Texte intégral
Monsieur le Ministre, Cher Frédéric,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Cher Amis,
Le rayonnement d'un pays, son influence ne se mesurent pas seulement au dynamisme de son économie, à ses capacités militaires, à son poids politique. Ils reposent aussi sur la puissance de séduction et d'attractivité de ses idées, de ses savoirs, de sa culture. Ils reposent sur la force de ses valeurs - d'abord de ses valeurs de solidarité - et sur votre capacité à les incarner.
Dans ces domaines, nous ne manquons pas d'atouts. La France, qui compte parmi les cinq plus grandes puissances culturelles et scientifiques de la planète et qui demeure, cette année, le deuxième bailleur mondial en matière d'aide au développement, porte haut son ambition d'universalité, son exigence de liberté et de justice.
Grâce à vous, grâce à vos talents et à votre engagement ! C'est vous qui faites vivre cet exceptionnel réseau, la marque de la France dans le monde.
Je suis heureux de vous retrouver au terme de vos travaux, au terme de deux jours de débats intenses et stimulants auxquels ont participé plusieurs de mes collègues - Frédéric Mitterrand, Valérie Pécresse, Nathalie Kosziusko-Morizet - ainsi que Michaëlle Jean, Xavier Darcos et Dov Zerah. Je les en remercie.
Je remercie également Christian Masset et toute la direction générale de la Mondialisation ainsi que la direction de la Communication et du Porte-parolat, qui ont organisé ces Journées du réseau.
Diplomates, représentants des milieux de la culture et de la communication, de l'enseignement et de la recherche, de l'expertise technique, vous apportez, tous, une contribution inestimable à la "diplomatie ouverte" de la France : cette diplomatie capable de projeter l'ensemble des forces créatrices de notre société hors de nos frontières, prolongeant ainsi - et surpassant - le dialogue entre gouvernements.
Vous connaissez ma conviction : cette diplomatie ouverte est fondamentale pour relever les formidables défis - économiques, culturels, scientifiques - auxquels nous faisons face. Aussi puissants soient-ils, les Etats ne peuvent, seuls, les affronter. Ils doivent travailler avec les nouveaux acteurs qui ont fait irruption sur la scène internationale : médias, universités, réseaux d'experts, entreprises, collectivités locales, ONG, établissements culturels ou de recherche.
On ne combattra pas le choc des cultures - je n'ai pas dit le "choc des civilisations" - sans les intellectuels, les artistes, les éducateurs, les journalistes, les scientifiques ! On ne construira pas une société de la connaissance sans les chercheurs et les enseignants ! On ne luttera pas contre les inégalités de développement sans la générosité de tous. Mobiliser le plus largement possible autour des grands défis de notre temps, c'est votre métier. C'est passionnant. Et vous êtes essentiels.
Je veux rendre hommage à votre action.
Hommage, d'abord, à la solidarité et au courage dont vous savez faire preuve. Je pense à ceux d'entre vous qui apportez l'aide de la France dans des conditions de vie et de sécurité difficiles, parfois dramatiques : en Haïti, en Afghanistan, au Proche-Orient, à Gaza, en Iran, en Irak, dans le Caucase... Je pense à ceux qui doivent créer ou recréer une coopération, au Rwanda, par exemple. Aucune situation ne ressemble à l'autre. Et à chaque fois, vous témoignez d'une opiniâtreté à laquelle je veux rendre hommage.
Je veux aussi rendre hommage à votre écoute de nos partenaires étrangers, à votre aptitude à suivre et comprendre leurs évolutions, leurs attentes - et ce n'est pas facile. Ainsi seulement se créent de véritables liens. Faire entendre la France, c'est d'abord écouter les autres. C'est pourquoi j'ai souhaité en faire le thème principal de ces Journées.
