Texte intégral
Mes chers compatriotes,
Je voudrais vous dire combien je suis heureux, avec Valérie PECRESSE mais aussi avec les parlementaires qui m'accompagnent, les députés Jean-Claude GUIBAL et Jérôme CHARTIER et les sénateurs Jean-Pierre FOURCADE et Joël BOURDIN, de vous rencontrer à l'occasion de cette visite dans les Emirats. Et je voudrais avant toute chose remercier Monsieur l'ambassadeur et son épouse, qui ont eu la gentillesse d'organiser cette rencontre qui nous permet, qui me permet à moi de vous dire ce que je suis venu faire aux Emirats, qui me permet aussi de vous dire quelques mots sur votre pays, et puis qui nous permettra - en tout cas peut-être pour quelques-uns d'entre-nous parce que vous êtes très nombreux et j'en suis impressionné - de nous parler.
Ce que nous avons vu pendant 2 jours en Arabie Saoudite et aux Emirats, c'est la démonstration de l'immense potentiel de cette région et des innombrables possibilités qui s'offrent à tous ceux qui savent les saisir. En venant travailler ici, vous prouvez que vous avez bien compris les enjeux du monde d'aujourd'hui. Vous êtes de plus en plus nombreux à relever ce défi de l'expatriation, votre communauté a doublé ces 10 dernières années. 15.000 Français aux Emirats, c'est le signe de votre audace, c'est le signe de votre esprit d'aventure ; ce sont des qualités qui méritent d'être saluées.
Pourtant il y a 40 ans, lors de la création des Emirats Arabes Unis, la France avait peu d'influence dans le Golfe arabo-persique, sa langue y était extrêmement marginale. Les élites émiriennes se rendaient très rarement dans notre pays pour se former et, jusqu'à une date très récente, ce pays était relativement peu connu de nos concitoyens. Aujourd'hui, personne n'ignore plus que les Emirats sont un « hub » régional incontournable. Au carrefour de la finance et des échanges internationaux, ils sont en quelque sorte un laboratoire de la mondialisation. C'est une évidence, de toutes parts les richesses des Emirats attirent les convoitises, et l'influence française doit conquérir son propre terrain pour bâtir son succès.
Ces dernières années, nous avons voulu faire franchir un saut qualitatif à notre partenariat. Le Président de la République est venu ici en janvier 2008, il y est revenu en mai 2009 et à chaque fois à la clé, il y a eu des progrès majeurs dans nos liens avec les Emirats Arabes Unis. Hier soir, je me suis entretenu avec le prince héritier d'Abou Dabi, aujourd'hui j'ai rencontré l'émir de Dubaï, Premier ministre de la Fédération et ensemble, nous avons évoqué tous les champs de notre coopération. Cette coopération, elle répond avant tout à un défi majeur, celui d'oeuvrer à assurer plus de sécurité et plus de stabilité dans cette région du monde.
Je reviens à l'instant du camp militaire Zayed, où se trouve le site d'entraînement de l'armée de Terre française. C'est la première fois depuis l'indépendance des anciennes colonies françaises que la France ouvre une base militaire à l'étranger. L'installation de cette base, qui comptera plus de 600 hommes avant la fin de l'année, est le signe que notre dispositif militaire s'adapte aux enjeux stratégiques actuels. Pour nos 3 armées, les autorités émiriennes ont mis en place en un temps record des installations de qualité, tout cela témoigne de la force du partenariat qui nous lie en matière de défense et de sécurité.
Les Emirats Arabes Unis constituent dans une zone souvent troublée un havre de paix et de prospérité. Vous savez qu'ils déploient des efforts exceptionnels pour contribuer à la stabilité régionale, sous la forme d'aides massives à la reconstruction, au développement ou encore en participant à des opérations de maintien de la paix. Sur les conflits régionaux, les analyses et les propositions de la France et des Emirats Arabes Unis se rejoignent et nous coopérons très étroitement. C'est le cas notamment s'agissant de l'Iran, de l'Afghanistan, du Yémen ou du conflit entre Israël et la Palestine. En ces temps agités pour le Moyen-Orient, cette relation de confiance avec un allié qui promeut des valeurs de modération, de tolérance et d'ouverture est extrêmement précieuse.
