Texte intégral
Monsieur le Ministre, cher Daniel Krajcer,
Excellences,
Madame la Directrice, chère Elisabeth Taburet-Delahaye,
Monsieur l'administrateur général, Cher Thomas Grenon,
Messieurs les Conservateurs, Cher Duan Buran, Cher Xavier Dectot,
Cher Jean-Christophe Ton-That,
Chers ami(e)s,
C'est pour moi un très grand plaisir d'être avec vous ce soir pour inaugurer cette magnifique exposition, et cela à double titre. C'est d'abord l'occasion de saluer le travail exceptionnel des équipes qui animent ce lieu unique qu'est l'Hôtel de Cluny ; c'est aussi le moment de brosser un tableau de la coopération culturelle entre nos deux pays . Les thermes gallo-romains et la demeure parisienne des abbés, contemporaine des oeuvres exposées, nous proposent aujourd'hui un écrin particulièrement adapté pour découvrir les trésors d'une Slovaquie qui fut, à la fin du XVème siècle, l'un des principaux centres artistiques en Europe.
Ce qui fait du Musée national du Moyen Âge une référence incontestable, c'est bien sûr la qualité de ses collections. Mais c'est aussi son rayonnement international, que cette exposition vient admirablement illustrer. J'ai lancé la semaine dernière le Plan Musées : le Musée de Cluny y est tout naturellement inscrit, et bénéficiera ainsi de moyens supplémentaires qui visent à le rendre encore plus accessible.
Comme l'a annoncé le Président de la République, ce musée sera par ailleurs l'un des piliers de la Maison de l'Histoire de France. Je serai attentif à ce qu'il préserve, au sein de ce projet, son autonomie scientifique et culturelle, mais aussi sa capacité de développement et de valorisation de l'histoire de l'art médiéval.
Quatorze ans après la saison culturelle « Présences slovaques » en France, l'exposition D'Or et de feu constitue la première grande rétrospective patrimoniale consacrée en France à la Slovaquie, à laquelle le Président Sarkozy et le Président Gaparovi? ont tenu à apporter leur haut patronage.
D'Or et de feu est le fruit d'une collaboration étroite, sur plusieurs années, entre la Réunion des musées nationaux, le Musée national du Moyen Âge, et la Galerie nationale slovaque. C'est aussi le produit de la collaboration de tous les musées qui ont consenti les prêts de ces oeuvres, y compris, pour la première fois, des édifices religieux slovaques qui ont accepté à titre exceptionnel de faire connaître à l'extérieur les trésors qu'ils recèlent.
La Slovaquie a en effet la chance de bénéficier d'une conservation exceptionnelle de son patrimoine sacré qui est resté à l'écart des grands programmes de restauration massive que d'autres territoires ont pu connaître aux XIXe et XXe siècle. À ce titre, on ne peut que saluer la prudence exemplaire de la politique de restauration menée aujourd'hui par les institutions culturelle slovaques. Elles ont su conjuguer les exigences de préservation et la contextualisation des oeuvres.
En contrepoint de l'exposition des Galeries nationales du Grand Palais France 1500, les visiteurs du Musée de Cluny auront donc une occasion unique, dans les semaines à venir, pour découvrir un pan entier de notre patrimoine artistique commun. Car sous les polychromies or et rouge, sous la patine des retables, c'est aussi la dimension européenne de nos codes esthétiques qui transparaît. Dürer et Schongauer ne sont jamais loin, les maîtres italiens non plus. Traversées par ces influences, les oeuvres des maîtres locaux de la Haute-Hongrie viennent illustrer merveilleusement cette circulation des modèles iconographiques au service d'une identité culturelle partagée.
Je voudrais à ce titre saluer l'engagement actif des autorités culturelles slovaques en faveur du Label du patrimoine européen, qui vise à mettre en valeur la dimension européenne de nos biens culturels. Cette initiative intergouvernementale, dont la France était à l'origine, est sur le point de devenir un dispositif communautaire : parmi les 65 sites européens répertoriés, quatre sites ont d'ores et déjà été labellisés comme tels en Slovaquie : l'église Sainte-Marguerite de Kop?any, l'église Saint-Georges à Kostol'any, le château de ?ervený Kame?, la tombe du général Milan Ratislav tefánik à Bradlo. Quatre le sont également en France : l'abbaye de Cluny, la maison de Robert Schuman en Moselle, le Palais des papes à Avignon, et depuis quelques mois, la ville de Troyes. Nous partageons donc un engagement commun en faveur de l'Europe de la culture.
