Texte intégral
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Directeur central,
Mesdames, Messieurs,
Un an tout juste après ma dernière visite dans ce même amphithéâtre, je suis venu vous dire à nouveau mon attachement au Service de Santé des Armées :
- Un Service de Santé aujourd'hui contesté, mais que je sais essentiel pour nos forces ;
- Un Service de Santé qui doit s'engager / encore plus résolument sur la voie de se réorganisation, pour relever les défis qui sont devant nous, défis que nous devons affronter avec lucidité, mais aussi avec sérénité et tranquillité.
Vous l'aurez compris, comme beaucoup d'entre vous, j'ai pris connaissance du récent rapport de la Cour des comptes et je l'ai lu.
A côté des critiques, sur lesquelles je reviendrai, j'y ai d'abord vu une reconnaissance réelle de la spécificité des missions du Service de Santé et de sa vocation à soigner au plus près de nos forces.
Mesdames, Messieurs,
Ce que nous savons de notre propre expérience militaire comme des récentes expériences étrangères me conduit à réaffirmer solennellement mon attachement au rôle essentiel du Service de Santé pour nos Armées :
- Au moment où je vous parle, plus de 400 personnels du SSA sont déployés sur une dizaine de théâtres. J'ai pu mesurer leur efficacité lors de mes déplacements en Afghanistan. Et il n'y aura pas d'engagement total de nos forces et de nos soldats si nous n'avons pas un soutien santé de haut niveau. Nous le savons tous : c'est d'abord une obligation morale. C'est ensuite une condition de l'efficacité de nos forces. Qui peut croire qu'un soldat peut aller au bout de lui-même, mettre sa vie en danger quelle que soit sa vocation, si nous n'avons pas un Service de Santé performant, capable de le secourir avec le plus haut niveau de qualité ?
- Et j'ai bien sûr une pensée pour l'infirmer de classe supérieur MILOCHE, tombé au combat la semaine dernière en Vallée d'Uzbeen et pour son camarade le caporal-chef MERLE, grièvement blessé à ses côtés. J'ai une pensée aussi pour leurs proches et pour leurs frères d'armes du 126e RI.
- D'ailleurs, combien le Service de Santé des Armées n'a-t-il pas sauvé d'hommes pour lesquels on m'annonçait après le combat un diagnostic pessimiste ? Je suis allé plusieurs fois rendre visite à des soldats reconstruits par les médecins du Service de Santé. J'ai vu les prouesses que vous faites. C'est la dignité d'une grande Nation que de tout faire pour donner une nouvelle vie, un nouvel horizon à ceux qui ont sauté sur une mine, qui ont été atteints au plus profond de leur chair. Pour moi, je vous le dis très clairement, il n'est pas question de remettre en cause un tant soit peu cette exigence.
Bien sûr, on peut argumenter qu'une faible part de vos effectifs sont effectivement déployés en opérations extérieures. Mais le Service de Santé, comme l'ensemble de notre outil de défense, doit être prêt à être engagé dans le cadre des contrats opérationnels les plus exigeants. Nous ne sommes pas - et nous ne serons jamais - à l'abri d'une surprise stratégique. Ce sont là des éléments qui doivent dimensionner aussi notre outil de défense. Et donc le Service de Santé des Armées.
Et je vous le dis clairement, je combattrai l'idée de démantèlement de ce service si précieux, idée qui avait été à la mode au milieu des années 90 - j'en ai encore le souvenir précis. La France a cette chance, cet atout, un service de santé de haut niveau, reconnu, envié par les autres nations et j'entends bien qu'elle le conserve.
On ignore également trop souvent qu'au-delà de nos armées, vous jouez un rôle essentiel pour la communauté nationale toute entière :
- A travers l'expertise scientifique et la recherche en matière de défense NRBC ;
- A travers une expérience unique dans le traitement de certaines pathologies ou traumatismes - je pense notamment aux grands brûlés ou à l'apport majeur, crucial, sur les maladies tropicales ;
- A travers l'offre de soins des centres médicaux des armées et des hôpitaux militaires ;
- A travers enfin la mise à disposition de la santé publique de nos personnels et de nos capacités de production et de stockage en produits de santé.
