Texte intégral
Q - Bonjour Henri de Raincourt, ministre français chargé de la Coopération. Merci d'être notre invité.
R - La situation est explosive en Côte d'Ivoire, il y a eu 6 morts cet après-midi dans les affrontements qui ont lieu au centre du pays. C'est une situation particulièrement dangereuse. Quelle est la réaction de la France ?
R - La France s'en tient à une ligne de conduite extrêmement claire. La Côte d'Ivoire n'a pas élu son président depuis dix ans. Un processus électoral a été élaboré, porté par la communauté internationale, sous l'égide de l'ONU. La France se range résolument dans cette ligne-là.
Le processus s'est déroulé tout à fait convenablement jusqu'à l'issue du deuxième tour. Les résultats connus, publiés, qui ne sont pas contestables d'ailleurs, donnent l'avantage à M. Ouattara sur M. Gbagbo.
Q - M. Gbagbo refuse de reconnaître ces résultats.
R - Or, effectivement, il refuse de reconnaître les résultats qui pourtant ont été validés par l'ONU, par le Conseil de sécurité de l'ONU, par la communauté internationale, par l'Union africaine, ce qui n'est quand même pas rien pour le continent africain.
Q - Rien ne se passe aujourd'hui Monsieur le Ministre, les partisans de M. Ouattara ont engagé une manifestation pour aller prendre la télévision, cela s'est terminé par 6 morts et c'est un bilan provisoire. Va-t-on laisser les partisans de M. Ouattara affronter ceux de M. Gbagbo sans rien faire ?
R - Depuis le début, la France dit que le processus doit aller à son terme. La démocratie, c'est la paix, la liberté, la légalité. A aucun titre, la violence ne doit recommencer en Côte d'Ivoire et franchement, ce pays, qui déjà est balloté depuis des années, n'en a pas besoin.
Q - Cela veut-il dire que vous condamnez la manifestation demandée par M. Ouattara ?
R - Je condamne toute forme de violence, ce qui ne veut pas dire que descendre dans la rue doit être systématiquement assimilé à une forme de violence.
Ce n'est pas forcément une forme de violence, nous vivons en France en démocratie et on a le droit de descendre dans la rue d'une manière pacifique pour exprimer une opinion. Mais en revanche, la France demande, invite instamment tous les côtés à faire preuve de retenue, à faire preuve de sens des responsabilités.
Q - M. Gbagbo est-il personnellement responsable des violences d'aujourd'hui qui ont fait six morts lorsque ses partisans ont tiré sur les manifestants ?
R - Je ne suis évidemment pas en état de répondre d'une manière très précise à la question que vous posez. Ce qui est clair, c'est que le procureur de la Cour pénale internationale, ce matin-même, a publié un communiqué dans lequel il fait savoir de la manière la plus claire et la plus nette que la Cour pénale internationale procédera à des enquêtes voire à des poursuites à l'égard de toutes celles et ceux qui se livreraient à des violences caractérisées sur les autres et en particulier en tirant sur la foule.
C'est une mesure de portée générale qui ne s'adresse à personne en particulier mais à tout le monde.
Q - Aujourd'hui, Laurent Gbagbo porte-t-il la responsabilité de ce qui arrive ?
R - Ce qui est clair aujourd'hui, c'est que M. Laurent Gbagbo doit montrer, et ce serait le plus grand service qu'il pourrait rendre à la Côte d'Ivoire, qu'il accepte le principe même de la démocratie, son résultat. Les Ivoiriens ont choisi, c'est M. Ouattara qui doit exercer la responsabilité présidentielle et M. Gbagbo doit se retirer avec dignité.
C'est ce que l'on appelle le fonctionnement harmonieux et le fonctionnement tout court d'ailleurs, de la démocratie.
Q - Mais, Monsieur de Raincourt, Laurent Gbagbo le refuse, il y a des pressions, la communauté européenne demande à aller encore plus loin dans des mesures de représailles pour le forcer à quitter le pouvoir, cela veut dire le gel des avoirs, et plusieurs choses encore. Il faut aller plus loin, jusqu'où faut-il aller ?