La coopération culturelle entre la France et la Slovaquie connaît en effet aujourd'hui un véritable développement. Il aurait probablement réjoui Milan tefánik, astronome, pilote mais aussi diplomate de talent, membre fondateur du « Conseil national tchéco-slovaque » dans le fracas de la Grande Guerre, figure tutélaire de l'amitié franco-slovaque, à qui il a été rendu hommage l'année dernière à l'occasion des 90 ans de sa disparition. À titre d'exemple, cette dynamique est perceptible dans les acquisitions récentes, par le Fonds national d'art contemporain (FNAC) et les Fonds régionaux d'Alsace, de Lorraine et du Limousin, d'oeuvres contemporaines slovaques, signées Július Koller, Roman Ondák, Stano Filko ou encore Rudolf Fila.
Notre coopération culturelle s'appuie également sur l'action du réseau culturel français en Slovaquie, avec l'Institut Français de Bratislava et 5 Alliances Françaises. Le succès du Festival du Film francophone et l'implication de l'Institut français dans la création du festival « les jardins musicaux de Bratislava » font partie des initiatives qui illustrent la qualité et le dynamisme de notre relation. Je me réjouis particulièrement du fait que la France soit aujourd'hui la deuxième destination des étudiants slovaques dans le cadre du programme Erasmus.
Parmi les sujets de coopération abordés cet après-midi avec mon homologue, nous avons également évoqué deux demandes d'expertise française, l'une sur le fonctionnement de la télévision publique, l'autre sur la gestion du patrimoine bâti. Cher Daniel Krajcer, je tenais ce soir à vous assurer de mon plein soutien et de l'engagement des services de mon Ministère pour répondre à vos attentes.
Je voudrais enfin vous parler de 2013. Dans moins de trois ans, Koice et Marseille seront, vous le savez, les Capitales européennes de la Culture. Il s'agit là d'une formidable opportunité pour renforcer la coopération entre nos deux pays, tant au niveau des institutions culturelles qu'à celui des collectivités territoriales.
Phocée et Massilia d'un côté ; Cassovie, Kaschau ou Kassa, de l'autre : deux villes à l'identité plurielle, marquées par une histoire complexe où les langues, les confessions et les communautés ont constamment retravaillé la notion de frontière culturelle. C'est dans cette logique que plusieurs projets communs aux deux villes sont en cours d'élaboration, avec pour thème commun les « Villes-frontières ».
Je connais votre grande familiarité avec les politiques de coopération transfrontalière à l'intérieur de l'Union, pour lesquelles la Slovaquie a une vocation géographique et économique évidente. Je connais également votre fort engagement sur les questions de politique de voisinage de l'Union, notamment avec l'Ukraine. Je crois que nous partageons cet attachement, à travers les engagements réciproques de nos gouvernements pour promouvoir le Partenariat oriental et l'Union pour la Méditerranée. C'est sans doute l'un des points les plus forts de notre convergence. Croiser à cette occasion les initiatives culturelles entre la cité phocéenne et la ville natale de Sándor Márai, c'est aussi montrer que les politiques de voisinage sont, au-delà de nos affinités géographiques nationales, l'affaire de l'ensemble de l'Union.
Un projet détaillé entre Marseille et Koice, assorti de commandes publiques, sera présenté d'ici à la fin du mois d'octobre. Je tiens à vous confirmer aujourd'hui que mon Ministère sera fortement impliqué dans ces préparatifs.
Si nous avons aujourd'hui l'occasion d'évoquer cette perspective conjointe dans cette magnifique enceinte, c'est grâce au travail remarquable de la Réunion des musées nationaux, du Musée national du Moyen Âge et de la Galerie nationale slovaque, que je tiens une fois de plus à remercier chaleureusement. Je tiens également à saluer l'implication des partenaires de l'exposition, notamment GRTGaz, ainsi que les médias qui ont tenu à s'associer à l'événement pour lui donner un plus grand rayonnement.
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 23 septembre 2010