Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur les relations entre la France et le Japon, à Tokyo le 16 juillet 2010.

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Circonstance : Voyage de M. François Fillon, Premier ministre, au Japon : point presse à l'issue de son entretien avec M. Naoto Kan, Premier ministre du Japon, à Tokyo le 16 juillet 2010

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Je voudrais d'abord vous remercier de l'entretien très productif que nous avons eu, et surtout de l'accueil chaleureux que vous m'avez réservé à moi-même et à la délégation qui m'accompagne, notamment à madame Lagarde. C'est mon deuxième déplacement au Japon en tant que Premier ministre, puisque j'avais eu l'honneur de venir en avril 2008, pour célébrer le 150ème anniversaire des relations diplomatiques entre la France et le Japon.
Ceci montre à quel point la France et le Japon sont des partenaires et des amis de longue date. Nos deux pays sont unis par des valeurs communes : sur beaucoup de sujets internationaux nous défendons les mêmes positions dans le monde. Vous avez évoqué à l'instant, monsieur le Premier ministre, la gouvernance mondiale, la réforme de l'organisation des Nations unies et du Conseil de sécurité. Nous pourrions aussi évoquer notre combat commun dans la lutte pour la protection de l'environnement ou encore notre vision parfaitement partagée de la nécessité de mettre en place des règles en matière de régulation financière.
Nous sommes deux vieux pays aux cultures très anciennes, et je crois que l'on peut dire qu'il y a une fascination commune des Japonais pour les Français et les Français pour les Japonais. Je comprends que votre femme serait très heureuse de venir fêter votre 40ème anniversaire de mariage à Paris, mais je veux aussi vous dire que les Français sont fascinés par la culture japonaise, à la fois par la culture japonaise la plus ancienne mais aussi par la culture la plus récente. Les Français sont devenus d'immenses consommateurs de Mangas et ce sont évidemment des consommateurs de toutes les dernières nouveautés technologiques japonaises.
Et delà de cette fascination culturelle mutuelle, nous avons des intérêts économiques majeurs en commun. La France est le deuxième investisseur étranger au Japon et le Japon est le premier investisseur asiatique en France, avec plus de 400 entreprises japonaises qui y sont installées.
Il est donc essentiel que les dirigeants français et les dirigeants japonais entretiennent un dialogue le plus régulier possible, et c'est la raison pour laquelle j'ai proposé au Premier ministre Naoto Kan, au lendemain de sa nomination, de lui rendre visite et c'est la raison pour laquelle je lui ai indiqué combien nous serions honorés de le recevoir cette année à Paris.
Nous avons d'abord, au cours de cet entretien, échangé sur les perspectives économiques en Europe et en Asie et j'ai notamment présenté au Premier ministre Kan les mesures prises par les gouvernements européens, et singulièrement par le Gouvernement français, pour assurer la stabilité et la solidité de l'euro, pour assainir les finances publiques et en même temps, pour accroître le potentiel de croissance de l'économie européenne.
Nous avons aussi discuté des priorités de la future Présidence française du G8 et du G20, et là encore nous avons constaté une très grande identité de vue, qu'il s'agisse des questions de la régulation financière ou qu'il s'agisse encore de chercher ensemble comment mettre en oeuvre un système qui assure plus de stabilité à nos systèmes monétaires.
Au fond, nous partageons une conviction très profonde qui est liée à notre histoire : nous sommes des nations industrielles, et nous, nous pensons que tout doit être fait pour assurer la stabilité de l'industrie, de la production. Nous ne sommes pas d'abord et avant tout des nations financières. La spéculation pour nous n'est pas une fin en soi, et le système financier n'a de sens que s'il est au service de la production industrielle et de la production de richesse.
Nous avons aussi évoqué les partenariats industriels les plus importants que nous avons entre la France et le Japon dans le domaine de l'énergie nucléaire, de l'aéronautique ou du véhicule électrique.
Le nucléaire est un choix stratégique commun que la France et le Japon ont engagé depuis longtemps, que nous avons pleinement assumé, et qui fait de nous aujourd'hui des pays leaders dans le monde.
Et dans cette perspective, j'ai indiqué au Premier ministre japonais le souhait, la volonté de voir se renforcer l'association entre Areva et Mitsubishi pour la réalisation, notamment, d'un nouveau réacteur, le réacteur Atmea, et j'ai indiqué en particulier que la France était ouverte à l'entrée de Mitsubishi au capital d'Areva.
Nous sommes aussi tombés d'accord sur le fait que l'industrie nucléaire devait être d'un très haut niveau de sécurité, et qu'il n'y avait pas de place dans ce domaine pour ce qu'on pourrait appeler du "nucléaire low cost". Et donc, dans la compétition internationale, il faut que nous ayons à coeur de démontrer à nos futurs clients, à ceux qui pourraient être nos clients, qu'on ne peut pas faire le choix entre du nucléaire bon marché et du nucléaire présentant toutes les garanties de sécurité, ce que, justement, la France et le Japon proposent.
Enfin, nous avons évoqué la perspective d'un accord de partenariat économique renforcé entre l'Union européenne et le Japon. J'ai rappelé au Premier ministre, Monsieur Kan, l'ouverture de la France à cette idée, le soutien de la France à cette idée mais aussi les domaines dans lesquels les entreprises européennes souhaitaient depuis longtemps bénéficier d'un plus grand accès au marché japonais.
Voilà, Mesdames et Messieurs, cet entretien m'a conforté dans le sentiment que le partenariat entre la France et le Japon s'appuie sur des fondements qui sont extrêmement solides. Nous avons beaucoup à faire ensemble, et je suis convaincu que la Présidence française du G8 et du G20 va nous donner, non seulement l'occasion de multiplier les contacts, mais aussi de dégager ensemble des positions communes qui nous permettront de faire prévaloir une idée de l'avenir des relations internationales, des valeurs qui sont partagées.
Source http://www.gouvernement.fr, le 19 juillet 2010