Texte intégral
Monsieur le Président du CNOSF, cher Denis, Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse que la clôture du Forum « Sports, loisirs, tourisme et territoires », organisé parallèlement au salon des Maires et des collectivités territoriales, me donne l'occasion de m'exprimer devant vous aujourd'hui.
Chaque année, cet événement est un moment de rencontres privilégié pour la grande famille du sport. C'est l'occasion pour tous de se retrouver : dirigeants de fédérations ou d'associations sportives, agents de l'Etat ou des collectivités, élus, sponsors, industriels, organisateurs d'événements, formateurs.
C'est aussi l'occasion pour nous de réfléchir ensemble à l'avenir du sport français. L'édition 2010 a été à la hauteur des enjeux en fondant ses travaux sur deux questions primordiales pour l'avenir du sport français : la nouvelle économie du sport et la gouvernance du sport.
Evidemment, ma venue se fait dans un contexte un peu particulier. Le Président de la République et le Premier ministre m'ont confié il y a dix jours la responsabilité du ministère des sports. C'est une immense joie pour la passionnée de sport que je suis.
C'est aussi un grand honneur. Le ministère des sports est profondément ancré dans l'histoire de notre République et dans ses valeurs.
C'est un ministère populaire. Avec ses 35 millions de sportifs, il parle à chaque Français et à chaque famille.
C'est un ministère qui participe à la cohésion de notre société et de nos territoires. Un ministère qui rassemble 265 000 associations et 3 millions de bénévoles. Un ministère qui éduque, intègre et renforce les liens entre nos concitoyens.
C'est aussi un ministère créateur de valeur économique. 17 000 diplômes professionnels sont délivrés chaque année. Les fédérations sportives et les clubs professionnels sont autant de PME dynamiques. Et n'oublions pas tous les emplois créés par la construction et l'utilisation des équipements sportifs.
C'est, enfin, un ministère stratégique pour le rayonnement de notre pays. A chaque fois que nos champions remportent une victoire dans une compétition internationale, à chaque fois que nous accueillons un grand événement sportif, c'est une formidable image de la France que nous offrons au monde. C'est la nation tout entière qui se rassemble derrière ses sportifs.
Par conséquent, vous comprenez bien que disposer d'un ministère de plein exercice n'est pas qu'une question de prestige. C'est une question stratégique.
Avoir un ministère plein, c'est être sur un plan d'égalité pour travailler avec les autres ministères concernés par la problématique du sport : le ministère de l'Education nationale, celui de l'Intérieur (pour les questions de sécurité), de l'Economie, du Tourisme, du Développement durable, de l'Aménagement du territoire ou encore de la Ville. J'en oublie sûrement !
Avoir un ministère plein, c'est avoir l'entière responsabilité des négociations avec le ministère du Budget lorsqu'il s'agit de définir le budget des sports et de défendre les intérêts du ministère, mais aussi ceux de tous les acteurs du sport. Avoir un ministère plein, enfin, c'est une vraie reconnaissance politique et sociale du rôle majeur joué par le sport dans notre société.
Le sport, j'en suis intimement persuadée, doit porter une grande ambition sociétale. Le sport, ce n'est pas que du sport. Avec le sport, c'est la question de l'éducation, la question de l'intégration, celle de l'ouverture aux autres, de la culture, de l'environnement ou encore de la fierté nationale qui sont posées. Ce sont là des sujets importants et lourds. Ils soulignent à quel point la responsabilité du sport et de ses acteurs à l'égard de notre société est grande.
Seul un ministère de plein exercice pouvait en être à la hauteur. Seul un ministère de plein exercice apportera l'autorité et la liberté nécessaire pour définir avec vous les grandes réformes dont le sport, et plus largement la société, ont besoin.
Car, tout au long de son histoire, le ministère des sports n'a jamais cédé aux sirènes du conservatisme. Toute son histoire a été rythmée par de grandes lois qui ont défini et donné corps au modèle sportif français que nous connaissons : la loi Mazeaud de 1975, la loi Avice de 1984, la loi Buffet de 2000, la loi Lamour de 2003. Chacune de ces lois a permis au sport français de s'adapter aux évolutions de son temps et d'aller dans le sens d'une coopération toujours plus renforcée entre ses acteurs.
Nous nous devons donc de perpétuer cette grande tradition du ministère des sports. Et, pour y arriver, nous ne manquons pas de moyens. Il y a en France un investissement humain et financier considérable dans le sport.