Je me réjouis que les Emirats Arabes Unis soient pleinement associés aux travaux de la présidence française du G20. Nous allons travailler ensemble pour trouver des réponses au défi de la gouvernance mondiale, de la réforme du système financier international, de la stabilisation des prix de l'énergie ou des matières premières agricoles ou encore de la mise en oeuvre des financements innovants pour le développement. Mais rien n'est plus révélateur de notre ambition que les engagements que nous prenons au côté des Emirats Arabes Unis sur le long terme.
Je pense à notre investissement massif dans le domaine de la formation, de l'éducation et de la culture. Ici à Abou Dabi, nous avons ouvert 2 antennes de 2 des plus prestigieuses institutions de notre pays, le Louvre et la Sorbonne. Ce sont des projets exceptionnels, ce sont des projets totalement novateurs, à l'impact symbolique très fort qui ont été voulus et qui ont été soutenus au plus niveau de nos Etats respectifs. Vous vous en souvenez certainement, cela ne s'est pas fait sans cris, et pourtant le Louvre Abou Dabi c'est bien un lieu formidable d'échange entre nos deux pays, c'est un lieu dans lequel nous allons pouvoir mettre en oeuvre des politiques culturelles communes. Tout le monde a à y gagner, en France et dans les Emirats. Avec un nouveau bâtiment dessiné par Jean NOUVEL, notre musée déjà universel par ses collections gagne une visibilité forte dans cette partie du monde. Depuis le lancement du projet en 2007, les choses progressent bien, on peut même dire qu'elles progressent à la vitesse où progressent les investissements dans ce pays. En mai 2009, le Président de la République est venu poser la première pierre, et je me réjouis de la perspective de son ouverture officielle prévue pour le début 2014.
Ce matin, j'ai eu l'occasion d'inaugurer les nouveaux locaux prestigieux de la Sorbonne Abou Dabi, parce que le rapprochement des pays et des cultures passe aussi par la formation des élites. Nous avons voulu que chaque année des centaines d'étudiants puissent être formés en français, puissent être formés à la française dans une université mixte et dans une université laïque. Je crois que cela traduit bien la volonté d'ouverture de nos amis émiriens. Voilà, vous le voyez nos liens se construisent à tous les niveaux, c'est une relation qui est encore pleine de promesses, et nous comptons sur vous pour aller chercher et pour inventer les coopérations futures.
Vous vivez mes chers compatriotes, dans un pays dont l'esprit d'innovation capte l'attention du monde entier. Vous, vous savez ce que c'est que la globalisation, vous en mesurez chaque jour les enjeux et les effets. Les vieilles nations européennes sont mises au défi, elles sont mises au défi de défendre leur rang, elles sont mises au défi de refaire à chaque instant la preuve de leur valeur. Quand on voit la manière dont les Emirats font le pari du savoir, quand on voit l'essor économique du continent asiatique, on éprouve la certitude que nous risquons de voir l'avenir s'écrire sans nous, si nous nous contentons de nous reposer sur les lauriers de notre histoire.
En 2007, les Français ont fait le choix de la réforme et de la volonté, le changement conditionnait un regain de force qui devenait urgent. Nous avons entrepris de libérer les énergies, nous avons restauré la valeur du travail, nous avons réformé nos régimes de retraite, nous avons engagé des efforts sans précédent pour l'université, pour la recherche et pour l'innovation. Nous avons réformé notre Etat, non pas pour le démanteler mais pour renforcer sa capacité d'agir en le rationalisant. Alors bien sûr, je n'ignore pas les difficultés, je n'ignore pas les compromis que nous avons dû parfois faire, je n'ignore pas non plus l'impatience de ceux qui auraient voulu que nous en fassions plus encore. Mais ce que je veux vous dire ce soir c'est que ce qui a progressé dans notre pays, c'est la légitimité même du changement. La réforme s'est faite dans les structures mais elle s'est faite aussi dans les esprits, elle n'est plus aussi surprenante, elle n'est plus aussi inédite, elle n'est plus aussi brutalement ressentie qu'il y a quelques années et peu à peu, elle porte ses fruits. Elle a lancé un mouvement sur lequel on ne reviendra pas, parce que j'en ai la conviction ce mouvement s'imposera par son évidence. Et je veux croire que ceux-là même qui ont pu d'abord être hostiles aux réformes finiront par en mesurer la nécessité.
