Conférence de presse conjointe de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et de M. Kerim, ministre des affaires étrangères de Macédoine, sur les tensions en Macédoine et le soutien de la France et de la communauté internationale pour le respect de l'intégrité territoriale du pays et la stabilité dans les Balkans, Skopje le 10 mars 2001.

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Circonstance : Voyage de M. Hubert Védrine en Macédoine le 10 mars 2001

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
J'avais un voyage prévu de longue date en Bosnie. Compte tenu de la situation à la frontière de la Macédoine, et compte tenu de ce que le président Trajkovski a dit à Paris au président de la République et au gouvernement, j'ai estimé nécessaire de faire une étape supplémentaire à Skopje. Je suis venu pour redire ici l'importance que la France attache à l'intégrité territoriale de Macédoine, à la stabilité de la Macédoine comme de l'ensemble de la région. Les frontières doivent être respectées. Il faut mettre un terme aux activités de certains groupes terroristes et il faut traiter les problèmes de l'ensemble de la région autrement, de façon constructive et pacifique. Il y a beaucoup à faire dans toute cette région en matière de modernisation et de développement économique. Il ne faut pas que cette modernisation soit entravée par des incidents qui emploient des moyens inacceptables. Cela suppose une parfaite cohérence de la communauté internationale. Je crois que l'on a pu le constater ces derniers jours, aussi bien au sein de l'OTAN et de la KFOR, qui prend ses responsabilités. L'OTAN a réservé un accueil positif aux demandes du ministre macédonien des Affaires étrangères. Il a été observé la même cohérence au sein de l'Union européenne et en ce qui concerne les gouvernements de la région. Voilà, donc, ce problème doit être maîtrisé, je le répète dans le respect de la stabilité de la région. Je suis donc revenu dire le soutien de la France.
Q - Selon les dernières estimations, c'est-à-dire les estimations de ce matin, émanant du Secrétaire général de l'OTAN, M. George Robertson, les événements qui se passent à la frontière sont de petits incidents. Est-ce que cela signifie que la Macédoine commence à perdre le soutien de la communauté internationale ?
R - Ce sont des incidents isolés et ponctuels parce qu'au total, ce ne sont pas des zones très étendues. Mais ce sont des incidents suffisamment importants pour que l'OTAN et l'Union européenne et les gouvernements de la région s'en occupent. C'est le cas de la France, mais également de l'Allemagne de l'Italie, de la Grande-Bretagne et des autres. Au contraire, la Macédoine est soutenue d'une façon totale et parfaitement cohérente
Q - Monsieur Védrine, pendant le voyage du président de la République, M. Trajkovski à Paris, des critiques ont été exprimées par des Français selon lesquelles les Américains ne gardent pas bien la frontière.
R - Je ne suis pas au courant de ces critiques. Je ne sais pas quelles sont vos sources, mais je ne suis pas au courant.
Q - Etes-vous en train de préparer une conférence sur la région à laquelle la Macédoine devrait participer ?
R - Je ne sais pas de quel projet vous parlez. Il y a eu une rencontre régionale à Skopje, il y a quelques semaines, et je n'ai pas connaissance d'une conférence régionale en préparation. Ce que je veux dire, c'est que le sujet de Presevo et de la frontière macédonienne a été suffisamment important pour qu'il y ait une concertation de tous les gouvernements européens, de toutes les institutions internationales. Nous ne voulons pas laisser quelques groupes qui emploient des manières terroristes remettre en cause la stabilité de la région. Et quand il y a des problèmes à régler, ils doivent être réglés avec des moyens modernes et normaux : par le dialogue politique, par le développement économique, par la concertation.
Q - Y a t il un lien entre les événements à Tanusevci et ceux du Sud de la Serbie, d'autant plus que certains services de renseignement prévoient une offensive pour le printemps ?
R - C'est peut être un bien grand mot. Il est certain qu'il y a une liaison. Mais cela ne change rien aux réponses que j'ai pu apporter, de ce qu'il fallait faire. Il y a un accord qui existe entre la communauté internationale et la Macédoine sur ce point.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mars 2001)