Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères et européennes, lors du point de presse conjoint avec Mme Catherine Ashton, Haute représentante de l'Union européenne, sur l'offre européenne d'accompagner la transition démocratique en Egypte et en Tunisie et la question de la sécurité en Egypte, notamment celle des journalistes au Caire, Paris le 3 février 2011.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Visite en France de Catherine Ashton, Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, à Paris le 3 février 2011

Texte intégral

Catherine Ashton et moi-même nous sommes d'accord pour dire que l'Union européenne doit s'intéresser au sud de la Méditerranée et renforcer également sa priorité dans sa politique de voisinage. D'ailleurs, demain, le Conseil européen abordera ce sujet majeur.
En ce qui concerne l'Egypte, Catherine Ashton avait eu un certain nombre de nos contacts réguliers et nous nous sommes inquiétées aussi, l'une et l'autre, de la situation des journalistes et notamment des journalistes français qui se trouvent actuellement au Caire.
Vous le savez, un certain nombre d'entre eux ont eu des difficultés, certains ont été arrêtés, d'autres ont eu à subir des pressions ou des menaces.
Je veux vous dire qu'en ce moment-même, une vingtaine de vos confrères sont en sécurité dans un hôtel du centre-ville et en lien constant avec notre ambassade. Cette dernière se charge de trouver en temps réel pour eux, la solution la plus sûre pour qu'ils puissent continuer à exercer leur métier librement et sans danger.
Je condamne très fermement les incidents inacceptables qui ont mis en cause la sécurité de plusieurs journalistes français, notamment des journalistes de TF1, de France2 de BFM, de France 24 et du journal «Le Monde».
J'ai donné des instructions à notre ambassade d'intervenir immédiatement sur chacune de ces situations en s'assurant du sort et de la sécurité de ces journalistes et également de s'occuper, pour certains d'entre eux qui en avaient besoin, des soins médicaux qu'ils doivent recevoir.
Vendredi dernier, quatre journalistes français avaient été retenus contre leur gré et libérés après l'intervention de notre ambassade. Je demande expressément aux autorités égyptiennes de faire cesser ces agissements inacceptables, d'assurer la sécurité et la liberté d'exercice de la presse et de restituer à vos confrères leur matériel.
En dehors de cette question de sécurité qui nous préoccupe l'une et l'autre, nous avons dit également notre attention à ce qui se passe en Egypte et nous avons rappelé la disponibilité de l'Union européenne à accompagner l'Egypte sur la voie de la transition démocratique, vers des élections qui soient des élections libres et justes.
Nous avons également parlé de la Tunisie, puisque Catherine Ashton a reçu le ministre des Affaires étrangères tunisien aujourd'hui et que je le reçois demain à déjeuner. Dans les deux cas, nous allons voir avec lui et ensemble comment articuler à la fois le plan bilatéral de soutien que le gouvernement français offre à la Tunisie avec l'intervention de l'Union européenne dont nous avons discuté lundi dernier.
En ce qui concerne le processus de paix, nous avons échangé notre analyse, j'ai fait part de mon analyse de la situation notamment à la suite de mon voyage sur place. Nous avons très rapidement évoqué ce qui s'est passé à Istanbul avec l'Iran. J'ai tenu à assurer Catherine Ashton de toute notre reconnaissance et de notre admiration pour la façon dont elle a exercé son rôle, ce qui a permis d'aller très loin puisque les Iraniens ont montré leur blocage total en mettant des conditions préalables à la discussion qui était tout à fait inacceptables. Cela a permis de souligner l'unité et la fermeté du 5+1, et nous entraînera d'ailleurs probablement à devoir durcir les sanctions.
Voilà, je crois, l'essentiel des problèmes dont nous avons parlé ensemble. A notre ordre du jour, il reste encore le Soudan et le Sahel mais pour vous rejoindre, nous nous sommes interrompues puisque nous n'avons que quelques minutes à passer avec vous.
Pour autant, nous nous reverrons je pense tout à l'heure après que j'ai vu M. Fayyad.
Q - J'ai une double question très rapide. Parmi les victimes des affrontements au Caire ce matin, avez-vous des informations sur une éventuelle victime occidentale ? N'est-il toujours pas question ce soir d'une évacuation des Français, sans parler des journalistes qui résident au Caire ?
R - Ce matin, une personne a été tabassée sur la place principale où ont lieu les manifestations. Elle est d'origine occidentale mais nous n'avons aucune indication sur sa nationalité. Notre ambassade tente de se renseigner.
Concernant nos compatriotes, il y a deux choses. D'une part les touristes et d'autre part les résidents. Pour les touristes, la plupart sont rentrés et je dirais même la quasi totalité seront de retour en France à la fin de la semaine.
Pour ce qui est des résidents, l'ambassade est en liaison permanente avec eux et, même s'il n'y a eu aucune agressivité à leur égard à ce jour, nous leur avons recommandé la plus extrême prudence et notamment un strict respect du couvre-feu.
Ceci étant, la situation sécuritaire est, comme vous le constatez, extrêmement volage, extrêmement fragile et s'ajoute à cela un certain nombre de difficultés d'approvisionnement. C'est ainsi qu'il est très difficile de retirer de l'argent par exemple, c'est la raison pour laquelle nous invitons ceux qui le peuvent et qui le veulent, j'insiste bien, ceux qui le veulent, à partir. L'ambassade est à leur disposition pour les aider à quitter le pays. C'est une recommandation, c'est une invitation forte, il ne s'agit en aucun cas d'une obligation ni d'une évacuation.
Q - Que pensez-vous du dialogue ouvert avec les Frères musulmans ? Est-ce positif pour vous ?
R - Il est important aujourd'hui, pour le gouvernement de rétablir le dialogue et de le faire avec tout le monde. C'est ce qui est en jeu, notamment en vu de la préparation d'élections où il faudra que tous les candidats puissent se présenter.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2011