Déclaration de Mme Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat aux solidarités et à la cohésion sociale, sur la lutte contre la pauvreté et l'exclusion et les objectifs fixés par le Conseil européen dans le cadre de la Stratégie 2020, Paris le 16 décembre 2010.

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Circonstance : Clôture de l'année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale à Paris le 16 décembre 2010

Texte intégral


Les travaux poursuivis tout au long de cette année dans le cadre de l'Année Européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion doivent être considérés comme une opportunité. Une opportunité immense pour notre continent de prendre en compte durablement ce sujet dans le cadre de la programmation de ses politiques à long terme. Je parle d'opportunité car nous sommes persuadés, en France, de l'importance fondamentale de l'action de l'Union Européenne vis à vis des populations qui souffrent aujourd'hui ; elles sont dans des situations très difficiles, et j'en profite pour saluer leurs représentants qui sont présents à nos cotés dans cette salle.
Près d'un quart de la population de l'Union Européenne est menacée de pauvreté ou d'exclusion sociale. On comprend, dès lors, l'urgence qu'il y a à agir sur cette question. La France,, souhaite prendre toute sa place dans l'accompagnement des politiques de lutte contre ce fléau. L'ensemble de nos politiques nationales ainsi que notre engagement européen sont autant de facteurs de l'importance qu'attache notre pays à ce sujet.
A ce titre, nous nous réjouissons de la volonté du Conseil européen de réduire de 20 millions le nombre de personnes confrontées au risque de pauvreté ou d'exclusion sociale d'ici dix ans et je tiens à réaffirmer devant vous le soutien de la France à cet objectif.
La France est heureuse que sa contribution à l'année européenne ait permis le renforcement de la visibilité et de la prise de conscience du public sur la pauvreté et l'exclusion sociale. Ce qui me parait tout particulièrement intéressant, c'est que cette Année a finalement eu le mérite de réaffirmer l'attachement de nos peuples et de nos pays à venir en aide aux plus faibles et aux plus démunis qui composent notre Europe. Cette Europe à visage humain, qui montre concrètement comment elle peut changer la vie de nos citoyens.
L'adoption de la Stratégie 2020 me pousse à penser que nous avons posé la première pierre d'une aventure commune, engagée depuis longtemps et que nous allons, sous cette forme, devoir continuer à bâtir. L'engagement de la France sur ces questions sera inébranlable. L'objectif fixé par le Conseil Européen est historique et la France attache beaucoup d'importance à ce que nous nous engagions durablement dans la poursuite de cet objectif. Le Président de la République Française, Nicolas Sarkozy, a d'ores-et-déjà pris en France des mesures exceptionnelles pour réduire la pauvreté dans notre pays. D'ici 2012, la France aura réduit le nombre de personnes vivant en état de pauvreté d'un tiers. Cet objectif sera atteint.
L'impulsion de l'ensemble des acteurs à cette Année Européenne ne doit pas retomber, et, je le dis avec force, il est essentiel, pour nous, politiques et acteurs de cette réalité de prendre ce sujet à bras le corps et de permettre à ce souffle nouveau de naitre et de prospérer. Les objectifs fixés par la Stratégie 2020 sont, et je le dis encore une fois, des objectifs pertinents et historiques. La France considère qu'il s'agit là d'une étape clef : nous devons maintenant consolider les acquis de l'Année : renforcer les partenariats qui se sont noués, les réseaux qui se sont formés et consolider le cadre que nous nous sommes donnés avec la nouvelle stratégie : le nouvel objectif chiffré doit aussi nous aider à poursuivre notre travail de sensibilisation de l'opinion et des décideurs. La plate forme européenne de lutte contre la pauvreté doit nous aider à mieux nous saisir des enjeux du présent et de l'avenir.
Gardons à l'esprit que la misère recouvre toujours des drames humains. Face à tant de désarroi et désespoir, l'Europe doit se faire la « voix des sans voix ». La solidarité, ce n'est pas aider les gens à survivre dans l'exclusion c'est d'abord prévenir par la stricte inclusion sociale la dégradation des situations individuelles. C'est évidemment aussi les aider à s'en sortir. Je suis particulièrement attachée à la notion « d'empowerment » qui est , à mon sens, une condition décisive à développer et à mettre en place pour le maintien de toute les capacités résiduelles des citoyens fragilisés et en situation de pauvreté.
A ce titre, je suis intimement persuadée que pour lutter contre l'exclusion, il faut une patience immense, une grande modestie et beaucoup de respect pour remporter ces victoires essentielles qui sont d'offrir l'espoir à ces naufragés de la vie, dont les amarres avec l'humanité finissent par rompre dans la tempête économique et financière qu'affrontent nos démocraties occidentales.
Je note également que la méthode ouverte de coordination a permis de renforcer la participation des plus démunis à la définition des politiques publiques en matière de lutte contre la pauvreté et que les acquis de cette méthode ont pu être mis en valeur durant cette année européenne. La France s'attachera dans les tous prochains mois à poursuivre ce travail sur la participation qui est à la base de l'inclusion active de l'ensemble des citoyens.
Par ailleurs, je tiens à faire le lien avec l'Année 2011, année européenne du bénévolat et du volontariat : sans ces dizaines et centaines de milliers de bénévoles qui donnent sans compter du temps et de l'argent pour mener ce combat contre l'exclusion, souvent, rien ne serait possible. Tous ces bénévoles incarnent aussi la notion même de solidarité c'est-à-dire l'écoute, l'entraide et le respect. L'apport des bénévoles à cette maison que nous allons construire ensemble est un trait d'union entre les Hommes. Avec le concours de l'Etat, notre détermination à porter ces projets sera sans faille.
Pour conclure, bien chers collègues, je souhaite citer l'Abbé Pierre, qui fut en France le porteur du 4ème pilier de notre république, la solidarité. « Nous avons la responsabilité de montrer à l'humanité un autre bonheur, une autre convoitise, un autre rêve... ». La France compte sur l'Europe, et sera à ses côtés, pour poursuivre cet objectif.
Je vous remercie.
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 4 janvier 2011