Texte intégral
G. Durand.- Avec L. Wauquiez, bonjour et bienvenue sur notre antenne. Les sujets ne manquent pas. Que va-t-il se passer dans les jours qui viennent sur le plan de la réforme des retraites ? La réforme fiscale, lemploi, la situation économique. Mais on va commencer par la politique, de la bonne vieille politique. Est-ce que vous considérez que S. Royal sest discréditée en intervenant hier à TF1 ?
Je vais vous dire surtout ce qui me frappe, cest que depuis la rentrée, il y a une lente dérive du Parti socialiste. B. Hamon qui courtise Besancenot, le déni de réalité sur la réforme des retraites de M. Aubry, et puis lappel hallucinant de S. Royal pour les 15 ans à manifester.
Mais sur M. Aubry, pardonnez-moi de vous interrompre, quest-ce quelle a fait qui vous paraît bizarre ? Pour S. Royal, on comprend bien que la droite lui est tombée dessus parce quelle aurait appelé - elle dit le contraire - les jeunes à manifester, mais où est le déni de M. Aubry ?
Je vais juste y venir mais si vous me permettez, ce qui me frappe cest quen fait le PS a renoncé à être un parti de gouvernement depuis la rentrée. Ils sont dans la pure contestation. Cest la première chose qui me frappe. Sur M. Aubry précisément, quest-ce quelle dit ? Elle dit : moi, je défends des retraites à option, des retraites à carte à partir de 60 ans. Mais quand elle fait ça, quest-ce quelle dit ? En fait, elle défend la liberté pour les gens de prendre une retraite de misère et la vraie différence entre son approche, cest que pour garder facilement 60 ans, elle est prête à offrir aux gens une retraite de misère ; nous, notre préoccupation absolue, cest dabord défendre le niveau des retraites.
Elle va vous dire le contraire ce soir. Elle va vous dire queffectivement, cest une retraite qui reste à 60 ans, quon peut travailler plus tard, mais elle va contester fondamentalement que les pensions accordées soient des pensions diminuées par rapport à ce qui se fait aujourdhui.
Oui, mais la vraie question quil faudra lui poser...
Je ne suis pas A. Chabot !
On est bien daccord, mais moi je ne suis pas M. Aubry et je nai pas lintention dy aller. Mais aujourdhui, la première exigence sociale dans notre pays, cest de sauver le régime des retraites par répartition. Et quand on prétend être socialiste, ça doit être la première préoccupation. Je rappelle quaujourdhui, on a un système de retraite qui vit à crédit. On a une retraite sur dix qui nest pas financée. Toutes les nouvelles retraites à partir de maintenant sont des retraites sur lesquelles on na pas de financement en face. Et la question que je pose, cest si M. Aubry dit : je garde à 60 ans, mais évidemment en baissant le niveau de retraite, eh bien ça signifie quon sachemine vers des retraites version américaine, cest-à-dire des petites retraites qui ne permettent pas de vivre. Nous, notre choix cest une réforme qui défend et garantit le niveau des retraites.
Et quand je disais tout à lheure - ce nest pas ironique - quon allait faire de la bonne vieille politique, alors que vous êtes un jeune responsable politique, cest que cest vrai que dans la journée dhier, qui était quand même une journée de tension, on ne savait pas très bien comment ça allait tourner, lintervention de S. Royal vous a rendu un grand coup de main. Elle est allée tellement loin dans les sous-entendus, pour de simples raisons de concurrence avec les autres candidats socialistes à la présidentielle, queffectivement cest du gâteau pour la droite aujourdhui de leur tomber dessus, alors que ce nest quelle qui sest exprimée.
Ce que vous dites est très juste sur un point, je trouve : cest quen fait, plus le mouvement va, plus on assiste à une instrumentalisation politique par la gauche.
Enfin pas Hollande, pas DSK, il y a les autres. Pas Fabius.
Non, non, je suis tout à fait daccord. Tous au Parti socialiste ne jouent pas les apprentis sorciers.
Pas Valls non plus.