Ce rôle essentiel en soutien des politiques de santé publique, j'ai pu le mesurer dans le contexte de l'épidémie de grippe A, où la mobilisation de toutes et de tous a été exceptionnelle, notamment au sein de la pharmacie centrale des armées, à Orléans, que j'ai eu le plaisir de visiter à deux reprises à cette période.
C'est pour moi une conviction profonde : le Service de Santé est un outil indispensable aux Armées comme à la communauté nationale. C'est pourquoi j'entends maintenir ses 5 composantes : médecine de soins ; formation ; hôpitaux ; recherche et ravitaillement sanitaire.
Pour autant, le service doit continuer à évoluer. Depuis trois ans, nous avons fait beaucoup ensemble pour le rationaliser et le rendre encore plus efficace, des évolutions qui ne sont pas prises en compte par le rapport :
- Je pense à l'interarmisation des services médicaux des formations et à la création des centres médicaux des armées au sein des bases de défense ;
- Je pense au regroupement sur le site de Lyon-Bron des deux écoles de formation initiale des praticiens ;
- Je pense au regroupement des établissements de recherche sur un site unique, à Brétigny-sur-Orge ;
- Je pense au regroupement en cours du ravitaillement sanitaire sur trois sites (Orléans, Marseille et Vitry-le-François) ;
- Je pense à l'allègement des échelons intermédiaires et à leur recentrage sur un rôle de coordination dans l'emploi des moyens de santé.
Ce que nous avons fait n'était pas évident et je vous rappelle que la fermeture de l'école de Bordeaux était repoussée depuis 15-20 ans car les maires de Bordeaux s'y opposaient et que la République fléchissait à chaque fois. Pourtant, et en dépit de l'opposition de l'actuel Maire de Bordeaux, je n'ai pas hésité à la proposer au Président de la République et nous l'avons fait.
Nous avons fait beaucoup, en peu de temps, mais nous ne sommes pas au bout du chemin et je voudrais maintenant revenir sur le rapport que la Cour des Comptes vient de publier sur les « Médecins et hôpitaux des armées ».
J'ai apporté une réponse circonstanciée à de nombreux points de ce rapport, que j'ai lu, je le répète, avec une grande attention.
J'ai notamment regretté que la Cour ne s'attache qu'au nombre de consultations des médecins actuellement intégrés aux régiments, et présente ainsi une vision réductrice de l'activité du SSA dans les unités. Cela n'a pas de sens de comparer un médecin militaire à un médecin civil. Si c'était le cas, nous n'aurions pas besoin de médecine militaire. Est-il nécessaire de rappeler qu'un médecin militaire, outre ses fonctions de soins, exerce aussi des fonctions de formation, de prévention, d'expertise, et de conseil ?
Mais si nous pouvons être en désaccord sur tel ou tel point de ce rapport, il nous nous oblige aussi à réagir pour projeter résolument le Service de Santé dans l'avenir et ainsi le préserver sur le long terme. Je veux vous faire partager l'idée que l'immobilisme serait mortel et que le mouvement sera notre plus grande force.
Permettez-moi de prendre quelques exemples des chantiers qui sont devant nous et qui sont sur la feuille de route du Ministre actuel.
Le premier d'entre eux, c'est l'adaptation du Service de Santé à son nouveau contrat opérationnel, qui me sera présenté par le Chef d'Etat-major des Armées d'ici la fin du mois de novembre, un nouveau contrat opérationnel qui sera dimensionné à celui de nos Armées.
Le deuxième chantier, c'est celui de l'efficacité globale du Service. Dans le contexte budgétaire que nous connaissons aujourd'hui, nous devons chercher en permanence à améliorer son fonctionnement et à dégager les économies nécessaires à la modernisation de ses équipements. C'est un enjeu majeur : je vous rappelle que nous consacrons 1,3 milliards d'euros par an au Service de Santé des Armées, même si cette somme englobe un montant important de l'ordre de 450 millions de fonds de concours issus de l'activité du service.
