Déclaration de M. François Baroin, ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'Etat, sur la situation en Tunisie et sur les positions de principes de la France, au Sénat le 20 janvier 2011.

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Circonstance : Séance de questions d'actualité, au Sénat le 20 janvier 2011

Texte intégral

En écoutant les interventions de M. Sueur et de Mme Nicole Borvo Cohen-Seat, qui siègent sur les travées de gauche de cet hémicycle, je me dis qu'il faut quand même beaucoup d'audace, une certaine dose de mauvaise foi, en tout cas une cécité et une amnésie déjà largement avancées pour entrer dans cette polémique !
Je vais d'abord vous rappeler quelque chose qui ne va pas vous faire plaisir, puis vous poser à mon tour une question, Madame Borvo. Que pensez-vous de la position et des propos de M. Jospin, alors Premier ministre ? Certains de vos amis exerçaient des responsabilités au sein du gouvernement ou de l'Etat et étaient présents lorsque, en octobre 1997, le chef du gouvernement reçut en visite officielle M. Ben Ali à Matignon.
S'adressant au chef de l'Etat tunisien, M. Jospin lui dit : «Votre visite d'Etat me fournit l'occasion d'affirmer l'engagement à vos côtés de mon gouvernement dans cette période de transition cruciale pour la société tunisienne». Et que pensez-vous de la suite ? «La proximité de nos idéaux de tolérance et de solidarité, l'attachement réciproque de nos deux peuples, notre histoire commune, notre foi en l'avenir font de nos deux pays des partenaires que tout rapproche». Tel a été le langage qu'a tenu M. Lionel Jospin à M. Ben Ali !
Alors, je vous en prie, ne portez pas en bandoulière une vertu que vous n'avez pas ! Rejoignez plutôt la position de la France, constante dans des principes qui ont toujours été affirmés par la gauche et par la droite : la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat souverain, l'appel et le soutien à la démocratie et à la liberté. C'est cette ligne que la France a encore suivie !
Depuis le début des événements, à savoir le drame humain qu'a été l'immolation du jeune marchand ambulant, tout au long de l'évolution des mouvements sociaux qui ont suivi, jusqu'à la révolte qui a provoqué la chute de Ben Ali, la position constante de la France a en effet été l'appel à la démocratie. Nous l'avons encore rappelé hier et le président de la République l'a de nouveau souligné. Nous sommes désormais aux côtés de Tunis pour accompagner les Tunisiens dans ce processus démocratique.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 janvier 2011