Mais au début, on entendait qui ? On entendait les responsables syndicaux et on entendait ceux qui étaient les relais des inquiétudes des Français, ce quon peut comprendre. Et de plus en plus, ce quon entend cest les apprentis sorciers politiciens et je trouve que, par exemple, S. Royal ou M. Aubry, quest-ce quelles font ? En fait, elles chauffent à blanc les inquiétudes des Français pour en faire du carburant pour le PS. Ça, cest de la dérive vers une instrumentalisation politique.
Question précise : est-ce que vous considérez que M. Aubry, puisquon parlait de S. Royal, se discrédite elle aussi pour la présidentielle si elle réclame comme elle la évoqué jusquà présent le retrait du texte ? Ce que ne demandent pas les syndicats dailleurs.
Je vais vous dire objectivement : ce nest pas mon sujet, et mon sujet ce nest pas de savoir si M. Aubry se discrédite pour la présidentielle. Là où elle se discrédite, cest quon a un grand rendez-vous de protection sociale et là elle se discrédite. Parce que comme vous lavez très bien rappelé, et cest là où je parle de déni de réalité, M. Aubry va même plus loin que la CGT ou la CFDT. Cest-à-dire que quand elle dit « absolument aucune réforme des retraites » et quand elle dit : moi je veux uniquement la retraite à 60 ans, elle est en fait encore plus dans lidéologie que la CGT y compris. Donc on est vraiment dans une situation que je trouve assez ubuesque, dun Parti socialiste qui a renoncé à être un parti de gouvernement.
Mais comment vous allez gérer justement la fin de laffaire ? Et est-ce quil était opportun que le président de la République dise finalement - cest en substance, je résume -« circulez, il ny a plus rien à voir. Il ny a plus rien à négocier » ? Est-ce que cétait vraiment dans cette séquence-là quil fallait intervenir de ce point de vue-là ?
On a été constamment à lécoute, dans ce mouvement, des choses qui sont ressorties, dinquiétudes et de préoccupations sur le texte. Si on les reprend : pénibilité. On a pris en compte les pénibilités comme ça na jamais été pris en compte en Europe ; les carrières longues, vrai sujet. Je rappelle que dans la réforme, quelquun qui commence à travailler à 17 ans partira avant 60 ans, contrairement dailleurs aux délires qui ont été affirmés par S. Royal. La situation des femmes sur laquelle il y a un travail qui a été fait pour améliorer la chose, notamment pour les générations qui vont arriver à la retraite bientôt. La situation des familles qui ont des enfants en situation dhandicap. Mais on na pas été sur une logique de marchandage parce que le but, ce nest pas de négocier au point de renoncer à la réforme des retraites, et la difficulté cest que les syndicats sont sur cette posture. Donc on ne peut pas être dans une logique de négociation parce que pour les syndicats, négociation cest renonciation à la réforme.
Mais comme vous êtes un responsable gouvernemental, vous savez bien que si vous noffrez pas à un moment une porte de sortie à tout le monde, il y a un risque de pourrissement du conflit. Parce que personne ne va vouloir sortir de cette affaire déçu, battu.
Non, et cest dailleurs pour ça que...
Donc est-ce quil faut les revoir, par exemple ? Est-ce quil faut réorganiser au plus haut niveau une rencontre avec eux pour essayer peut-être de céder encore sur quelques points de manière à ce que tout le monde sorte de cette affaire - je ne dis pas content, parce que ça nexiste pas - mais sans amertume ?
Mais cest dailleurs pour ça quon nest pas du tout dans une logique daffrontement des gagnants, des perdants, par rapport aux syndicats ou aux partenaires sociaux. Quand ils ont exprimé des choses quon considérait comme étant légitimes sur les retraites et des préoccupations fondées, on les a prises en compte. Et le texte, finalement, a été constamment amélioré. La porte, depuis quon a ouvert le texte à lAssemblée nationale jusque maintenant au Sénat, na jamais été fermée. Donc on a toujours essayé de dire oui, tel sujet cest vrai ; le dispositif peut être amélioré. Mais pas au point de compromettre léquilibre financier des retraites.
Daccord, mais L. Wauquiez, vous connaissez - enfin, vous avez fait des études longues...
Je pratique surtout le dialogue social maintenant.
