Texte intégral
Q - Que répondez-vous aux critiques émises sur l'utilité et le coût d'ITER ?
R - Elles ne remettent en cause ni la pertinence scientifique du projet, ni la nécessité de l'investissement qu'il faut y consacrer. S'il n'était pas pertinent, il ne serait pas porté, comme il l'est, par la communauté internationale des physiciens, en Europe comme en Chine, aux Etats-Unis, au Japon, en Russie ou en Corée. J'ai personnellement rencontré ces dernières semaines le conseiller pour la science de Barack Obama, mon homologue chinois et les responsables japonais. Tous sont convaincus qu'il s'agit d'un projet ambitieux et porteur d'espoir.
Il faudra bien trouver, pour la fin du XXème siècle, une solution pour une production d'énergie de masse, et la fusion nucléaire peut être cette solution. Bien sûr, le succès n'est pas assuré. Mais, par nature, la recherche est faite de prise de risque. Tous les pays associés à ITER sont prêts à le prendre. D'autant que, financièrement, ce risque est très faible, comparé aux 16 000 milliards d'euros que coûterait le renouvellement du parc actuel mondial de production d'énergie.
Depuis vingt ans, d'énormes progrès ont été faits dans le domaine de la physique des plasmas, de leur production et de leur contrôle. Ils ont été bien plus rapides que dans les nanotechnologies, par exemple. Le futur réacteur s'appuie donc sur un socle de connaissances solide.
Q - Selon Georges Charpack (Nobel de physique 1992), la dépense pour la France est supérieure à vingt ans de crédits (hors salaires) de tous les laboratoires de physique et de biologie...
R - C'est totalement faux. Le budget public de tous les laboratoires français de physique, chimie et sciences de l'ingénieur se monte, avec les salaires qu'il faut évidemment inclure, à 1,1 milliards d'euros par an. La participation annuelle de l'Etat à ITER est actuellement de 62 millions d'euros, soit 6 % seulement de ce montant. Autre élément de comparaison : la physique nucléaire et des hautes énergies (hors ITER) reçoit, par an, 460 millions d'euros.
Le renchérissement du projet - qui va désormais être contrôlé de façon drastique - ne coûtera pas un euro supplémentaire aux contribuables français. La part de la France sera incluse dans sa contribution au budget de l'Union européenne, qui sera rediscuté pour la période 2013 et au-delà.
J'ajoute que nous sommes particulièrement mal placés, en France, pour élever des critiques sur le coût d'ITER, étant donné que cette installation, sur notre territoire, va générer 4,5 milliards d'euros de retombées économiques directes, pendant la phase de construction, et 4 autres milliards, pendant la phase d'exploitation. Sans compter les retombées scientifiques pour nos chercheurs.
Q - Les sommes allouées à la fusion vont-elles pénaliser la recherche sur la fission nucléaire ?
R - Il n'y a aucune contradiction entre les deux voies de recherche, qui sont complémentaires. Dans le cadre du grand emprunt, un milliard d'euros est destiné à la fission nucléaire et aux réacteurs de quatrième génération. Dès l'an prochain, 650 millions d'euros seront affectés au prototype de réacteur à neutrons rapides Astrid. Ces sommes sont très supérieures à ce que la France investit dans ITER.
La fusion nucléaire représente en définitive une mise très modeste, pour un projet très audacieux.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 août 2010
R - Elles ne remettent en cause ni la pertinence scientifique du projet, ni la nécessité de l'investissement qu'il faut y consacrer. S'il n'était pas pertinent, il ne serait pas porté, comme il l'est, par la communauté internationale des physiciens, en Europe comme en Chine, aux Etats-Unis, au Japon, en Russie ou en Corée. J'ai personnellement rencontré ces dernières semaines le conseiller pour la science de Barack Obama, mon homologue chinois et les responsables japonais. Tous sont convaincus qu'il s'agit d'un projet ambitieux et porteur d'espoir.
Il faudra bien trouver, pour la fin du XXème siècle, une solution pour une production d'énergie de masse, et la fusion nucléaire peut être cette solution. Bien sûr, le succès n'est pas assuré. Mais, par nature, la recherche est faite de prise de risque. Tous les pays associés à ITER sont prêts à le prendre. D'autant que, financièrement, ce risque est très faible, comparé aux 16 000 milliards d'euros que coûterait le renouvellement du parc actuel mondial de production d'énergie.
Depuis vingt ans, d'énormes progrès ont été faits dans le domaine de la physique des plasmas, de leur production et de leur contrôle. Ils ont été bien plus rapides que dans les nanotechnologies, par exemple. Le futur réacteur s'appuie donc sur un socle de connaissances solide.
Q - Selon Georges Charpack (Nobel de physique 1992), la dépense pour la France est supérieure à vingt ans de crédits (hors salaires) de tous les laboratoires de physique et de biologie...
R - C'est totalement faux. Le budget public de tous les laboratoires français de physique, chimie et sciences de l'ingénieur se monte, avec les salaires qu'il faut évidemment inclure, à 1,1 milliards d'euros par an. La participation annuelle de l'Etat à ITER est actuellement de 62 millions d'euros, soit 6 % seulement de ce montant. Autre élément de comparaison : la physique nucléaire et des hautes énergies (hors ITER) reçoit, par an, 460 millions d'euros.
Le renchérissement du projet - qui va désormais être contrôlé de façon drastique - ne coûtera pas un euro supplémentaire aux contribuables français. La part de la France sera incluse dans sa contribution au budget de l'Union européenne, qui sera rediscuté pour la période 2013 et au-delà.
J'ajoute que nous sommes particulièrement mal placés, en France, pour élever des critiques sur le coût d'ITER, étant donné que cette installation, sur notre territoire, va générer 4,5 milliards d'euros de retombées économiques directes, pendant la phase de construction, et 4 autres milliards, pendant la phase d'exploitation. Sans compter les retombées scientifiques pour nos chercheurs.
Q - Les sommes allouées à la fusion vont-elles pénaliser la recherche sur la fission nucléaire ?
R - Il n'y a aucune contradiction entre les deux voies de recherche, qui sont complémentaires. Dans le cadre du grand emprunt, un milliard d'euros est destiné à la fission nucléaire et aux réacteurs de quatrième génération. Dès l'an prochain, 650 millions d'euros seront affectés au prototype de réacteur à neutrons rapides Astrid. Ces sommes sont très supérieures à ce que la France investit dans ITER.
La fusion nucléaire représente en définitive une mise très modeste, pour un projet très audacieux.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 août 2010