Au fil de ces quelques années, la légitimité du changement s'est imposée, le temps est fini où la France se plaisait à laisser du temps au temps, où nous redoutions plus que tout de bousculer les Français, au prix d'une complaisance de plus en plus risquée envers l'immobilisme et l'ajournement. Le temps est fini où notre pays retardait le moment de regarder en face la réalité du monde, et négligeait de mesurer ses faiblesses et ses forces véritables. La dynamique qui a été instaurée en 2007 répondait à des nécessités structurelles, elle nous a aussi permis de réagir à la crise financière avec des résultats plus favorables que beaucoup de nos grands partenaires, même si naturellement cette crise nous a frappés. Et si je mesure les difficultés que nos concitoyens ont connus et connaissent encore dans leur vie quotidienne, elle ne ralentira pas l'effort de réforme que nous avons engagé et que nous allons poursuivre jusqu'aux échéances électorales.
Nous devons continuer sans relâche à rétablir l'équilibre de nos finances publiques qui sont en déficit depuis 35 ans. Nous devons continuer à promouvoir notre compétitivité et à enrayer le fléau du chômage qui est en France un fléau ancien. En 2009, frappés par la crise mondiale nous étions en récession ; en 2010, notre croissance est remontée à 1,6 % ; en 2011, l'objectif de 2 % est à notre portée, et la mise en place effective de notre programme d'investissements d'avenir va nous aider à aller chercher la croissance et l'emploi. Quant à notre déficit public de 7,7 % en 2010, il reviendra à 6 % en 2011, à 4,6 % en 2012 et à 3 % en 2013. Nous avons une signature financière qui reste l'une des meilleures en Europe, mais nous ne pouvons pas ignorer les avertissements. Et je m'étonne toujours lorsque j'entends déplorer que les Etats se laissent aujourd'hui dicter leur politique par les marchés ou par les agences de notation. Ceux qui prétendent cela confondent la souveraineté avec l'inconséquence. Emprunter sans se soucier de sa capacité à rembourser me semble au contraire un chemin qui mène tout droit à la servitude politique. La souveraineté passe aujourd'hui par la maîtrise de nos comptes, c'est un enjeu politique parce qu'il s'agit d'être en capacité budgétaire de réaliser les choix qu'on a faits. C'est un enjeu social, parce qu'on ne peut pas accepter l'idée que notre système de solidarité soit un jour balayé par l'asphyxie de nos finances publiques. Et enfin c'est un enjeu moral, parce que ça n'est pas aux générations suivantes de payer la facture de notre imprévoyance.
Voilà. En 2011, vous l'aurez compris, la réforme restera le fil de notre ambition. Ce sera une année d'action, ce sera une année d'action sur la manière de répondre au défi du grand âge et de la dépendance, ce sera une année d'action sur la participation accrue des citoyens aux décisions de justice, ce sera une année d'action pour réformer notre fiscalité avec l'ambition de la rendre plus efficace, plus équitable et plus favorable à l'activité économique.
Mes chers compatriotes, au coeur des ambitions de notre politique, il y a celle que la France continue à écrire son histoire, à maîtriser son destin et à tenir son rang dans le monde de demain. Aux accélérations de la mondialisation, le dialogue entre l'Occident et l'Orient doit s'amplifier. L'amitié qui nous lie aux Emirats le préfigure d'une manière qui est à mes yeux exemplaire. Dans ce dialogue des civilisations, la France doit avoir soin de prendre toute sa part et c'est vous qui, d'une certaine manière, en portez les couleurs. Je veux vous dire que j'attache une très grande importance au rôle que les Français installés à l'étranger jouent dans le rayonnement de notre pays, vous qui en incarnez les talents et les valeurs.
C'est la raison pour laquelle, avec le Président de la République, nous avons décidé de répondre à une demande très ancienne débattue depuis 30 ans, qui concerne la représentation au Parlement des Français vivant à l'étranger. Vous étiez jusqu'alors représentés par des sénateurs qui font naturellement un travail remarquable, mais pas par des députés, alors que l'ensemble des Français est représenté par des sénateurs et par des députés. Et donc dès les prochaines élections législatives vous élirez 11 députés, et je crois qu'il était important que les Français de l'étranger puissent ainsi exercer leur citoyenneté de façon pleine et entière. C'est une réforme qui rend hommage à ce que vous accomplissez, chacun à votre manière, au service de la France. Je voulais aujourd'hui vous exprimer la fierté que m'inspire l'image que vous donnez tous de notre pays aux Emirats Arabes Unis. Merci.Source http://www.gouvernement.fr, le 14 février 2011
Je voudrais vous dire combien je suis heureux, avec Valérie PECRESSE mais aussi avec les parlementaires qui m'accompagnent, les députés Jean-Claude GUIBAL et Jérôme CHARTIER et les sénateurs Jean-Pierre FOURCADE et Joël BOURDIN, de vous rencontrer à l'occasion de cette visite dans les Emirats. Et je voudrais avant toute chose remercier Monsieur l'ambassadeur et son épouse, qui ont eu la gentillesse d'organiser cette rencontre qui nous permet, qui me permet à moi de vous dire ce que je suis venu faire aux Emirats, qui me permet aussi de vous dire quelques mots sur votre pays, et puis qui nous permettra - en tout cas peut-être pour quelques-uns d'entre-nous parce que vous êtes très nombreux et j'en suis impressionné - de nous parler.