Hommage enfin à votre inventivité et à votre détermination. Tous les ans, de par le monde, vous réunissez plus de 100 millions d'euros de co-financements, qui représentent plus du tiers des crédits qui vous sont délégués. Vous réalisez de grands événements culturels. Vous accompagnez la projection internationale de nos universités, de nos grandes institutions culturelles et scientifiques. Vous accompagnez la modernisation et la transition de nombreux pays dans l'Europe élargie, dans les Balkans, dans l'espace post-soviétique, dans l'espace méditerranéen.
Chers Amis,
Les Journées du réseau sont l'occasion de faire le point sur l'année écoulée et de tracer des perspectives.
Cette année, vous le savez, j'ai consacré beaucoup de mon temps, beaucoup de nos énergies, à la défense et à la rénovation des instruments qui sont les vôtres. La réforme de ce qu'il convient d'appeler le "soft-power" français a été l'un de mes grands chantiers et sans doute le plus difficile, car il fallait convaincre les agents du Ministère, les nôtres. Mon objectif, c'était de doter notre pays d'opérateurs modernes et efficaces pour accroître son rayonnement et son influence dans le monde.
La bataille des contenus culturels, des idées, des savoirs s'est plus qu'intensifiée. Elle est au premier plan. Nos partenaires investissent dans ce domaine. De nouveaux acteurs font leur apparition. Nous ne pouvions pas prendre le risque de faire du sur-place.
La réforme était nécessaire. Elle a été trop longtemps repoussée. Avec l'adoption au Parlement, la semaine dernière, du projet de loi sur l'action extérieure de l'Etat, cette réforme - la plus ambitieuse depuis des décennies dans ce domaine - est maintenant pleinement en place.
Elle crée l'Institut français. Cet établissement public sera l'opérateur de notre politique culturelle extérieure. Il entretiendra - c'est inscrit dans la loi - un lien étroit avec les établissements culturels de notre réseau et leur donnera son nom. Nous disposerons ainsi désormais d'une marque unique pour la diplomatie publique française. A l'heure de la mondialisation, c'était indispensable.
Je suis heureux que Xavier Darcos ait accepté de prendre la tête de cet établissement. Xavier Darcos, l'ambassadeur, qui fut, au Quai d'Orsay, ministre de la Coopération. Son expérience est grande. C'est lui qui représentera le ministère des Affaires étrangères. Xavier Darcos apporte avec lui une expérience inestimable d'homme politique, d'homme de lettres, d'homme de culture et d'humaniste. Il vous l'a dit : il travaillera étroitement avec vous, avec le ministère des Affaires étrangères et européennes et avec le ministère de la Culture et de la Communication.
Permettez-moi à cette occasion de rendre hommage à l'action d'Olivier Poivre d'Arvor - et la tâche n'a pas été facile. Olivier Poivre d'Arvor, à la tête, depuis maintenant dix ans, de CulturesFrance, l'a portée sur les fonts baptismaux et fait rayonner par-delà nos frontières. Je le remercie. Il ne quittera pas le ministère des Affaires étrangères.
Et je remercie tous ceux qui ont travaillé avec moi, notamment Jean-Marc Berthon.
L'Institut français occupera une place centrale dans le paysage culturel français. Au-delà des missions traditionnelles de CulturesFrance, il développera de nouveaux champs d'action. Il assurera la promotion de notre langue, notre place dans le débat d'idées, dans le champ de la connaissance et dans l'espace scientifique.
Les femmes et les hommes qui le représentent sont la force de notre réseau. C'est pourquoi j'ai voulu que leur professionnalisation soit aussi confiée à l'Institut français.
J'ai fait le choix d'une réforme progressive et maîtrisée, tenant compte de vos préoccupations légitimes. Aussi le rattachement du réseau à l'Institut français fera-t-il, suivant les préconisations du rapport de Dominique de Combles de Nayves, l'objet d'une expérimentation, dans une dizaine de postes au cours des trois années à venir. D'ici trois ans, nous ferons le bilan et déciderons s'il convient de rattacher l'ensemble du réseau.