Oui, non mais daccord, mais je reviens à ça parce que les lycéens dans la rue, on peut considérer quune partie des gens de lUNEF sont proches du Parti socialiste, OK. Mais il y a quand même beaucoup de gens, par exemple prenez des gens qui sont Normaliens - ils ne sont pas très nombreux - mais qui veulent passer lagrég ; tous ces gens-là ils se disent à 20, 22, 23, 24 ans, je travaille jusquà 67 ans pour avoir ma retraite à taux plein. Cest vrai que cest assez angoissant pour un type qui a à peine 20 ans.
Je comprends cette préoccupation.
Et là, ce nest quasiment pas de la politique.
Bien sûr. Et je comprends vraiment cette préoccupation. Moi je suis plus proche de mes études que de ma retraite.
Et cest pour ça que je les évoquais.
Je ne lavais pas compris au début. Mais oui, bien sûr. En même temps, quel est lobjectif aujourdhui pour cette génération ? Moi, je préfère moccuper du présent plutôt que de leur mentir sur leur avenir. Je préfère agir pour leur emploi plutôt que de raconter des histoires sur les retraites. Aujourdhui la préoccupation majeure pour cette génération, cest quoi ? Cest la bataille pour le premier emploi, cest essayer de faire en sorte quils aient une insertion professionnelle qui soit améliorée. Cest essayer de veiller à ce que dans notre pays, on nait pas ce temps si long entre la fin des études et le premier CDI. Et beaucoup de choses ont commencé à être faites. Lamélioration des bourses pour lascenseur social, lamélioration du fonctionnement de nos universités et de lenseignement supérieur, la bataille pour lemploi des jeunes, la prise en compte du RSA, le plan pour agir pour les jeunes. Donc on a toute une série de mesures qui ont été faites, on a sans doute une réflexion à mener et dailleurs que je conduirai en partie sur les questions dalternance pour aller plus loin, sur comment raccourcir ce délai entre fin détudes et premier emploi. Et la première préoccupation, je crois, cest lemploi et lemploi de cette génération.
Dites-moi si je me trompe. Dans les quartiers, chômage des jeunes : 40 % ; sur lensemble du territoire, aux alentours de 20 - 25 %.
Oui, et un dernier point : cest un chômage des jeunes qui a commencé à baisser depuis maintenant plus dun an.
Enfin, les chiffres restent colossaux.
Bien sûr quils restent colossaux, et là-dessus il ne faut pas se mentir : cest une situation qui est malheureusement sur notre pays depuis trop longtemps, structurelle. Pourquoi ? Quel a été le raisonnement qui a été tenu depuis trop longtemps ?
Après je vous diffuse les grands entretiens de la matinée que vous pouvez commenter donc brièvement.
Je vais juste le dire simplement : cest que le raisonnement, ça a consisté à dire aux jeunes : vous faites les études les plus longues, vous restez le plus longtemps sur les bancs de la fac parce que comme ça, vous nencombrez pas nos statistiques du chômage. Et notre raisonnement, cest exactement linverse : le but, cest daider les jeunes à se positionner sur des études appropriées, professionnalisantes, et où la principale préoccupation cest (faire en sorte) quà larrivée, il y ait un emploi. Et cette bataille-là, je pense quon peut la gagner.
Canal +, G. Longuet, 7 heures 43. Évidemment vous savez que G. Longuet est le patron des députés UMP au Sénat ; là on revient sur le deuxième aspect du contexte politique quon évoquait tout à lheure, cest-à-dire lidée dune réforme fiscale qui pointe le bout de son nez. Le bouclier, symbole dinjustice comme la dit F. Baroin. Sa réponse.
[Extrait de linterview de Gérard Longuet à « La Matinale » de Canal+]
RTL, on lentend relativement rarement sur les antennes de radio et de télévision, cest le gouverneur de la Banque de France, C. Noyer. Alors là, il ne sest pas raté puisquil considère que les jeunes doivent manifester, mais pour la réforme des retraites.
[Extrait de linterview de Christian Noyer sur RTL.]
Et on termine avec B. Hamon donc, porte-parole du Parti socialiste, France Info, 8 heures 22. Il revient sur la polémique Royal.
[Extrait de linterview de B. Hamon sur France Info.]