Ce que nous avons vu pendant 2 jours en Arabie Saoudite et aux Emirats, c'est la démonstration de l'immense potentiel de cette région et des innombrables possibilités qui s'offrent à tous ceux qui savent les saisir. En venant travailler ici, vous prouvez que vous avez bien compris les enjeux du monde d'aujourd'hui. Vous êtes de plus en plus nombreux à relever ce défi de l'expatriation, votre communauté a doublé ces 10 dernières années. 15.000 Français aux Emirats, c'est le signe de votre audace, c'est le signe de votre esprit d'aventure ; ce sont des qualités qui méritent d'être saluées.
Pourtant il y a 40 ans, lors de la création des Emirats Arabes Unis, la France avait peu d'influence dans le Golfe arabo-persique, sa langue y était extrêmement marginale. Les élites émiriennes se rendaient très rarement dans notre pays pour se former et, jusqu'à une date très récente, ce pays était relativement peu connu de nos concitoyens. Aujourd'hui, personne n'ignore plus que les Emirats sont un « hub » régional incontournable. Au carrefour de la finance et des échanges internationaux, ils sont en quelque sorte un laboratoire de la mondialisation. C'est une évidence, de toutes parts les richesses des Emirats attirent les convoitises, et l'influence française doit conquérir son propre terrain pour bâtir son succès.
Ces dernières années, nous avons voulu faire franchir un saut qualitatif à notre partenariat. Le Président de la République est venu ici en janvier 2008, il y est revenu en mai 2009 et à chaque fois à la clé, il y a eu des progrès majeurs dans nos liens avec les Emirats Arabes Unis. Hier soir, je me suis entretenu avec le prince héritier d'Abou Dabi, aujourd'hui j'ai rencontré l'émir de Dubaï, Premier ministre de la Fédération et ensemble, nous avons évoqué tous les champs de notre coopération. Cette coopération, elle répond avant tout à un défi majeur, celui d'oeuvrer à assurer plus de sécurité et plus de stabilité dans cette région du monde.
Je reviens à l'instant du camp militaire Zayed, où se trouve le site d'entraînement de l'armée de Terre française. C'est la première fois depuis l'indépendance des anciennes colonies françaises que la France ouvre une base militaire à l'étranger. L'installation de cette base, qui comptera plus de 600 hommes avant la fin de l'année, est le signe que notre dispositif militaire s'adapte aux enjeux stratégiques actuels. Pour nos 3 armées, les autorités émiriennes ont mis en place en un temps record des installations de qualité, tout cela témoigne de la force du partenariat qui nous lie en matière de défense et de sécurité.
Les Emirats Arabes Unis constituent dans une zone souvent troublée un havre de paix et de prospérité. Vous savez qu'ils déploient des efforts exceptionnels pour contribuer à la stabilité régionale, sous la forme d'aides massives à la reconstruction, au développement ou encore en participant à des opérations de maintien de la paix. Sur les conflits régionaux, les analyses et les propositions de la France et des Emirats Arabes Unis se rejoignent et nous coopérons très étroitement. C'est le cas notamment s'agissant de l'Iran, de l'Afghanistan, du Yémen ou du conflit entre Israël et la Palestine. En ces temps agités pour le Moyen-Orient, cette relation de confiance avec un allié qui promeut des valeurs de modération, de tolérance et d'ouverture est extrêmement précieuse.
