Texte intégral
J'aimerais d'abord vous exprimer tout le plaisir que j'ai à m'adresser directement à vous aujourd'hui. Ce n'est qu'une première fois. Il y en aura bien d'autre.
I. C'est un honneur, pour moi d'avoir rejoint cette belle maison dédiée au sport.
Un honneur car cette maison est profondément ancrée dans l'histoire de notre République et de ses valeurs. Et la valeur première de ce ministère est de s'adresser à tous les Français.
Le Ministère des sports est un ministère populaire. Au bon sens du terme. Au sens qu'a voulu lui donner Léo Lagrange, en offrant à l'ensemble des Français la possibilité de trouver dans la pratique du sport la joie et la santé.
Le sport, c'est 35 millions de sportifs qui partagent une passion et essayent de se dépasser, ensemble, indépendamment de leurs origines et de leurs conditions.
Le sport, ce sont des associations et des bénévoles qui donnent de leur temps sans compter.
Le sport, ce sont nos champions qui portent nos couleurs. Et, bien entendu, le sport, c'est vous. Ce sont autant d'agents qui font en sorte que l'Etat soit le garant de l'intérêt général dans le domaine sportif.
Autant d'agents qui, dans les régions et les départements, assurent un service public du sport sur l'ensemble du territoire, en France et en Outre-mer. Autant d'agents pour qui le travail rejoint souvent la passion.
L'Etat est, et restera, le garant du sport en France. Il le restera car c'est une politique d'intérêt général.
Je ne vous cache pas que c'est une responsabilité particulière d'être à la tête d'un ministère de plein exercice.
Car c'est bien un Ministère des sports que le Président de la République et le Premier Ministre ont choisi de me confier.
C'est un choix stratégique qui impose plus de responsabilités. Cette décision traduit en tout premier lieu la reconnaissance du rôle majeur joué par le sport et ses valeurs dans notre société.
Le sport intègre, le sport éduque, le sport crée du lien social. Il y a tant de jeunes qui s'en sortent grâce au sport, tant de personnes qui ont trouvé un sens à leur vie sur un terrain ou dans un stade.
Cette décision traduit ensuite la volonté du Gouvernement de redonner de l'élan au rôle d'impulsion et de régulateur dans le domaine sportif.
Elle nous place enfin - et peut être surtout - sur un plan d'égalité avec les autres ministères, dont le ministère du Budget. Lorsqu'il s'agit de définir le budget des sports, ce n'est pas anodin. Mais ce pied d'égalité permet également d'envisager le sport dans sa dimension sociétale, en relation avec tous les autres secteurs.
Je sais bien que la RGPP a ébranlé nos modèles et nos fonctionnements. C'est un nouveau socle plus d'interministériel, plus concentré sur nos responsabilités premières.
II. Le sport est un sujet « politique » au bon sens du terme, un sujet populaire et un enjeu de société.
Je voudrais en premier lieu que nous fassions ensemble de la France une grande nation sportive.
Nos concitoyens sont encore trop peu nombreux à faire du sport régulièrement. Et pourtant, lorsque nous parlons « sport », nous parlons à la moitié des Français.
Les Français ne sont aujourd'hui que 48% à faire du sport au moins une fois par semaine, contre 64% pour les Danois et 72% pour les Suédois. La marge de progression est réelle et en particulier pour ce qui est de la pratique féminine, la pratique des personnes en situation de handicap ou vivant dans des lieux défavorisés.
Les efforts doivent donc être poursuivis pour que tous les Français, quels que soient les territoires où ils vivent, quel que soit leur âge ou leur condition physique, puissent pratiquer. Et pas seulement une pratique physique, mais au-delà aller dans les clubs. J'insiste sur ce point car au-delà des aspects sanitaires, l'intérêt de la pratique du sport en club est de retrouver un lieu de vie collective, l'un des rares espaces qui nous reste pour partager.
