Texte intégral
Je vous ai dit à maintes reprises et je vais répéter combien je suis heureux de vous recevoir Monsieur le Premier Ministre, ainsi que vous Monsieur le Responsable des Affaires internationales du Québec et toute votre délégation et, en particulier, ceux qui sont les artisans de cette signature, ces 57 professions qui bénéficient d'une reconnaissance mutuelle. Je crois, Monsieur le Premier Ministre - mais je vous donne la parole - que c'est tout à fait exceptionnel et qu'en fait, cela ne s'est jamais fait.
En effet, cela ne s'est jamais fait que des professions soient responsables d'une telle reconnaissance mutuelle et bénéficient de telles possibilités de mise en oeuvre dont nous allons parler. Je crois qu'après la première signature entre le président Sarkozy et vous-même, Monsieur le Premier Ministre, aussitôt et à temps, vous avez développé, une par une, ces reconnaissances, profession par profession.
Je pourrais vous raconter combien cela concerne les médecins, j'imagine que cela a été difficile pour les avocats, pour un certain nombre de professions qui ne sont pas dites "traditionnelles". Je pense également aux infirmières, qui sont les dernières à avoir signé - je suis un peu plus sensible à ce dossier, comprenez-moi, j'ai été 7 ans ministre de la Santé.
Monsieur le Premier Ministre, merci d'être venu, vous êtes toujours les bienvenus en France, au Quai d'Orsay si vous le souhaitez mais dans nos coeurs, vous êtes toujours là. Nous avons un vrai programme d'échanges sur bien d'autres sujets, dans bien d'autres domaines et nous en avons parlé.
Soyez les bienvenus à tout "soudain" comme l'on dit, mais ce n'est pas du québécois. C'est la Francophonie qui nous unit, ce n'est pas seulement le souvenir et la proximité permanente.
(...)
Je ne voulais pas évoquer tout cela, mais puisque vous l'avez fait, cet accord est tellement exceptionnel qu'à terme, puisque cette négociation - pas seulement grâce à la France mais grâce à votre personnalité propre, le Québec - avec l'Union européenne est en voie, je l'espère, de se terminer au plus vite. Cela voudrait dire qu'autour de cet accord entre les professions, puisque vous êtes dans une Fédération et que vous en êtes une part importante, un jour, entre l'ensemble du Canada et l'ensemble des 27 pays de l'Union européenne, il y aura une possibilité de tels accords. Bien sûr, la Francophonie nous rapproche, c'est une vraie fraternité et cela compte beaucoup dans les démarches internationales et même dans les difficultés internationales. Mais un jour, cela pourra être dépassé grâce à la Francophonie. Ce serait donc un ensemble transatlantique absolument exceptionnel.
Q - Messieurs les Ministres, à propos d'Haïti je voulais savoir quelle est votre évaluation des progrès de la mobilisation internationale pour reconstruire ce pays. On a l'impression d'un sérieux ralentissement, de beaucoup de difficultés, que l'aide n'arrive vraiment pas, il y a eu des conférences organisées y compris au Canada il y a quelques mois. On voulait connaître votre évaluation ?
(...)
R - Permettez-moi d'ajouter un mot. Je vous trouve très pessimiste, cela ne va jamais assez vite : c'est évident ! Mais quelle catastrophe, quelles conséquences !
Nous n'avons peut-être même pas encore dépassé le stade de l'aide humanitaire d'urgence en Haïti : il reste aujourd'hui 400.000 personnes qui vivent toujours sous des tentes.
Ce n'est pas l'argent qui manque, ce ne sont pas les projets communs, mais c'est la possibilité de les faire. Nous avons parlé du cadastre, parce que nous avons un projet commun, mais vous savez que tout cela est politique, que dans toutes les catastrophes naturelles - et surtout après les tremblements de terre - nous avons tendance à reconstruire à l'endroit où l'on est propriétaire, où l'on avait l'habitude de vivre, aussi bien l'Etat que les particuliers.
Tous ces projets prennent un temps considérable, je le sais très bien. C'est facile de le déplorer de l'extérieur mais cela a toujours été ainsi. Dans le cas d'Haïti, il y a des concertations internationales menées aussi bien par les Nations unies - qui menaient, avant le tremblement de terre, une opération qui fonctionnait bien, mais qui hélas a été arrêtée par la catastrophe - que par les Américains ou par le groupe des pays qui se sont réunis tout de suite après le séisme, non seulement au Canada mais également à New York. Oui, c'est lent, c'est terriblement lent pour les Haïtiens !
Cependant, il y a une autre expérience, c'est l'aide permanente. En Haïti, nous avons l'habitude. C'est notamment l'expérience des médecins français, ceux que l'on a surnommé les "French doctors", c'était en Haïti et ils y sont encore, 40 ans après. Il ne faut pas que l'on s'habitue. Il faut vraiment bouger tout cela. C'est politiquement, humainement très difficile.
Je crois qu'il n'y a jamais eu de déploiement aussi rapide et autant d'argent amassé avec une bonne volonté évidente. D'ailleurs ce n'est pas moi qui devrais vous en parler, mais plutôt le ministre québécois des relations extérieures qui rentre tout juste d'Haïti.
Q - Sur les ARM et la signature de l'entente de reconnaissance avec les infirmières : le Québec est en pénurie, la France aussi. Les Québécois veulent avoir des infirmières françaises ; j'imagine que la France veut avoir des infirmières québécoises. Un des deux pays ne risque-t-il pas de se retrouver désavantagé ?
(...)
R - Il y aura un équilibre, les professions ne se ressemblent pas. Pour les cinquante-sept professions concernées, dont nous avons la signature, elles sont tellement diverses que cela va s'équilibrer très facilement. Concernant par exemple les médecins et les infirmières, ce n'est pas la même population, avec le même goût du déplacement... Tout cela va se faire, je crois, avec beaucoup d'envie.
C'est tellement difficile d'habitude. Qui aurait pu croire, parce qu'il en a été décidé politiquement ainsi, que de tels accords auraient pu être signés ?
(...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juillet 2010