Le financement issu de l'Etat et de ses établissements publics reste stable cette année, puisqu'il ne subit qu'une baisse de 3%. Et il faut bien que nous participions à l'effort de redressement des finances publiques, au même titre que les autres ministères. Cependant, il faut noter que l'inscription d'un prélèvement temporaire sur la Française des Jeux dans la loi de finances pour 2011 est actuellement en cours d'examen. Son adoption permettrait à l'Etat et à ses établissements publics de disposer d'un budget en hausse pour 2011.
Au budget de l'Etat s'ajoutent les financements des collectivités qui continueront à participer au financement du sport, y compris pour les dépenses d'investissement dans les équipements sportifs.
Vous le voyez donc, nous avons les moyens financiers de mener une politique ambitieuse. Et nous disposons également de moyens humains non négligeables. Les acteurs du sport sont nombreux. Ils sont dynamiques et complémentaires. Il ne leur manque finalement qu'une chose : davantage de cohérence dans les efforts des uns et des autres, davantage de coordination dans l'action globale en faveur du développement du sport.
Ce sont là autant d'atouts qui nous donnent une vraie capacité d'actions. Ces atouts, nous devons donc les utiliser pour faire de la France une grande nation sportive.
Une nation qui porte de grands champions sur les podiums internationaux. Une nation qui retrouve sa place dans le top 5 des nations. Mais aussi une nation où il y ait davantage de pratique amateur et une nation où chaque Français voit le sport comme une partie intégrante de sa vie.
C'est là mon ambition pour la France. Mais, cette ambition, je ne pourrai pas la porter seule. Nous devons unir nos forces.
J'ai besoin de vous. J'ai besoin de tous les acteurs qui s'investissent dans l'organisation et le développement du sport en France.
Depuis près de trente ans, le paysage du sport français s'est profondément transformé, avec notamment les lois de décentralisation et l'émergence d'une économie privée du sport. Un certain nombre d'acteurs a pris une place de plus en plus importante : Je pense aux collectivités qui sont aujourd'hui des financeurs essentiels du sport. Elles sont légitimes à prendre toute leur place dans la définition des orientations nationales.
Je pense aux entreprises qui ont tant à nous apporter en matière d'expertise, de savoir-faire et de pouvoir d'innovation.
Je pense au mouvement sportif qui doit pour sa part renforcer les ponts et les liens entre le monde professionnel et le monde amateur, ainsi qu'entre le sport de haut niveau et le sport pour tous.
Je pense enfin aux associations de jeunesse, d'éducation populaire ou de défense de l'environnement, qui contribuent au développement du sport. Leur action est souvent de qualité. Elles doivent par conséquent être associées à nos réflexions.
L'Etat a lui aussi un rôle à jouer bien évidemment. Il doit définir les voies d'amélioration pour garantir le jeu collectif de tous ces acteurs. Mais, il ne peut pas définir seul les règles du jeu.
Vous le savez, c'est un grand honneur pour moi d'avoir été nommée Ministre des sports. Mais j'aborde cette nouvelle fonction avec beaucoup d'humilité. Tous, vous avez une expérience approfondie de la politique du sport. Tous, vous avez assisté à de nombreuses réformes, de nombreuses réorganisations. Votre expérience m'est précieuse.
Et je veux que vous ayez votre mot à dire dans les politiques que nous mettrons en oeuvre ensemble. Je suis à votre écoute. Et j'entends par conséquent rencontrer le maximum d'acteurs durant les prochaines semaines. L'expérience du Grenelle nous a montré que c'est en adoptant un processus de réflexion et de proposition partagées que l'on peut obtenir les meilleurs résultats. Pour ma part, je suis convaincue que c'est une méthode qui marche. Tu vois donc, mon cher Denis, que ta proposition d'organiser ensemble une conférence réunissant les grands acteurs du sport est une initiative qui rejoint tout à fait mes priorités et ma vision de la politique. J'aurai donc à coeur d'y travailler avec toi ainsi qu'avec l'ensemble des acteurs du monde sportif et même, plus largement, de la société. Car le sport est une problématique qui rejoint toutes les autres.
Je vous appelle donc à vous emparer de ce débat, car c'est ensemble que nous ferons de la France une grande nation sportive.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 30 novembre 2010