Entretien de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, avec la chaîne turque "NTV" le 12 octobre 2010 à Ankara, sur le partenariat stratégique entre la France et la Turquie, la situation internationale et la normalisation des relations entre la Turquie et l'Arménie.

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Média : NTV

Texte intégral

Q - Monsieur le Ministre, le président Sarkozy va visiter la Turquie l'année prochaine et je voudrais vous demander ce qu'on peut attendre de cette visite. La Turquie et la France peuvent-elles être des partenaires stratégiques ?
R - Mais ils le sont déjà, Madame. Bien sûr, on attend beaucoup de cette visite qui aura lieu, je le crois, dans les premiers mois, les tout premiers mois de l'année prochaine, 2011, lorsque le président Sarkozy sera président du G8, à partir de janvier 2011.
Maintenant, il y a un programme du G20 qui est très ambitieux en terme d'équilibre financier du monde. Vous savez que le monde économique n'a pas été très bien ces dernières années. Je crois donc qu'il faut continuer les réformes et puis aussi ne pas oublier la réforme des Nations unies si on le peut, le G20, les G8, les G12, les G14. Il n'empêche qu'il n'y a qu'une seule organisation internationale universelle, c'est l'organisation des Nations unies et puis surtout sur le plan des deux pays, la Turquie et la France, la France et la Turquie, alors véritablement il faut s'attendre à beaucoup d'amitié.
Nous avons, avec le Premier ministre, M. Erdogan, avec le Président M. Gül, avec mon ami Davutoglu, avec le ministre Bagis, constaté que nous étions d'accord sur presque tout, sinon complètement d'accord sur l'ensemble des problèmes du monde. Et nous faisons face, de l'Afghanistan aux Balkans, du Moyen Orient à l'Afrique, à un certain nombre de grosses difficultés. Et plus la France travaillera avec la Turquie, plus la Turquie travaillera avec la France, mieux cela ira.
Q - Monsieur le Ministre, il y avait un processus de normalisation entre la Turquie et l'Arménie, mais il n'y a pas de développements depuis longtemps, je voudrais vous demander si vous avez eu un message sur ce sujet.
R - Cela appartient aux deux pays, la Turquie et l'Arménie, l'Arménie et la Turquie. Nous, en tant que membre du groupe de Minsk, vous le savez, nous avons, avec nos amis américains, avec nos amis russes, essayé d'être au plus près des réalités, mais, que voulez vous... Oui, cela a été signé, mais après, cela n'a pas été appliqué et les deux pays ont fait des pas en arrière.
Q - La France peut-elle jouer un rôle?
R - Mais je l'espère bien ! Nous travaillons beaucoup pour cela et il y a eu aussi des interférences de part et d'autre, des évènements mondiaux. Nous ne pouvons pas faire à la place de la Turquie et de l'Arménie des propositions et des résultats, c'est impossible. Nous sommes très déterminés à continuer. C'est nécessaire. Cela s'appelait la diplomatie du football, vous savez, la main tendue par le football, mais cela n'a pas été suffisant, il faut continuer.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 octobre 2010