Entretien de M. Laurent Wauquiez, ministre des affaires européennes, avec RTL, "Le Figaro" et LCI le 28 novembre 2010, sur la construction européenne, la crise dans la Zone euro et sur la vie politique française.

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Texte intégral

Q - Bonsoir et bienvenue dans le grand studio de R.T.L. pour cette nouvelle édition du Grand Jury que nous effectuerons ensemble. Laurent Wauquiez bonsoir.
Nous sommes au coeur d'une actualité européenne très importante puisque l'Euro est menacé, les pays de la zone Euro faiblissent, il faut les aider, nous allons détailler toutes ces questions.
Ce seront à la fois des questions techniques, peut-être un peu âpres, mais qui engagent notre avenir bien sûr et tout le monde se pose la question de savoir si la Grèce et l'Irlande et peut-être le Portugal deviennent des failles.
La France est-elle à l'abri de tout ? Donc des questions qui sont lourdes mais avant, une ou deux questions vous concernant.
Vous étiez secrétaire d'Etat à l'Emploi, il y a 15 jours, le remaniement vous transforme en ministre des Affaires européennes, par hasard, par volonté, comment cela se passe-t-il ?
R - En politique, il n'y a pas que des hasards, je pense que le choix qui a été fait par le président de la République, c'est de prendre un Européen convaincu pour s'occuper des Affaires européennes. L'Europe est inscrite y compris dans mon itinéraire personnel, j'ai un quart de sang belge, la Belgique est un pays qui sait ce qu'est l'Europe, mon père a vécu en Suède très longtemps, j'ai donc été amené à vivre avec lui dans cet univers des pays nordiques. J'ai étudié en partie en Autriche, en Allemagne, je fais partie de cette génération ERASMUS pour laquelle l'Europe est une question de bon sens.
La deuxième chose, c'est que mon père en politique, c'est Jacques Barrot et Jacques Barrot est un grand Européen.
Il était à la Commission européenne, il a porté cette voix de l'Europe dans nos débats politiques en France.
Enfin, je viens d'un département, la Haute-Loire, où l'on sait ce qu'est l'Europe concrète, celle que l'on a parfois tendance à oublier. Celle qui porte des projets, comme financer un CFA pour des jeunes en apprentissage, comme mettre en place des filières de bois et d'énergie renouvelable. Cette Europe de terrain dont je veux aussi être l'ambassadeur à travers cette responsabilité.
Q - On se pose une question quand même, il y a le président, le ministre des Affaires étrangères, le ministre des Finances, voire du budget.
Que fait le ministre des Affaires européennes ? Que lui reste-t-il ?
R - Il porte une grosse responsabilité qui se résume dans une conviction : on a encore plus besoin de l'Europe après la crise qu'avant la crise et cela aussi que l'Europe s'adapte. Cela ne peut pas être le même logiciel maintenant que nous avons été traversés par la crise. Ce dont nous avons a besoin, c'est que l'Europe s'affirme et les exemples que l'on évoquera aujourd'hui en sont vraiment l'illustration comme à la fois notre meilleur bouclier et notre meilleure épée pour affronter les périodes qui viennent.
Quelques illustrations très précises si vous le permettez :
La politique commerciale, nos marchés publics en Europe sont ouverts à 80 %. En Chine, au Brésil, aucune obligation d'ouverture. Nous avons un enjeu sur cette période d'après-crise, c'est faire en sorte que la clause de réciprocité joue.
L'emploi : le vecteur principal d'emplois, c'est l'innovation. Mettre en place au niveau européen, un fond européen des brevets qui nous permette de soutenir la création d'emplois par le biais de l'innovation. Là encore, c'est une illustration.
La reconnaissance des services publics, trop souvent par le passé, l'on a accusé l'Europe d'être le bras armé des dérégulations. Faire en sorte avec Michel Barnier, que les Services d'intérêts généraux européens puissent être reconnus. Et là encore, nous avons un travail à faire et c'est le travail du ministre des Affaires européennes.
Q - Mais la question était vous laisse-t-on beaucoup de place et d'espace ?
R - vous voyez que cela fait déjà une bonne feuille de route à remplir.
Q - En tant qu'Européens, je voulais que l'on tourne définitivement la page de cette polémique qui avait eu lieu lorsque vous étiez encore secrétaire d'Etat à l'emploi lors d'un meeting avec des militants UMP. Vous aviez eu cette phrase un peu malheureuse sur l'Angleterre qu'il fallait mettre définitivement dehors parce qu'elle ne concevait pas l'intérêt général comme nous.
Vous aviez eu aussi des mots assez forts sur les Pays-Bas du XVIIème siècle et l'Espagne qui étaient des grands pays qui maintenant sont morts.
Est-ce un discours militant ou est-ce aussi une question que vous avez sur l'Europe et sur ce qu'il en reste ?
R - Les débats que nous avions évoqués sont des débats qui ont traversé l'Europe. Il ne faut jamais se souvenir qu'un pays peut sortir de l'Histoire et les Pays-Bas ont été un pays extrêmement important pour l'Histoire de l'Europe au XVIème et au XVIIème siècle.
Au XVIIIème siècle, ils se sont affaiblis. N'oublions donc jamais que, dans les défis que l'on traverse aujourd'hui, l'Europe peut sortir de l'Histoire. C'est pour cela que l'on doit se défendre collectivement et que l'on a ce besoin d'Europe.
C'est cela que je rappelais.
Q - On note que, depuis 2007, c'est-à-dire depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, vous êtes, en trois ans et demi, le 4e ministre des Affaires européennes, pour mémoire, Jean-Pierre Jouyet, Bruno Le Maire et Pierre Lellouche.
R - Ils étaient ministres délégués et avant c'étaient des secrétaires d'Etat.
Q - Mais, cette valse ministérielle n'indique-t-elle pas le peu d'intérêt que ce pays qui pense toujours qu'il n'y a que lui au monde, c'est-à-dire la France apporte précisément aux relations avec les autres pays européens ?
N'est-ce pas un peu malheureux ?
R - Je crois que, précisément sur ce remaniement, ce qu'ont voulu le président et le Premier ministre, c'est en faire un ministre.
Q - Je crois que vous n'avez pas répondu à la question !
R - Si, j'y ai répondu. Vous m'interrogez pour savoir si cela ne reflète pas le peu d'attention.
Q - Quelle valse, vous êtes le 4e en trois ans !
R - Au contraire la volonté de faire des Affaires européennes un ministre et pas juste un secrétaire d'Etat, cela relève l'importance, maintenant que prennent les enjeux européens, surtout dans cette phase de crise que nous traversons.
Je suis bien décidé à l'assumer pleinement, nous avons un an et demi pour faire des choses, un an et demie et c'est quelque part l'objectif que l'on se fixe avec Michèle Alliot-Marie, pour trouver à nouveau ce qui a été l'élan de la Présidence française de l'Union européenne.
Une période où la France est caractérisée, sur la scène européenne par son volontarisme et son choix collectif. C'est exactement cet élan que nous devons avoir pour la période qui est devant nous.
