Texte intégral
Q - Pourquoi Paris a-t-il refusé de recevoir, il y a une semaine, l'ex-président Ben Ali ?
R - Nous n'avons jamais eu aucune demande de sa part pour venir en France. Il y a eu beaucoup de rumeurs. Elles étaient sans fondement.
Q - Comment évaluez-vous la situation en Tunisie ?
R - Nous avons suivi avec une extrême attention la situation depuis le début de la crise, en refusant toute forme d'ingérence. La France, que tant de liens d'amitié unissent à la Tunisie, a pris acte de la volonté du peuple tunisien qui a exprimé avec une force et une détermination exceptionnelle son aspiration à la démocratie et à un changement profond.
Mohammed Ghannouchi, le Premier ministre sortant et reconduit, a souhaité témoigner d'une certaine ouverture dans la composition du nouveau gouvernement. Les titulaires des grands ministères régaliens du régime précédent ont été reconduits dans leurs fonctions. Cette situation présentée comme nécessaire pour assurer la continuité du service public a suscité de vives protestations de la part d'un peuple qui aspire à une franche rupture. Elle a conduit certains ministres d'ouverture à la démission.
Dans cette situation très tendue et très difficile, l'enjeu est de parvenir à constituer un gouvernement capable de convaincre le peuple tunisien de sa crédibilité pour préparer des élections libres et démocratiques.
Q - Y-a-t-il un changement dans la relation entre la France et la Tunisie ?
R - Les liens entre la France et la Tunisie et entre nos deux peuples sont profonds et anciens. On peut le mesurer à la préoccupation et à la sympathie avec laquelle les Français ont suivi les événements, et qui est au moins égale à celle que l'on a vue dans les pays arabes et notamment ici en Jordanie. Compte tenu des liens économiques - la France est le premier partenaire économique de la Tunisie - culturels et humains, la relation que nous avons avec la Tunisie ne peut que demeurer d'un niveau exceptionnel.
Q - Quelle est votre analyse aujourd'hui de la situation au Liban ?
R - Le message de la France est constant : nous appuyons les autorités libanaises qui s'efforcent aujourd'hui de préserver la stabilité du pays et de composer un nouveau gouvernement. Nous pensons qu'il n'y a aucune fatalité à la crise.
Le président de la République a proposé que des pays entretenant des liens particuliers avec le Liban et la région mettent leurs efforts en commun pour aider le Liban à surmonter les difficultés auxquelles il est actuellement confronté.
Je me suis entretenue sur ce sujet dès lundi avec Ahmet Davutoglu, mon collègue turc, avant les entretiens qu'il a eu cette semaine à Damas et à Beyrouth .
Nous sommes opposés à une prise en otage politique du travail du Tribunal spécial pour le Liban. C'est une juridiction indépendante, créée par la communauté internationale. Nul ne peut le paralyser. Il doit pouvoir poursuivre son travail. On ne peut opposer justice et stabilité. Elles vont en réalité de pair.
Q - Quel est l'objectif de votre tournée régionale au Proche-Orient, que vous terminez aujourd'hui à Amman ?
R - C'est ma première visite dans la région depuis mon entrée en fonction. J'ai tenu à faire très rapidement cette visite car je pense important de passer un certain nombre de messages et de prendre contact avec la réalité du terrain, en particulier à Gaza où je me suis rendue hier. A nos amis israéliens, j'ai redit que la paix était la meilleure et la seule solution pour assurer la sécurité d'Israël, que la paix passait par la création d'un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale d'Israël et de cet Etat palestinien. Oui, il y a, dans la négociation des obstacles et des risques pour les deux parties. Nous ne les sous estimons pas. La France est prête, avec ses partenaires européens, à réfléchir aux garanties, notamment de sécurité, que nous pourrions apporter pour soutenir cet accord de paix.
J'ai également dit combien nous jugions le blocus imposé par Israël sur la Bande de Gaza contreproductif. Ses conséquences sur la population civile ne sont pas acceptables. Je tiens à saluer à ce titre les efforts entrepris pour alléger les difficultés de la population, notamment ceux de la Jordanie à travers l'hôpital militaire qu'elle y a déployé.
Cette tournée régionale est aussi pour moi l'occasion de renouveler l'appel solennel à la tolérance et au respect de la liberté de conscience et de religion que j'ai lancé à Doha lors du Forum pour l'Avenir.
Q - le Processus de paix est au point mort. Pourquoi ?
R - La France comme la Jordanie considèrent qu'il faut résister à la tentation du renoncement et continuer à faire le pari de la paix. Je salue le rôle irremplaçable du Roi Abdallah II qui a plaidé inlassablement tant auprès de la communauté internationale qu'auprès de ses partenaires arabes, y compris dans les moments les plus difficiles, pour intensifier les efforts de négociations. Ils constituent la seule voie pour une paix juste et durable fondée sur la solution des deux Etats.