R - Il y a des sanctions qui sont envisagées sur le plan individuel, il ne s'agit en aucune manière de pénaliser le peuple ivoirien, une nouvelle fois l'ai-je dit.
Q - C'est-à-dire ?
R - Eh bien, nous demandons un certain nombre de sanctions individuelles qui peuvent être le gel des avoirs, la confiscation de biens, qui doit être la reconnaissance de la signature de M. Ouattara auprès des banques et au nom de la Côte d'Ivoire.
Ce sont des choses simples, des choses pacifiques mais des arguments démocratiques qui doivent parvenir à l'emporter sur la violence et à faire en sorte que M. Gbagbo entende raison et assume sa responsabilité.
Q - La Force Licorne Monsieur le Ministre, ce sont 900 soldats français, cela suffit-il éventuellement évacuer 15.000 ressortissants français ? A-t-on ce risque d'évacuation éventuelle ?
R - Aujourd'hui, la Force Licorne compte effectivement environ 900 hommes. Elle est tout à fait prête pour procéder à toutes les opérations d'évacuation de nos compatriotes si cela était nécessaire.
Pour le moment, il n'y a pas de menace particulière, aucun signe de violence à l'encontre de nos compatriotes n'a été manifesté, ne s'est révélé, nous sommes donc vigilants, l'ambassade et le consulat sont en contact permanent avec tous nos ressortissants de façon à prendre les mesures nécessaires. Mais d'ores et déjà, des conseils de prudence leur ont été délivrés pour que tout se passe le mieux possible.
Nous espérons très sincèrement qu'il n'y aura pas de violence à l'égard des étrangers, au-delà des Français qui sont très nombreux à Abidjan.
Q - Un mot aussi, il s'agit d'obtenir la solution de non-ingérence par rapport à ce qui se passe en Côte d'Ivoire. Est-ce la position française ? Est-ce possible de la maintenir encore ?
R - La position française se cale à 100 % sur la position internationale. Il n'y aura pas d'ingérence de la France dans la politique intérieure ivoirienne. C'est quelque chose de clair, de net et de précis.
Q - Un mot tout de même Monsieur le Ministre sur la situation en Haïti. Il y a un candidat très populaire, un chanteur qui n'a pas été retenu pour le second tour et qui demande de nouvelles élections, éventuellement un tour en janvier ou le recomptage des voix. Que fait-on par rapport à cette situation en Haïti ?
R - Les résultats définitifs du premier tour doivent être publiés dans quelques jours, aux alentours du 20 décembre. Il faut donc mettre à profit les 4 jours qui restent pour que les forces politiques en présence à Haïti, fassent, là aussi, preuve de responsabilité, en fonction du code électoral applicable à ce pays.
Q - Pourrait-on recompter les voix ? Y a-t-il des doutes sur les résultats ?
R - Eh bien, si c'est nécessaire. Cela existe aussi en France où dans des élections municipales, si cela est nécessaire, on recompte les voix.
Q - Et on revote éventuellement en janvier ?
R - Nous n'en sommes pas là pour le moment. Il faut voir les résultats qui seront définitivement publiés vers le 20 décembre. On ne peut pas remettre en cause le résultat des élections sans savoir exactement de quoi il en retourne. La démocratie exige la transparence et la clarté tout au long de la procédure.
Q - Cela ne remet pas en cause l'aide internationale à Haïti, comme le demande certains élus américains ?
R - Les Haïtiens ont véritablement un besoin impérieux de l'aide internationale. Après tous les séismes, toutes les catastrophes, toutes les tragédies qui s'abattent sur eux, on ne va pas encore les punir avec des batailles politiciennes qui agitent les hommes et les femmes engagées en politique en Haïti. C'est absolument impossible.
