Texte intégral
C'est avec un grand plaisir que je vous accueille au ministère de l'Éducation nationale pour cette deuxième édition des Clés de l'éducation routière. Ce concours, ouvert à l'ensemble du système éducatif, constitue une initiative innovante pour développer l'éducation aux risques routiers.
J'en félicite les lauréats, mais aussi plus largement tous les élèves et les enseignants qui y ont participé, qui ont fait vivre par leurs projets cette action de formation et de prévention routière dans les écoles et les établissements scolaires.
Mes remerciements vont évidemment à la Prévention routière, qui est à l'origine de cette heureuse initiative et qui, depuis maintenant 61 ans, s'est fixé une noble mission : former les jeunes Français à un comportement responsable face à la route. Grâce à l'action qu'elle mène partout sur notre territoire, votre association joue, et je vous en félicite, Monsieur le Président, un rôle de premier plan dans la prévention routière, tant par son action de formation sur le terrain que par son travail pédagogique de fond.
La deuxième édition de ces Clés de l'éducation routière est aujourd'hui un succès. Cet événement, désormais promis à un bel avenir pérenne, viendra compléter l'action volontariste que nous menons à l'Éducation nationale pour donner à nos élèves une éducation routière complète et efficace.
En ce domaine, nous aurons besoin de toutes les énergies, de tous les talents, des initiatives les plus complémentaires. Car, vous le savez, la sécurité routière est une priorité de notre Gouvernement. Le Président de la République a fixé en 2007 un objectif ambitieux : passer en dessous de la barre des 3000 morts d'ici à 2012, permettre à des milliers de personnes de rester en vie. Et nous sommes en bonne voie.
Les résultats de mai ont montré une nouvelle baisse de la mortalité routière de 13 %, ainsi qu'un recul sensible du nombre de blessés hospitalisés [-18,8 %]. Depuis le début de l'année, ce sont 142 vies qui ont été épargnées sur nos routes par rapport à 2009. Autant de tragédies évitées, autant de destins qui ne seront pas brisés, autant de familles qui pourront continuer à construire leur bonheur.
L'Éducation nationale est en première ligne en matière de prévention et d'éducation routières : je tiens à ce qu'elle le reste. Car, pour devenir un conducteur sûr et responsable, il faut avoir appris à conduire, et donc avoir appris à se conduire sur la route et en relation avec les autres. Sensibilisation et formation menées dès le plus jeune âge, de manière continue et approfondie, sont les gages d'une conduite future responsable.
C'est pourquoi l'éducation routière est intégrée dans le socle commun de connaissances et de compétences, selon un véritable continuum éducatif. Car l'acquisition des savoirs et des comportements responsables face aux dangers de la route demande du temps ; elle requiert aussi une action multiple, transdisciplinaire et ouverte sur les acteurs extérieurs, que ce soient les parents d'élèves, les employés et policiers municipaux, les forces de l'ordre et, évidemment les membres des associations. Dans ce défi, la Prévention routière est un de nos alliés les plus fidèles, et je vous en remercie, Monsieur le Président.
Le continuum éducatif est désormais consolidé à l'école primaire, grâce à l'APER, l'Attestation de première éducation à la route. À travers cette première formation, les élèves sont formés au comportement responsable du piéton, du passager et du "roller".
Le continuum a également été développé au collège, via les deux attestations scolaires de sécurité routière (ASSR), en 5e et en 3e. Ces deux formations sensibilisent les élèves aux risques encourus sur la voie publique, notamment pour les conducteurs de scooters. Afin de rendre plus efficaces ces deux attestations, nous allons actualiser les outils numériques qui les préparent et les valident. Au début de la prochaine année scolaire sera également créé un portail Internet de ressources : les professeurs et les différents acteurs intervenant dans les collèges pourront y trouver tous les outils nécessaires pour animer leurs ateliers.
Tout au long de ces formations successives, les élèves n'apprennent pas seulement des techniques. Ils sont sensibilisés à la nécessité d'appréhender une démarche globale du déplacement, fondée sur quatre phases : l'observation, l'analyse, la prise de décision et, enfin, l'action. Grâce à cette perspective d'ensemble, ils se rendent compte de la nécessaire prise en compte de leur environnement : ils prolongent ainsi leur apprentissage du vivre-ensemble, cette valeur pivot de notre pacte républicain qui se fonde sur le continuel respect de l'autre.
Mais il nous fallait aller plus loin, monter à l'échelon supérieur, approfondir le continuum éducatif au niveau du lycée. Car c'est à ce niveau que la plupart de nos élèves utilisent des deux-roues motorisées ; c'est aussi à ce niveau que se concrétise souvent leur première expérience de la voiture, via le processus de conduite accompagnée.
Oui, c'est à ce niveau que l'enjeu est le plus immédiat et donc le plus crucial : car si nous avons réalisé des progrès majeurs en matière de sécurité routière, il nous reste encore à trouver des réponses adaptées à l'accidentalité des jeunes, qui demeure inquiétante. Quelques chiffres sombres que je tiens à rappeler :
* le risque routier constitue la première cause de mortalité chez les jeunes de plus de 10 ans
* les 15-24 ans représentaient, en 2008, 26,6 % des tués alors qu'ils ne constituent que 12,6 % de la population
* 179 jeunes âgés de 15 à 17 ans sont morts sur les routes en 2008.