Je me réjouis que les Emirats Arabes Unis soient pleinement associés aux travaux de la présidence française du G20. Nous allons travailler ensemble pour trouver des réponses au défi de la gouvernance mondiale, de la réforme du système financier international, de la stabilisation des prix de l'énergie ou des matières premières agricoles ou encore de la mise en oeuvre des financements innovants pour le développement. Mais rien n'est plus révélateur de notre ambition que les engagements que nous prenons au côté des Emirats Arabes Unis sur le long terme.
Je pense à notre investissement massif dans le domaine de la formation, de l'éducation et de la culture. Ici à Abou Dabi, nous avons ouvert 2 antennes de 2 des plus prestigieuses institutions de notre pays, le Louvre et la Sorbonne. Ce sont des projets exceptionnels, ce sont des projets totalement novateurs, à l'impact symbolique très fort qui ont été voulus et qui ont été soutenus au plus niveau de nos Etats respectifs. Vous vous en souvenez certainement, cela ne s'est pas fait sans cris, et pourtant le Louvre Abou Dabi c'est bien un lieu formidable d'échange entre nos deux pays, c'est un lieu dans lequel nous allons pouvoir mettre en oeuvre des politiques culturelles communes. Tout le monde a à y gagner, en France et dans les Emirats. Avec un nouveau bâtiment dessiné par Jean NOUVEL, notre musée déjà universel par ses collections gagne une visibilité forte dans cette partie du monde. Depuis le lancement du projet en 2007, les choses progressent bien, on peut même dire qu'elles progressent à la vitesse où progressent les investissements dans ce pays. En mai 2009, le Président de la République est venu poser la première pierre, et je me réjouis de la perspective de son ouverture officielle prévue pour le début 2014.
Ce matin, j'ai eu l'occasion d'inaugurer les nouveaux locaux prestigieux de la Sorbonne Abou Dabi, parce que le rapprochement des pays et des cultures passe aussi par la formation des élites. Nous avons voulu que chaque année des centaines d'étudiants puissent être formés en français, puissent être formés à la française dans une université mixte et dans une université laïque. Je crois que cela traduit bien la volonté d'ouverture de nos amis émiriens. Voilà, vous le voyez nos liens se construisent à tous les niveaux, c'est une relation qui est encore pleine de promesses, et nous comptons sur vous pour aller chercher et pour inventer les coopérations futures.
Vous vivez mes chers compatriotes, dans un pays dont l'esprit d'innovation capte l'attention du monde entier. Vous, vous savez ce que c'est que la globalisation, vous en mesurez chaque jour les enjeux et les effets. Les vieilles nations européennes sont mises au défi, elles sont mises au défi de défendre leur rang, elles sont mises au défi de refaire à chaque instant la preuve de leur valeur. Quand on voit la manière dont les Emirats font le pari du savoir, quand on voit l'essor économique du continent asiatique, on éprouve la certitude que nous risquons de voir l'avenir s'écrire sans nous, si nous nous contentons de nous reposer sur les lauriers de notre histoire.
En 2007, les Français ont fait le choix de la réforme et de la volonté, le changement conditionnait un regain de force qui devenait urgent. Nous avons entrepris de libérer les énergies, nous avons restauré la valeur du travail, nous avons réformé nos régimes de retraite, nous avons engagé des efforts sans précédent pour l'université, pour la recherche et pour l'innovation. Nous avons réformé notre Etat, non pas pour le démanteler mais pour renforcer sa capacité d'agir en le rationalisant. Alors bien sûr, je n'ignore pas les difficultés, je n'ignore pas les compromis que nous avons dû parfois faire, je n'ignore pas non plus l'impatience de ceux qui auraient voulu que nous en fassions plus encore. Mais ce que je veux vous dire ce soir c'est que ce qui a progressé dans notre pays, c'est la légitimité même du changement. La réforme s'est faite dans les structures mais elle s'est faite aussi dans les esprits, elle n'est plus aussi surprenante, elle n'est plus aussi inédite, elle n'est plus aussi brutalement ressentie qu'il y a quelques années et peu à peu, elle porte ses fruits. Elle a lancé un mouvement sur lequel on ne reviendra pas, parce que j'en ai la conviction ce mouvement s'imposera par son évidence. Et je veux croire que ceux-là même qui ont pu d'abord être hostiles aux réformes finiront par en mesurer la nécessité.
