Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur l'amélioration de l'offre télévisuelle et le passage à la télévision numérique, Paris le 23 novembre 2010.

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Circonstance : Conférence de presse sur le passage à la télévision tout numérique à Paris le 23 novembre 2010

Texte intégral


Monsieur le président du GIP France Télé Numérique, cher Louis de Broissia,
Monsieur le président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, cher Michel Boyon,
Mesdames et messieurs,
Les technologies numériques sont à l'évidence des sources de progrès majeurs dans tous les domaines de la Culture et de la Communication. C'est le cas pour l'accès à nos patrimoines, qu'il soit audiovisuel ou qu'il s'agisse du livre ; cela concerne aussi l'amélioration de l'offre audiovisuelle elle-même, en termes de contenus comme de qualité de réception. D'une manière générale, l'accélération et la mise en cohérence des politiques du numérique constituent, comme vous le savez, l'une des grandes priorités de l'action de mon Ministère.
Au coeur de ces priorités figure un média qui m'est cher entre tous : la télévision. Et je suis particulièrement heureux d'assumer les fonctions qui sont les miennes à un moment où nous connaissons une transition majeure pour un média roi qui a encore de très beaux jours devant lui. Cette transition, c'est avant tout un enrichissement inédit, qualitatif et quantitatif, de l'offre audiovisuelle. Le passage à la télévision tout numérique, c'est aussi un grand moment démocratique pour les Français, comme seuls les médias de masse peuvent en produire, puisqu'il concerne chaque foyer. C'est enfin un fort engagement social pour l'Etat, qui veille à garantir l'accès de tous à cette télévision embellie, enrichie et rajeunie, qui vit avec le passage de l'analogique au numérique, une mue aussi importante que le passage du noir & blanc à la couleur.
Dans le monde des médias de masse, le saut technologique est parfois anxiogène. La peur d'être déconnecté s'accompagne d'un lexique où les antennes râteau, si familières, sont désormais rejointes par de nouveaux boîtiers qui annoncent l'arrêt programmé de l'analogique. Pourtant, force est de reconnaître que le passage à la télévision tout numérique, aujourd'hui à mi-chemin depuis son lancement il y a un an, est particulièrement bien engagé. Aux préoccupations des premières expérimentations a succédé une transition réussie qui concerne désormais dix régions de France, avec deux grandes échéances qui s'annoncent prochainement, puisqu'elles concernent des régions de forte densité démographique : début février, ce sera le tour du Nord-Pas-de-Calais, de la Picardie et de la Haute Normandie ; le 8 mars, ce sera l'Île-de-France et ses 12 millions d'habitants.
Avant la fin mars prochaine, ce sont 23 millions de Français de plus qui vont connaître cette transition qui les concerne dans leur quotidien. Le rôle de l'Etat dans ces phases de transition, qui sont aussi sociales et culturelles que technologiques, c'est bien sûr de s'assurer que personne ne soit laissé sur le bord du chemin. C'est, pour le Ministère de la Culture et de la Communication, garantir l'accès de chacun aux nouveaux savoirs tout autant qu'au divertissement.
Le passage au numérique est pour la télévision française une chance unique de développer simultanément l'offre de télévision et la qualité des moyens de communication. Avec la TNT, c'est un paysage audiovisuel pluraliste qui se dessine, plus riche en programmes puisque les téléspectateurs se voient offrir gratuitement plus de chaînes, de meilleure qualité tant pour le son que pour l'image, avec la possibilité d'accéder à de nouveaux services. C'est la généralisation d'une offre audiovisuelle enrichie et gratuite, et plus généralement la multiplication des services sur l'ensemble des plateformes, qu'elles soient gratuites ou payantes. C'est le triplement de l'offre des chaînes nationales gratuites en métropole, qui passe ainsi de 6 à 19 chaînes.
