Déclaration de Mme Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat aux solidarités et à la cohésion sociale, sur les orientations en matière de solidarité et de cohésion sociale, la dépendance et l'économie sociale et solidaire, Paris le 17 janvier 2011.

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Circonstance : Voeux à la presse à Paris le 17 janvier 2011

Texte intégral


Quel plaisir de vous revoir si nombreux dix jours seulement après la conférence de presse que nous avions organisée avec Roselyne Bachelot !
Nul besoin donc de vous exposer à nouveau les grandes orientations du Ministère des Solidarités et de la Cohésion Sociale pour l'année 2011 !
Mais avant de sacrifier à la tradition des voeux à la presse, ô combien agréable, je veux adresser mes premières pensées et mes premiers mots à Hervé Ghesquiere, Stéphane Taponier et à leurs trois accompagnateurs afghans. Que 2011 soit l'année de leur libération ! Je voudrais assurer leurs familles de mon soutien actif le plus total. Je pense aussi à vos 172 collègues privés de liberté.
Permettez-moi également d'avoir une pensée pour Lucas Mebrouk Dolega, reporter photographe qui a été gravement blessé vendredi à Tunis dans l'exercice de son travail. Mes pensées vont à sa famille et à ses proches.
Je veux profiter de cette rencontre, d'abord pour vous présenter mes meilleurs voeux pour l'année 2011.
Mais d'abord, dans vos vies personnelles, pour vous et vos proches, je souhaite que cette année 2011 soit faite de beaucoup de bonheur, de joies et de satisfactions.
Dans vos vies professionnelles, je souhaite que cette nouvelle année soit une année d'épanouissement et de sérénité.
Dans vos choix éditoriaux, je souhaite de la liberté, car la liberté de votre verbe et de votre plume est l'une des fiertés de notre pays.
Les parcours politiques, les amitiés, le cheminement font que certaines personnalités politiques se retrouvent exposées, elles le sont à la critique comme au jugement. Je crois que comme Roselyne, je n'y échappe pas...
Continuez, continuez à faire vivre cette liberté. Votre indépendance est au-dessus de toutes les susceptibilités.
C'est au nom de cet attachement que j'adresse aujourd'hui mes plus chaleureuses pensées à ceux d'entre vous dont la maison est menacée par des difficultés financières, des difficultés de gouvernance, à ceux qui connaissent les plans de sauvegarde, les attentes interminables de repreneur, les affres de conseils d'administration où d'obscurs plans sociaux s'élaborent... Je veux citer Backchich et La Tribune. Mais l'expérience a montré que, malgré ces difficultés, vous et vos organes de presse en sortirez grandis ! C'est ce que je vous souhaite pour 2011 !
Mais évidemment, les voeux sont parfois un peu egocentrés .... Et ce voeu, je le forme pour Roselyne et moi-même : soyez avant tout les relais les plus actifs des sujets que nous portons et qui touchent nos compatriotes tant dans leur vie que dans leur coeur.
C'est pourquoi, si vous me le permettez, je souhaite adresser des voeux plus particuliers à l'AJIS, dont le travail est si important dans la vie sociale de notre pays, et je le pense, dans sa structuration. A vous, journalistes de l'information sociale, je vous souhaite de poursuivre votre engagement toujours plus professionnel. Votre connaissance si intime des sujets qui sont les nôtres, l'exigence que vous accordez à les traiter sont précieuses.
Des faits divers tragiques aux tribunes d'opinion révoltées, des initiatives particulières racontées dans de très beaux reportages, aux explications apportées par les responsables politiques, vous avez cette lourde tâche de porter en toute impartialité la réalité sociale. Au-delà des constats, essentiels et souvent difficiles, vous vous faites les porte-voix, sans parti-pris, des attentes des Français. Vous exprimez leurs doutes et leurs raisons de douter. Vous exprimez leurs espoirs et leurs raisons d'espérer. Vous racontez le pays réel, vous écrivez l'Histoire des Français.
Puissiez-vous continuer dans les meilleures conditions qui soient en 2011.
Au lendemain de la conférence de presse du 6 janvier, j'ai eu le plaisir de lire dans l'un de vos papiers que l'ambiance ici était « bisounours ». Eh bien, c'est vrai, c'est vrai que Roselyne et moi-même affectionnons particulièrement ces charmantes peluches qui ont de grands coeurs dessinés sur le ventre !