Q - Juste avant que nous commencions cette émission, une dépêche AFP indique que les ministres des Finances de la Zone euro ont validé dimanche un vaste plan d'aide de l'Union européenne et du FMI de quelques 85 milliards d'euros à l'Irlande, plan qui doit encore obtenir l'aval de l'ensemble de l'Union européenne a-t-on appris de source diplomatique.
Avez-vous l'espoir que cela va calmer les marchés, et avez-vous des détails sur la manière dont les divers pays et la France notamment interviennent auprès de l'Irlande ?
R - La première chose, c'est qu'aujourd'hui, au moment-même où nous parlons, c'est un moment important pour la capacité de réaction et la détermination de l'Union européenne dans cette période.
C'est important sur deux plans, à la fois pour régler la crise irlandaise dans l'urgence et pour mettre en place un organisme pérenne. Je voudrais bien que tout le monde réalise le chemin qui a été parcouru en un an et demi par l'Europe.
Il y a un an et demi, nous n'avions rien, pas de mécanisme qui permettait de venir en soutien d'un pays qui était attaqué, comme la Grèce ou comme l'Irlande.
Dans le cas de la Grèce, il nous a fallu 6 mois pour mettre en place quelque chose ; dans le cas de l'Irlande et en ce moment-même, les ministres de l'Economie et des Finances de la zone européenne sont réunis en Conseil ECOFIN avec Christine Lagarde. Nous avons réussi à mettre en place pour l'Irlande, un plan en 15 jours environ. Ce plan doté de 85 milliards permet d'apporter une réponse qui est claire sur la crise irlandaise et avec toujours la même détermination commune de l'ensemble des pays de la Zone européenne, lorsque l'on attaque un pays de la Zone euro, c'est notre monnaie que vous attaquez et donc la solidarité s'exerce.
C'est simple et cela suppose que l'Europe montre sa capacité de réaction rapide.
Q - Il fallait certainement le faire mais vous comprenez bien que pour ceux qui nous écoutent, il y a quelque chose de choquant.
L'Irlande était une espèce d'endroit privilégié fiscalement où il n'y avait pratiquement pas d'impôts. Les banques irlandaises ont fait fortune et voilà qu'il faut sortir 85 milliards d'euros pour renflouer ces banques.
Comprenez que pour un citoyen d'un autre pays que l'Irlande, ce soit un peu dur !
R - cette question est simple, ceux qui nous ont mis là dedans restent-ils impunis ?
Il y a quand même quelques points qu'il faut rappeler. La première chose, cela ne coûte pas aux contribuables français ; ce sont des mécanismes de garanties qui sont mis sur la table et qui ne coûtent pas aux contribuables français.
Par ailleurs, le citoyen Irlandais, si vous allez lui dire qu'ils sortent de tout cela en bon état, ils risquent de mal vous accueillir. Les mesures qui ont été prises par le gouvernement irlandais, des mesures notamment de régulation budgétaire pour remettre de l'ordre dans leurs finances publiques sont des mesures très dures.
Q - Mais, comprenez les réactions naturelles de nos concitoyens et d'autres Européens !
R - D'abord aujourd'hui, ils prennent la décision de baisser les salaires minimum, vous imaginez ce que cela représente en termes de décision collective. Et les banques, comme dernier point que vous évoquiez, c'est vrai que c'est un sujet d'équité, les banques irlandaises ont été quasi nationalisées, c'est-à-dire que les actionnaires des banques ont payé l'addition. C'est un point qu'il faut bien rappeler.
Q - Vous nous expliquez de façon pédagogique qu'il fallait voir le chemin parcouru par l'Europe, il a fallu 6 mois pour se mobiliser pour la Grèce, 15 jours dites-vous pour l'Irlande, est-ce dû à une réactivité de l'Europe ou à l'urgence d'une crise qui se rapproche et qui demande des délais de plus en plus courts pour réagir ?
Ce n'est pas du tout la même chose.
R - Vous avez raison, mais c'est la réactivité de l'Europe. La crise grecque n'était pas moins grave que la crise irlandaise. La seule chose, c'est que pour la crise grecque, nous ne sommes partis de rien. Là, parce que nous avons mis en place des mécanismes qui nous permettent de réagir beaucoup plus vite, nous sommes capables d'apporter une réponse plus rapide.
Je voudrais aller jusqu'au bout. Le défi pour l'Europe, c'est quoi ?
Ce n'est pas de se contenter d'éteindre les incendies, c'est aussi d'être capable de construire la caserne, de l'équiper et de montrer un travail de prévention sur la durée.
Q - Ce sont les accords durables qui doivent être passés pour éventuellement gérer la situation monétaire. Mais, restons sur l'Irlande.
Vous dites que le plan d'aide c'est 85 milliards d'euros, 30 milliards à la charge du FMI et 55 à la charge de l'Union européenne.
Cela veut dire que nous ne faisons que garantir les emprunts ?
A la France, cela ne coûte rien ? Nous garantissons à quelle hauteur ?
R - Cela ne coûte pas aux contribuables français, c'est un point important.
Q - Mais cela peut coûter car il y a un étagement ?
R - Oui, mais cela ne coûte pas. Dans les mécanismes que nous mettons en place, le contribuable français est protégé. Ce point-là est très important.
Q - L'espoir c'est que la spéculation se calme autour de l'Irlande, qu'elle trouve les financements dont elle a besoin, redoutez-vous, à la place où vous êtes, qu'après l'Irlande, ce soit le Portugal qui soit attaqué ?
R - Non, parce que ce ne sont pas les mêmes cas, ce ne sont pas les mêmes pays ni les même problèmes. Le problème de l'Irlande, vous l'avez mentionné, c'est un secteur bancaire qui avait pris de risques, une surexposition et qui a emporté le pays dans sa tourmente. Au Portugal, il n'y a pas du tout le même poids bancaire, le problème du Portugal n'a rien à voir.
Q - Pourquoi lit-on que l'inquiétude existe autour du Portugal, on lit même autre chose, que vous pouvez infirmer ou confirmer, que les autorités européennes, la Commission aimerait bien que le Portugal fasse appel aux mécanismes, au fond de stabilité pour rassurer les investisseurs surtout, pour que l'Espagne ne flageole pas.
Est-ce vrai ou faux ?
R - Non, ce qui compte pour l'instant.
Q - N'y a-t-il pas d'appel des autorités européennes vers le gouvernement du Portugal pour aider le Portugal ?
R - Non. Pour l'instant, ce qui compte, c'est que le Portugal montre sa détermination à prendre des mesures courageuses sur le plan budgétaire et aussi des mesures structurelles pour être plus compétitifs, plus efficaces. Et en étant plus efficaces, avoir plus de capacités à rembourser ses dettes. Le Portugal a pris des décisions importantes, il a fait adopté son budget, il est sur cette voie. Je le dis car nous serons sans doute amenés à parler de l'impact et de la position politique respective, les socialistes portugais, et le cas est très différent pour les socialistes français, font vraiment preuve, là-dessus, d'un esprit de responsabilité.
Q - Dans le cas de l'Espagne, la spéculation dans le secteur immobilier en Espagne a entrainé des grandes difficultés pour les banques espagnoles. Alors, loin de moi l'idée de vouloir comparer ce qui s'est passé en Irlande avec ces banques et en Espagne avec ce qui pourrait se passer, mais la situation est critique aussi en Espagne et c'est un pays d'une autre ampleur dans la construction européenne que l'Irlande.