Q - Merci Henri de Raincourt, ministre chargé de la Coopération d'avoir ??té l'invité de TV5-Monde.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 décembre 2010
R - La situation est explosive en Côte d'Ivoire, il y a eu 6 morts cet après-midi dans les affrontements qui ont lieu au centre du pays. C'est une situation particulièrement dangereuse. Quelle est la réaction de la France ?
R - La France s'en tient à une ligne de conduite extrêmement claire. La Côte d'Ivoire n'a pas élu son président depuis dix ans. Un processus électoral a été élaboré, porté par la communauté internationale, sous l'égide de l'ONU. La France se range résolument dans cette ligne-là.
Le processus s'est déroulé tout à fait convenablement jusqu'à l'issue du deuxième tour. Les résultats connus, publiés, qui ne sont pas contestables d'ailleurs, donnent l'avantage à M. Ouattara sur M. Gbagbo.
Q - M. Gbagbo refuse de reconnaître ces résultats.
R - Or, effectivement, il refuse de reconnaître les résultats qui pourtant ont été validés par l'ONU, par le Conseil de sécurité de l'ONU, par la communauté internationale, par l'Union africaine, ce qui n'est quand même pas rien pour le continent africain.
Q - Rien ne se passe aujourd'hui Monsieur le Ministre, les partisans de M. Ouattara ont engagé une manifestation pour aller prendre la télévision, cela s'est terminé par 6 morts et c'est un bilan provisoire. Va-t-on laisser les partisans de M. Ouattara affronter ceux de M. Gbagbo sans rien faire ?
R - Depuis le début, la France dit que le processus doit aller à son terme. La démocratie, c'est la paix, la liberté, la légalité. A aucun titre, la violence ne doit recommencer en Côte d'Ivoire et franchement, ce pays, qui déjà est balloté depuis des années, n'en a pas besoin.
Q - Cela veut-il dire que vous condamnez la manifestation demandée par M. Ouattara ?
R - Je condamne toute forme de violence, ce qui ne veut pas dire que descendre dans la rue doit être systématiquement assimilé à une forme de violence.
Ce n'est pas forcément une forme de violence, nous vivons en France en démocratie et on a le droit de descendre dans la rue d'une manière pacifique pour exprimer une opinion. Mais en revanche, la France demande, invite instamment tous les côtés à faire preuve de retenue, à faire preuve de sens des responsabilités.
Q - M. Gbagbo est-il personnellement responsable des violences d'aujourd'hui qui ont fait six morts lorsque ses partisans ont tiré sur les manifestants ?
R - Je ne suis évidemment pas en état de répondre d'une manière très précise à la question que vous posez. Ce qui est clair, c'est que le procureur de la Cour pénale internationale, ce matin-même, a publié un communiqué dans lequel il fait savoir de la manière la plus claire et la plus nette que la Cour pénale internationale procédera à des enquêtes voire à des poursuites à l'égard de toutes celles et ceux qui se livreraient à des violences caractérisées sur les autres et en particulier en tirant sur la foule.
C'est une mesure de portée générale qui ne s'adresse à personne en particulier mais à tout le monde.
Q - Aujourd'hui, Laurent Gbagbo porte-t-il la responsabilité de ce qui arrive ?
R - Ce qui est clair aujourd'hui, c'est que M. Laurent Gbagbo doit montrer, et ce serait le plus grand service qu'il pourrait rendre à la Côte d'Ivoire, qu'il accepte le principe même de la démocratie, son résultat. Les Ivoiriens ont choisi, c'est M. Ouattara qui doit exercer la responsabilité présidentielle et M. Gbagbo doit se retirer avec dignité.
C'est ce que l'on appelle le fonctionnement harmonieux et le fonctionnement tout court d'ailleurs, de la démocratie.
Q - Mais, Monsieur de Raincourt, Laurent Gbagbo le refuse, il y a des pressions, la communauté européenne demande à aller encore plus loin dans des mesures de représailles pour le forcer à quitter le pouvoir, cela veut dire le gel des avoirs, et plusieurs choses encore. Il faut aller plus loin, jusqu'où faut-il aller ?