À cette occasion, l'offre de chaînes publiques s'est elle aussi enrichie avec la diffusion sur un canal plein des chaînes France 5 et ARTE, qui partageaient jusque-là un canal analogique commun, et la diffusion de nouvelles chaînes : France 4, France Ô, ainsi que La Chaîne Parlementaire (Assemblée Nationale et Public Sénat).
Le 30 novembre, la TNT arrive également en Outre mer. La Télévision numérique terrestre, c'est aussi très bientôt, la fin d'une offre réduite pour l'Outre-mer. Ce sont désormais 8 chaînes publiques (Les TéléPremières, ainsi que France 2, France 3, France 4, France 5, France Ô, France 24, et ARTE) qui vont rejoindre l'offre privée locale. Cela constitue en soi une révolution du paysage audiovisuel ultramarin. C'est aussi l'occasion pour les TéléPremières, d'évoluer pour être plus proches des territoires qu'elles couvrent. Soucieux des spécificités locales et régionales des départements et collectivités d'outre-mer, le Gouvernement a souhaité que les chaînes locales aient toute leur place dans le paysage audiovisuel ultramarin, et qu'elles puissent donc intégrer le multiplex des chaînes de la TNT qui sera diffusé à partir du 30 novembre. Les chaînes locales d'Outre-mer constituent un facteur déterminant de l'attractivité de l'offre audiovisuelle et un pilier essentiel de l'identité locale et régionale. Afin de les accompagner dans cette transition, et notamment afin de supporter les surcoûts transitoires de la diffusion en numérique, j'ai été particulièrement attentif, avec ma collègue Marie-Luce Penchard, à ce qu'un dispositif temporaire soit mis en place, afin que ces chaînes aient toute la place qui doit leur revenir.
Le numérique permet également l'amélioration constante de la qualité de l'image et du son : la haute définition devient le format de référence de la télévision et demain la télévision en trois dimensions, déjà en train de conquérir les salles de cinéma, pourrait se développer sur nos téléviseurs.
Le numérique, c'est aussi la dé-linéarisation des services. Le podcast - ou plutôt la ballado-diffusion - des émissions mises en ligne par les éditeurs vient de plus en plus compléter l'offre radio traditionnelle. Les téléviseurs connectés font leur apparition et offrent un accès simplifié à la télévision de rattrapage, à la vidéo à la demande. Demain, l'interactivité se généralisera et donnera accès à de nouvelles formes de télévision qui restent à inventer. Mettre fin à la diffusion analogique, c'est justement garantir l'accès de chacun à ces nouveaux services, car cet arrêt va permettre de libérer les fréquences nécessaires au développement de l'offre audiovisuelle, à la fois en nombre et en qualité. C'est aussi, en termes de développement territorial, se donner les moyens, en libérant de l'espace, de déployer - avec le haut débit mobile - l'internet dans des territoires qui, pour des raisons économiques, sont difficilement éligibles à l'internet haut débit classique.
Si les avantages du numérique pour la télévision sont nombreux, le passage à la télévision numérique peut néanmoins constituer une difficulté pour un public peu familier de ces nouvelles technologies. C'est là que l'Etat doit jouer pleinement son rôle d'accompagnement, afin de garantir les solidarités nécessaires à cette transition. Je pense bien sûr aux plus fragiles, notamment les personnes âgées qui ont besoin d'une assistance technique, mais aussi aux foyers les plus modestes qui peuvent avoir besoin d'un soutien financier à l'équipement, notamment pour ceux qui habitent des zones non couvertes par la diffusion hertzienne terrestre.
Cette solidarité est bien sûr pilotée par l'Etat, puisque c'est là l'une de ses principales missions. C'est également l'engagement, bien sûr, de tous les acteurs concernés dans le GIP France Télé Numérique. Mais c'est aussi une solidarité vécue sur le terrain, entre voisins et entre générations, avec l'action des centaines de bénévoles qui parcourent les régions pour délivrer l'assistance technique à ceux qui en ont besoin. C'est aussi grâce à eux que d'ici fin 2011, 100% des foyers français auront accès à la télévision numérique.