Voilà donc pour les principales déclarations de la matinée. Je voudrais quon aborde le dernier point qui est cette réforme fiscale qui pointe son nez. Cest vrai que, pardonnez-moi, mais il y a quelque chose dassez ironique. Il y a six mois, tous les responsables gouvernementaux considéraient que le bouclier fiscal, cétait vraiment la réforme la plus emblématique du quinquennat de N. Sarkozy. Et maintenant, les uns après les autres, tout le monde dit cest terminé, cest fini. Vous êtes honnête - je nallais pas dire vous, parce que tout le monde est honnête - mais reconnaissez quil y a quand même une sorte de retournement assez ironique de la situation.
Je vais vous dire là-dessus mon sentiment. Dabord avant lheure, ce nest pas lheure. Donc il y a le principe dun rendez-vous fiscal qui a été fixé, qui va permettre de tout mettre à plat et notamment la question de léquité de notre système fiscal. Et moi, jai surtout une conviction : 2009/2010, la préoccupation absolue, cétait protéger les Français dans la crise ; 2011, notre préoccupation absolue, ça doit être la justice. Et comment faire en sorte que sur la sortie de crise, cette sortie de crise profite équitablement à tous les Français ?
Mais ça va vous obliger à chanter une autre chanson, quand même.
Et quand je dis tous les Français, et là je ne chante pas dautre chanson, cest surtout pour moi les classes moyennes. Et moi cest mon obsession, je lavais dit dailleurs la dernière fois que jétais venu à votre micro, mon obsession pour 2011, cest un système sur lequel on fait des réformes qui permettent plus de justice pour les classes moyennes.
Mais vous considérez comme beaucoup de gens maintenant quil va disparaître pour des raisons politiques, ce bouclier fiscal. Parce que si on fait les retraites dun côté pour calmer les gens et ne pas donner limpression que tout ça est fait pour une minorité de gens qui gagnent beaucoup dargent, il faut que ce symbole tombe. On va lhabiller dans une réforme fiscale générale, mais cest ça qui va se passer.
Si le sujet cest juste bouclier fiscal, oui ou non, ça na pas dintérêt.
Cétait la question, quand même.
Oui, cest pour ça que je réponds. Cest-à-dire lintérêt, cest davoir une vraie remise à plat de notre système fiscal et avec comme préoccupation, comme point dorgue, pour les classes moyennes on fait mieux ou moins bien.
Merci L. Wauquiez dêtre venu nous voir ce matin sur lantenne de Radio Classique.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 18 octobre 2010
Je vais vous dire surtout ce qui me frappe, cest que depuis la rentrée, il y a une lente dérive du Parti socialiste. B. Hamon qui courtise Besancenot, le déni de réalité sur la réforme des retraites de M. Aubry, et puis lappel hallucinant de S. Royal pour les 15 ans à manifester.
Mais sur M. Aubry, pardonnez-moi de vous interrompre, quest-ce quelle a fait qui vous paraît bizarre ? Pour S. Royal, on comprend bien que la droite lui est tombée dessus parce quelle aurait appelé - elle dit le contraire - les jeunes à manifester, mais où est le déni de M. Aubry ?
Je vais juste y venir mais si vous me permettez, ce qui me frappe cest quen fait le PS a renoncé à être un parti de gouvernement depuis la rentrée. Ils sont dans la pure contestation. Cest la première chose qui me frappe. Sur M. Aubry précisément, quest-ce quelle dit ? Elle dit : moi, je défends des retraites à option, des retraites à carte à partir de 60 ans. Mais quand elle fait ça, quest-ce quelle dit ? En fait, elle défend la liberté pour les gens de prendre une retraite de misère et la vraie différence entre son approche, cest que pour garder facilement 60 ans, elle est prête à offrir aux gens une retraite de misère ; nous, notre préoccupation absolue, cest dabord défendre le niveau des retraites.
Elle va vous dire le contraire ce soir. Elle va vous dire queffectivement, cest une retraite qui reste à 60 ans, quon peut travailler plus tard, mais elle va contester fondamentalement que les pensions accordées soient des pensions diminuées par rapport à ce qui se fait aujourdhui.
Oui, mais la vraie question quil faudra lui poser...
Je ne suis pas A. Chabot !