?Une réflexion plus collective est nécessaire pour augmenter l'efficacité du processus. L'Union européenne est prête à mettre son poids dans la balance pour contribuer à la mise en oeuvre d'un accord de paix. Le Quartet dans son ensemble veut être plus étroitement associé aux efforts américains - le président Medvedev était d'ailleurs dans la région cette semaine -, tout comme les pays arabes, qui ont proposé, la Jordanie en tête, l'Initiative arabe de paix en 2002.
Q - Pourquoi l'Union européenne ne fait-elle pas plus directement pression sur Israël au sujet des colonies en Cisjordanie ?
R - La position de la France est claire et constante : la colonisation est contraire au droit international et elle doit cesser. La France condamne systématiquement la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est : ce fut encore le cas lundi 10 janvier, suite aux travaux engagés sur le site de l'hôtel Shepherd au coeur du quartier de Sheikh Jarrah. Nous agissons sur le terrain en conformité avec cette position. Par exemple, les produits issus des colonies ne bénéficient pas des préférences commerciales accordées aux produits originaires d'Israël lorsqu'ils sont exportés vers la France ou vers l'Europe.
Q - Quelle est la position de la France sur le référendum au Sud Soudan et sur la partition ?
R - J'ai reçu à Paris, début janvier, mon homologue soudanais Ali Ahmed Karti. Il m'a réaffirmé la volonté du gouvernement soudanais de reconnaître le résultat du scrutin. La tenue d'un référendum libre et transparent, a été une étape importante vers la mise en oeuvre complète de l'Accord de paix global, signé en 2005 à Naïvasha. La France appelle à la poursuite des discussions sur les questions post-référendaires et à l'engagement de maintenir la paix entre le Nord et le Sud, quelle que soit l'issue du référendum.
Q - Où en est le partenariat stratégique entre la France et la Jordanie, annoncé par le Premier ministre François Fillon, lors de sa visite à Amman en 2010 ?
R - Lors la visite du Premier ministre François Fillon, en février dernier, la France a proposé à la Jordanie un partenariat global, économique, politique et culturel conforme au souhait du président de la République et du Roi Abdallah II.
Sur le plan bilatéral et s'agissant des grands dossiers économiques, axes structurants de notre partenariat, plusieurs engagements ont été concrétisés. Dans le domaine des transports, la France finance la préparation du projet ferroviaire national et le projet de bus en site propre d'Amman. Dans le domaine de l'énergie y compris l'électro-nucléaire, nous poursuivons notre engagement pour aider la Jordanie à améliorer sa sécurité, son autonomie énergétiques et les conditions de son approvisionnement en eau, nécessaires à sa stabilité et à son développement.
Les entreprises françaises ont confiance dans le potentiel de la Jordanie. Une délégation de plus de vingt chefs d'entreprises français se rendra ainsi la semaine prochaine à Amman.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 janvier 2011
R - Nous n'avons jamais eu aucune demande de sa part pour venir en France. Il y a eu beaucoup de rumeurs. Elles étaient sans fondement.
Q - Comment évaluez-vous la situation en Tunisie ?
R - Nous avons suivi avec une extrême attention la situation depuis le début de la crise, en refusant toute forme d'ingérence. La France, que tant de liens d'amitié unissent à la Tunisie, a pris acte de la volonté du peuple tunisien qui a exprimé avec une force et une détermination exceptionnelle son aspiration à la démocratie et à un changement profond.
Mohammed Ghannouchi, le Premier ministre sortant et reconduit, a souhaité témoigner d'une certaine ouverture dans la composition du nouveau gouvernement. Les titulaires des grands ministères régaliens du régime précédent ont été reconduits dans leurs fonctions. Cette situation présentée comme nécessaire pour assurer la continuité du service public a suscité de vives protestations de la part d'un peuple qui aspire à une franche rupture. Elle a conduit certains ministres d'ouverture à la démission.
Dans cette situation très tendue et très difficile, l'enjeu est de parvenir à constituer un gouvernement capable de convaincre le peuple tunisien de sa crédibilité pour préparer des élections libres et démocratiques.
Q - Y-a-t-il un changement dans la relation entre la France et la Tunisie ?
R - Les liens entre la France et la Tunisie et entre nos deux peuples sont profonds et anciens. On peut le mesurer à la préoccupation et à la sympathie avec laquelle les Français ont suivi les événements, et qui est au moins égale à celle que l'on a vue dans les pays arabes et notamment ici en Jordanie. Compte tenu des liens économiques - la France est le premier partenaire économique de la Tunisie - culturels et humains, la relation que nous avons avec la Tunisie ne peut que demeurer d'un niveau exceptionnel.
Q - Quelle est votre analyse aujourd'hui de la situation au Liban ?
R - Le message de la France est constant : nous appuyons les autorités libanaises qui s'efforcent aujourd'hui de préserver la stabilité du pays et de composer un nouveau gouvernement. Nous pensons qu'il n'y a aucune fatalité à la crise.
Le président de la République a proposé que des pays entretenant des liens particuliers avec le Liban et la région mettent leurs efforts en commun pour aider le Liban à surmonter les difficultés auxquelles il est actuellement confronté.
Je me suis entretenue sur ce sujet dès lundi avec Ahmet Davutoglu, mon collègue turc, avant les entretiens qu'il a eu cette semaine à Damas et à Beyrouth .