Pour accompagner l'ensemble du monde sportif en ce sens, il est essentiel que vous disposiez de capacités d'expertise et d'ingénierie fortes.
Un des principaux outils est la démarche de diagnostic territorial approfondi. L'état des lieux et l'analyse sont des préalables nécessaires à l'action. A ce titre, les pôles d'ingénierie et d'observation sociale des directions régionales doivent être renforcés.
Et je vous invite à vous appuyer sur les pôles ressources nationaux. Nous avons absolument besoin de ces diagnostics, c'est une priorité pour moi. Nous allons accélérer le calendrier.
Le rôle de l'Etat enfin est de structurer les actions menées en faveur du sport. Je vous invite par conséquent à soutenir résolument les efforts d'organisation et de professionnalisation du mouvement sportif. Vous disposez pour cela d'outils efficaces, tels que l'aide à l'emploi et l'aide à la formation des bénévoles et des salariés des associations sportives. Ce serait utile que nous fassions ensemble un bilan de cette politique.
Je veux en dernier lieu vous rassurer sur les ressources dont vous disposerez pour mener à bien ces actions.
Elles dépendent principalement du CNDS. J'ai donc défendu avec force l'amendement adopté la semaine dernière qui permettra de dégager des marges de financement pour préparer l'Euro 2016 sans remettre en cause les missions traditionnelles du CNDS. Les ressources du CNDS augmentent donc de 19 %, ce qui permet d'augmenter de plus de 6 % le budget consacré au « sport pour tous ».
Nous avons voté hier soir le budget du ministère qui rassemble, je le rappelle, le programme sport, les fonctions supports et le CNDS. Ce budget est en légère hausse, ce qui est une performance dans le contexte budgétaire global. Ma deuxième ambition, c'est que la France porte sur les podiums de grands champions.
Vous avez, dans chacun de vos territoires, un rôle déterminant à jouer pour favoriser le sport de haut niveau. Vous évaluez les parcours d'excellence. Vous contribuez à détecter, à former et à accompagner, les jeunes talents. Notre objectif, je le rappelle, doit être de rester dans le top 5 des nations pour les jeux Olympiques comme paralympiques. C'est une priorité pour le Président de la République.
Votre rôle est également déterminant pour nouer les partenariats permettant à nos champions de poursuivre un projet professionnel ou de formation en parallèle de leur parcours sportif. Ce double projet est une priorité pour nous. Les sportifs français ne sont pas encore assez accompagnés en dehors du sport.
Et la dernière ambition que je voudrais partager avec vous est de promouvoir un sport sain.
Le sport, je l'ai dit, porte autant des valeurs essentielles à notre vie commune : la vie en collectivité, la récompense de l'effort, l'acceptation de ses propres limites, et naturellement le respect des règles.
Ces valeurs, ce sont nos grands champions qui en sont l'image la plus visible, la plus médiatisée. Ces champions ont donc une responsabilité à l'égard des Français qui les regardent et à l'égard de la nation qu'ils représentent. Ils ont un devoir d'exemplarité. L'Etat ne peut pas rester silencieux quand les représentants de la France font défaut.
Nous devons défendre l'éthique du sport, dans le haut niveau, parce que c'est là que se joue souvent l'image que les Français ont du sport, mais aussi dans la pratique amateur, et cela dès le plus jeune âge. C'est bien là que s'apprennent en tout premier lieu les valeurs du sport.
Dans ce cadre, notre priorité absolue est la lutte contre toutes les dérives que constituent le dopage dans tous les sports, la corruption notamment dans les compétitions de premier niveau, la violence et toutes les formes de discriminations (racisme, homophobie, etc.). Vous devez donc rester mobilisés sur les actions de prévention. Nous allons spécifiquement travailler sur la question de la corruption et de la violence.
Dans vos régions, dans vos départements, vous devez vous fixer comme objectif d'offrir à nos sportifs un environnement qui préserve leur santé et leur intégrité morale. Pour ce faire, les contrôles qu'effectuent les directions départementales sont cruciaux.
