'avenir numérique de la radio, et c'est là l'un des enjeux majeurs de la mission confiée à David KESSLER que de clarifier et, je l'espère, de résoudre cette difficile question. Il s'attachera à dessiner les contours d'un modèle économique pour la réussite du lancement de la RNT, contours qui n'étaient pas ressortis clairement des concertations menées jusqu'à présent. Ainsi, les différents paramètres, tels que les modalités de déploiement de la RNT ou la norme technologique - entre autres - seront réexaminés à nouveaux frais par David KESSLER, et j'attends personnellement beaucoup de ses réflexions et de ses propositions.
En ce domaine, les exemples étrangers seront probablement riches d'enseignements et d'inspirations, et la mission s'attachera en particulier à recueillir les éclairages que permettent les expériences effectuées par nos voisins.
Il est nécessaire de tenir compte du modèle économique propre à chaque catégorie de radio : associative, indépendante, ou inscrite dans les grands réseaux nationaux, chacune présente ses fragilités et ses atouts spécifiques, et il est fondamental de veiller à ce que les grands équilibres économiques soient préservés, car de ces derniers dépend l'avenir du pluralisme démocratique qu'incarnent par excellence nos radios.
Le défi est, on le voit, considérable, et je suis particulièrement heureux que David KESSLER, dont j'estime particulièrement les grandes qualités, la connaissance du secteur et l'intelligence si vive, ait accepté de le relever. Je le remercie aussi d'avoir engagé sans tarder sa mission.
Des rapports ont déjà été réalisés sur ce sujet ; les professionnels, réunis ici même au Conseil supérieur de l'audiovisuel, ont déjà travaillé sur la radio numérique. Et pourtant, la mission que le gouvernement confie à David KESSLER ne vient pas s'ajouter à ces études existantes qui l'ont précédée, mais elle a vocation à proposer de nouvelles solutions pragmatiques, directement utilisables, en concertation avec l'ensemble des professionnels concernés. Et je compte sur chacun d'entre vous pour apporter à son travail la contribution la plus utile et la constructive qui soit, car nous avons besoin des idées de chacun pour dessiner aujourd'hui l'avenir numérique de notre radio.
En raison du temps très limité dont nous disposons cet après-midi, nous ne pourrons, pour le moment, qu'esquisser ce sujet dans la foulée des interventions de Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET et du Président Michel BOYON, et je m'empresse de leur céder la parole, afin qu'ils nous indiquent, à leur tour, quel est leur horizon d'attente au moment de lancer cette mission fondamentale.
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 1er juillet 2010