R - Là encore, il nous faut garder notre sang froid. L'Espagne avait un problème concernant ses banques, ils leur ont fait passer des stress-tests, ils ont mis en place un mécanisme pour restructurer leur tissu bancaire, notamment sur leur banques régionales, sur leurs caisses d'épargne, il y a un énorme travail de fond qui est mené par l'Espagne en ce moment et je crois que pour le Portugal comme pour l'Espagne, ce qui compte, c'est qu'ils montrent leur détermination à se mettre dans a bonne ligne, à agir, à ne pas attendre que la crise les obligent à faire quelque chose.
C'est la meilleure garantie de crédibilité.
Q - Mais, il y a un autre problème, c'est que les stress-tests ont été passés par les banques irlandaises en juillet et tout allait bien.
On est forcément un peu sceptique, sur la pertinence, la validité, le sérieux de ces test ?
R - C'est pour cela que le travail mené par l'Espagne ne se contente pas de cela.
Dans le cas du Portugal comme dans le cas de l'Espagne, c'est un travail de fond qui est mené. Et attention à la surenchère de la peur, je crois qu'il y a un travail calme, de sang froid, pour essayer de résoudre les problèmes de crise. Et puis, je tiens à y revenir, si vous voulez rassurer, ce qu'il faut, c'est de la lisibilité.
Q - Un mot quand même de la musique qui monte de ceux qui nous disent que l'euro, ce n'est pas possible.
Il vaudrait mieux qu'un certain nombre de pays décrochent, dévaluent et on organise l'Euro autrement car cela ne pourra pas durer comme ça.
Que leur répondez-vous car leurs voix montent ?
R - Ce sont des voix qui sont vaines et surtout, imaginons un instant la situation dans laquelle serait plongée l'Europe aujourd'hui si nous n'avions pas l'euro.
Que nous arriverait-il ?
Q - Eh bien il y aurait des stimulations compétitives en Espagne ou en Italie et leur commerce repartirait.
R - Très bien, et nous, que se passerait-il ?
Q - Et en France, cela nous est arrivé !
R - Superbe, et comme cela, on aurait un cycle de dévaluation qui s'enclencherait.
Q - Non, mais, je souligne que cela s'est fait dans le passé !
R - C'est une question qui a de l'intérêt dans sa réponse ; Faisons deux secondes le scénario, nous n'avons pas l'euro, d'abord, pour les spéculateurs, permettez-moi une métaphore un peu osé dans le domaine animalier, pour les spéculateurs, l'idéal, ce sont les proies isolées. Les monnaies éparpillées les unes à côté des autres car là, nous n'avons pas la capacité de réaction collective comme ce que prouve aujourd'hui, les décisions qui sont en train de se prendre à Bruxelles. De plus, on risque d'avoir des dévaluations qui seront en chaîne si nous n'avons pas l'euro et le résultat, c'est que ces pays dévaluent, ils reprennent de la compétitivité artificielle et c'est le règne du jeu non collectif. C'est le chacun pour soi et plus j'affaiblis mon voisin, mieux je me porte ; Le résultat, c'est que c'est l'Europe globalement qui y perd.
Et un dernier point que l'on ne mentionne jamais sur les dévaluations, qui paie l'addition des dévaluations, ce sont nos compatriotes chacun d'entre nous parce qu'avec le résultat d'une dévaluation, c'est que vous payez beaucoup plus cher vos importations, que votre plein d'essence vous coûte beaucoup plus cher et que vous vous appauvrissez.
Cette page de dévaluations a été catastrophique pour l'Europe et le fait d'avoir un euro stable, que l'on est capable de défendre,
Q - Un euro stable ou qui baisse !
R - Le fait d'avoir une monnaie qui soit stable et pour laquelle on se bat collectivement, c'est un gage de sécurité pour l'Europe.
Q - Votre pronostic, c'est que pour la Grèce et l'Irlande qui ont toutes les deux eu besoin de secours, il n'y aura pas d'autre pays européens qui aura besoin de secours. C'est votre pronostic.
R - Mon pronostic, c'est que cela n'a pas de sens pour le moment. On s'occupe pour l'instant de la crise irlandaise, le reste, cela n'a pas de sens de l'évoquer.
Q - Nous l'avons évoqué tout de même et souhaitez-vous parler du mécanisme durable ?
R - Cela me semble très important.
Q - Pour prolonger la question d'Etienne, il y a un taux d'intérêt unique en Europe pour 27 conjonctures nationales différentes.
La probabilité que toutes ces conjonctures soient en même temps et au même moment est proche de zéro.
Dès le début, ne considérez-vous pas qu'un seul taux d'intérêt en Europe, pour gérer autant de galaxies différentes, c'est déjà un problème, un souci, un point d'interrogation ?
R - Si vous me permettez, il y a des taux d'intérêts qui sont différents sur chaque pays et qui sont d'ailleurs la mesure de la solidité d'un pays.
Pourquoi la France aujourd'hui marque-t-elle sa capacité à être solide et crédible, c'est parce que nous avons un bon taux d'intérêt tout à fait comparable à celui de l'Allemagne. Ce qui manque à notre pays est perçu comme étant un pays solide.
Q - Sur ce point-là, vous n'avez aucune crainte que les agences baissent le feu !
Il est assez artificiel d'imaginer que nous aussi nous échapperons à un plan de rigueur et qu'à un moment, si tous les pays sont en train de baisser leurs dépenses ou d'augmenter leurs impôts, on va y passer nous aussi peut-être ?
R - Du sang froid. Que regarde-t-on ? D'abord, notre pays voit-il sa crédibilité attaqué ou mise en cause ?
Non, je le disais, nos taux d'intérêts et le coût auquel on se finance n'ont jamais été aussi bons. Cela veut dire que la France est considérée avec l'Allemagne comme étant très solide.
Par ailleurs, les efforts et le fait d'essayer d'assainir notre dépense collective, ce n'est pas maintenant que l'on commence le travail. Cela fait maintenant 3 ans que le président de la République et le Premier ministre l'ont initié. Lorsque l'on fait les réformes sur la justice, la réforme pour adapter notre carte militaire et même, lorsque l'on mène une réforme qui a été douloureuse comme celle des retraites, c'est précisément destiné à montrer que l'on ne continue pas à dépenser plus que ce que l'on est capable ensuite de rembourser.
Cela construit notre crédibilité pour la suite. Et s'agissant de cette question de rigueur, comparons juste deux secondes, c'est l'avantage aussi de s'occuper d'Europe, cela élargit les fenêtres, on sort du franco-français parfois trop étroit, la rigueur c'est la Grèce qui baisse de plus de 10 % le salaire de ses fonctionnaires.
La rigueur c'est l'Irlande que l'on évoquait qui baisse son salaire moyen. Précisément, ce que nous essayons de faire, c'est l'esprit de sérieux dans la gestion des finances publiques pour ne pas avoir à faire de la rigueur brutale.
Mais je le dis aussi, cela suppose que tout le monde soit sur cet esprit de responsabilité collective. Il est temps pardonnez-moi, que les socialistes français actualisent leur logiciel.
