Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur la signature d'un accord de défense franco-britannique, à l'Assemblée nationale le 2 novembre 2010.

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Circonstance : Question posée par M. François Sauvadet, député (Nouveau Centre) de la Côte d'Or, lors de la séance des questions au gouvernement, à l'Assemblée nationale le 2 novembre 2010

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le président Sauvadet,
Depuis la fin de la Guerre Froide, l'Europe est engagée dans une sorte de course contre la montre pour préserver son influence dans le monde, et pour continuer à peser sur la scène internationale. La France a joué tout son rôle dans ce processus, en particulier en aidant à trouver un compromis pour faire fonctionner les institutions européennes avec le traité de Lisbonne, qui se met en place petit à petit, avec une présidence stable de l'Union et avec une diplomatie européenne. Et je veux noter devant vous avec satisfaction que cette diplomatie européenne, s'agissant de ses services, sera dirigée par un diplomate français de grande qualité puisqu'il s'agit de Pierre Vimont, qui était notre ambassadeur à Washington.
Mais il faut bien dire qu'il y a un sujet sur lequel les choses ont peu avancé depuis des années, c'est celui de la Défense. La France et la Grande-Bretagne ont décidé aujourd'hui d'un accord, qui est un accord historique entre deux pays qui représentent 50 % des dépenses de Défense en Europe, deux pays qui sont membres du Conseil de Sécurité, et deux pays qui sont détenteurs de forces nucléaires. Cet accord, il s'inspire, il est dans la lignée d'un accord qui avait été passé en 1998, sous l'autorité de Jacques Chirac, de Lionel Jospin et de Tony Blair, qui était l'accord de Saint-Malo. Cet accord de Saint-Malo, il faut dire qu'il était très ambitieux mais que sa mise en œuvre n'a pas été aussi réussie que nous l'aurions souhaitée.
Il y a, dans l'accord qui a été signé aujourd'hui, des décisions très concrètes qui vont dans la ligne de cet esprit de Saint-Malo. Le premier, le plus spectaculaire, c'est la mise en commun de nos capacités en matière de simulation d'essais nucléaires, sur le site de Valduc notamment, en Bourgogne. Nous avons décidé, au moment de la signature du Traité interdisant les essais nucléaires, d'un investissement très important en matière de simulation à Valduc, et en Aquitaine avec le laser mégajoule. Nous allons partager ces compétences avec les Britanniques. Et je voudrais faire remarquer à l'Assemblée nationale, que c'est la première fois dans l'Histoire que les Britanniques se tournent vers notre pays pour une coopération en matière nucléaire, compte tenu des liens très étroits qui sont les leurs avec les Etats-Unis.
Il y a dans cet accord deux autres volets importants : la mise en œuvre d'une capacité de projection de Forces interarmées, qui pourra s'appuyer sur une force aéronavale commune. Et enfin, une coopération accrue en matière industrielle.
Je voudrais, pour terminer, vous faire remarquer que rien dans cet accord ne remet en cause l'indépendance de chacun de nos Etats sur l'emploi des forces. Mais personne ne peut nier que cette coopération franco-britannique vient renforcer globalement la sécurité de l'Europe.Source http://www.gouvernement.fr, le 3 novembre 2010