Troisième chantier : la formation de nos praticiens et de nos personnels paramédicaux. Nous devons davantage prendre en compte le nouveau cursus LMD (licence, master, doctorat) et nous interroger sans dogmatisme ni conservatisme sur le maintien de deux écoles distinctes, l'une à Lyon-Bron et l'autre à Toulon. Il faut l'étudier.
Enfin, quatrième chantier : la gestion des hôpitaux militaires.
2% des lits hospitaliers de France pour un déficit équivalent à la somme des déficits de Paris Lyon Marseille : même si cette présentation doit être relativisée, car il faut prendre en compte dans notre mode de calcul la pension de retraite liée au statut militaire de la majeure partie du personnel des HIA et la valorisation de l'activité régalienne (et notamment l'enseignement et la participation aux opérations extérieures), il est évident que la gestion des hôpitaux militaires doit être améliorée.
Il est donc urgent de définir une nouvelle stratégie concernant l'offre de soins des Hôpitaux d'Instruction des Armées au profit des forces armées et au profit de la collectivité nationale.
Nous avons aujourd'hui trop de personnel administratif ou de service par rapport au personnel soignant. La comparaison avec les hôpitaux publics est saisissante : 57% de personnels soignants dans les hôpitaux militaires pour 71% dans les hôpitaux publics et 19% de personnels administratifs dans ces mêmes établissements pour 11% dans les hôpitaux publics. C'est une problématique comparable à la relation entre l'opérationnel et le soutien dans nos forces armées que nous améliorons depuis trois ans. Nous devons donc étudier toutes les pistes de rationalisation, y compris l'externalisation ou la mutualisation de nos activités de soutien avec les hôpitaux publics.
Par ailleurs, dans une logique de partenariats avec le système de santé publique et les agences régionales de santé, nous devons coordonner l'offre de soins, et donc la politique d'investissements, avec celles des hôpitaux civils. Je veux donc que chaque directeur régional et chaque médecin-chef d'HIA prennent contact avec les agences régionales de santé. Pas seulement contact, mais engage un dialogue qui doit nous permettre de mieux jouer la complémentarité entre civils et militaires et adapter l'offre de soins à la situation régionale. Ce dialogue, ce n'est pas seulement un ou deux rendez-vous, c'est une exigence de résultat avec un horizon : le milieu de l'année 2011.
Enfin, le service ne doit pas hésiter à promouvoir son offre de soins auprès du monde civil, qui reste encore majoritairement persuadé que les hôpitaux militaires ne lui sont pas accessibles.
Mesdames, Messieurs,
Vous connaissez à présent votre feuille de route. J'ai demandé qu'un plan d'actions me soit présenté mi-novembre.
J'ai demandé à ce qu'une équipe de pilotage de la réorganisation associant EMA, SSA et compétences extérieures soit directement rattachée au Directeur central auquel je renouvelle ma confiance pour mener à bien ce grand chantier. Il sera nommé dans les quinze jours un chef de projet, en charge des évolutions nécessaires pour répondre aux observations de la Cour des Comptes. Il sera directement rattaché au Directeur central pour l'aider dans sa tâche. Soyons clairs : il ne s'agit en aucun cas d'un désaveu. Mais le Directeur est un médecin, et je souhaite qu'il puisse bénéficier de l'appui d'un expert technique qui puisse au quotidien relayer ses impulsions.
Mesdames, Messieurs,
Nous devons nous engager résolument dans le mouvement, non pas pour aligner vers le bas notre médecine militaire au nom des impératifs comptables, mais bien pour tirer vers le haut notre système de santé publique et pour le préserver.
