Texte intégral
D. Gotchaux.- A. Juppé bonjour, merci d'être avec nous sur France Info.
Bonjour.
Quel bilan tirez-vous de vos premiers pas en terre afghane depuis que vous êtes ministre de la Défense ?
Ce sont mes premiers pas tout court parce que je n'étais jamais venu en Afghanistan. C'est vrai qu'en un peu plus de 48 heures, j'ai essayé de voir le plus possible le dispositif français sur le terrain dans différents endroits. Vous savez que nous avons ici un dispositif très interarmées : il y a à la fois l'Armée de Terre, l'Armée de l'Air bien sûr et même avec le groupe aéronaval notre Marine, et tout ceci est parfaitement articulé. J'ai trouvé... parce que j'ai souhaité parler avec nos soldats, je les ai rencontrés, on a dîné ensemble, on a fêté le réveillon du 25 décembre ensemble...
On vous a même entendus chanter.
J'ai même chanté les refrains et les airs des commandos de marine, et j'ai essayé de parler surtout, de les écouter, de savoir comment ils percevaient les choses ici. Certains d'entre eux en sont à leur deuxième ou à leur troisième séjour. Je les ai trouvés très motivés, très conscients du sens de la mission qu'ils accomplissent. Parce que le président de la République et le Gouvernement leur a assigné cette mission, mais aussi parce que dans leur esprit il s'agit de défendre les intérêts de notre pays, de défendre notre pays contre le terrorisme qui nous a déjà frappés, qui peut nous frapper demain ou à tout moment, de défendre aussi un certain nombre de principes auxquels ils croient, principes comme les droits de l'Homme et de la Femme bien sûr, la liberté de la personne humaine, l'Etat de droit, la démocratie. Tout cela, ils l'ont bien en tête et au coeur.
L'échéance de 2014 a été fixée au Sommet de Lisbonne, est-ce qu'au-delà de 2014 les soldats français resteront ici, en Afghanistan ?
C'est long, nous n'avons pas vocation, comme l'a dit le président de la République à plusieurs reprises, à rester toujours, mais ce sera long encore. Il y a d'abord ce processus de transition qui a été annoncé à Lisbonne, qui veut dire quoi ? Qui ne veut pas dire que nous partons, qui veut dire que nous passons le relais aux Afghans eux-mêmes. Nous sommes en train de...
Ils sont prêts ?
Ils sont de plus en plus prêts, nous les aidons à se préparer, nous les formons et d'ailleurs les formateurs français sont très appréciés, nos gendarmes qui forment les forces de police ou nos militaires qui forment les forces de sécurité. C'est à eux d'assumer cette mission puisque nous ne sommes pas ici pour occuper l'Afghanistan, nous sommes ici pour aider le Gouvernement afghan à s'affirmer et à maîtriser la situation, et il y a des avancées. Et puis, au-delà de 2014, pas question de laisser tomber l'Afghanistan, qui aura besoin, sur le long terme, d'un vrai partenariat, avec les pays de l'Alliance Atlantique, et aussi de partenariats bilatéraux, comme l'a souhaité le président KARZAÏ lorsque je l'ai rencontré hier. Alors, ça veut dire quoi ce partenariat ? Cela veut dire qu'on n'est plus en formation de combat, quand vous me disiez : nos soldats vont rester, non, ils ne vont pas rester indéfiniment, mais il y a d'autres formes de partenariats, notamment pour aider l'Afghanistan dans son développement. C'est encore un pays pauvre, il a beaucoup de potentialités, beaucoup de richesses naturelles, mais c'est aujourd'hui un pays pauvre, et sa reconstruction va nécessité de l'accompagnement.
Mercredi, nous serons le 29 décembre, ça fera un an que H. Ghesquiere et S. Taponier ont été pris en otage, vous avez, bien sûr, évoqué cette question avec le président Karzaï. On sait que les négociations existent, sont en cours, en continu, qu'il y a un canal, pourquoi ça prend aujourd'hui autant de temps ?
Je comprends la déception, l'impatience des familles et de l'ensemble du comité de soutien, nous les informons très régulièrement, dès que nous avons des faits nouveaux, ils savent que nous avons eu des preuves récentes de vie, donc ils vont bien, ils sont, malgré des conditions de détention très dures, bien traités. Nous avons besoin du soutien des autorités afghanes pour avancer vers leur libération. Le président Karzaï m'a assuré que ce soutien existait, mais pour rester fidèle à la ligne conduite que je me suis fixé, je ne veux pas donner de fausses espérances, je ne vais pas vous dire : c'est demain, après-demain, parce que je ne le sais pas. J'espère que ça viendra le plus vite possible, et je suis confiant.
