Texte intégral
Monsieur le maire,
Mesdames, messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du conseil régional,
Monsieur le président du conseil général,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames, messieurs,
Alors d'emblée mesdames et messieurs, permettez-moi de laisser parler mon coeur... Car je veux vous dire, et en particulier à toi mon cher Jacques, combien je suis heureux d'effectuer mon premier déplacement à Gennevilliers en ma qualité de ministre de la ville.
Dans cette ville, je retrouve un peu de ma jeunesse. Non, mon cher Jacques, ce n'est pas un clin d'oeil à un certain passé, quoique je ne renie rien... Mais je fais plutôt référence au temps où, avec Roland Castro qui deviendra un ami, nous avons été missionnés par Charles Pasqua, alors président du conseil général des Hauts-de-Seine, pour entreprendre le premier plan de rénovation urbaine dans notre pays. C'est ici, chez vous, que j'ai fait mes premières armes dans le domaine de la politique de la ville. C'est à Gennevilliers, notamment à travers la rénovation du quartier du Luth, que nous avons entrepris le pacte 92 qui visait à améliorer le cadre de vie des habitants.
Ici, c'est collectivement que nous avons monté des projets. C'est en équipe que nous avons développé de nouvelles infrastructures, attiré de nouvelles activités et réhabilité des quartiers. Aujourd'hui, je mesure les progrès accomplis au service du mieux vivre ensemble.
Mes chers amis, vous l'avez compris, au-delà de la politique, je suis heureux d'être aujourd'hui à Gennevilliers, tout simplement parce que c'est une ville dans laquelle je compte de nombreux amis et je vous remercie de m'y accueillir aussi chaleureusement.
Mesdames et messieurs, le Président de la République et le Premier ministre ont voulu renforcer la politique de la ville en faisant de la ville un ministère de plein exercice. C'est un acte fort, qui, vous en conviendrez, témoigne de leurs volontés renouvelées de s'engager au service et au bénéfice des populations les plus fragiles et des territoires sur lesquels se sont accumulées les difficultés.
En tant que ministre, mon souhait est de faire de la ville plus qu'une simple politique. Je veux que notre action soit l'expression de la solidarité nationale. Au travers de la politique qu'ensemble nous allons mener, qu'ensemble nous allons faire vivre, je veux que s'exprime une nouvelle cohésion et qu'apparaisse le visage d'une solidarité réaffirmée ; une solidarité entre les personnes, mais aussi entre les territoires.
Vous le savez mes chers amis, la politique de la ville est une politique interministérielle. Notre champ de compétences est vaste, et il concerne bien souvent un bon nombre de mes collègues du Gouvernement. Je pense à Xavier Bertrand, pour ce qui concerne l'emploi et la santé, Benoît Apparu pour le logement, à Roselyne Bachelot pour la solidarité... et bien d'autres encore.
De fait mes chers amis, la politique de la ville est un champ de compétences tellement vaste qu'il est parfois difficile de ne pas tomber dans le piège de la dilution des politiques publiques. Plus qu'une faiblesse, je vois dans mon ministère une opportunité extraordinaire : parce qu'elle est interministérielle, la politique de la ville engage la Nation entière. C'est pourquoi, je souhaite très rapidement remobiliser les dispositifs de droit commun. Avec mes collègues, nous devons nous engager activement dans ce vaste chantier, à commencer par celui de la rénovation urbaine et sociale impulsé par Nicolas Sarkozy.
Le renforcement du droit commun sera par conséquent au coeur du prochain renouvellement des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS). Je l'ai annoncé au Sénat et je le redis devant vous : les crédits consacrés aux CUCS seront stabilisés en 2011 et seront même prolongés jusqu'en 2014 !
Par ailleurs, je mettrai en oeuvre, dans les prochaines semaines, des expérimentations sur une trentaine de quartiers, qui couvrent près de 300 000 habitants, pour renforcer la mobilisation des crédits de droit commun dans ces contrats urbains de cohésion sociale. Ces contrats devront comporter des engagements sur les politiques de droit commun notamment l'emploi, la sécurité ou encore l'éducation, et se fonder sur un véritable projet territorial, élaboré en très étroite collaboration avec les élus locaux.