De son côté, le Gouvernement est loin d'être en reste, puisqu'il a prévu un effort financier majeur : ce sont plus de 300 M en 3 ans, euros dont plus de 100 Meuros au Projet de Loi de finances pour 2011, qui sont destinés à garantir l'accès de tous à la télévision numérique.
Ces crédits permettent notamment de financer les trois dispositifs d'aide prévus par la loi :
- Un fonds d'aide à destination des foyers résidant dans des zones qui ne seront pas couvertes par la TNT. Les foyers résidant dans ces zones et qui dépendent de la voie hertzienne terrestre analogique pour la réception de la télévision pourront ainsi bénéficier d'une aide à l'achat et à l'installation d'un équipement de réception de la télévision numérique gratuite par satellite ou de toute autre solution disponible. Ce fonds d'aide est ouvert à tous ces foyers sans condition de ressources.
- Un dispositif d'assistance technique au bénéfice des foyers âgés ou handicapés, qui permet notamment de les aider à brancher leur équipement numérique de télévision et à effectuer le réglage des chaînes.
- Une aide financière à l'équipement des foyers dans les zones couvertes par la TNT destinée aux foyers à faibles ressources dégrevés de contribution à l'audiovisuel public.
Je sais l'effort qui est fait, notamment par le Groupement d'intérêt public France Télé numérique, son président, M. Louis de Broissia, et son directeur général, M. Olivier Gérolami, pour aider les personnes isolées, le monde rural, les banlieues, les personnes les moins au fait des évolutions technologiques et des offres culturelles, et je veux leur rendre hommage.
Dix régions, représentant environ un tiers de la population, sont déjà passées à la télévision tout numérique. Ces opérations ont donné de nombreux motifs de satisfaction. Les foyers concernés se sont massivement équipés pour la réception de la TNT ; ils ont bénéficié d'un très bon niveau d'information et de compréhension du processus, et cela est dû en très grande partie à l'efficacité de l'action du Groupement d'intérêt public France télé numérique.
Les succès enregistrés ne doivent toutefois pas entraîner un relâchement de notre vigilance. Le passage au numérique des dix premières régions a pu connaître certaines difficultés, circonscrites localement. Elles ont permis aux pouvoirs publics d'en tirer les leçons pour la suite. France Télé Numérique et le CSA ont renforcé dans ce sens leur suivi technique des régions. Les dispositifs d'aide à la réception à hauteur de 250euros par foyer ont également été prolongés pour les quelques zones qui connaissent encore un brouillage persistant.
La vigilance dont nous devons faire preuve concerne également l'accompagnement des personnes âgées, qui doit rester l'une des priorités des actions du groupement d'intérêt public France télé numérique. Les seniors expriment en effet un fort besoin d'accompagnement et d'assistance dans le cadre de ce processus.
Une attention particulière doit également être portée aux immeubles collectifs. Je pense tout particulièrement au passage prochain passage au numérique en Île-de-France. Les syndics et bailleurs doivent en effet bien vérifier que l'antenne collective de leur immeuble est prête pour la TNT avant et après le passage au tout numérique.
Je sais que les équipes du Groupement d'intérêt public France télé numérique, celles du Conseil supérieur de l'audiovisuel, mais aussi les élus, les acteurs sociaux, les médias, l'ensemble des acteurs impliqués sont entièrement mobilisés sur ces questions, et je leur apporte tout mon soutien.
C'est justement toute la vertu des groupements d'intérêt public que de permettre à l'Etat d'assumer ses tâches de développement territorial dans des enceintes modernisées qui rassemblent tous les acteurs concernés, les chaînes privées comme le Conseil Supérieur de l'audiovisuel, autour d'un objectif commun. Grâce au groupement d'intérêt public France Télé Numérique, le média de masse caméléon va pouvoir se doter de nouvelles couleurs.
Grâce à la TNT, la petite lucarne à laquelle tous les Français sont si attachés a un bel avenir devant elle, où la popularité et la qualité viendront encore mieux servir sa capacité à nous lier et à nous faire rêver.
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 24 novembre 2010