Quoi qu'il advienne de ces rattachements, j'ai obtenu que l'autorité des ambassadeurs sur les bureaux à l'étranger des opérateurs de l'action extérieure de l'Etat soit affirmée dans la loi et c'est une première.
Parallèlement à cette réforme institutionnelle, je me suis battu pour enrayer la baisse continue des moyens de notre réseau que nous connaissions depuis dix ans. La contrainte budgétaire est forte. Malgré l'effort nécessaire de notre ministère à la réduction des dépenses publiques, j'ai obtenu du Premier ministre le maintien, pour les trois années à venir, des crédits exceptionnels accordés en 2009 et 2010. Ce sont donc 100 millions d'euros additionnels sur cinq ans qui seront consacrés à notre action culturelle, à la création de l'Institut français, à l'adaptation et à la modernisation de notre réseau.
Je me suis néanmoins engagé à ce que certaines économies sur le fonctionnement de notre réseau soient réalisées. Des gains d'efficacité seront ainsi demandés au réseau culturel, notamment grâce au rapprochement des services culturels et des instituts culturels (EAF). Je veux un réseau plus efficace et plus resserré, tourné vers la mise en oeuvre de projets, plutôt que le maintien de structures, parfois redondantes.
J'ai également lancé un plan de formation sans précédent au bénéfice de 4.000 agents travaillant dans le réseau culturel. 1.700 personnes en ont déjà bénéficié.
Le rapprochement avec l'Alliance française a aussi été l'une de nos préoccupations. Je suis heureux que ce rapprochement ait été facilité par son président, Jean-Pierre de Launoit, et son secrétaire général, Jean-Claude Jacq. Ensemble, et dans le plein respect de nos statuts respectifs, nous allons travailler à rapprocher nos identités, notre communication, à développer des politiques et des projets communs, dès le lancement de cette agence. Une convention, à laquelle ont travaillé Delphine Borione et Jean-Marc Berthon, sera bientôt signée.
La logique de la réforme est celle d'une administration qui se recentre sur la fonction stratégique d'élaboration des politiques. Une stratégie ambitieuse pour l'Institut français et, au-delà, pour notre politique culturelle et scientifique extérieure, a été définie au cours de cette année. Elle orientera vos actions.
Si la création de l'Institut français est la mesure phare de la réforme de notre diplomatie d'influence, elle n'est pas la seule.
La loi sur l'action extérieure de l'Etat crée deux nouveaux opérateurs, également sous forme d'établissements publics - et qu'on ne vienne pas me dire que nous privatisons la culture :
- l'un pour la mobilité des étudiants et l'attractivité universitaire ;
- l'autre pour la promotion de l'expertise française à l'étranger.
Le premier opérateur fusionnera CampusFrance et Egide et intégrera les activités internationales du Centre national des oeuvres universitaires et sociales. Je remercie le ministère de l'Education nationale et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche avec les quels nous avons travaillé. C'est une oeuvre collective. Campus France permettra de créer enfin un guichet unique pour la mobilité et l'accueil des étudiants étrangers dans notre pays. Je pense que c'est une avancée considérable quand on pense aux enjeux liés à l'attractivité de nos universités.
Le second opérateur sera chargé de promouvoir l'expertise française à l'étranger. France expertise internationale reprendra et développera, avec un statut rénové, les missions de France coopération internationale. Là aussi il s'agit d'un important progrès sur une question non moins décisive : celle de la présence de notre pays sur l'immense marché de l'expertise dans le monde, un marché de plusieurs centaines de milliards d'euros.
Avec ces trois nouveaux établissements, le dispositif français de coopération, déjà dotés d'opérateurs efficaces pour l'enseignement français, l'audiovisuel extérieur et l'aide au développement, est désormais complété.
Il pourra pleinement répondre, grâce à votre engagement, aux attentes de nos partenaires et de nos compatriotes.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 juillet 2010