On est bien daccord, mais moi je ne suis pas M. Aubry et je nai pas lintention dy aller. Mais aujourdhui, la première exigence sociale dans notre pays, cest de sauver le régime des retraites par répartition. Et quand on prétend être socialiste, ça doit être la première préoccupation. Je rappelle quaujourdhui, on a un système de retraite qui vit à crédit. On a une retraite sur dix qui nest pas financée. Toutes les nouvelles retraites à partir de maintenant sont des retraites sur lesquelles on na pas de financement en face. Et la question que je pose, cest si M. Aubry dit : je garde à 60 ans, mais évidemment en baissant le niveau de retraite, eh bien ça signifie quon sachemine vers des retraites version américaine, cest-à-dire des petites retraites qui ne permettent pas de vivre. Nous, notre choix cest une réforme qui défend et garantit le niveau des retraites.
Et quand je disais tout à lheure - ce nest pas ironique - quon allait faire de la bonne vieille politique, alors que vous êtes un jeune responsable politique, cest que cest vrai que dans la journée dhier, qui était quand même une journée de tension, on ne savait pas très bien comment ça allait tourner, lintervention de S. Royal vous a rendu un grand coup de main. Elle est allée tellement loin dans les sous-entendus, pour de simples raisons de concurrence avec les autres candidats socialistes à la présidentielle, queffectivement cest du gâteau pour la droite aujourdhui de leur tomber dessus, alors que ce nest quelle qui sest exprimée.
Ce que vous dites est très juste sur un point, je trouve : cest quen fait, plus le mouvement va, plus on assiste à une instrumentalisation politique par la gauche.
Enfin pas Hollande, pas DSK, il y a les autres. Pas Fabius.
Non, non, je suis tout à fait daccord. Tous au Parti socialiste ne jouent pas les apprentis sorciers.
Pas Valls non plus.
Mais au début, on entendait qui ? On entendait les responsables syndicaux et on entendait ceux qui étaient les relais des inquiétudes des Français, ce quon peut comprendre. Et de plus en plus, ce quon entend cest les apprentis sorciers politiciens et je trouve que, par exemple, S. Royal ou M. Aubry, quest-ce quelles font ? En fait, elles chauffent à blanc les inquiétudes des Français pour en faire du carburant pour le PS. Ça, cest de la dérive vers une instrumentalisation politique.
Question précise : est-ce que vous considérez que M. Aubry, puisquon parlait de S. Royal, se discrédite elle aussi pour la présidentielle si elle réclame comme elle la évoqué jusquà présent le retrait du texte ? Ce que ne demandent pas les syndicats dailleurs.
Je vais vous dire objectivement : ce nest pas mon sujet, et mon sujet ce nest pas de savoir si M. Aubry se discrédite pour la présidentielle. Là où elle se discrédite, cest quon a un grand rendez-vous de protection sociale et là elle se discrédite. Parce que comme vous lavez très bien rappelé, et cest là où je parle de déni de réalité, M. Aubry va même plus loin que la CGT ou la CFDT. Cest-à-dire que quand elle dit « absolument aucune réforme des retraites » et quand elle dit : moi je veux uniquement la retraite à 60 ans, elle est en fait encore plus dans lidéologie que la CGT y compris. Donc on est vraiment dans une situation que je trouve assez ubuesque, dun Parti socialiste qui a renoncé à être un parti de gouvernement.
Mais comment vous allez gérer justement la fin de laffaire ? Et est-ce quil était opportun que le président de la République dise finalement - cest en substance, je résume -« circulez, il ny a plus rien à voir. Il ny a plus rien à négocier » ? Est-ce que cétait vraiment dans cette séquence-là quil fallait intervenir de ce point de vue-là ?
On a été constamment à lécoute, dans ce mouvement, des choses qui sont ressorties, dinquiétudes et de préoccupations sur le texte. Si on les reprend : pénibilité. On a pris en compte les pénibilités comme ça na jamais été pris en compte en Europe ; les carrières longues, vrai sujet. Je rappelle que dans la réforme, quelquun qui commence à travailler à 17 ans partira avant 60 ans, contrairement dailleurs aux délires qui ont été affirmés par S. Royal. La situation des femmes sur laquelle il y a un travail qui a été fait pour améliorer la chose, notamment pour les générations qui vont arriver à la retraite bientôt. La situation des familles qui ont des enfants en situation dhandicap. Mais on na pas été sur une logique de marchandage parce que le but, ce nest pas de négocier au point de renoncer à la réforme des retraites, et la difficulté cest que les syndicats sont sur cette posture. Donc on ne peut pas être dans une logique de négociation parce que pour les syndicats, négociation cest renonciation à la réforme.