R - Il y a des sanctions qui sont envisagées sur le plan individuel, il ne s'agit en aucune manière de pénaliser le peuple ivoirien, une nouvelle fois l'ai-je dit.
Q - C'est-à-dire ?
R - Eh bien, nous demandons un certain nombre de sanctions individuelles qui peuvent être le gel des avoirs, la confiscation de biens, qui doit être la reconnaissance de la signature de M. Ouattara auprès des banques et au nom de la Côte d'Ivoire.
Ce sont des choses simples, des choses pacifiques mais des arguments démocratiques qui doivent parvenir à l'emporter sur la violence et à faire en sorte que M. Gbagbo entende raison et assume sa responsabilité.
Q - La Force Licorne Monsieur le Ministre, ce sont 900 soldats français, cela suffit-il éventuellement évacuer 15.000 ressortissants français ? A-t-on ce risque d'évacuation éventuelle ?
R - Aujourd'hui, la Force Licorne compte effectivement environ 900 hommes. Elle est tout à fait prête pour procéder à toutes les opérations d'évacuation de nos compatriotes si cela était nécessaire.
Pour le moment, il n'y a pas de menace particulière, aucun signe de violence à l'encontre de nos compatriotes n'a été manifesté, ne s'est révélé, nous sommes donc vigilants, l'ambassade et le consulat sont en contact permanent avec tous nos ressortissants de façon à prendre les mesures nécessaires. Mais d'ores et déjà, des conseils de prudence leur ont été délivrés pour que tout se passe le mieux possible.
Nous espérons très sincèrement qu'il n'y aura pas de violence à l'égard des étrangers, au-delà des Français qui sont très nombreux à Abidjan.
Q - Un mot aussi, il s'agit d'obtenir la solution de non-ingérence par rapport à ce qui se passe en Côte d'Ivoire. Est-ce la position française ? Est-ce possible de la maintenir encore ?
R - La position française se cale à 100 % sur la position internationale. Il n'y aura pas d'ingérence de la France dans la politique intérieure ivoirienne. C'est quelque chose de clair, de net et de précis.
Q - Un mot tout de même Monsieur le Ministre sur la situation en Haïti. Il y a un candidat très populaire, un chanteur qui n'a pas été retenu pour le second tour et qui demande de nouvelles élections, éventuellement un tour en janvier ou le recomptage des voix. Que fait-on par rapport à cette situation en Haïti ?
R - Les résultats définitifs du premier tour doivent être publiés dans quelques jours, aux alentours du 20 décembre. Il faut donc mettre à profit les 4 jours qui restent pour que les forces politiques en présence à Haïti, fassent, là aussi, preuve de responsabilité, en fonction du code électoral applicable à ce pays.
Q - Pourrait-on recompter les voix ? Y a-t-il des doutes sur les résultats ?
R - Eh bien, si c'est nécessaire. Cela existe aussi en France où dans des élections municipales, si cela est nécessaire, on recompte les voix.
Q - Et on revote éventuellement en janvier ?
R - Nous n'en sommes pas là pour le moment. Il faut voir les résultats qui seront définitivement publiés vers le 20 décembre. On ne peut pas remettre en cause le résultat des élections sans savoir exactement de quoi il en retourne. La démocratie exige la transparence et la clarté tout au long de la procédure.
Q - Cela ne remet pas en cause l'aide internationale à Haïti, comme le demande certains élus américains ?
R - Les Haïtiens ont véritablement un besoin impérieux de l'aide internationale. Après tous les séismes, toutes les catastrophes, toutes les tragédies qui s'abattent sur eux, on ne va pas encore les punir avec des batailles politiciennes qui agitent les hommes et les femmes engagées en politique en Haïti. C'est absolument impossible.
Q - Merci Henri de Raincourt, ministre chargé de la Coopération d'avoir ??té l'invité de TV5-Monde.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 décembre 2010