Déclaration de Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication, sur les relations culturelles entre la France et le Québec, Québec le 1er mai 2001.

Prononcé le 1er mai 2001

Intervenant(s) : 

Circonstance : Lancement de "France au Québec La saison" à Québec le 1er mai 2001

Texte intégral

Mesdames les Ministres, Chère Diane, Chère Louise,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Consul général,
Messieurs les Directeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je suis vraiment très heureuse d'être associée à cette première présentation de la saison de la France au Québec. Cette manifestation, voulue par les Premiers ministres français et québécois lors de leur rencontre à Québec en décembre 1998, s'inscrit dans un partenariat stratégique, que les deux chefs de gouvernement avaient décidé d'orienter vers des enjeux communs de société : économie sociale, économie du savoir, diversité culturelle - thème qui nous réunit durablement et en profondeur. Confirmée par le président de la République lors de sa visite au Québec en septembre 1999, cette manifestation répond à la magnifique saison que vous nous avez présentée de mars à septembre 1999.
Avec le Printemps du Québec en France, vous aviez souhaité nous montrer le dynamisme, l'enthousiasme et la modernité de votre pays. A notre tour de renouveler l'image que les Québécois ont de la France. C'est une France résolument jeune, "décoiffante" que nous souhaitons vous faire découvrir à travers toute la palette de la création artistique qui vous sera présentée. Sans entrer dans les détails de la programmation de cet événement qui se déroulera de septembre à novembre prochains, et que vous exposeront tout à l'heure Olivier Poivre d'Arvor, directeur de l'Association française d'action artistique et Michel Letourneau, directeur du bureau des Saisons à Québec, je souhaite vous faire part de ma très grande satisfaction quant aux choix opérés.
Je le disais tout à l'heure à mes interlocutrices, ce que j'aime dans cette saison c'est que non seulement ce sera un moment fort des échanges culturels entre nos deux pays, mais aussi elle s'articule autour de deux objectifs majeurs qui marquent l'ensemble de mon action au ministère de la Culture en France qui sont le souci de la jeune création. Jeune : c'est moins une question d'âge des artistes, des compagnies qu'une question d'engagement dans la création contemporaine. C'est mon souci permanent : comment faire naître la relève, comment faire vivre dans nos institutions culturelles qui sont nombreuses et souvent anciennes les nouvelles veines de la création contemporaine.
Mon deuxième objectif est la décentralisation : nous y travaillons beaucoup chez nous et je me réjouis du choix de programmation que nos deux commissaires ont fait, qui donne à voir à la fois cette vivacité de la création contemporaine française et aussi le souci d'associer l'ensemble du territoire du Québec à cette manifestation, de ne pas la cantonner dans une ou deux villes mais d'amener nos artistes français à la rencontre, - j'espère aussi à la confrontation - avec les professionnels québécois et avec l'ensemble du territoire. Ce sera sans doute source de débat mais je crois que le respect réciproque qui marque en profondeur la relation franco-québécoise nous incite, presque nous impose ce choix de la découverte à travers des aventures artistiques pas toutes encore complètement installées dans la notoriété et nous impose d'aller à cette rencontre sur plusieurs points de votre territoire.
L'ambition de cette saison est de vous faire découvrir de nouveaux artistes dans le domaine du cirque ou du design, de faire connaître de jeunes troupes de théâtre ou de danse comme celles présentées au Festival international de nouvelles danses, de jeunes conteurs, ou encore des artistes plasticiens. Ponctuée de rencontres professionnelles, cette saison permettra de valoriser des partenariats inscrits dans la durée, notamment dans le cadre d'actions développées par l'Office franco-québécois pour la jeunesse, comme l'accueil dans des résidences franco-québécoises d'artistes "inclassables", ou le développement d'initiatives d'avant-garde telle l'utilisation des nouvelles technologies dans la création musicale.
La vidéo et les nouveaux médias, supports de diffusion mais aussi supports de recherche et de nouvelles écritures, prennent une place croissante dans la création contemporaine : vous aurez le loisir de découvrir ces nouveaux artistes dans des lieux de création comme la Galerie de l'UQAM, Ex-centris, la Caserne Dalhousie ; le site officiel de la saison lui-même donnera l'exemple, puisque des "webs-graphistes" français reconnus seront invités à produire une uvre sur ce support.
Enfin, à l'initiative des distributeurs québécois et d'Unifrance Film, une fête du cinéma présentera au public la production cinématographique française la plus récente. J'ai beaucoup insisté pour qu'il y ait ce volet dans cette saison parce que je crois que le cinéma est un art grand public et comme nous avons la chance d'avoir aujourd'hui une production de films à la fois quantitativement et qualitativement prospères, votre saison ici au Québec tombe très bien pour offrir à vos publics cet éventail de la création cinématographique qui est un des enjeux pour nous de la défense de la diversité culturelle dans le monde, objectif sur lequel nous nous rejoignons.
Ces quelques exemples vous montrent, je crois, la diversité des manifestations retenues par les opérateurs québécois. Je ne peux que me réjouir des liens qui existent déjà mais qui seront très certainement fortifiés et renouvelés entre les professionnels français et québécois : la pérennisation des échanges entre les mondes artistiques et les publics dans nos deux pays est un des objectifs fixés à cette saison, je suis sûre qu'il sera atteint, apportant - si besoin en était - un nouveau témoignage de l'importance de la coopération culturelle dans la relation ancienne et privilégiée qu'entretiennent Québec et la France. Une relation dont c'est notre responsabilité de la faire partager, de la transmettre aux nouvelles générations. Cette saison est un maillon dans cette relation créative, dans cette relation de confiance. Elle a été précédée de beaucoup d'échanges hors saison - les saisons sont un moment fort mais n'ont de vraies raisons d'être parce qu'elles s'appuient sur cette confiance ancienne et en constant renouvellement. Je m'aperçois avec plaisir que nos commissaires n'ont pas tout maîtrisé dans les échanges puisqu'on me disait qu'Ariane Mnouchkine allait bientôt venir dans votre pays hors saison, que j'aperçois dans la salle un artiste auquel nous sommes très attachés, Philippe Avron. Pour la rencontre du public québécois, je crois que c'est très important d'être conscient que nous sommes dans une chaîne, que tout n'est pas maîtrisé par les initiatives publiques et que les acteurs de cette chaîne artistique sont au premier rang nos artistes de part et d'autre et je leur fais confiance pour que la chaîne se fortifie.
Je me réjouis qu'une manifestation comme cette saison de la France au Québec donne un grand coup de projecteur sur tout ce que nous avons à découvrir de la création dans nos deux pays et également soit un stimulant dont nous avons tous besoin aujourd'hui au-delà des cercles professionnels mais très profondément dans les publics, chez les leaders d'opinion, et entraîne une réflexion sur les enjeux culturels dans l'avenir de notre société.
Je vous remercie de votre présence et souhaite un grand succès à l'opération "France au Québec/la saison".
(source http://www.diplomatie.fr, le 4 mai 2001)