Mais comme vous êtes un responsable gouvernemental, vous savez bien que si vous noffrez pas à un moment une porte de sortie à tout le monde, il y a un risque de pourrissement du conflit. Parce que personne ne va vouloir sortir de cette affaire déçu, battu.
Non, et cest dailleurs pour ça que...
Donc est-ce quil faut les revoir, par exemple ? Est-ce quil faut réorganiser au plus haut niveau une rencontre avec eux pour essayer peut-être de céder encore sur quelques points de manière à ce que tout le monde sorte de cette affaire - je ne dis pas content, parce que ça nexiste pas - mais sans amertume ?
Mais cest dailleurs pour ça quon nest pas du tout dans une logique daffrontement des gagnants, des perdants, par rapport aux syndicats ou aux partenaires sociaux. Quand ils ont exprimé des choses quon considérait comme étant légitimes sur les retraites et des préoccupations fondées, on les a prises en compte. Et le texte, finalement, a été constamment amélioré. La porte, depuis quon a ouvert le texte à lAssemblée nationale jusque maintenant au Sénat, na jamais été fermée. Donc on a toujours essayé de dire oui, tel sujet cest vrai ; le dispositif peut être amélioré. Mais pas au point de compromettre léquilibre financier des retraites.
Daccord, mais L. Wauquiez, vous connaissez - enfin, vous avez fait des études longues...
Je pratique surtout le dialogue social maintenant.
Oui, non mais daccord, mais je reviens à ça parce que les lycéens dans la rue, on peut considérer quune partie des gens de lUNEF sont proches du Parti socialiste, OK. Mais il y a quand même beaucoup de gens, par exemple prenez des gens qui sont Normaliens - ils ne sont pas très nombreux - mais qui veulent passer lagrég ; tous ces gens-là ils se disent à 20, 22, 23, 24 ans, je travaille jusquà 67 ans pour avoir ma retraite à taux plein. Cest vrai que cest assez angoissant pour un type qui a à peine 20 ans.
Je comprends cette préoccupation.
Et là, ce nest quasiment pas de la politique.
Bien sûr. Et je comprends vraiment cette préoccupation. Moi je suis plus proche de mes études que de ma retraite.
Et cest pour ça que je les évoquais.
Je ne lavais pas compris au début. Mais oui, bien sûr. En même temps, quel est lobjectif aujourdhui pour cette génération ? Moi, je préfère moccuper du présent plutôt que de leur mentir sur leur avenir. Je préfère agir pour leur emploi plutôt que de raconter des histoires sur les retraites. Aujourdhui la préoccupation majeure pour cette génération, cest quoi ? Cest la bataille pour le premier emploi, cest essayer de faire en sorte quils aient une insertion professionnelle qui soit améliorée. Cest essayer de veiller à ce que dans notre pays, on nait pas ce temps si long entre la fin des études et le premier CDI. Et beaucoup de choses ont commencé à être faites. Lamélioration des bourses pour lascenseur social, lamélioration du fonctionnement de nos universités et de lenseignement supérieur, la bataille pour lemploi des jeunes, la prise en compte du RSA, le plan pour agir pour les jeunes. Donc on a toute une série de mesures qui ont été faites, on a sans doute une réflexion à mener et dailleurs que je conduirai en partie sur les questions dalternance pour aller plus loin, sur comment raccourcir ce délai entre fin détudes et premier emploi. Et la première préoccupation, je crois, cest lemploi et lemploi de cette génération.
Dites-moi si je me trompe. Dans les quartiers, chômage des jeunes : 40 % ; sur lensemble du territoire, aux alentours de 20 - 25 %.
Oui, et un dernier point : cest un chômage des jeunes qui a commencé à baisser depuis maintenant plus dun an.
Enfin, les chiffres restent colossaux.
Bien sûr quils restent colossaux, et là-dessus il ne faut pas se mentir : cest une situation qui est malheureusement sur notre pays depuis trop longtemps, structurelle. Pourquoi ? Quel a été le raisonnement qui a été tenu depuis trop longtemps ?