Et lorsque je compare avec l'Espagne, le Portugal, la Grèce, nous avons, les socialistes européens qui sont à la fois les plus archaïques et les moins courageux.
La deuxième chose qui m'inquiète, c'est qu'ils continuent à être sur sa vieille musique politicienne que vous avez d'ailleurs souvent dénoncée, «Je fais la liste du Père Noël».
La « liste du Père Noël », ce n'est pas d'actualité, même lorsque le mois de décembre est là, lorsque l'on a à faire à des tempêtes comme celles-là.
Q - Il y a quelque chose d'un peu artificiel dans votre discours, d'une part l'écart entre les performances économiques de l'Allemagne et de la France qui sont en train de diverger, c'est sans doute un élément à prendre en compte, et ensuite, s'il y a un vent d'austérité et de rigueur dans d'autres pays européens, Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, sans doute l'Italie, on voit mal comment nous-mêmes, alors que le rythme de baisse des dépenses publiques est très faible, ce sont les différents rapporteurs de budget qui le disent, la lime à ongle plutôt que le rabot, et que d'autre part le Premier ministre a dit que nous n'augmenterons pas les impôts, on a du mal à croire que le dispositif budgétaire et financier adopté actuellement par la France soit très adapté à la situation.
Pour vous dire la vérité, je ne sais pas si nous n'y croyons pas, mais moi en tout cas, je n'y crois plus du tout.
R - Je peux essayer de vous convaincre si j'y parviens. Entre 2010 et 2011, sur notre déficit, on va faire 60 milliards d'euros de réduction de notre déficit. Je ne sais pas si cela, c'est de la lime à ongles, mais ce que je sais, c'est que cela représente un effort considérable.
Q - On va faire 90 milliards de déficit en 2011 !
On fait 60 milliards de moins parce qu'il y avait des dépenses exceptionnelles en 2009.
R - On améliore même notre solde budgétaire par rapport à ce que l'on croyait.
Sur le front de l'emploi qui est quand même le principal indice de mesure de notre capacité à repartir de l'avant, à avoir une croissance qui soit durable, l'emploi s'est bien amélioré et les choses vont mieux.
Sur l'ensemble de ces fondamentaux, je pense que notre pays est en train de sortir en meilleur état de la crise. Sincèrement, les préoccupations ne sont pas sur la France.
Q - Sur la sincérité budgétaire, lorsqu'un certain nombre de pays européens basculent dans la rigueur, cette rigueur généralement est plutôt synonyme de moins de croissance. Or, la croissance européenne, c'est du commerce extérieur intra-européen.
C'est-à-dire que tous ces pays en Europe qui basculent dans la rigueur sont autant de pays qui seront moins en capacité de faire de la croissance.
Cela aura forcément un impact sur l'Allemagne et la France et donc forcément un impact sur le budget de la France.
R - Oui, mais pour l'instant, nos perspectives de croissance telles qu'elles ont été révisées vont plutôt dans un sens plus optimiste.
L'Allemagne reste avec de bonnes perspectives économiques or notre commerce avec l'Allemagne est très important. Mais ce que vous dites est intéressant, pourquoi ne veut-on pas d'une rigueur brutale, parce que cela étoufferait la croissance. C'est aussi pour cela que nous devons faire les efforts maintenant à mesure, sans attendre d'y être acculés.
Dans cette période, la conduite de l'Etat a besoin de sérénité, on tient la barre, on résous les crises, on le fait avec sang froid et de bonnes prévisions. Le risque est de laisser jouer le défouloir des fantasmes, on est un pays qui est géré, qui fait ses efforts, un pays qui se remet de la crise, en sombrons pas dans les grandes peurs.
Q - Qui a-t-il dans le plan pérenne pour l'Irlande ?
R - La volonté du président sur ce sujet a été de ne pas se contenter d'éteindre l'incendie. On ne gère pas uniquement le court terme. On a besoin de se donner de la visibilité qui montre que l'euro est géré sur la durée. Son travail depuis 48 heures, et je peux en témoigner, c'est fait avec beaucoup de discrétion, a consisté à consulter tous nos partenaires pour mettre en place un mécanisme pérenne pour faire face à ces crises.
Aujourd'hui on a ce mécanisme que l'on a fait en urgence pour la Grèce et qui ne va que jusqu'en 2013.
Ce que nous devons montrer aux marchés, c'est que notre détermination, ce n'est pas seulement jusqu'en 2013. C'est que l'on se dote d'outils qui permettent de sortir plus forts de cette période ; l'accord qui a été fait est construit sur cette base il est en train d'être proposé au niveau du Conseil ECOFIN à Bruxelles et qui consiste à avoir un dispositif qui soit pérenne et dans lequel l'euro aura donc, sur la durée, un outil de solidarité qui nous permettra de faire face si jamais certains veulent attaquer les marchés.
Autrement dit, on apprend du passé. Oui, il y a une crise, oui cette crise a montré un certain nombre de failles de l'euro, ce qui m'intéresse, c'est notre détermination à y remédier à améliorer le fonctionnement de l'euro.
Il y a trois points qui l'illustrent : celui d'aujourd'hui avec ce mécanisme pérenne, le second, améliorer la régulation des banques, l'Irlande remplissait parfaitement les critères de Maastricht mais il y avait une défaillance sur le contrôle et la régulation des banques.
On doit donc être plus exigeant sur ces questions. Et enfin, la surveillance des grands équilibres macro-économiques. Est-ce qu'un pays, même si en apparence tous les critères restent sur une trajectoire de compétitivité de croissance qui est soutenable. On renforce, on fait des mailles du filet plus solides, plus étroites, qui nous permettent d'être plus efficaces sur la gestion de l'euro. Et aujourd'hui, vraiment ce dimanche, au moment même où on échange, est une preuve de cette détermination de l'Europe. Je trouve cela intéressant. On a eu une semaine agitée où tout le monde a été inquiet. Aujourd'hui, je trouve qu'il y a un signal fort qui part. Sur l'Irlande on est en train de s'entendre sur un mécanisme pérenne qui devrait rassurer en donnant de la profondeur et de la visibilité. On est en train de s'entendre. Autrement dit, on est repartis à l'offensive.
Q - Alors puisqu'on parle du moyen terme, il reste un problème inquiétant qui est précisément le niveau de l'euro. L'euro aujourd'hui est trop haut pour beaucoup de nos entreprises. A plus de 1,30 c'est un énorme problème. Comment est-ce que l'on peut arriver de manière raisonnable à faire baisser l'euro ? Demandez-le à tous les chefs d'entreprise ? La plupart d'entre eux en tous cas vous le diront : c'est trop haut.
R - Monsieur Mougeotte, au moins cela fait partie des signaux qui eux sont positifs, depuis quelques jours l'euro baisse. De ce point de vue, pour la compétitivité de nos entreprises c'est plutôt bon. Mais la préoccupation c'est un euro stable et capable de se défendre. Pour l'instant c'est cela l'enjeu.
Q - La divergence des performances économiques entre l'Allemagne et la France n'est pas un motif d'inquiétude ? Cela ne va pas nous obliger à accélérer le calendrier, ou du moins les prévisions budgétaires ? Quand le Premier ministre dit «on n'augmentera pas les impôts tout est contrôlé et anticipé», c'est que tout va bien ?