Au fil de ces quelques années, la légitimité du changement s'est imposée, le temps est fini où la France se plaisait à laisser du temps au temps, où nous redoutions plus que tout de bousculer les Français, au prix d'une complaisance de plus en plus risquée envers l'immobilisme et l'ajournement. Le temps est fini où notre pays retardait le moment de regarder en face la réalité du monde, et négligeait de mesurer ses faiblesses et ses forces véritables. La dynamique qui a été instaurée en 2007 répondait à des nécessités structurelles, elle nous a aussi permis de réagir à la crise financière avec des résultats plus favorables que beaucoup de nos grands partenaires, même si naturellement cette crise nous a frappés. Et si je mesure les difficultés que nos concitoyens ont connus et connaissent encore dans leur vie quotidienne, elle ne ralentira pas l'effort de réforme que nous avons engagé et que nous allons poursuivre jusqu'aux échéances électorales.
Nous devons continuer sans relâche à rétablir l'équilibre de nos finances publiques qui sont en déficit depuis 35 ans. Nous devons continuer à promouvoir notre compétitivité et à enrayer le fléau du chômage qui est en France un fléau ancien. En 2009, frappés par la crise mondiale nous étions en récession ; en 2010, notre croissance est remontée à 1,6 % ; en 2011, l'objectif de 2 % est à notre portée, et la mise en place effective de notre programme d'investissements d'avenir va nous aider à aller chercher la croissance et l'emploi. Quant à notre déficit public de 7,7 % en 2010, il reviendra à 6 % en 2011, à 4,6 % en 2012 et à 3 % en 2013. Nous avons une signature financière qui reste l'une des meilleures en Europe, mais nous ne pouvons pas ignorer les avertissements. Et je m'étonne toujours lorsque j'entends déplorer que les Etats se laissent aujourd'hui dicter leur politique par les marchés ou par les agences de notation. Ceux qui prétendent cela confondent la souveraineté avec l'inconséquence. Emprunter sans se soucier de sa capacité à rembourser me semble au contraire un chemin qui mène tout droit à la servitude politique. La souveraineté passe aujourd'hui par la maîtrise de nos comptes, c'est un enjeu politique parce qu'il s'agit d'être en capacité budgétaire de réaliser les choix qu'on a faits. C'est un enjeu social, parce qu'on ne peut pas accepter l'idée que notre système de solidarité soit un jour balayé par l'asphyxie de nos finances publiques. Et enfin c'est un enjeu moral, parce que ça n'est pas aux générations suivantes de payer la facture de notre imprévoyance.
Voilà. En 2011, vous l'aurez compris, la réforme restera le fil de notre ambition. Ce sera une année d'action, ce sera une année d'action sur la manière de répondre au défi du grand âge et de la dépendance, ce sera une année d'action sur la participation accrue des citoyens aux décisions de justice, ce sera une année d'action pour réformer notre fiscalité avec l'ambition de la rendre plus efficace, plus équitable et plus favorable à l'activité économique.
Mes chers compatriotes, au coeur des ambitions de notre politique, il y a celle que la France continue à écrire son histoire, à maîtriser son destin et à tenir son rang dans le monde de demain. Aux accélérations de la mondialisation, le dialogue entre l'Occident et l'Orient doit s'amplifier. L'amitié qui nous lie aux Emirats le préfigure d'une manière qui est à mes yeux exemplaire. Dans ce dialogue des civilisations, la France doit avoir soin de prendre toute sa part et c'est vous qui, d'une certaine manière, en portez les couleurs. Je veux vous dire que j'attache une très grande importance au rôle que les Français installés à l'étranger jouent dans le rayonnement de notre pays, vous qui en incarnez les talents et les valeurs.
C'est la raison pour laquelle, avec le Président de la République, nous avons décidé de répondre à une demande très ancienne débattue depuis 30 ans, qui concerne la représentation au Parlement des Français vivant à l'étranger. Vous étiez jusqu'alors représentés par des sénateurs qui font naturellement un travail remarquable, mais pas par des députés, alors que l'ensemble des Français est représenté par des sénateurs et par des députés. Et donc dès les prochaines élections législatives vous élirez 11 députés, et je crois qu'il était important que les Français de l'étranger puissent ainsi exercer leur citoyenneté de façon pleine et entière. C'est une réforme qui rend hommage à ce que vous accomplissez, chacun à votre manière, au service de la France. Je voulais aujourd'hui vous exprimer la fierté que m'inspire l'image que vous donnez tous de notre pays aux Emirats Arabes Unis. Merci.Source http://www.gouvernement.fr, le 14 février 2011