Nous sommes opposés à une prise en otage politique du travail du Tribunal spécial pour le Liban. C'est une juridiction indépendante, créée par la communauté internationale. Nul ne peut le paralyser. Il doit pouvoir poursuivre son travail. On ne peut opposer justice et stabilité. Elles vont en réalité de pair.
Q - Quel est l'objectif de votre tournée régionale au Proche-Orient, que vous terminez aujourd'hui à Amman ?
R - C'est ma première visite dans la région depuis mon entrée en fonction. J'ai tenu à faire très rapidement cette visite car je pense important de passer un certain nombre de messages et de prendre contact avec la réalité du terrain, en particulier à Gaza où je me suis rendue hier. A nos amis israéliens, j'ai redit que la paix était la meilleure et la seule solution pour assurer la sécurité d'Israël, que la paix passait par la création d'un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale d'Israël et de cet Etat palestinien. Oui, il y a, dans la négociation des obstacles et des risques pour les deux parties. Nous ne les sous estimons pas. La France est prête, avec ses partenaires européens, à réfléchir aux garanties, notamment de sécurité, que nous pourrions apporter pour soutenir cet accord de paix.
J'ai également dit combien nous jugions le blocus imposé par Israël sur la Bande de Gaza contreproductif. Ses conséquences sur la population civile ne sont pas acceptables. Je tiens à saluer à ce titre les efforts entrepris pour alléger les difficultés de la population, notamment ceux de la Jordanie à travers l'hôpital militaire qu'elle y a déployé.
Cette tournée régionale est aussi pour moi l'occasion de renouveler l'appel solennel à la tolérance et au respect de la liberté de conscience et de religion que j'ai lancé à Doha lors du Forum pour l'Avenir.
Q - le Processus de paix est au point mort. Pourquoi ?
R - La France comme la Jordanie considèrent qu'il faut résister à la tentation du renoncement et continuer à faire le pari de la paix. Je salue le rôle irremplaçable du Roi Abdallah II qui a plaidé inlassablement tant auprès de la communauté internationale qu'auprès de ses partenaires arabes, y compris dans les moments les plus difficiles, pour intensifier les efforts de négociations. Ils constituent la seule voie pour une paix juste et durable fondée sur la solution des deux Etats.
?Une réflexion plus collective est nécessaire pour augmenter l'efficacité du processus. L'Union européenne est prête à mettre son poids dans la balance pour contribuer à la mise en oeuvre d'un accord de paix. Le Quartet dans son ensemble veut être plus étroitement associé aux efforts américains - le président Medvedev était d'ailleurs dans la région cette semaine -, tout comme les pays arabes, qui ont proposé, la Jordanie en tête, l'Initiative arabe de paix en 2002.
Q - Pourquoi l'Union européenne ne fait-elle pas plus directement pression sur Israël au sujet des colonies en Cisjordanie ?
R - La position de la France est claire et constante : la colonisation est contraire au droit international et elle doit cesser. La France condamne systématiquement la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est : ce fut encore le cas lundi 10 janvier, suite aux travaux engagés sur le site de l'hôtel Shepherd au coeur du quartier de Sheikh Jarrah. Nous agissons sur le terrain en conformité avec cette position. Par exemple, les produits issus des colonies ne bénéficient pas des préférences commerciales accordées aux produits originaires d'Israël lorsqu'ils sont exportés vers la France ou vers l'Europe.
Q - Quelle est la position de la France sur le référendum au Sud Soudan et sur la partition ?
R - J'ai reçu à Paris, début janvier, mon homologue soudanais Ali Ahmed Karti. Il m'a réaffirmé la volonté du gouvernement soudanais de reconnaître le résultat du scrutin. La tenue d'un référendum libre et transparent, a été une étape importante vers la mise en oeuvre complète de l'Accord de paix global, signé en 2005 à Naïvasha. La France appelle à la poursuite des discussions sur les questions post-référendaires et à l'engagement de maintenir la paix entre le Nord et le Sud, quelle que soit l'issue du référendum.
Q - Où en est le partenariat stratégique entre la France et la Jordanie, annoncé par le Premier ministre François Fillon, lors de sa visite à Amman en 2010 ?
R - Lors la visite du Premier ministre François Fillon, en février dernier, la France a proposé à la Jordanie un partenariat global, économique, politique et culturel conforme au souhait du président de la République et du Roi Abdallah II.
Sur le plan bilatéral et s'agissant des grands dossiers économiques, axes structurants de notre partenariat, plusieurs engagements ont été concrétisés. Dans le domaine des transports, la France finance la préparation du projet ferroviaire national et le projet de bus en site propre d'Amman. Dans le domaine de l'énergie y compris l'électro-nucléaire, nous poursuivons notre engagement pour aider la Jordanie à améliorer sa sécurité, son autonomie énergétiques et les conditions de son approvisionnement en eau, nécessaires à sa stabilité et à son développement.
Les entreprises françaises ont confiance dans le potentiel de la Jordanie. Une délégation de plus de vingt chefs d'entreprises français se rendra ainsi la semaine prochaine à Amman.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 janvier 2011