Entretien de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères et européennes, avec le quotidien "Metro" le 17 février 2011, sur les vacances récentes de la ministre en Tunisie et sur la demande de démission adressée par la première secrétaire du parti socialiste.

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Média : Métro

Texte intégral

Q - Que vous inspirent les dernières révélations sur vos vacances en Tunisie ?
R - De l'indignation et de la peine. De l'indignation parce que faute d'avoir trouvé quoi que ce soit d'illégal à me reprocher, bien que ma vie publique et privée ait été passée au peigne fin par certains journalistes, c'est aujourd'hui à la vie privée de mes parents qu'on s'en prend pour m'attaquer politiquement. De la peine, parce que je vois mes parents en souffrir.
Q - Quelle a été la teneur de votre entretien téléphonique avec le président Ben Ali durant vos vacances ? Pourquoi avez-vous déclaré n'avoir eu aucun «contact privilégié» avec lui avant sa fuite ?
R - Parce que c'est la vérité ! Je n'avais en effet aucun contact privilégié avec lui. Nos entretiens ou nos rencontres bilatérales ont toujours été dans le strict cadre de mes fonctions, d'Etat à Etat. Cela n'a jamais rien eu de personnel. C'est le métier du ministre des Affaires étrangères de parler avec des ministres ou des chefs d'Etat étrangers, c'est mon quotidien. J'ai eu brièvement au téléphone le président tunisien de l'époque, comme j'ai eu pendant mes vacances des entretiens téléphoniques avec les présidents du Sénégal, du Tchad, du Gabon et avec nombre de mes homologues. Avec lui comme avec les autres, j'ai évidemment évoqué, comme toujours, la situation des pays et les enjeux régionaux.
Q - Avez-vous eu de nouveaux contacts avec le président Ben Ali depuis son départ de Tunisie ?
R - Aucun.
Q - Saviez-vous que vos parents projetaient de conclure une transaction immobilière avec Aziz Miled, en marge de vos vacances de Noël ?
R - Non. Mes parents font ce qu'ils veulent de leur temps et de leur argent. Je les respecte, et je ne vais sûrement pas exiger d'eux qu'ils demandent mon autorisation avant de faire quoi que ce soit.
Q - Vos vacances ont-elles été programmées afin de finaliser cette transaction ?
R - Evidemment non. Quant à mes parents, s'ils ont saisi l'occasion de leur présence en Tunisie pour finir leurs papiers, ils auraient pu le faire à n'importe quel autre moment. Croyez-moi, ils n'ont pas besoin de moi pour partir où ils veulent, quand ils veulent.
Q - Que vous inspirent les demandes de «sanctions» formulées hier après-midi par la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry ? L'opposition a une nouvelle fois demandé votre démission. Avez-vous songé à quitter vos fonctions ?
R - C'est de la gesticulation politique pour camoufler le fait qu'ils n'ont aucune vision ni aucun projet. Sur la Côte d'Ivoire, ils sont muets. C'est vrai qu'ils ne sont pas très à l'aise, puisqu'ils n'ont toujours pas exclu Laurent Gbagbo de l'Internationale socialiste alors qu'il refuse la démocratie. Sur le processus de paix, on ne les entend pas alors que moi, je suis en contact permanent avec les gouvernements américain, israélien et palestinien. Moi, je travaille.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 février 2011