Je suis très attaché aux expérimentations. C'est peut-être là l'empirisme de l'élu local qui s'exprime mais je suis persuadé que nous n'expérimentons pas assez dans notre pays ; nous ne faisons pas assez confiance aux acteurs et aux expériences de terrain ; le rôle des élus, c'est de créer des passerelles et d'insuffler de la vitalité. Cette émulation mes chers amis, j'en suis sûr, est une chance pour la France.
Comme le disait François Fillon à Garges-lès-Gonesse le 8 novembre dernier, « l'égalité des chances, ce n'est pas autre chose que de lutter contre le sentiment que les destins s'écrivent sans que chacun ait toutes les cartes en main ». Mes chers amis, le sujet de l'égalité des chances, n'est rien d'autre que le coeur du ministère dont j'ai la responsabilité. Ce sujet mes chers amis, c'est la ville. Et pas seulement la ville d'aujourd'hui, mais aussi celle de demain ! Voilà l'ambition que je porte au service de la réussite des missions que m'ont confiées le Président de la République et le Premier ministre.
Je le pense de toutes mes fibres, la ville doit réunir plutôt que diviser, la ville doit intégrer plutôt qu'exclure. Souvenons-nous que jadis, Paris sut intégrer les faubourgs avec quelle réussite ! La ville que je souhaite promouvoir est une ville qui doit donner les opportunités à chacun autant qu'une ville qui protège, car je crois que sans tranquillité, il n'est pas d'épanouissement possible. Et c'est pourquoi je suis attaché à l'autorité de la loi républicaine. Pour tous, en tous points du territoire national.
Depuis un petit moment déjà mesdames et messieurs, je vous parle de ville, de politique de la ville... Je vous parle de femmes et d'hommes, de destins... Et à cet instant, comment ne pas évoquer l'autre grande mission dont j'ai la responsabilité. Une responsabilité imminente puis que c'est le Président de la République lui-même qui a souhaité que le Grand Paris soit rattaché à mon ministère. Quoi de plus cohérent ? Le Grand Paris, c'est la politique de la ville. La ville, la ville-monde. C'est le Grand Paris.
Le débat public qui concerne actuellement le futur réseau de transports du Grand Paris est absolument nécessaire. Et je souhaite que s'y exprime le maximum de citoyens. Là encore, c'est une vitalité nécessaire, c'est l'expression de la vie de notre République.
Mais, mes chers amis, entendons-nous bien. Si le Grand Paris ne concernait que les transports publics en Ile-de-France, il n'aurait point été besoin de le rattacher à mon ministère.
Le Grand Paris mesdames et messieurs, c'est tout simplement le visage de la France de demain, c'est une certaine idée de notre pays. Dans une compétition internationale inédite, parfois acharnée, la concurrence est rude et les pays s'organisent afin de répondre aux enjeux nouveaux.
Le Grand Paris, c'est la ville-monde dont tout notre pays a besoin. C'est la réponse à la question de l'attractivité dont notre pays et peut-être même plus largement, dont l'Europe a besoin.
Sans redire ce qui a été déjà formulé par Nicolas Sarkozy, je vous dis aujourd'hui ma volonté de faire du Grand Paris un projet qui puisse répondre autant aux préoccupations quotidiennes de nos concitoyens, je pense en particulier aux questions d'emploi, de transports mais aussi de logement, que de porter l'idée d'un nouveau modèle de civilisation. Sans la vision séculaire, il ne s'agirait que d'un projet comme un autre. Sans un solide ancrage dans le quotidien immédiat des Français, le Grand Paris serait une utopie. Ce sont par conséquent ces deux axes que j'entends animer et faire vivre de concert pour réaliser l'immense chantier du Grand Paris.
Le Grand Paris, c'est une ville-monde, mais aussi une nouvelle ville. Une ville écologique, compacte, belle, culturelle, sociale et solidaire. Une ville dense, mixte, intelligente et connectée. Le Grand Paris, c'est une ville repensée faite pour produire de la qualité de vie. Une ville faite pour l'Homme.
Mesdames et Messieurs, c'est dans cette perspective que je souhaite mettre en place un « label Grand Paris » pour définir des critères précis qui permettront à nos concitoyens de commencer à percevoir rapidement ce qu'est le Grand Paris. Sous peu, les premières réalisations concrètes prendront forme et sortiront de terre. Nos concitoyens doivent pouvoir s'approprier dès à présent ce qui leur appartient à tous : leur avenir !
