Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur le soutien apporté par la France à l'adhésion de la Croatie à l'Union européenne et sur l'affaire Woerth-Bettencourt, à Zagreb (Croatie) le 9 juillet 2010.

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Circonstance : Visite officielle du Premier ministre en Croatie le 9 juillet 2010

Texte intégral

François Fillon, Premier ministre - Mais je voudrais à mon tour remercier Madame Kosor pour l'accueil qu'elle vient de me réserver à moi-même et à la délégation française qui m'accompagne. Cette visite était pour moi une visite très importante parce que la Croatie va être très prochainement le vingt-huitième État-membre de l'Union européenne. Et quelques jours après l'ouverture des tout derniers chapitres de négociation dans le cadre de cette adhésion, je voulais venir dire aux autorités croates que la France, aujourd'hui comme hier, plus encore aujourd'hui, est aux côtés de la Croatie dans son cheminement vers l'Union européenne.
Nous avons toujours soutenu l'adhésion de la Croatie parce que la Croatie est en Europe, parce que la Croatie a participé à construire la civilisation européenne. Nous avons toujours soutenu l'adhésion de la Croatie parce que nous pensons aussi que c'est un signal très fort que l'on envoie aux autres pays de la région des Balkans en leur disant : "Vous aussi vous avez vocation à entrer dans l'Union européenne pour peu que vous accomplissiez les efforts de modernisation, de réforme parfois difficiles qui ont été accomplis par le gouvernement croate et par le peuple croate."
Mais l'Union européenne ne résume pas toutes nos relations, nous souhaitons aussi que les relations bilatérales entre la France et la Croatie s'approfondissent. Nos relations politiques sont excellentes, nos relations économiques pourraient beaucoup s'améliorer. Nous avons évoqué toutes les pistes pour permettre aux entreprises françaises d'investir en Croatie, pour favoriser la venue des étudiants croates dans les universités françaises, pour encourager l'apprentissage de la langue française dans les lycées croates. Et c'est dans cet esprit que j'ai proposé à Madame le Premier ministre de venir à l'automne à Paris et nous pourrions ensemble annoncer en particulier le lancement d'un festival culturel en France en 2012, ce qui permettrait de mieux faire connaître la culture croate à nos concitoyens.
Enfin je voudrais féliciter le gouvernement croate pour le courage qui a été le sien et la sagesse dont il a fait preuve dans la résolution du problème frontalier avec la Slovénie. Je pense que la solution de ce contentieux symbolise parfaitement ce que doivent être les relations entre les pays de l'Europe et à quel point le processus de rassemblement des pays à l'intérieur de l'Union européenne est la bonne réponse à tous les conflits qui, malheureusement, ont fait tellement de mal, en particulier dans cette région du monde.
Journaliste - Monsieur le Premier ministre, en France, les esprits sont toujours occupés par l'affaire Bettencourt. Pensez-vous comme l'a dit Claude Guéant que la vérité est rétablie alors que l'ex-comptable semble maintenir ses accusations à l'encontre d'Eric Woerth ?
François Fillon, Premier ministre - Ecoutez, j'ai eu l'occasion depuis plusieurs jours de poser la même question : est-ce que ceux qui se laissent aller à colporter sans précaution des informations, qui en réalité - nous le voyons bien - sont des ragots et des calomnies, ont-ils encore une conscience ? Je pense que les événements d'hier donnent à cette question vraiment tout son sens. Cela fait trois jours que presque tous les médias relaient sans aucune précaution une accusation grave à l'encontre du Président de la République, une accusation dont tout indique qu'il s'agit d'une manipulation, qu'elle ne repose sur aucun fait avéré, sur aucune preuve et même, semble-t-il maintenant, sur aucun témoignage. La France est un Etat de droit. En France, il y a une justice indépendante. En France, on n'a pas besoin de justiciers autoproclamés et je veux dire que mettre en cause le Président de la République sur la foi d'un unique témoignage qui n'aura pas tenu 24 heures, c'est un acte grave. C'est un acte grave et ceux qui le commettent sont aujourd'hui face à leurs responsabilités. Je pense qu'ils ont été aveuglés par leur volonté de nuire au Président de la République, mais ils ne se rendent pas compte qu'en poursuivant cet objectif, ils nuisent aussi à la République. Ils nuisent aussi au fond à la démocratie et à son fonctionnement. Ce n'est pourtant pas la première fois que nous sommes confrontés dans notre pays à des situations comme celle-ci. Il y eu d'autres affaires qui ont concerné des hommes ou des femmes politiques ou simplement des citoyens qui ont été accusés des pires crimes et dont il a fallu des années et des années pour établir l'innocence. La calomnie va vite ; la calomnie broie tout sur son passage et il faut ensuite du temps pour rétablir la vérité. Est-ce ces affaires qui se sont succédées ne pourraient pas nous conduire tous à faire preuve d'un peu plus de prudence dans nos affirmations ? Est-ce que nous ne pourrions pas tous nous ressaisir et nous fixer une règle de conduite avant de recopier n'importe quoi ? Est-ce que nous pouvons tous nous poser une question : est-ce que celui qui accuse, apporte la moindre preuve de ce qu'il avance ? Je pense que si, ensemble, nous pouvions accomplir ce pas dans la modernisation de notre démocratie, nous aurions fait un grand progrès.Source http://www.gouvernement.fr, le 19 juillet 2010