Entretien de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, dans "Le Parisien" du 18 décembre 2010, sur la situation politique en Côte d'Ivoire après les élections présidentielles.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Q - A peine nommé à la Coopération lors du dernier remaniement, Henri de Raincourt se trouve confronté à une crise grave.
Nicolas Sarkozy a donné jusqu'à la fin de la semaine à Laurent Gbagbo pour céder le pouvoir sous peine de sanctions. Mais que peuvent faire la France et l'Europe pour l'y contraindre ?
R - La déclaration du président de la République s'inscrit dans le cadre du Sommet européen et se situe dans le droit fil de ce que dit et fait la communauté internationale depuis l'élection du président Ouattara, que tout le continent africain a reconnu.
Le président français mêle sa voix avec force à ce concert international pour rappeler que M. Gbagbo a perdu l'élection et doit quitter le pouvoir. Dans une démocratie, il n'y a aucun déshonneur à perdre une élection, mais il y a un déshonneur à ne pas en respecter le résultat. Je crois que M. Gbagbo et ceux qui sont avec lui devraient bien réfléchir à la situation totalement sans issue dans laquelle, par leur entêtement, ils se sont placés et qui n'est pas sans risque pour eux.
Q - La France n'interviendra pas militairement, mais 900 soldats français sont cependant présents en Côte d'Ivoire...
R - Les forces françaises de Licorne sont là avant tout pour parer à toute éventualité et assurer la sécurité de nos ressortissants présents en Côte d'Ivoire. C'est la mission première et essentielle qui leur est aujourd'hui assignée. Mais il est évident que la force Licorne ne saurait s'engager dans une opération interne de police en Côte d'Ivoire qui ne serait pas directement liée à la sécurité de nos compatriotes. Pour le moment, il n'y a pas de menaces particulières à l'encontre des étrangers, et donc des Français, présents à Abidjan.
Q - Pourquoi la France est-elle accusée de «complot» par les proches de Gbagbo ?
R - Ce sont des accusations sans fondement, mais qui sont à but interne et permettent à Gbagbo - comme il l'a fait dans le passé - de monter les Ivoiriens les uns contre les autres en trouvant un bouc émissaire qui s'appelle la France. Notre pays ne s'engage pas dans une politique individuelle. La France se prononce et agit dans un cadre international, que ce soit au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, dans le cadre de l'Union européenne ou en soutien des positions politiques prises par les Etats africains. La France, à elle seule, ne s'ingère pas dans la politique intérieure de la Côte d'Ivoire.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 décembre 2010