Après je vous diffuse les grands entretiens de la matinée que vous pouvez commenter donc brièvement.
Je vais juste le dire simplement : cest que le raisonnement, ça a consisté à dire aux jeunes : vous faites les études les plus longues, vous restez le plus longtemps sur les bancs de la fac parce que comme ça, vous nencombrez pas nos statistiques du chômage. Et notre raisonnement, cest exactement linverse : le but, cest daider les jeunes à se positionner sur des études appropriées, professionnalisantes, et où la principale préoccupation cest (faire en sorte) quà larrivée, il y ait un emploi. Et cette bataille-là, je pense quon peut la gagner.
Canal +, G. Longuet, 7 heures 43. Évidemment vous savez que G. Longuet est le patron des députés UMP au Sénat ; là on revient sur le deuxième aspect du contexte politique quon évoquait tout à lheure, cest-à-dire lidée dune réforme fiscale qui pointe le bout de son nez. Le bouclier, symbole dinjustice comme la dit F. Baroin. Sa réponse.
[Extrait de linterview de Gérard Longuet à « La Matinale » de Canal+]
RTL, on lentend relativement rarement sur les antennes de radio et de télévision, cest le gouverneur de la Banque de France, C. Noyer. Alors là, il ne sest pas raté puisquil considère que les jeunes doivent manifester, mais pour la réforme des retraites.
[Extrait de linterview de Christian Noyer sur RTL.]
Et on termine avec B. Hamon donc, porte-parole du Parti socialiste, France Info, 8 heures 22. Il revient sur la polémique Royal.
[Extrait de linterview de B. Hamon sur France Info.]
Voilà donc pour les principales déclarations de la matinée. Je voudrais quon aborde le dernier point qui est cette réforme fiscale qui pointe son nez. Cest vrai que, pardonnez-moi, mais il y a quelque chose dassez ironique. Il y a six mois, tous les responsables gouvernementaux considéraient que le bouclier fiscal, cétait vraiment la réforme la plus emblématique du quinquennat de N. Sarkozy. Et maintenant, les uns après les autres, tout le monde dit cest terminé, cest fini. Vous êtes honnête - je nallais pas dire vous, parce que tout le monde est honnête - mais reconnaissez quil y a quand même une sorte de retournement assez ironique de la situation.
Je vais vous dire là-dessus mon sentiment. Dabord avant lheure, ce nest pas lheure. Donc il y a le principe dun rendez-vous fiscal qui a été fixé, qui va permettre de tout mettre à plat et notamment la question de léquité de notre système fiscal. Et moi, jai surtout une conviction : 2009/2010, la préoccupation absolue, cétait protéger les Français dans la crise ; 2011, notre préoccupation absolue, ça doit être la justice. Et comment faire en sorte que sur la sortie de crise, cette sortie de crise profite équitablement à tous les Français ?
Mais ça va vous obliger à chanter une autre chanson, quand même.
Et quand je dis tous les Français, et là je ne chante pas dautre chanson, cest surtout pour moi les classes moyennes. Et moi cest mon obsession, je lavais dit dailleurs la dernière fois que jétais venu à votre micro, mon obsession pour 2011, cest un système sur lequel on fait des réformes qui permettent plus de justice pour les classes moyennes.
Mais vous considérez comme beaucoup de gens maintenant quil va disparaître pour des raisons politiques, ce bouclier fiscal. Parce que si on fait les retraites dun côté pour calmer les gens et ne pas donner limpression que tout ça est fait pour une minorité de gens qui gagnent beaucoup dargent, il faut que ce symbole tombe. On va lhabiller dans une réforme fiscale générale, mais cest ça qui va se passer.
Si le sujet cest juste bouclier fiscal, oui ou non, ça na pas dintérêt.
Cétait la question, quand même.
Oui, cest pour ça que je réponds. Cest-à-dire lintérêt, cest davoir une vraie remise à plat de notre système fiscal et avec comme préoccupation, comme point dorgue, pour les classes moyennes on fait mieux ou moins bien.
Merci L. Wauquiez dêtre venu nous voir ce matin sur lantenne de Radio Classique.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 18 octobre 2010