Pour terminer, on va changer de région du monde, il y a la Côte d'Ivoire qui s'embrase, comment ça peut évoluer ?
Eh bien, nous suivons quasiment heure par heure les développements, cette vigilance est nécessaire parce que ça peut déraper. Monsieur Gbagbo s'accroche à un pouvoir qu'il ne détient plus, puisque le peuple ivoirien a très clairement manifesté son choix, et je crois que c'est assez impressionnant de voir - c'est assez rare d'ailleurs dans ce genre de circonstances - toute la communauté internationale faire bloc, le Conseil de sécurité des Nations Unies, ce n'est pas fréquent qu'il prenne position sur le résultat d'une élection nationale, mais aussi l'Union européenne, l'Union africaine, ce qui est très important, tous les Etats voisins de la Côte d'Ivoire. Et puis, les Etats-Unis, la France, tous nos partenaires européens, nous disons quoi ? Nous disons : il y a eu des élections, ces élections se sont déroulées dans des conditions normales, elles ont donné un résultat très net, 54% et un peu plus pour monsieur Ouattara, et donc c'est lui le président légitime, et c'est lui qui doit exercer le pouvoir. Nous le faisons aujourd'hui en appelant monsieur Gbagbo au sens des responsabilités, si cela ne suffit pas, des sanctions seront nécessaires, et nous sommes évidemment prêts à nous y associer.
Et la force pourrait être utilisée ?
Si la force doit être utilisée, c'est aux Nations Unies de le décider ou aux organisations africaines. Ça n'est pas la France qui va le décider. Nous, notre dispositif militaire, le dispositif Licorne, il est fait pour protéger nos ressortissants s'ils étaient menacés. Et là-dessus, bien sûr, nous n'hésiterions pas. Ils sont 15.000, nous leur avons donné un certain nombre de conseils, notamment lorsqu'ils le peuvent, de retourner en métropole, ils ont aussi des consignes pour se regrouper, et donc si le moindre danger pesait sur eux, alors, à ce moment-là, nous interviendrions pour les protéger.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 28 décembre 2010
Bonjour.
Quel bilan tirez-vous de vos premiers pas en terre afghane depuis que vous êtes ministre de la Défense ?
Ce sont mes premiers pas tout court parce que je n'étais jamais venu en Afghanistan. C'est vrai qu'en un peu plus de 48 heures, j'ai essayé de voir le plus possible le dispositif français sur le terrain dans différents endroits. Vous savez que nous avons ici un dispositif très interarmées : il y a à la fois l'Armée de Terre, l'Armée de l'Air bien sûr et même avec le groupe aéronaval notre Marine, et tout ceci est parfaitement articulé. J'ai trouvé... parce que j'ai souhaité parler avec nos soldats, je les ai rencontrés, on a dîné ensemble, on a fêté le réveillon du 25 décembre ensemble...
On vous a même entendus chanter.
J'ai même chanté les refrains et les airs des commandos de marine, et j'ai essayé de parler surtout, de les écouter, de savoir comment ils percevaient les choses ici. Certains d'entre eux en sont à leur deuxième ou à leur troisième séjour. Je les ai trouvés très motivés, très conscients du sens de la mission qu'ils accomplissent. Parce que le président de la République et le Gouvernement leur a assigné cette mission, mais aussi parce que dans leur esprit il s'agit de défendre les intérêts de notre pays, de défendre notre pays contre le terrorisme qui nous a déjà frappés, qui peut nous frapper demain ou à tout moment, de défendre aussi un certain nombre de principes auxquels ils croient, principes comme les droits de l'Homme et de la Femme bien sûr, la liberté de la personne humaine, l'Etat de droit, la démocratie. Tout cela, ils l'ont bien en tête et au coeur.
L'échéance de 2014 a été fixée au Sommet de Lisbonne, est-ce qu'au-delà de 2014 les soldats français resteront ici, en Afghanistan ?
C'est long, nous n'avons pas vocation, comme l'a dit le président de la République à plusieurs reprises, à rester toujours, mais ce sera long encore. Il y a d'abord ce processus de transition qui a été annoncé à Lisbonne, qui veut dire quoi ? Qui ne veut pas dire que nous partons, qui veut dire que nous passons le relais aux Afghans eux-mêmes. Nous sommes en train de...