Nous ne pouvons accepter qu'autant de jeunes périssent de la route parce qu'ils n'ont pas eu conscience du danger, parce qu'ils n'ont pas montré au moment opportun un comportement responsable. C'est pourquoi j'ai décidé d'agir, de donner un cadre institutionnel à la sécurité routière au niveau lycée.
Lors du dernier CISR, qui s'est tenu le 18 février dernier, j'ai affirmé ma volonté d'engager une action résolue sur ce sujet et d'initier des projets, de prolonger les actions menées au sein des établissements. Dans ce cadre, je vous annonce d'ailleurs que des expérimentations seront lancées dès la rentrée prochaine dans une centaine d'établissements de sept académies [Aix-Marseille, Lille, Montpellier, Nantes, Nice, Rouen et La Réunion], sélectionnées en fonction de deux critères : une forte accidentalité des jeunes et la volonté marquée par les équipes éducatives d'y remédier. Ces établissements, qui disposent tous d'un référent "Sécurité routière", inscriront leur action dans leur projet éducatif et développeront des projets afin de donner à leurs élèves une meilleure connaissance du risque routier ainsi que des stratégies de réaction face à ce risque. Nous envisagerons une généralisation progressive de ces actions à partir de la rentrée scolaire 2011.
Les axes de ces actions concernent les enjeux les plus cruciaux pour les jeunes : les deux-roues, la vitesse, les risques de la conduite liée à l'alcool, à l'usage des stupéfiants, le respect des personnes vulnérables sur la route.
Pour mener à bien notre mission, nous aurons besoin de toutes les énergies, de toutes les expériences : je signerai d'ailleurs tout à l'heure avec Madame la déléguée interministérielle et Monsieur Pottier une convention qui prolongera nos engagements respectifs, notamment dans les actions de sensibilisation dans les lycées.
Il est un domaine sur lequel nous devons particulièrement travailler : la dangerosité des deux- roues. Là encore, quelques chiffres :
* dans les années 90, la part des personnes tuées en 2 roues motorisées représentait 10 % des personnes tuées ; aujourd'hui, elle représente 28 %, avec un taux avoisinant les 40 % dans certains départements
* 57,2 % des personnes tuées en cyclomoteur ont moins de 25 ans
Lors du dernier CISR, nous avons coordonné une réaction d'ensemble pour faire de la protection des conducteurs de deux- roues une priorité. L'action éducative sera évidemment au coeur de ce projet : les actions de sensibilisation, qui existent déjà dans de nombreux lycées, seront étendues et menées de concert avec nos partenaires. Soixante-dix simulateurs de conduite de deux-roues motorisées seront notamment déployés dans les académies dès la prochaine rentrée scolaire, afin de confronter nos élèves aux situations les plus proches de la réalité.
Il nous faudra également nous mobiliser tout particulièrement pour faire prendre conscience à nos lycéens des dangers de l'alcool, qui constitue une cause bien plus grande d'accidents chez les conducteurs de cyclomoteurs que chez les autres usagers [27 % contre 16 %]. Ce sera l'un des volets importants du plan santé que je présenterai à la rentrée.
Nos jeunes voient dans les scooters, dans les motos le moyen d'accéder à une nouvelle mobilité, à une liberté de mouvement inédite. Mais souvent ils ne prennent pas conscience que cette liberté, pour être garantie, requiert le respect de règles élémentaires : port du casque, conduite respectueuse et attentive aux autres, vitesse limitée, sobriété.
Sur tous ces points, nous devrons trouver des axes de communication adaptés et mobilisateurs, faire vivre les actions dans les établissements, avec la Prévention routière, avec les forces de l'ordre, les pompiers, les associations, pour sensibiliser les élèves à la nécessité impérieuse d'une conduite responsable et respectueuse des autres.
Avec ce prolongement du continuum éducatif au lycée, nous bouclons la boucle.
Parce que l'École est le creuset du vivre-ensemble, elle est prédisposée à cette mission de salut public qu'est l'éducation routière. Car la meilleure prévention en matière de sécurité sur les routes est l'acquisition d'une solide éducation routière, dès le plus jeune âge et tout au long de la vie. Mais notre mission sera d'autant plus efficace qu'elle sera assistée par des acteurs importants et efficaces. Car ce combat, nous ne pouvons le mener seuls : il demande une fédération des énergies, une action plurielle et menée en concertation tant au niveau gouvernemental que local. Avec des événements comme ces Clés de l'éducation routière, nous donnons une dimension incitative capitale. Il faut que les élèves s'emparent du sujet, qu'ils fassent vivre leurs projets dans les établissements. Ce sont eux les premiers concernés : aussi devons-nous leur donner tout leur rôle moteur et responsable. Plus ils agiront de manière autonome, plus leur prise de conscience sera rapide, plus vite les mentalités évolueront vers un comportement responsable sur la route.
Je vous remercie.
Source http://www.education.gouv.fr, le 1er juillet 2010