R - Monsieur Apathie, est-ce que je vous ai dit que tout allait bien ? Non. Je vous ai dit clairement que l'on avait une crise mais qu'on y faisait face. Il y a un point qui m'amuse, pardonnez-moi de «titiller» là-dessus. Il y a un sujet que l'on a peu relevé : qui dans la crise a eu le choc de croissance le plus important ? La France ou l'Allemagne ? L'Allemagne, avec un choc de croissance beaucoup plus fort. Pourquoi ils en sortent plus vite ? Parce que quand vous êtes tombé plus au fond du trou, quand ça repart, vous remontez plus vite parce que vous étiez tombé plus bas. Ca s'appelle de la croissance. Ce sont des taux de croissance en nombre de pourcentages. Cela compare une évolution. Vous êtes tombés bas, quand vous vous remettez, c'est sûr que le chemin que vous parcourez est plus important.
Q - Qui a un commerce extérieur excédentaire ? Qui va être dans les clous du Traité de Maastricht, à moins de 3% de déficit du PIB l'année prochaine ? L'Allemagne.
R - Et qui a une bonne croissance démographique ? La France et c'est un message d'optimisme. Honnêtement, cela, je ne le troque pas. Le fait d'avoir un pays qui a une vitalité démographique, qui continue à croitre sur la durée, c'est le meilleur gage de croissance. Après vous avez raison, il y a toujours des leçons, et quand on s'occupe d'affaires européennes c'est un point aussi. Il y a toujours des leçons à tirer des autres. Sur l'Allemagne notamment. Je trouve c'est la capacité, majorité comme opposition à construire des consensus ensemble. Et là encore, c'est un appel aux socialistes pour un peu plus de responsabilité.
Q - La démographie, l'amour, les bébés, on va terminer la première partie de ce «Grand jury» là-dessus...Nous allons reparler avec Eric Ruel d'une crise qui a un peu secoué l'Europe il y a quelques semaines. Le dossier des Roms. Je voudrais savoir Laurent Wauquiez si depuis que vous êtes à la tête de ce ministère des Affaires européennes vous avez l'impression d'être un démineur sur ce dossier-là ? Car votre prédécesseur Pierre Lellouche avait des mots extrêmement durs, coriaces contre Bruxelles, la commission européenne et l'une de ses commissaires, Vivianne Reding. Il avait dit «on ne parle pas à un grand pays sur ce dossier.» «Le gardien des traités c'est le peuple français.» Disons qu'il avait attisé le courroux bruxellois. Est-ce qu'aujourd'hui, Laurent Wauquiez, vous êtes un démineur ? Pour l'instant votre prise de fonction se résume-t-elle à essayer de remettre de l'huile dans les rouages entre Paris et Bruxelles ?
R - En ce moment en tous cas, vous l'aurez compris, pour un début de prise de fonctions, il y a beaucoup de sujets sur la table. Sur le sujet des Roms, Pierre Lellouche a défendu les positions françaises et il a bien fait. Après il y a eu des échanges de position qui ont été forts, des mots échangés qui ont parfois été très durs, qui à mon avis sont allés au-delà de ce que l'on pouvait accepter, parfois d'ailleurs de part et d'autre. Le but c'est de tourner cette page et que l'on revienne à un fonctionnement où la France travaille avec les institutions. Je me suis rendu mardi au Parlement européen, il y a ici de très nombreux députés européens, je me suis rendu lundi à la Commission européenne pour travailler avec l'ensemble de l'équipe de la Commission.
Q - C'est le même Parlement que Pierre Lellouche avait accusé de s'être décrédibilisé sur le dossier des Roms. Pierre Lellouche a dit «le parlement de Strasbourg s'est décrédibilisé sur le dossier des Roms».
R - Vous savez, on a la chance d'avoir à Bruxelles, d'une part au niveau de la Commission, et d'autre part a Strasbourg au niveau du Parlement européen, des députés et parlementaires européens qui sont extrêmement engagés à la délégation française. C'est une chance et je m'appuie dessus. Sur le dossier des Roms, on est en train de tourner la page. Je me rendrai la semaine prochaine à Budapest pour en discuter avec les autorités qui veulent en faire une de leurs priorités. Le but, c'est que le sujet soit traité au niveau européen et que l'on travaille notamment pour améliorer l'intégration des Roms et je le dis aussi au premier plan dans leur pays d'origine, je pense notamment à la Roumanie et à la Bulgarie.
Q - Mais on n'en parle plus, on poursuit la destruction des camps illégaux, on poursuit depuis la France le renvoi des Roms vers leur pays d'origine... on n'en entend plus parler, vous avez des éléments là-dessus ?
R - Nous faisons notre travail qui est dans le cadre des décisions souveraines que l'on a prises, qui sont dans le respect des règles européennes, on s'est d'ailleurs engagés à améliorer la transposition dans notre droit français des directives. Après, il y a un dossier qui doit être traité au niveau européen.
Q - Donc le démantèlement des camps en France continue, on n'en parle plus du tout...
R - On continue notre travail, et là-dessus, que ce soit le président ou le Premier ministre, ils n'ont pas l'habitude d'enterrer des dossiers; on va jusqu'au bout, mais dans le respect du droit communautaire.
Q - D'accord dans le respect du droit communautaire, et quand vous dites que vous continuez votre travail, il y a des camps qui sont démantelés encore aujourd'hui ?
R - Aujourd'hui je n'ai pas d'informations spécifiques.
Q - Parce que c'est incroyable, l'actualité ou l'information, parfois on parle de sujets qu'après on oublie complètement...
R - Honnêtement, c'est souvent une coproduction avec les médias...
Q - Cela peut être perçu comme une autocritique !
R - Et c'est pour cela que je me permets de le souligner.
Q - Je cherchais l'information à la source, là.
R - Je ne suis pas au ministère de l'Intérieur.
Q - Ni de la Santé, car on n'a pas non plus de nouvelles sur la grippe A... Le président de la République, le Premier ministre, le ministre des finances et du budget nous ont expliqué que depuis déjà un certain temps, on allait aller vers une harmonisation fiscale entre la France et l'Allemagne. Il y a d'ailleurs un rapport de la cour des Comptes qui est attendu au mois de février là-dessus. Sur un point précis est-ce qu'on a bien compris ? On va supprimer le bouclier fiscal, supprimer l'ISF et la remplacer par une taxation des revenus du capital et non pas du capital. Est-ce qu'on a bien compris ?
R - Il y a deux choses qui sont importantes : la première, dans un espace comme l'Europe vous ne pouvez pas avoir deux pays comme la France et l'Allemagne, qui continuent chacun d'avoir leur trajectoire notamment en termes de fiscalité. Ce n'est pas soutenable. Donc on travaille sur un rapprochement entre nos deux dispositifs fiscaux, c'est bon et cela va dans le bon sens pour nos pays. La deuxième chose, c'est que sur ces dossiers, vous savez que ma sensibilité est une sensibilité de droite sociale. Sur ces dossiers, surtout sur la sortie de crise, nos compatriotes ont une exigence d'équité. Il est important que l'on remette sur la table toute notre fiscalité de patrimoine et que l'on regarde sereinement comment l'améliorer, comment faire en sorte qu'elle soit à la fois plus efficace et en même temps plus juste. Cela renvoie au sujet de l'ISF, au sujet du bouclier fiscal et plus globalement au mode d'imposition du patrimoine que l'on aura. Ce sujet fera partie de nos travaux du premier semestre, donc on va voir comment s'ouvre ce débat.