Comme je vous le disais en préambule, ma présence à Gennevilliers est l'occasion de redire que le projet du Grand Paris n'est pas uniquement un projet de transport. Car construire la Région Capitale en promouvant le développement économique de l'Ile-de-France, c'est aussi promouvoir un développement équilibré entre les territoires et favoriser le vivre-ensemble. C'est retisser le lien entre Paris et sa banlieue et agir sur la cohésion sociale.
Gennevilliers cumule les atouts qui font de son territoire un lieu très attractif pour les investisseurs et les franciliens. Sa proximité avec la Défense et le centre de Paris, ses bords de Seine et son port en font un noeud stratégique évident et un pôle économique qui dépasse la seule région Ile-de-France.
Et je veux saluer ici, l'investissement des élus locaux dans le projet du Grand Paris, leur ambition métropolitaine en faveur de tous les habitants, notamment dans le cadre de la rénovation urbaine.
La rénovation urbaine est un outil stratégique pour réduire les inégalités sociales et territoriales. Lancée en 2004 par mon ami Jean-Louis Borloo, elle constitue un des piliers de la politique de la ville. Car les investissements de l'Etat génèrent des chaînes exponentielles en termes de retombées sur le terrain. Ainsi, la rénovation urbaine, ce sont près de 12 milliards d'euros de subventions qui génèrent plus de 42 milliards d'euros de travaux.
Tous les acteurs le reconnaissent, le programme national de rénovation urbaine (PNRU) est une réussite. C'est pourquoi le Premier ministre, comme il l'a annoncé dans son discours de politique générale, m'a confié la mission de prolonger le PNRU, afin que les quartiers qui n'auraient pu saisir cette chance jusqu'alors puissent en profiter.
L'exemple de Gennevilliers en témoigne, l'ANRU est un outil efficace au service d'une véritable mixité sociale et fonctionnelle.
Mes chers amis, la politique de la ville doit également agir sur l'humain, c'est-à-dire l'accompagnement social pour tous les habitants et notamment les plus modestes. Je veux également rendre un hommage appuyé aux personnels de l'Agence nationale pour la cohésion sociale, l'Acsé. On en parle moins, mais cette agence est un complément formidable aux réalisations de l'ANRU. Avec ces deux organismes dont j'ai la responsabilité, la politique de la ville marche sur deux jambes, et c'st un équilibre que j'aime bien.
Car mon ambition, c'est de replacer l'humain et la promotion citoyenne au coeur de l'action publique. En effet mes chers amis, je porte l'idée, de la manière la plus sincère, j'allais dire, de tout mon coeur, que les habitants des banlieues et des quartiers populaires ont le droit comme les autres à un cadre de vie tranquille et de qualité, à un logement décent, à la mobilité, à l'excellence scolaire, au marché du travail et à la remise en service de l'ascenseur social républicain.
Mes chers amis, ma présence ici est justement l'occasion pour moi de mesurer le chemin parcouru grâce à l'action déterminée, audacieuse et généreuse que vous menez au profit des habitants de Gennevilliers, pour améliorer leur cadre de vie.
Gennevilliers et son agglomération développent, avec le soutien de l'Etat, des projets exemplaires dans l'ensemble des champs de la politique de la ville dans le domaine de la rénovation urbaine, mais aussi en matière de désenclavement et dans les domaines sociaux, éducatifs, culturels et associatifs. J'ai eu l'occasion de le constater tout à l'heure sur le terrain, notamment dans le quartier du Luth, que je connais bien.
Souvent, les réalités de l'exclusion, de l'échec scolaire ou encore du chômage bousculent la République, dans ses fondements mêmes. C'est la raison pour laquelle nous devons renforcer l'intégration. Dans les quartiers difficiles, par les personnes en difficultés, nous sommes attendus et chaque femme, chaque homme, porte l'espoir que demain sera meilleur qu'aujourd'hui. C'est une responsabilité immense et c'est précisément pour cette raison que nous devons affronter les problèmes sans détourner notre regard. C'est de face, avec courage, avec audace, en s'appuyant sur un travail collectif et sur des coopérations intelligentes que nous donnerons son vrai sens à l'action publique. C'est aussi par l'éducation, le travail, le mérite, les efforts de tous que nous ferons vivre cette belle et ambitieuse dame qui nous est si chère. La République.
Je vous remercie.
Source http://www.ville.gouv.fr, le 8 décembre 2010