Déclaration de M. Hubert Falco, secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants, en hommage aux anciens combattants africains de l'armée française, à Toulon le 13 septembre 2010.

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  • Hubert Falco - Secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants

Circonstance : Lancement de la tournée du Muséobus, dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire des indépendances africaines et malgache, à Toulon (Var) le 13 septembre 2010

Texte intégral

Monsieur le Recteur,
Monsieur l'Inspecteur d'Académie,
Messieurs les Officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis de France et du Sénégal,

Il me revient aujourd'hui de vous accueillir à l'Opéra de Toulon, dans le foyer qui porte un nom illustre, celui d'André Campra.
Il était né à Aix-en-Provence, il fut maître de musique à Toulon.
Et il reste, avec Lully et Rameau, comme l'un des plus français de nos compositeurs.
C'est un signe : ce qu'il y a de plus français dans notre musique, dans notre culture, dans ce qui forme notre identité accueille aujourd'hui l'histoire particulière qui lie la France au Sénégal.
Entre nos deux pays, existe une histoire comme il n'y en eut pas d'autre dans l'histoire du monde.
C'est l'histoire qui unit notre vieux et grand pays aux promesses de la terre d'Afrique.
C'est l'histoire d'un destin où Français et Africains combattirent ensemble pour la liberté.
Chaque fois que la liberté de la France a été menacée au long du XXe siècle, chaque fois que la guerre mit en péril notre indépendance, notre souveraineté et même notre survie, alors les tirailleurs sénégalais se levèrent et nous prêtèrent main forte.
Ils quittèrent leur pays. Ils partirent loin des paysages qu'ils avaient connus et de ceux qu'ils aimaient. Ils portèrent les armes pour défendre la France. Ils sacrifièrent tout, jusqu'à leur propre vie.
Durant les deux grandes guerres mondiales, les soldats africains s'illustrèrent aux côtés des soldats français sur tous les champs de bataille.
Et il n'est pas, en France, une seule de nos nécropoles nationales, où reposent désormais, à côté des soldats Français, des soldats nés sur la terre d'Afrique.
Peut-on imaginer ce que cela représente de tout quitter pour aller combattre sur une terre lointaine ?
Peut-on imaginer ce qu'il faut de courage et de bravoure pour risquer sa vie loin de chez soi ?
Peut-on imaginer ce que fut le destin de ces hommes, nés sous le soleil d'Afrique et mourant dans le froid hiver de Verdun ou de la campagne d'Alsace ?
C'est à ces hommes exceptionnels que nous voulons rendre hommage. Nous voulons honorer leur mémoire et leur sacrifice. Nous voulons leur exprimer notre gratitude, qui demeure intacte au long du temps.
Il y a 50 ans, le Sénégal et les pays africains autrefois placés sous souveraineté française ont accédé à leur légitime indépendance.
Ce fut un mouvement légitime, car il est un grand principe dans la marche du monde : chaque peuple a le droit de disposer de lui-même et de prendre en main son propre destin.
Mais cette histoire-là n'efface pas le passé.
Elle n'efface pas la mémoire des tirailleurs sénégalais qui ont combattu pour la France et pour la liberté.
Elle ne l'efface pas. Elle nous oblige, Français et Africains, à faire oeuvre de mémoire commune.
C'est le choix que nous avons fait pour célébrer le 50e anniversaire des indépendances africaines.
Aujourd'hui, le Muséobus des forces armées sénégalaises entreprend un long parcours qui le mènera dans toutes les grandes villes françaises.
Jusqu'au 30 septembre, il sillonnera le pays, il ira à la rencontre des jeunes Français, afin que l'histoire et la mémoire singulières des tirailleurs sénégalais soient mieux connues de tous.
C'est la mémoire de tous les Africains qui ont combattu pendant la Grande Guerre, ceux qui ont participé à la Bataille de France en 1940, ceux qui ont libéré notre pays en 1944, ceux d'Indochine, de Corée, d'Algérie, ceux qui ont participé aux opérations militaires extérieures et qui ont défendu l'ordre international et la paix dans le monde.
C'est une mémoire française. C'est une mémoire africaine.
C'est une fierté française. C'est une fierté africaine.
C'est aussi un appel, qui nous vient de l'histoire et que nous lancent ces hommes-là : un appel à inventer entre la France et le Sénégal une nouvelle fraternité.

Source http://www.defense.gouv.fr, le 24 septembre 2010