Ils sont prêts ?
Ils sont de plus en plus prêts, nous les aidons à se préparer, nous les formons et d'ailleurs les formateurs français sont très appréciés, nos gendarmes qui forment les forces de police ou nos militaires qui forment les forces de sécurité. C'est à eux d'assumer cette mission puisque nous ne sommes pas ici pour occuper l'Afghanistan, nous sommes ici pour aider le Gouvernement afghan à s'affirmer et à maîtriser la situation, et il y a des avancées. Et puis, au-delà de 2014, pas question de laisser tomber l'Afghanistan, qui aura besoin, sur le long terme, d'un vrai partenariat, avec les pays de l'Alliance Atlantique, et aussi de partenariats bilatéraux, comme l'a souhaité le président KARZAÏ lorsque je l'ai rencontré hier. Alors, ça veut dire quoi ce partenariat ? Cela veut dire qu'on n'est plus en formation de combat, quand vous me disiez : nos soldats vont rester, non, ils ne vont pas rester indéfiniment, mais il y a d'autres formes de partenariats, notamment pour aider l'Afghanistan dans son développement. C'est encore un pays pauvre, il a beaucoup de potentialités, beaucoup de richesses naturelles, mais c'est aujourd'hui un pays pauvre, et sa reconstruction va nécessité de l'accompagnement.
Mercredi, nous serons le 29 décembre, ça fera un an que H. Ghesquiere et S. Taponier ont été pris en otage, vous avez, bien sûr, évoqué cette question avec le président Karzaï. On sait que les négociations existent, sont en cours, en continu, qu'il y a un canal, pourquoi ça prend aujourd'hui autant de temps ?
Je comprends la déception, l'impatience des familles et de l'ensemble du comité de soutien, nous les informons très régulièrement, dès que nous avons des faits nouveaux, ils savent que nous avons eu des preuves récentes de vie, donc ils vont bien, ils sont, malgré des conditions de détention très dures, bien traités. Nous avons besoin du soutien des autorités afghanes pour avancer vers leur libération. Le président Karzaï m'a assuré que ce soutien existait, mais pour rester fidèle à la ligne conduite que je me suis fixé, je ne veux pas donner de fausses espérances, je ne vais pas vous dire : c'est demain, après-demain, parce que je ne le sais pas. J'espère que ça viendra le plus vite possible, et je suis confiant.
Pour terminer, on va changer de région du monde, il y a la Côte d'Ivoire qui s'embrase, comment ça peut évoluer ?
Eh bien, nous suivons quasiment heure par heure les développements, cette vigilance est nécessaire parce que ça peut déraper. Monsieur Gbagbo s'accroche à un pouvoir qu'il ne détient plus, puisque le peuple ivoirien a très clairement manifesté son choix, et je crois que c'est assez impressionnant de voir - c'est assez rare d'ailleurs dans ce genre de circonstances - toute la communauté internationale faire bloc, le Conseil de sécurité des Nations Unies, ce n'est pas fréquent qu'il prenne position sur le résultat d'une élection nationale, mais aussi l'Union européenne, l'Union africaine, ce qui est très important, tous les Etats voisins de la Côte d'Ivoire. Et puis, les Etats-Unis, la France, tous nos partenaires européens, nous disons quoi ? Nous disons : il y a eu des élections, ces élections se sont déroulées dans des conditions normales, elles ont donné un résultat très net, 54% et un peu plus pour monsieur Ouattara, et donc c'est lui le président légitime, et c'est lui qui doit exercer le pouvoir. Nous le faisons aujourd'hui en appelant monsieur Gbagbo au sens des responsabilités, si cela ne suffit pas, des sanctions seront nécessaires, et nous sommes évidemment prêts à nous y associer.
Et la force pourrait être utilisée ?
Si la force doit être utilisée, c'est aux Nations Unies de le décider ou aux organisations africaines. Ça n'est pas la France qui va le décider. Nous, notre dispositif militaire, le dispositif Licorne, il est fait pour protéger nos ressortissants s'ils étaient menacés. Et là-dessus, bien sûr, nous n'hésiterions pas. Ils sont 15.000, nous leur avons donné un certain nombre de conseils, notamment lorsqu'ils le peuvent, de retourner en métropole, ils ont aussi des consignes pour se regrouper, et donc si le moindre danger pesait sur eux, alors, à ce moment-là, nous interviendrions pour les protéger.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 28 décembre 2010