Et je sais pouvoir compter sur vous pour relever les défis qui vous attendent.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 25 octobre 2010
Monsieur le Directeur central,
Mesdames, Messieurs,
Un an tout juste après ma dernière visite dans ce même amphithéâtre, je suis venu vous dire à nouveau mon attachement au Service de Santé des Armées :
- Un Service de Santé aujourd'hui contesté, mais que je sais essentiel pour nos forces ;
- Un Service de Santé qui doit s'engager / encore plus résolument sur la voie de se réorganisation, pour relever les défis qui sont devant nous, défis que nous devons affronter avec lucidité, mais aussi avec sérénité et tranquillité.
Vous l'aurez compris, comme beaucoup d'entre vous, j'ai pris connaissance du récent rapport de la Cour des comptes et je l'ai lu.
A côté des critiques, sur lesquelles je reviendrai, j'y ai d'abord vu une reconnaissance réelle de la spécificité des missions du Service de Santé et de sa vocation à soigner au plus près de nos forces.
Mesdames, Messieurs,
Ce que nous savons de notre propre expérience militaire comme des récentes expériences étrangères me conduit à réaffirmer solennellement mon attachement au rôle essentiel du Service de Santé pour nos Armées :
- Au moment où je vous parle, plus de 400 personnels du SSA sont déployés sur une dizaine de théâtres. J'ai pu mesurer leur efficacité lors de mes déplacements en Afghanistan. Et il n'y aura pas d'engagement total de nos forces et de nos soldats si nous n'avons pas un soutien santé de haut niveau. Nous le savons tous : c'est d'abord une obligation morale. C'est ensuite une condition de l'efficacité de nos forces. Qui peut croire qu'un soldat peut aller au bout de lui-même, mettre sa vie en danger quelle que soit sa vocation, si nous n'avons pas un Service de Santé performant, capable de le secourir avec le plus haut niveau de qualité ?
- Et j'ai bien sûr une pensée pour l'infirmer de classe supérieur MILOCHE, tombé au combat la semaine dernière en Vallée d'Uzbeen et pour son camarade le caporal-chef MERLE, grièvement blessé à ses côtés. J'ai une pensée aussi pour leurs proches et pour leurs frères d'armes du 126e RI.
- D'ailleurs, combien le Service de Santé des Armées n'a-t-il pas sauvé d'hommes pour lesquels on m'annonçait après le combat un diagnostic pessimiste ? Je suis allé plusieurs fois rendre visite à des soldats reconstruits par les médecins du Service de Santé. J'ai vu les prouesses que vous faites. C'est la dignité d'une grande Nation que de tout faire pour donner une nouvelle vie, un nouvel horizon à ceux qui ont sauté sur une mine, qui ont été atteints au plus profond de leur chair. Pour moi, je vous le dis très clairement, il n'est pas question de remettre en cause un tant soit peu cette exigence.
Bien sûr, on peut argumenter qu'une faible part de vos effectifs sont effectivement déployés en opérations extérieures. Mais le Service de Santé, comme l'ensemble de notre outil de défense, doit être prêt à être engagé dans le cadre des contrats opérationnels les plus exigeants. Nous ne sommes pas - et nous ne serons jamais - à l'abri d'une surprise stratégique. Ce sont là des éléments qui doivent dimensionner aussi notre outil de défense. Et donc le Service de Santé des Armées.
Et je vous le dis clairement, je combattrai l'idée de démantèlement de ce service si précieux, idée qui avait été à la mode au milieu des années 90 - j'en ai encore le souvenir précis. La France a cette chance, cet atout, un service de santé de haut niveau, reconnu, envié par les autres nations et j'entends bien qu'elle le conserve.
On ignore également trop souvent qu'au-delà de nos armées, vous jouez un rôle essentiel pour la communauté nationale toute entière :
- A travers l'expertise scientifique et la recherche en matière de défense NRBC ;
- A travers une expérience unique dans le traitement de certaines pathologies ou traumatismes - je pense notamment aux grands brûlés ou à l'apport majeur, crucial, sur les maladies tropicales ;
- A travers l'offre de soins des centres médicaux des armées et des hôpitaux militaires ;
- A travers enfin la mise à disposition de la santé publique de nos personnels et de nos capacités de production et de stockage en produits de santé.