Q - Vous, Laurent Wauquiez, préférez-vous qu'on taxe les revenus du capital plutôt que de taxer le capital, ce qui était l'ISF ?
R - Ma position, si je puis me permettre c'est que le but est de montrer que le capital et les revenus du capital paient leur écho dans la gestion de la crise. Ca, c'est une exigence de justice. La deuxième chose, c'est qu'on le fasse en n'étant ni absurde ni contre-productif. C'est-à-dire qu'il faut quand même faire en sorte que notre pays reste une terre d'accueil pour le capital tout simplement parce qu'on y a intérêt pour nos emplois. Voilà, ce sont quelques principes de bases avec lesquels je rentre dans ce débat.
Q - Alors je vais essayer d'aller un peu plus loin concernant l'harmonisation fiscale entre la France et l'Allemagne si vous le permettez. Le président de la République a fixé ce cap de rapprocher les fiscalités française et allemande et on comprend bien pourquoi, pour des soucis de productivité et de concurrence. Le taux de TVA est à peu près le même entre la France et l'Allemagne. En revanche, il y a un énorme écart sur l'impôt sur les sociétés, justement les Allemands l'ont baissé massivement alors que le nôtre reste relativement élevé. Est-ce que l'harmonisation fiscale entre la France et l'Allemagne, dès lors que l'on parle d'emplois, de croissance et de compétitivité de nos entreprises, peut aller jusqu'à essayer de demander aux Allemands de remonter leur impôt sur les sociétés sauf si vous annoncez qu'on pourrait baisser le nôtre, car l'harmonisation fiscale c'est rapprocher des taux...
R - Nous, on a fait un effort, et un effort très important pour préserver nos emplois et les garder chez nous. C'est la suppression de la taxe professionnelle. C'était un sujet que l'on trainait depuis des années, qui était un handicap majeur de compétitivité, surtout pour les industries qui sont soumises à la pression de la délocalisation. On l'a fait, et pourquoi est-ce qu'on l'a fait ? Parce que cet impôt-la n'existait pas en Allemagne et que du coup on se tirait des balles dans le pied. C'est un exemple de ce qui est une bonne convergence fiscale.
Q - Comment avez-vous trouvé le Premier ministre mercredi lors du discours de politique générale Laurent Wauquiez ?
R - D'abord je l'ai écouté.
Q - Oui, on l'a tous écouté.
R - Il y a deux choses qui m'ont frappé. D'abord j'ai trouvé que c'était un discours solide qui trouvait l'équilibre entre l'efficacité économique et la justice sociale. Ce point là m'importe beaucoup. Et le deuxième point, je ne suis pas le seul ici à l'avoir relevé et il y a de nombreux parlementaires dans notre groupe de la droite sociale, il a parlé des classes moyennes. Et je trouve cela très intéressant. Parce que très clairement sur notre deuxième partie de quinquennat sur notre sortie de crise, une des priorités pour la France c'est de consolider la place des classes moyennes. Et que le Premier ministre dans son discours de politique générale ait très clairement évoqué ce sujet c'est rare. Parce que d'habitude en France, les classes moyennes c'est plutôt tabou dans notre discours politique. Qu'un Premier ministre dans l'hémicycle prenne le soin de dire : «Une des priorités pour nous, c'est de consolider la place des classes moyennes», politiquement cela m'intéresse.
Q - C'est-à-dire que ce n'est pas tabou mais quand il y a des problèmes budgétaires, quand il faut augmenter les impôts, quand il faut réduire telle ou telle allocation, ce sont les classes moyennes qui trinquent et il n'y a pas de raison que cela change vraiment. Donc on peut en parler mais dans les faits, c'est la seule population sur laquelle on peut tenter de régler les problèmes qui se posent notamment dans le cadre de la gestion des finances de l'Etat.
R - Là encore, plutôt que des grands discours je vais prendre un cas précis. A la sortie de l'été il y a un sujet qui s'est posé. Est-ce qu'on fait des économies notamment sur les bourses pour les étudiants et la possibilité pour être très précis de cumuler à la fois une déduction d'impôts sur le revenu et en même temps une aide au logement ? C'est une aide qui est centrée sur qui ? Les familles des classes moyennes. Le choix qui a été fait c'est de ne pas faire d'économies là-dessus, parce que cela aurait pénalisé les classes moyennes. Là il ne s'agit pas que de discours de politique générale, mais de choix.
Q - C'est un fait et c'est ce qui a amené le rapporteur général du budget a l'Assemblée nationale à dire «voila, c'est une lime à ongle et pas un rabot.»
R - Parfois il faut assumer de ne pas faire passer le rabot sur les classes moyennes.
Q - Autre question politique, on entend «Voilà le retour de «l'Etat RPR». François Fillon Premier ministre RPR, le secrétaire général de l'UMP, RPR, le président de l'Assemblée Accoyer, RPR, le président du Sénat Larcher, RPR, président du Conseil constitutionnel Debré, RPR...J'arrête ma litanie, vous me direz que Gérard Longuet qui n'est pas RPR est président du groupe UMP au Sénat, c'est à peu près la seule exception. Est-ce qu'un jeune homme politique voit ce retour de l'Etat RPR avec une certaine méfiance ?
R - Monsieur Mougeotte, vous l'avez évoqué, j'ai 35 ans. Ma génération, c'est la génération UMP. Ma première carte politique c'est l'UMP et pour moi, cet affrontement entre le RPR et l'UDF c'est la guerre de Cent ans, cela ne m'intéresse pas et je n'ai pas envie qu'on rejoue ça. Je vais même aller un peu plus loin. Je ne veux pas que notre famille retombe dans la logique de clans avec les vieux clans historiques hérités du passé, parce que je pense que cela n'a pas de sens. On a créé avec des amis qui sont ici d'ailleurs, un groupe qui est celui de la droite sociale. Son objectif est de dépasser les clans. Il y a des gens dedans qui viennent des démocrates chrétiens, qui viennent des gaullistes sociaux, qui viennent des libéraux, qui viennent des radicaux. Ils sont rassemblés par une conviction : précisément l'idée que la droite en France n'est pas que sur les thèmes de sécurité et de libéralisme, mais qu'elle a aussi une composante de droite sociale. Composante que l'on trouve chez des personnes qui vont de Pompidou à Philippe Seguin, qui vont de Raymond Barre à Simone Weil, qui incarnent dans notre famille politique cette sensibilité. Moi ce qui m'intéresse c'est de structurer mieux cette sensibilité, que clairement elle s'affirme qu'elle pèse dans le débat, qu'elle fasse entendre sa voix parce que je suis convaincu qu'on en aura encore plus besoin en 2012 qu'en 2007. En revanche, la question de savoir «est-ce qu'il y a autant d'ex-UDF que de ex-RPR que de ex-EDL ?» n'a pas de sens pour moi. Ca, c'est la Guerre de Cent ans, ce n'est pas ma logique.
