Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur d'Arménie en France,
Monseigneur le Primat du diocèse arménien de France,
Messieurs les Officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,
Les liens qui unissent l'Arménie à la France sont des liens anciens.
Ce sont des liens que bien peu de nations et de peuples éprouvent entre eux dans le monde.
Ce sont les liens de la fraternité et du coeur.
Longtemps, les vents de l'histoire, des vents de douleur et de peine, ont poussé jusqu'en France des générations successives d'Arméniens.
Ils s'y sont établis. Ils y ont travaillé, souvent durement. Ils ont élevé leurs enfants. Ils se sont intégrés à la société française. Ils lui ont apporté le meilleur d'eux-mêmes. Ils sont allés jusqu'à verser leur sang pour une patrie qui désormais était la leur.
Que serait la France sans les Français d'Arménie ? Elle ne serait pas tout à fait elle-même. Quelque chose manquerait à son âme.
Il lui manquerait des mots, il lui manquerait des musiques et des chants.
Il lui manquerait le génie d'un Charles Aznavour, qui a épousé la langue française pour la magnifier pleinement.
Il lui manquerait tous ces Arméniens de talent qui ont tant donné à notre pays.
Et si les Français d'origine arménienne ont toujours aimé la France d'un amour sincère, jamais ils n'ont oublié l'Arménie.
Ils lui ont gardé la fidélité d'un enfant à sa mère, transmettant à leur tour une langue, une culture, une mémoire à nulle autre pareille.
Oui, l'histoire qui lie l'Arménie à la France est une histoire faite de peines et de douleurs, mais c'est une histoire que la volonté et la patience des hommes ont transformé en belle et grande histoire.
Aujourd'hui, nous nous souvenons de l'une des grandes pages de cette histoire commune et nous rendons hommage, Français et Arméniens, aux amiraux Dartige du Fournet et Darrieus.
Il y a 95 ans la Marine française porta secours des Arméniens assiégés de Moussa Dagh.
Relisons l'appel que trois nageurs arméniens furent chargés de transmettre aux navires qui, éventuellement, viendraient à passer au large : « Transportez-nous, nous vous en prions, à Chypre ou ailleurs. Notre peuple n'est pas paresseux ; il gagnera son pain, si on lui donne du travail. Si c'est trop demander, transportez au moins nos femmes, les vieillards, et les enfants ; fournissez-nous des armes, des munitions, de la nourriture, et nous vous aiderons de toutes nos forces contre les troupes turques. Nous vous en supplions, n'attendez pas que ce soit trop tard... »
C'est un appel désespéré, c'est un cri de détresse, ce sont des mots qui nous bouleversent encore.
Le hasard a voulu que ce soient des marins français qui tendent alors une main secourable aux Arméniens de Moussa Dagh.
Plus de quatre mille d'entre eux furent sauvés d'un massacre certain.
Si les commandants de notre flotte répondirent, il y a 95 ans, à la détresse des femmes et des hommes de Moussa Dagh, ils le firent au nom des valeurs qui animent l'armée française.
Ce sont les valeurs de la République. Ce sont les valeurs de la France, héritée d'une longue histoire qui plonge ses racines dans l'antique chevalerie et se poursuit encore jusqu'à nous.
C'est la fraternité humaine qui nous lie les uns aux autres dans une indéfectible chaîne, que rien ne peut briser, ni les frontières ni les différences.
C'est le respect que l'on doit à la vie de tout homme.
C'est le sentiment de justice qui réclame à chaque soldat français de défendre le faible contre le fort.
C'est ce que firent, justement, les marins français, il y a 95 ans, à Moussa Dagh.
Ils sont l'honneur de notre Marine nationale, ils sont l'honneur de l'Armée française, ils sont l'honneur de la France tout entière.
Il y a 95 ans, les amiraux Dartige du Fournet et Darrieus ne se sont pas simplement comportés d'une manière chevaleresque.
Ils ont accompli l'une des premières missions humanitaires de l'histoire.
À une époque où l'on ne parlait pas encore de cela, ils ont considéré que leur devoir de Marin consistait à utiliser leurs navires et leurs armes pour faire cesser le feu : ils furent alors l'une des premières forces d'interposition de l'histoire.
Ils considérèrent qu'ils ne mériteraient plus leur titre ni leur grade s'ils ne venaient pas en aide à ces femmes et à ces hommes.
Il y a 95 ans, les amiraux Dartige du Fournet et Darrieus préfiguraient, à eux seuls, ce que notre Marine et notre Armée seraient appelés à devenir à l'avenir.
Aujourd'hui, partout dans le monde, là où la présence de la France est requise, notre armée se déploie pour garantir la paix et sauver des vies.
Nos marins et nos soldats le font avec courage, avec générosité, avec coeur.
Ils sont les dignes héritiers des amiraux Dartige du Fournet et Darrieus.
Ils sont les dignes héritiers des marins qui sauvèrent, il y a 95 ans, 4 000 femmes et hommes en Arménie.
C'est à eux, aux soldats et aux marins français qui aujourd'hui servent nos couleurs en défendant sous mandat international la paix dans le monde, que je voudrais penser.
Ils risquent tout. Ils endurent tout.
Mais sans eux, la France ne serait pas elle-même.
La France ne serait pas grande, belle, généreuse.
Honneur à notre Marine nationale !
Honneur à notre Armée !