III. Vous l'avez compris, j'aime le sport et ce que vous faites. Mais j'aborde ma nouvelle fonction avec beaucoup d'humilité.
Je suis sportive, mais je ne connais pas pour autant tout de l'organisation et de la gestion de la politique du sport.
Par conséquent, je suis à l'écoute. Je suis à l'écoute de l'ensemble des acteurs du sports, mais aussi, et en premier lieu, à votre écoute, vous qui représentez l'Etat dans les territoires et vous qui avez une connaissance fine des réalités locales.
Cette proximité, votre présence auprès de tous les acteurs, est essentielle pour que notre politique porte ses fruits. Remontez nous toutes vos informations, vos interrogations.
J'ai bien conscience que la réforme de l'administration territoriale de l'État a été profonde. Je viens du corps préfectoral, donc je mesure les traumatismes. Toutes les marques ne sont pas encore prises et cela suscite des inquiétudes et des incompréhensions.
Pour ce qui est du sport, je ne souhaite ni un désengagement de l'échelon régional, ni de l'échelon départemental. L'objectif d'une nation sportive qui gagne nous oblige à être présents sur tout le territoire français.
La réforme ne viendra pas affaiblir la politique du sport. Elle changera nos méthodes, elle concentrera nos efforts et elle permettra de placer le sport au coeur de bon nombre de politiques nationales.
Le sport peut être un formidable outil au service de la cohésion sociale. Le sport intègre, éduque, renforce les liens sociaux. Le sport rassemble. Il nourrit un patriotisme sain, pacifique et fédérateur.
Cette réforme a du sens si l'on fait du rapprochement de la cohésion sociale, du sport et de la jeunesse, une vraie valeur ajoutée. Et, c'est à vous de mettre en oeuvre ces complémentarités.
Car, c'est vous qui avez les cartes en main. L'échelon régional dispose désormais de vraies responsabilités, en devenant pilote de la déclinaison territoriale des politiques décidées au plan national. Cet échelon a la responsabilité d'organiser la concertation avec l'ensemble des acteurs locaux impliqués dans le sport.
Et le nouveau schéma défini par la réforme ne donne pas un rôle moins important aux directions départementales. L'échelon départemental sera le lieu de la mise en oeuvre concrète des politiques nationales, pas seulement des contrôles, mais aussi de l'instruction de projets locaux.
Nous allons donner un sens à cette réforme et établir des connexions entre le sport et tous les enjeux qui sont derrière l'expression « cohésion sociale ».
Le rôle que je souhaite vous confier est la reconnaissance de votre expertise. Et, cette expertise ne doit pas être élimée, surtout au moment où nous devons appliquer le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
Pour 2011 nous sauvegardons globalement les forces en présence dans les services déconcentrés. Je veillerai à un équilibrage de ces forces sur le territoire grâce aux recrutements d'inspecteurs de la jeunesse et des sports et de professeurs de sport.
La répartition des rôles entre les échelons régionaux et départementaux doit tenir compte, à partir de 2012, de la réduction des effectifs. Cette répartition devra être précisée au cours de l'année 2011. On ne peut pas faire plus avec moins d'effectifs. Il faut donc identifier clairement nos missions prioritaires.
Et dans tous les cas, au premier rang de nos priorités figure le maintien d'une expertise dans vos services. Je suis intéressée par votre vision qui viendra complétée les deux missions en cours : celle des Inspections générales de la Jeunesse et des Sports et des Affaires sociales et celle du Secrétariat Général du Gouvernement.
J'ai bien conscience de l'envergure de la mission qui vous a été confiée. Et je tiens à vous dire tout le respect et toute la considération que j'ai pour le travail que vous accomplissez au quotidien pour assurer le service public du sport sur l'ensemble du territoire.
Nous avons beaucoup de défis à relever. Mais, dans cette tâche difficile, je sais pouvoir compter sur vous. Vous avez toute ma confiance.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 14 décembre 2010