Q - Très précisément, vous êtes en charge du projet politique de l'UMP pour 2012, comment est-ce que la droite sociale que vous représentez va travailler avec Jean-François Copé qui veut faire réfléchir des think tanks, qui va sans doute bien placer son propre think-tank «Génération France» pour construire ce projet 2012. Comment est-ce que vous allez travailler avec Jean François Copé au nom de la droite sociale ? Vous êtes toujours en charge du projet ?
R - D'abord ce travail-là a été initié par Xavier Bertrand qui lorsqu'il était à l'UMP a souhaité relancer ce travail de production d'idées et de débats au sein de notre famille politique. On a travaillé dessus avec deux représentants de cette génération et avec Nathalie Kosciusko-Morizet. Et je crois que c'est bon aussi que notre famille politique puisse se renouveler, que l'on puisse un peu faire monter cette nouvelle génération, avec des nouvelles idées et une nouvelle approche. Maintenant Jean-François Copé prend la responsabilité de l'UMP. Pour lui c'est aussi un changement. Parce que maintenant, sa responsabilité à lui, ce n'est pas de construire une citadelle, c'est de rassembler, c'est de respecter chacun et d'essayer de faire en sorte que l'on soit tous unis dans la perspective de 2012. C'est d'ailleurs son esprit, je n'en ai aucun doute.
Q - Et vous êtes confirmé dans votre travail de réflexion sur 2012 ou vous n'avez aucune nouvelle ?
R - On va voir. Il est en train de prendre ses marques, mais il y a une chose vous savez, c'est que quelque soit les schémas qui seront arrêtés, nous n'allons pas sagement rester dans notre coin.
Q - Pour l'instant vous n'êtes pas du tout sur qu'il va faire appel à vous pour le projet 2012.
R - A la limite j'ai envie de dire «on est à disposition, on est prêt à contribuer de façon constructive à l'élaboration du projet», parce que je pense que ça, c'est important, il y a des places pour des chapelles, mais on est tous dans la même cathédrale.
Q - Quand vous dites «attention pas de citadelles», c'est une forme de mise en garde quand même.
R - Non pas du tout. Je pense juste que quand on est à la tête de l'UMP, à la tête de sa famille politique, sa première responsabilité c'est de rassembler et de faire en sorte que tout le monde soit autour. Il y a un point sur lequel je vais être bien précis. Quoiqu'il arrive, on est bien déterminés à contribuer à cette production d'idées et au programme. Et je pense que cette sensibilité, précisément de la droite sociale, ne doit pas... le but n'est pas de rester passifs, on ne doit pas faire les séides. Nous ce qui nous intéresse, c'est de contribuer aux idées, au projet, que l'on pèse sur ce que sera notre programme d'action.
Q - Tout à l'heure quand je vous ai demandé comment vous avez trouvé le discours de François Fillon, vous avez dit de manière un peu étrange «moi je l'ai écouté». Que vouliez-vous dire ?
R - Tout simplement parce que je pense que quand le Premier ministre refixe le cap et la feuille de route, pour les parlementaires c'est un moment important.
Q - Et tout le monde ne l'a pas écouté. Il y a un député notamment, on l'a vu dans les images, qui ne l'a pas écouté. Il a fait son courrier, il a discuté avec ses voisins, il a lu le journal et il n'a pas écouté le Premier ministre. Vous savez de qui on parle...
R - J'étais au banc du gouvernement, je ne vois pas à qui vous faites allusion.
Q - D'accord. Il s'agissait pour ceux qui n'ont pas suivi de Jean-François qui n'a pas beaucoup écouté le Premier ministre. Est-ce qu'il y a en germe, parce que visiblement la droite française est frappée par un mal curieux de ce point de vue, Chirac-Giscard, Chirac-Sarkozy, Sarkozy-de Villepin... Est-ce qu'il y a aujourd'hui un risque de conflit Fillon-Copé d'après vous ?
R - Je n'y crois pas un instant...
Q - Vous êtes optimistes...
R - Non, je vais aller jusqu'au bout. Ce n'est pas mal par les temps qui courent un peu d'optimisme, ça rapporte de l'oxygène. Sur ce sujet, pourquoi je n'y crois pas un instant : tout simplement parce que bien sûr on a des sensibilités, bien sûr, il y a des personnalités fortes dans notre famille politique. Et tant mieux. Mais la seule chose qui importe c'est que l'on soit tous sur la même ligne : en 2012, dans cette période de tourmente de garder le même cap pour la France, et que personne ne doute du fait que le mieux à même de défendre ces couleurs c'est le président de la République. Si vous comparez avec la balkanisation qui règne du coté des socialistes avec leurs histoires de primaires, sincèrement je préfère leur laisser ce champ.
Q - Vous trouvez aussi avec le même regard que Jean-François Copé a été gentil concernant l'héritage à la tête de l'UMP de Xavier Bertrand qui est ici. Vous trouvez que là-aussi vous pouvez me dire «non, non il était objectif, sympathique, correct, il n'y a aucune animosité, on est rassemblés, tout le monde va bien...» ?
R - Je vais le redire simplement. Quand on arrive sur un nouveau poste, il y a toujours une tentation à dire «moi je vais tout faire différemment de mon prédécesseur», la seule chose, et je crois que c'est le seul état d'esprit dans lequel est Jean-François, c'est que quand on prend la responsabilité de sa famille politique c'est pour la rassembler et même tout le monde ensemble. Et je crois que c'est de cet état d'esprit dont on a besoin. Les Français en fait ont horreur des petites divisions politiciennes et des affrontements d'ego donc soyons là-dessus, c'est la meilleure chose que nous on puisse faire.
Q - Vous avez compris, vous, pourquoi le président de la République a souhaité changer le secrétaire général de l'UMP ?
R - Pourquoi et pour revenir à ce discours de politique générale, je vais essayer d'illustrer globalement. On n'est pas dans la même phase. On a pendant plus de deux ans géré la crise avec comme obsession de protéger nos compatriotes. C'est une phase ou l'UMP devait être en soutien complet par rapport au gouvernement. C'est ce que Xavier Bertrand a fait. Maintenant on est sur la sortie de crise. L'expérience de Xavier Bertrand en matière de travail d'emploi de santé est précieuse au gouvernement. On a en même temps besoin de faire l'union de toutes les sensibilités et c'est bien que Jean-François Copé au sein de l'UMP puisse prendre cette tache de rassemblement. Donc je crois que vraiment ce qui a été le message de ce remaniement et globalement des différents changements de postes, c'est «maintenant on bascule dans cette phase de sortie de crise, on approche de la campagne présidentielle, on a tous besoin d'être sur la même ligne. Avec nos tempéraments, avec nos différences, avec parfois les petits frottements que cela représente, mais sur la même ligne, avec le même objectif.
Q - Sur l'élection présidentielle il y a deux thèses qui s'affrontent : le président de la République dit «il faut que je ratisse le plus large au premier tour et donc si possible, qu'il n'y ait pas de candidats centriste fort». Et il y a ceux qui disent au contraire «s'il y avait un candidat centriste fort qui rassemblerait les voix centristes au premier tour et qui au deuxième tour les amènerait à Nicolas Sarkozy, cela renfoncerait ses chances au second tour.»Vous êtes teneur de quelle thèse vous ?