Vive la République et vive la France !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 18 octobre 2010
Monseigneur le Primat du diocèse arménien de France,
Messieurs les Officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,
Les liens qui unissent l'Arménie à la France sont des liens anciens.
Ce sont des liens que bien peu de nations et de peuples éprouvent entre eux dans le monde.
Ce sont les liens de la fraternité et du coeur.
Longtemps, les vents de l'histoire, des vents de douleur et de peine, ont poussé jusqu'en France des générations successives d'Arméniens.
Ils s'y sont établis. Ils y ont travaillé, souvent durement. Ils ont élevé leurs enfants. Ils se sont intégrés à la société française. Ils lui ont apporté le meilleur d'eux-mêmes. Ils sont allés jusqu'à verser leur sang pour une patrie qui désormais était la leur.
Que serait la France sans les Français d'Arménie ? Elle ne serait pas tout à fait elle-même. Quelque chose manquerait à son âme.
Il lui manquerait des mots, il lui manquerait des musiques et des chants.
Il lui manquerait le génie d'un Charles Aznavour, qui a épousé la langue française pour la magnifier pleinement.
Il lui manquerait tous ces Arméniens de talent qui ont tant donné à notre pays.
Et si les Français d'origine arménienne ont toujours aimé la France d'un amour sincère, jamais ils n'ont oublié l'Arménie.
Ils lui ont gardé la fidélité d'un enfant à sa mère, transmettant à leur tour une langue, une culture, une mémoire à nulle autre pareille.
Oui, l'histoire qui lie l'Arménie à la France est une histoire faite de peines et de douleurs, mais c'est une histoire que la volonté et la patience des hommes ont transformé en belle et grande histoire.
Aujourd'hui, nous nous souvenons de l'une des grandes pages de cette histoire commune et nous rendons hommage, Français et Arméniens, aux amiraux Dartige du Fournet et Darrieus.
Il y a 95 ans la Marine française porta secours des Arméniens assiégés de Moussa Dagh.
Relisons l'appel que trois nageurs arméniens furent chargés de transmettre aux navires qui, éventuellement, viendraient à passer au large : « Transportez-nous, nous vous en prions, à Chypre ou ailleurs. Notre peuple n'est pas paresseux ; il gagnera son pain, si on lui donne du travail. Si c'est trop demander, transportez au moins nos femmes, les vieillards, et les enfants ; fournissez-nous des armes, des munitions, de la nourriture, et nous vous aiderons de toutes nos forces contre les troupes turques. Nous vous en supplions, n'attendez pas que ce soit trop tard... »
C'est un appel désespéré, c'est un cri de détresse, ce sont des mots qui nous bouleversent encore.
Le hasard a voulu que ce soient des marins français qui tendent alors une main secourable aux Arméniens de Moussa Dagh.
Plus de quatre mille d'entre eux furent sauvés d'un massacre certain.
Si les commandants de notre flotte répondirent, il y a 95 ans, à la détresse des femmes et des hommes de Moussa Dagh, ils le firent au nom des valeurs qui animent l'armée française.
Ce sont les valeurs de la République. Ce sont les valeurs de la France, héritée d'une longue histoire qui plonge ses racines dans l'antique chevalerie et se poursuit encore jusqu'à nous.
C'est la fraternité humaine qui nous lie les uns aux autres dans une indéfectible chaîne, que rien ne peut briser, ni les frontières ni les différences.
C'est le respect que l'on doit à la vie de tout homme.
C'est le sentiment de justice qui réclame à chaque soldat français de défendre le faible contre le fort.
C'est ce que firent, justement, les marins français, il y a 95 ans, à Moussa Dagh.
Ils sont l'honneur de notre Marine nationale, ils sont l'honneur de l'Armée française, ils sont l'honneur de la France tout entière.
Il y a 95 ans, les amiraux Dartige du Fournet et Darrieus ne se sont pas simplement comportés d'une manière chevaleresque.
Ils ont accompli l'une des premières missions humanitaires de l'histoire.
À une époque où l'on ne parlait pas encore de cela, ils ont considéré que leur devoir de Marin consistait à utiliser leurs navires et leurs armes pour faire cesser le feu : ils furent alors l'une des premières forces d'interposition de l'histoire.
Ils considérèrent qu'ils ne mériteraient plus leur titre ni leur grade s'ils ne venaient pas en aide à ces femmes et à ces hommes.
Il y a 95 ans, les amiraux Dartige du Fournet et Darrieus préfiguraient, à eux seuls, ce que notre Marine et notre Armée seraient appelés à devenir à l'avenir.
Aujourd'hui, partout dans le monde, là où la présence de la France est requise, notre armée se déploie pour garantir la paix et sauver des vies.
Nos marins et nos soldats le font avec courage, avec générosité, avec coeur.
Ils sont les dignes héritiers des amiraux Dartige du Fournet et Darrieus.
Ils sont les dignes héritiers des marins qui sauvèrent, il y a 95 ans, 4 000 femmes et hommes en Arménie.
C'est à eux, aux soldats et aux marins français qui aujourd'hui servent nos couleurs en défendant sous mandat international la paix dans le monde, que je voudrais penser.
Ils risquent tout. Ils endurent tout.
Mais sans eux, la France ne serait pas elle-même.
La France ne serait pas grande, belle, généreuse.
Honneur à notre Marine nationale !
Honneur à notre Armée !
Vive la République et vive la France !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 18 octobre 2010