Pour autant, nous savons la gravité des situations dans lesquelles se trouvent nombre de nos concitoyens, et nous savons aussi, que ce terrible chiffre des 8 millions de Français en situation de pauvreté, n'en est que le brutal mais partiel reflet comme l'est le chiffre des 1,8 millions de familles monoparentales, des 24% de chômeurs âgés de 18 à 24 ans, à ces 41% de jeunes, victimes de discriminations, au simple motif de leur handicap ou de leur maladie, comme l'est aussi le chiffre cauchemardesque de ces 330 000 femmes qui acceptent de dire qu'elles vivent avec un conjoint violent.
Ce portrait social de la France est inadmissible en 2011, aussi avons-nous défini avec le Président de la République, le Premier Ministre, les priorités de l'action gouvernementale, au travers des grandes orientations de notre ministère. Vous les connaissez, nous vous les avons exposées le 6 janvier dernier, comme vous connaissez les raisons qui nous poussent à agir et les convictions qui guident notre action.
« Réveillons-nous », car notre société s'est en grande part désolidarisée de sa question sociale au gré des courants et de l'individualisme. Désolidarisée, alors que la France, qui puisait sa force dans son modèle social, hésite et butte sur le sens de la fraternité et se prépare à affronter le choc de son vieillissement. Nous avons atteint la côte d'alerte.
C'est donc bien un courage politique que d'ouvrir le dossier de la dépendance en 2011, nous refusons la résignation du laisser filer, du laisser faire.
Ce réveil social, ce redressement, que j'appelle de mes voeux ne pourra être effectif que si nous refaisons de la solidarité l'identité de la France.
Nous devons réagir face à l'inacceptable.
Nous devons réagir parce que la non qualité sociale mine la société toute entière. La précarité, les peurs font le lit du pessimisme et détruisent la confiance.
Nous devons réagir parce que la non qualité sociale a un coût désormais exorbitant pour nos comptes publics et rappelons-nous que lorsque le nombre des exclus diminue, ce sont plus de citoyens qui participent à la croissance.
La puissance publique doit être le fer de lance de ce sursaut solidaire.
Sur la méthode, nous devons répondre aux véritables attentes des Français, mais aussi et surtout travailler avec l'ensemble des acteurs du champ social : syndicats, responsables associatifs, bénévoles, élus locaux, fonctionnaires territoriaux et nationaux... Cette coordination et cette collaboration sont essentielles, la première étape est la reconnaissance de leur immense contribution.
C'est elle qui sur le fond, nous permettra de nous atteler à une véritable réallocation stratégique de nos ressources, par l'optimisation, la rationalisation et la réorientation.
La solidarité nationale, c'est 30% du PIB, il y a donc quelques enjeux à repenser la question sociale et à décloisonner les politiques publiques, nous y gagnerons sur tous les champs.
En poursuivant votre travail d'information, mais aussi en continuant vos reportages, vos tribunes, vos interviews qui montrent que d'autres voies sont possibles, qu'une articulation des nouvelles solidarités, des solidarités de proximité et de la solidarité nationale est porteuse d'avenir, d'espoir, en montrant que des citoyens, des entreprises, des associations ont déjà commencé à se réveiller, et que finalement, ça fonctionne plutôt bien, vous incitez d'autres à suivre ce mouvement d'optimisme. La participation et l'adhésion seront la clé du succès.
16 millions de nos concitoyens, près d'un tiers des Français, sont membre d'une association. Faisons en sorte qu'ils soient aussi nombreux dans les associations sanitaires, sociales ou caritatives que dans les associations sportives ! Encourageons l'action participative !
Seulement 3,3% de la masse financière brassée par les fonds de droit français sont labellisées « Investissement Socialement Responsable » ! Faisons croître ce chiffre ! Encourageons l'économie sociale et solidaire !
30% des Français souffrent de la solitude, au premier rang desquels les personnes plongées dans la précarité par leur condition de vie, les malades, les jeunes mais aussi les plus démunis financièrement. C'est trop ! Mais le pire est aussi de savoir que ce dont souffrent ces personnes, ce n'est pas tant de l'absence de visite, mais c'est de l'absence de contacts avec leurs proches ! Redécouvrons et encourageons ces solidarités de proximité, familiale, amicale, ou même de voisinage !
Vous l'aurez compris, lorsque la solidarité est le moteur du progrès social, chacun est concerné, et chacun doit porter ce message : retrouvons ensemble le goût de la solidarité !
Je vous remercie.
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 18 janvier 2011