R - Pour moi c'est simple. D'abord, je suis évidemment convaincu qu'on peut être centriste et sarkoziste. Et je vais aller plus loin. Je suis aussi convaincu que quand on est centriste, la voie naturelle, c'est le soutien au président de la République. Pourquoi ? Faisons le lien avec ce qu'on disait, parce que la politique n'est pas déconnectée des phases dans lesquelles on est. On traverse des périodes de grands dangers avec la crise. On a besoin de bien tenir le cap ferme. De bien gérer nos finances publiques, de ne pas faire de promesses inconsidérées. La gauche et le parti socialiste ont fait le choix d'une dérive très claire en direction sans cesse d'une surenchère sur l'utopie, l'excès de «moi sans cesse, les plus belles promesses» qu'incarne très bien quelqu'un comme Benoit Hamon avec une dérive à gauche. Dans cette période de risques, il n'y a pas de place pour les petits clans ou les petites stratégies «je veux un candidat pour les centristes ou ceci cela...». On a besoin d'un rassemblement clair, donc pour moi c'est simple, la logique c'est celle du soutien au président et du projet que l'on doit porter dans une période qui est tumultueuse. Par contre ça a une contrepartie, et la contrepartie c'est le bon respect des sensibilités de chacun. Ma logique n'est pas que centriste, elle est plus large, elle est précisément sur cette sensibilité de la droite sociale, au sein de notre famille politique.
Q - Vous qui avez souvent affiché une certaine amitié avec Rama Yade, vous avez compris pourquoi elle n'est plus au gouvernement ?
R - Rama incarne, et j'aime bien cela chez elle, une façon de faire de la politique assez directe, assez franche, elle dit ce qu'elle a à dire, parfois elle secoue la poussière. Tant mieux. Le président a fait confiance à toute une jeune génération. Vous imaginez il y a encore 5 ans, avoir un ministre des Affaires européennes qui a 35 ans dans notre pays ? Sincèrement ce n'était pas tellement l'actualité. L'actualité c'était plutôt la glasnost et la fossilisation de la classe politique. Le président a contribué à secouer. Nous en contrepartie, il faut qu'on comprenne bien que l'on n'est pas tenant de nos postes et qu'il y a des moments où l'on est là et des moments aussi quand on a 34 ou 35 ans, on n'est pas au gouvernement. Je crois que Rama est exactement sur cette logique.
Q - Oui elle est sur cette logique, elle ne peut pas faire grand-chose d 'autre...
R - Non, mais elle n'est pas dans l'état d'esprit à se mettre la tête dans la cendre et se dire «je ne suis plus au gouvernement, je ne peux plus rien faire en politique, rideau etc...».
Q - C'est paradoxal, cette jeune femme est sans doute l'une des plus populaires dans l'opinion publique, droite et gauche confondues. On ne sait pas si on lui reproche quelque chose, on a du mal à comprendre quelquefois. C'est parce qu'elle a dit trop franchement ce qu'elle avait sur le coeur qu'elle a payé ? Il faut dissimuler davantage, c'est cela le message que porte l'éviction de Rama Yade ?
R - Non pas du tout. Je crois que la seule chose peut-être que l'on peut dire sur Rama, mais on s'en est expliqués parfois, c'est que même quand on a du tempérament, la logique doit rester la logique de l'équipe. Et je crois que cela, c'est important. Et que même si on peut toujours avoir la tentation de faire son parcours, ce qui est important c'est de rester solidaire avec l'ensemble de l'équipe et c'est peut-être le seul message, mais ce message-là, j'aurais pu l'avoir moi.
Q - Il y a des personnalités qui ont disparu avec ce remaniement et aussi des ministères qui sont passés à la trappe, dont celui de l'identité nationale. Est-ce que pour le représentant de la droite sociale que vous êtes c'est une grande perte, c'était nécessaire ?
R - Ce débat sur l'identité nationale, et j'avais été amené à un moment donné à m'exprimer sur cette question, je crois qu'on en est à un débat sur l'immigration «comment est-ce que l'on réussit l'intégration ? Qu'est-ce que c'est que le contrat social français ? Comment est-ce qu'il s'équilibre entre les droits et les devoirs ?» c'est un débat qui est sain. Ce débat, il faut aussi qu'on le dise, il y a aussi des surenchères de certains et des dérives parfois un peu poujadistes, populistes, qui vont au-delà de ce que je considère être l'identité de notre famille politique. Là-dessus, le président a été très clair dans son intervention. Il a dit : «Voilà, cela n'a pas été forcément bien compris, donc j'en tire les leçons et je corrige». Tant mieux. Je dirais que c'est la même chose que pour le bouclier fiscal. Quand on n'est pas compris, qu'on soit capable aussi de dire «on corrige, on ajuste, on essaye d'améliorer les choses».C'est finalement un discours assez moderne.
Q - Laurent Wauquiez vous avez 35 ans et déjà un joli parcours. En quelle année pourriez-vous être raisonnablement candidat à la présidence de la République ?
R - Alors ça, c'est un discours extrêmement moderne. On a la crise irlandaise. On a des préoccupations massives sur l'emploi...vous auriez un politique qui vous dit «moi, mon plan de carrière dans dix ans c'est d'être président de la République»... Je vais vous dire ce qu'est mon plan de carrière, et celui-là est très clair, c'est d'aller aussi haut et aussi loin que je pourrai et que je serai utile. Et en essayant de me garder d'une dérive, c'est de ne pas seulement avoir de l'ambition pour moi, mais d'avoir aussi de l'ambition pour faire des choses. Voilà.
Q - Quelqu'un qui se projetterait et qui dirait «je suis candidat dans dix ans», ce serait un type comment ? Parce que c'est ce qu'a fait Jean-François Copé.
R - Je m'exprime vraiment à titre personnel. Me dire dans dix ans, je serai là, ca me semble surréaliste. Après chacun fait comme il veut.
Q - Que pensez-vous de l'attitude de Dominique de Villepin dans le dossier Karachi et de ses déclarations successives ?
R - Sur ce dossier, et je crois que vous avez fait partie de ceux qui ont sur leur blog tiré la sonnette d'alarme en disant : «Attention, il faut des faits». Arrêtons d'agiter des rumeurs, des fantasmes, d'agiter là-dessus tout et n'importe quoi. Il faut des faits.
Q - Dominique de Villepin vous parait franchir une ligne blanche quand il s'exprime comme il s'exprime. Il est toujours membre de l'UMP, il faut faire quelque chose ?
R - On sent bien que derrière un certain nombre de positions de Dominique de Villepin, il y a un désir de revanche personnelle. La république n'est pas là pour purger les revanches d'ego.
Q - Il a toujours sa place à l'UMP ?
R - Cela, ce n'est pas à moi d'en juger, c'est au secrétaire général de l'UMP.
Q - Vous êtes membre de l'UMP tout de même...
R - Personnellement, s'il persiste dans cette voie, c'est quelque chose qui me gène. Voilà.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er décembre 2010