Texte intégral
"Mesdames et Messieurs, bonjour,
Je suis heureux de vous accueillir et je vous remercie de vous être déplacés.
Nous sommes très satisfaits d'avoir eu cette matinée de travail à l'occasion de la venue à Paris d'Andris Piebalgs, Commissaire européen chargé du développement. Cette matinée nous a permis de faire un tour d'horizon, le plus approfondi possible, sur les grands sujets des politiques de développement, à la fois français et européens, sujets qui sont naturellement en lien direct avec l'actualité que nous connaissons en ce moment.
Nous avons fait le tour de toutes les orientations générales de la Présidence française du G8 et du G20 et de l'articulation que nous pouvons mettre en oeuvre avec l'Union européenne, de façon à nous donner sur tous les sujets que vous connaissez les meilleures chances de progresser.
Ensuite, nous avons, et vous n'en serez pas surpris, parlé des financements innovants qui sont pour nous un sujet très important. Nous considérons qu'il y a des problématiques nouvelles qui se posent aujourd'hui en matière de développement et que l'on ne pourra pas y répondre avec les outils d'hier. La politique de développement étant ce qu'elle est, le simple ajout de dispositions supplémentaires nous contraint à trouver sous une forme ou une autre, des financements nouveaux. Nous sommes convenus de travailler plus étroitement ensemble dans les prochaines semaines.
Nous avons également évoqué la situation au Sahel. Nous attendons dans les prochaines semaines une prise de position de l'Union européenne sur sa stratégie dans la région qui est un enjeu non seulement pour la France - et je l'évoque en cet instant douloureux alors que se déroulent les obsèques de nos deux jeunes compatriotes dans le Nord - mais également pour l'Europe toute entière.
Nous avons enfin parlé de la Guinée, et de tous les autres sujets qui concernent l'Afrique.
Q - Dans le cadre de cette stratégie pour le Sahel, avez-vous discuté d'une levée des sanctions, par exemple contre le Niger qui avaient été prises en application de Cotonou et quand pourra-t-elle intervenir ?
R - Comme le Commissaire vous l'a dit, effectivement, les derniers évènements tragiques que nous avons vécus nous confortent dans cette idée de la nécessité qu'il y a pour l'Union européenne de bien se positionner par rapport à la problématique Sahel, et en particulier par rapport à la question des sanctions. Le rapport de l'Union européenne devrait être publié fin janvier ou au début février. On souhaite que ce rapport soit aussi complet et précis que possible et qu'il « embrasse » toutes les questions, notamment celle que vous avez soulevée sur la levée des sanctions. Mais je ne peux pas préjuger de ce que sera la position de l'Union européenne.
Q - La France demande la fin des sanctions contre le Niger ?
R - La France l'a demandé déjà depuis quelques temps.
Q - Je vois qu'il y a beaucoup d'argent qui va être consacré au développement, on parle beaucoup de l'économie verte, etc. Y aura-t-il une ligne pour ces créations d'emploi vert à l'échelon du développement et de la coopération parce que dans les pays du Maghreb, vous voyez que ces pays sont parfois riches comme l'Algérie mais que la situation de l'assainissement, etc. n'est pas merveilleuse, et il y a sûrement là des opportunités car c'est une façon de donner aux gens, une sécurité, une meilleure vie et cela peut résoudre certain problème. Y-a-t-il, donc, une ligne pour ce que nous appelons cette économie verte ?
R - Madame, je pense que l'économie verte est essentielle. Peut-on l'individualiser par une ligne budgétaire ? Je ne suis pas certain que ce soit la source-même de l'efficacité parce que cette thématique est présente dans plusieurs domaines.
Quand on parle d'énergie, on aborde forcément la question. Quand on parle de climat, on aborde la question. Quand on parle d'eau, et vous savez que nous sommes en train de préparer pour 2012 le Forum mondial de l'Eau de Marseille, on abordera la question.
Mais « ramasser » - excusez-moi l'expression - tous ces emplois sur une même ligne budgétaire, ce n'est pas forcément une source d'efficacité.
Q - Vous avez parlé du lien entre la sécurité et le développement au Sahel, pouvez-vous nous donner plus de détails, ou une idée de vos propositions concrètes pour résoudre ce problème qui est un problème à court terme, mais qui est aussi un problème, bien sûr, à long terme ?
R - Nous faisons le lien entre sécurité et développement parce que nous pensons que sur un territoire donné, que ce soit le Sahel, puisque l'on en parle, mais c'est également applicable ailleurs, s'il n'y a pas de développement, cela peut favoriser des mouvements débouchant sur la violence. C'est donc en cela que nous disons que le lien est étroit et évident entre la sécurité et le développement. Nous nous devons de mener une politique de développement ambitieuse, mais aussi une politique de développement adaptée à la réalité du terrain.
Si l'on veut qu'elle ait des chances de produire des effets positifs, il faut des politiques de développement qui correspondent aux priorités des pays concernés, parce qu'il nous semble que ce sont les habitants et les responsables de ces pays qui sont les mieux à même d'établir la liste des priorités qui donnent au développement un contenu réel et proche.
Il n'y a pas un modèle applicable partout mais il y a autant de modèles qu'il y a de problèmes qui se posent et parfois dans un même pays. La problématique n'est pas la même selon que l'on se trouve au Nord ou au Sud du pays. En la matière, on fait du sur-mesure avec les responsables de ces pays. Si je prends l'exemple récent de la Guinée Conakry, le président Alpha Condé nous a demandé de l'épauler dans un certain nombre de domaines. Nous lui avons dit que nous étions tout à fait disposés à le faire mais que nous pensions que le mieux serait que les Guinéens eux-mêmes nous fassent part très précisément leur vision et de leur souhait dans ces domaines des politiques qu'il était nécessaire d'encourager et de développer.
Je crois que c'est de cette façon qu'il faut procéder.
Par ailleurs, et comme je l'ai rappelé au Commissaire Piebalgs, nous avons fait plusieurs propositions à l'Union européenne en matière de gouvernance des Etats. Par exemple en matière d'organisation de la coopération judiciaire. Nous avons également fait part des possibilités d'aide en terme de politique de sécurité - à ne pas confondre avec une politique sécuritaire - de coopération militaire et nous avons pour le Sahel proprement dit des crédits disponibles mais que l'on articulera en fonction de la stratégie pour le Sahel qui sera publiée par l'Union européenne. Nous avons à cet égard je crois déjà préparé plus de 100 millions d'euros au titre de la France.
Q - J'ai entendu dans une certaine presse que les réseaux des terroristes au Sahel étaient financés de façon indirecte par le trafic de drogue arrivant sur les côtes de l'Afrique, est ce vrai ?
R -.En effet on nous explique régulièrement qu'il y a une route de la drogue venant d'Amérique du Sud traversant l'Afrique, et en particulier cette zone du Sahel, et qui arriverait ensuite en Europe. Il est évident que si l'on arrive à développer une politique de sécurité, on a peut-être des chances de couper cette route de la drogue, qui est l'un des pourvoyeurs des financements des réseaux terroristes.
Merci."
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 janvier 2011