Ce rôle essentiel en soutien des politiques de santé publique, j'ai pu le mesurer dans le contexte de l'épidémie de grippe A, où la mobilisation de toutes et de tous a été exceptionnelle, notamment au sein de la pharmacie centrale des armées, à Orléans, que j'ai eu le plaisir de visiter à deux reprises à cette période.
C'est pour moi une conviction profonde : le Service de Santé est un outil indispensable aux Armées comme à la communauté nationale. C'est pourquoi j'entends maintenir ses 5 composantes : médecine de soins ; formation ; hôpitaux ; recherche et ravitaillement sanitaire.
Pour autant, le service doit continuer à évoluer. Depuis trois ans, nous avons fait beaucoup ensemble pour le rationaliser et le rendre encore plus efficace, des évolutions qui ne sont pas prises en compte par le rapport :
- Je pense à l'interarmisation des services médicaux des formations et à la création des centres médicaux des armées au sein des bases de défense ;
- Je pense au regroupement sur le site de Lyon-Bron des deux écoles de formation initiale des praticiens ;
- Je pense au regroupement des établissements de recherche sur un site unique, à Brétigny-sur-Orge ;
- Je pense au regroupement en cours du ravitaillement sanitaire sur trois sites (Orléans, Marseille et Vitry-le-François) ;
- Je pense à l'allègement des échelons intermédiaires et à leur recentrage sur un rôle de coordination dans l'emploi des moyens de santé.
Ce que nous avons fait n'était pas évident et je vous rappelle que la fermeture de l'école de Bordeaux était repoussée depuis 15-20 ans car les maires de Bordeaux s'y opposaient et que la République fléchissait à chaque fois. Pourtant, et en dépit de l'opposition de l'actuel Maire de Bordeaux, je n'ai pas hésité à la proposer au Président de la République et nous l'avons fait.
Nous avons fait beaucoup, en peu de temps, mais nous ne sommes pas au bout du chemin et je voudrais maintenant revenir sur le rapport que la Cour des Comptes vient de publier sur les « Médecins et hôpitaux des armées ».
J'ai apporté une réponse circonstanciée à de nombreux points de ce rapport, que j'ai lu, je le répète, avec une grande attention.
J'ai notamment regretté que la Cour ne s'attache qu'au nombre de consultations des médecins actuellement intégrés aux régiments, et présente ainsi une vision réductrice de l'activité du SSA dans les unités. Cela n'a pas de sens de comparer un médecin militaire à un médecin civil. Si c'était le cas, nous n'aurions pas besoin de médecine militaire. Est-il nécessaire de rappeler qu'un médecin militaire, outre ses fonctions de soins, exerce aussi des fonctions de formation, de prévention, d'expertise, et de conseil ?
Mais si nous pouvons être en désaccord sur tel ou tel point de ce rapport, il nous nous oblige aussi à réagir pour projeter résolument le Service de Santé dans l'avenir et ainsi le préserver sur le long terme. Je veux vous faire partager l'idée que l'immobilisme serait mortel et que le mouvement sera notre plus grande force.
Permettez-moi de prendre quelques exemples des chantiers qui sont devant nous et qui sont sur la feuille de route du Ministre actuel.
Le premier d'entre eux, c'est l'adaptation du Service de Santé à son nouveau contrat opérationnel, qui me sera présenté par le Chef d'Etat-major des Armées d'ici la fin du mois de novembre, un nouveau contrat opérationnel qui sera dimensionné à celui de nos Armées.
Le deuxième chantier, c'est celui de l'efficacité globale du Service. Dans le contexte budgétaire que nous connaissons aujourd'hui, nous devons chercher en permanence à améliorer son fonctionnement et à dégager les économies nécessaires à la modernisation de ses équipements. C'est un enjeu majeur : je vous rappelle que nous consacrons 1,3 milliards d'euros par an au Service de Santé des Armées, même si cette somme englobe un montant important de l'ordre de 450 millions de fonds de concours issus de l'activité du service.
