Texte intégral
Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour ce 4e congrès de la médecine générale, et je vous remercie, messieurs les présidents, de m'y avoir conviée.
C'est pour moi l'occasion de vous témoigner, une nouvelle fois, mon attachement pour votre profession, un attachement ancien, un attachement indéfectible.
C'est aussi pour moi l'occasion de vous redire les principes qui guident mon action : la responsabilisation et la confiance ; la confiance dans les médecins, la confiance dans l'avenir de la médecine générale.
C'est enfin pour moi l'occasion de vous faire part de deux décisions que j'ai prises et qui illustrent ces principes.
Il existe deux manières de voir la médecine générale.
Une manière sombre, ancrée sur les inquiétudes et les difficultés. Parce que ces inquiétudes sont légitimes, parce que ces difficultés sont réelles, certains oublient les perspectives encourageantes que la situation actuelle recèle.
Car l'autre manière d'envisager votre métier est une manière positive, résolument tournée vers l'avenir.
Sans ignorer la première, j'ai fait le choix de la seconde.
Nos rencontres régulières m'apportent le témoignage de la vitalité des médecins généralistes.
Je sais votre passion pour ce métier exigeant et si varié.
Je connais les projets que vous portez pour organiser l'exercice de la médecine générale et mieux répondre aux besoins des patients.
Je vois aussi de jeunes médecins qui s'installent, attirés par une nouvelle manière d'exercer la médecine générale, comme l'illustrent les regroupements pluridisciplinaires.
Autre signe positif, le regain d'attractivité de la médecine générale auprès des étudiants : le nombre d'internes choisissant votre spécialité augmente. Ils étaient 37% en 2004. Ils sont désormais 49% en 2009.
La qualité de l'enseignement a largement contribué à ce résultat.
A cet égard, je suis fière d'avoir défendu la filière de médecine générale et je tiens à renouveler mon hommage aux femmes et aux hommes qui la font vivre au quotidien, en accomplissant un immense travail pour former les futurs médecins généralistes.
La création, hier, du collège de la médecine générale illustre votre dynamisme, votre exigence de qualité. Il s'agit, j'en suis convaincue, d'une nouvelle étape vers la structuration de votre spécialité. Je serai très attentive à sa réussite. J'adresse d'ailleurs à Pierre-Louis Druet mes félicitations.
Je tiens à saluer, à cette occasion, le rôle constructif joué par la HAS.
Pour conforter cette dynamique et développer la recherche en médecine générale, j'ai demandé qu'un volet du PHRC soit consacré, l'année prochaine, à la médecine générale.
Toutes ces raisons me poussent à considérer l'avenir de la médecine générale positivement.
D'ailleurs, quelle profession jouit aujourd'hui d'une image aussi forte dans la population ? Nos concitoyens plébiscitent massivement leur médecin. Toutes les enquêtes le confirment.
Combien de secteurs d'activité bénéficient d'un investissement aussi massif de la Nation, investissement qui, malgré la situation économique, continue d'ailleurs d'augmenter ? Chaque année, plus de 5 milliards d'euros supplémentaires sont consacrés au système de santé.
Quel élu n'est pas sensibilisé à l'importance de maintenir un maillage de soins de proximité sur l'ensemble du territoire ? Personne ne conteste plus la nécessité de conforter la médecine générale.
Moi la première, je vous ai fait part de ma volonté de renforcer le rôle et la place de la médecine générale dans notre système de santé.
Pour cela, j'ai fait le pari de la confiance.
Sur le développement professionnel continu tout d'abord, j'ai souhaité donner à chacun d'entre vous les moyens de le piloter véritablement, en fonction de ses besoins et sous sa responsabilité.
Ce système prendra la forme d'un chèque DPC qui, chaque année, sera à votre disposition.
Le développement professionnel continu reposera sur les nombreuses initiatives, de qualité, que vous avez mises en oeuvre depuis des années.
Et vous êtes aux commandes dans la commission scientifique indépendante et dans le conseil national du DPC. Vous serez membres à part entière dans l'organisme gérant le financement du DPC.
Concernant la gestion des crises sanitaires, comme je l'ai annoncé à vos représentants, je souhaite que les médecins généralistes puissent, demain, assumer des responsabilités plus grandes dans l'organisation des réponses sur le terrain. Je ferai des propositions dans ce sens très prochainement. Le caractère peu sévère de la grippe A H1N1 a révélé la nécessité d'une structuration de l'offre de soins en temps de crise sanitaire. Je suis à votre écoute et j'attends vos propositions.
Je tiens également à reconnaître votre responsabilité en matière de continuité des soins et de démographie médicale.
Preuve de ma confiance, je vais mettre volontairement entre parenthèses deux dispositions de la loi HPST, celle relative à la déclaration des absences et celle relative aux contrats santé solidarité.
Je sais que beaucoup de médecins libéraux s'efforcent de garantir la continuité des soins à leurs patients.
Je sais que les médecins libéraux revendiquent la responsabilité d'organiser eux-mêmes la continuité des soins. Le président de l'ordre des médecins s'est fait l'écho de cette volonté dans le rapport qu'il a récemment remis au Président de la République.
Pour autant, nous devons trouver une réponse à nos concitoyens qui se heurtent parfois, pendant les périodes de congés, à la difficulté de trouver un médecin.
Je fais le pari aujourd'hui avec vous de la confiance.
Je confierai prochainement à l'ordre des médecins la mission de repérer les territoires et les périodes où la continuité des soins risque de ne pas être assurée, afin de trouver, avec les médecins concernés et les pouvoirs publics, les réponses les plus adaptées.
Nous déterminerons ensemble les modalités de ce dispositif.
En le développant le plus rapidement possible, nous serons tous ensemble en mesure de prouver que nous n'avons pas besoin de passer par une obligation de déclaration des absences. Le succès de ce dispositif, très proche d'une logique conventionnelle, nous permettra de supprimer, à terme, cette obligation législative.
En ce qui concerne le défi de la démographie médicale, j'ai encore privilégié les mesures incitatives.
Je suis en effet convaincue qu'il est avant tout nécessaire de faciliter de nouveaux modes d'exercice répondant aux aspirations des professionnels.
J'ai donc décidé de mettre en oeuvre un contrat entre l'ARS et les médecins, basé sur le volontariat.
Des contreparties seront proposées aux médecins qui s'engagent à exercer dans une zone sous-dotée plusieurs demi-journées par semaine.
La mise en oeuvre de ce dispositif nous permettra de ne pas recourir au contrat santé solidarité.
J'inviterai les représentants professionnels et l'ordre des médecins à travailler concrètement à la mise en place de ces deux dispositifs.
Nous les suivrons ensemble pour nous assurer de leur efficacité et de leurs adaptations éventuelles.
Sur ces deux sujets - continuité des soins, démographie médicale -, j'ai préféré la confiance et la responsabilité aux dispositifs contraignants.
Vous l'avez compris, cela suppose que l'on parvienne à des réalisations effectives que nos concitoyens puissent mesurer.
C'est un défi que nous réussirons ensemble, dans l'intérêt des patients et de votre profession. J'en suis profondément convaincue. Votre congrès renforce encore cette conviction.
Je vous remercie.
Source http://www.sante-sports.gouv.fr, le 29 juin 2010