Troisième chantier : la formation de nos praticiens et de nos personnels paramédicaux. Nous devons davantage prendre en compte le nouveau cursus LMD (licence, master, doctorat) et nous interroger sans dogmatisme ni conservatisme sur le maintien de deux écoles distinctes, l'une à Lyon-Bron et l'autre à Toulon. Il faut l'étudier.
Enfin, quatrième chantier : la gestion des hôpitaux militaires.
2% des lits hospitaliers de France pour un déficit équivalent à la somme des déficits de Paris Lyon Marseille : même si cette présentation doit être relativisée, car il faut prendre en compte dans notre mode de calcul la pension de retraite liée au statut militaire de la majeure partie du personnel des HIA et la valorisation de l'activité régalienne (et notamment l'enseignement et la participation aux opérations extérieures), il est évident que la gestion des hôpitaux militaires doit être améliorée.
Il est donc urgent de définir une nouvelle stratégie concernant l'offre de soins des Hôpitaux d'Instruction des Armées au profit des forces armées et au profit de la collectivité nationale.
Nous avons aujourd'hui trop de personnel administratif ou de service par rapport au personnel soignant. La comparaison avec les hôpitaux publics est saisissante : 57% de personnels soignants dans les hôpitaux militaires pour 71% dans les hôpitaux publics et 19% de personnels administratifs dans ces mêmes établissements pour 11% dans les hôpitaux publics. C'est une problématique comparable à la relation entre l'opérationnel et le soutien dans nos forces armées que nous améliorons depuis trois ans. Nous devons donc étudier toutes les pistes de rationalisation, y compris l'externalisation ou la mutualisation de nos activités de soutien avec les hôpitaux publics.
Par ailleurs, dans une logique de partenariats avec le système de santé publique et les agences régionales de santé, nous devons coordonner l'offre de soins, et donc la politique d'investissements, avec celles des hôpitaux civils. Je veux donc que chaque directeur régional et chaque médecin-chef d'HIA prennent contact avec les agences régionales de santé. Pas seulement contact, mais engage un dialogue qui doit nous permettre de mieux jouer la complémentarité entre civils et militaires et adapter l'offre de soins à la situation régionale. Ce dialogue, ce n'est pas seulement un ou deux rendez-vous, c'est une exigence de résultat avec un horizon : le milieu de l'année 2011.
Enfin, le service ne doit pas hésiter à promouvoir son offre de soins auprès du monde civil, qui reste encore majoritairement persuadé que les hôpitaux militaires ne lui sont pas accessibles.
Mesdames, Messieurs,
Vous connaissez à présent votre feuille de route. J'ai demandé qu'un plan d'actions me soit présenté mi-novembre.
J'ai demandé à ce qu'une équipe de pilotage de la réorganisation associant EMA, SSA et compétences extérieures soit directement rattachée au Directeur central auquel je renouvelle ma confiance pour mener à bien ce grand chantier. Il sera nommé dans les quinze jours un chef de projet, en charge des évolutions nécessaires pour répondre aux observations de la Cour des Comptes. Il sera directement rattaché au Directeur central pour l'aider dans sa tâche. Soyons clairs : il ne s'agit en aucun cas d'un désaveu. Mais le Directeur est un médecin, et je souhaite qu'il puisse bénéficier de l'appui d'un expert technique qui puisse au quotidien relayer ses impulsions.
Mesdames, Messieurs,
Nous devons nous engager résolument dans le mouvement, non pas pour aligner vers le bas notre médecine militaire au nom des impératifs comptables, mais bien pour tirer vers le haut notre système de santé publique et pour le préserver.
Et je sais pouvoir compter sur vous pour relever les défis qui vous attendent.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 25 octobre 2010