Déclarations de M. Lionel Jospin, Premier ministre, sur les relations entre la France et l'Egypte, notamment les relations économiques, la situation au Moyen orient et l'intervention militaire de l'Otan en Serbie, Le Caire les 1er et 2 mai 1999.

Prononcé le 1er mai 1999

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Circonstance : Visite en Egypte de M. Jospin les 1er et 2 mai 1999

Texte intégral

POINT DE PRESSE DU PREMIER MINISTRE, M. LIONEL JOSPIN
(Le Caire, 1er mai 1999)
Je crois que ce qui a été prévu, c'est une rencontre très brève avec vous, ce qu'on appelle en français un point de presse. Je peux simplement vous dire mon plaisir d'être ici, au Caire, de pouvoir rencontrer mon homologue, le Premier ministre El Ganzouri, et d'être reçu demain par le président Moubarak.
Ce voyage était prévu depuis plusieurs mois. Il a été retardé en raison des circonstances, raccourci aussi en raison des circonstances, mais il n'en conserve pas moins toute sa force symbolique en raison de la qualité des relations entre l'Egypte et la France, toute son utilité pratique, puisque demain je pourrai inaugurer France Expo 99, qui témoigne de la vitalité des relations économiques entre la France et l'Egypte.
Nous allons pouvoir continuer à faire vivre ce dialogue d'amitié, ce dialogue politique entre les autorités publiques et d'une certaine façon entre les deux peuples dans un moment de crise qui nous préoccupe, pour laquelle crise nous voulons trouver une issue. Je suis à votre disposition si vous avez quelques questions à me poser.
Q - Monsieur le Premier ministre, vous venez de revenir d'un voyage plus important, un voyage en Macédoine et en Albanie. Pouvez-vous nous faire rapidement le point ?
R - J'arrive de deux pays qui sont durement éprouves par la crise du Kosovo, par la déportation de masse des Kosovars perpétrée par le régime de M. Milosevic, qui les accueillent, l'un avec la fraternité - il s'agit des autorités albanaises -, l'autre avec l'esprit de responsabilité nécessaire - il s'agit des autorités macédoniennes -. Je leur ai confirmé que la France était a leurs côtés, dans l'aide humanitaire, dans l'aide économique, et que nous allions déployer tous nos efforts par la pression militaire parce qu'elle est indispensable, par la volonté de trouver une issue politique et diplomatique parce que celle-ci peut seule conduire au bout du compte à une solution, et que nous allions tout faire pour que cette situation soit provisoire et que les Kosovars puissent retourner dans leur pays.
Q - Les Etats-Unis ont bombardé l'Iraq en dépit du refus des pays européens, notamment la France, et puis, par l'OTAN, les Etats-Unis ont décidé de frapper la Yougoslavie, toujours en dépit de l'opposition du Conseil de sécurité de l'ONU, ce qui remet certainement en question le rôle de l'ONU.
L'Union européenne n'envisage-t-elle pas de lancer un projet de défense commune ?
R - Votre question montre qu'il n'y a pas simplement la crise du Kosovo qui doit nous préoccuper. La question du processus de paix, par exemple, est pour nous, Français, pour vous Egyptiens, essentielle, et j'en parlerai longuement demain avec le président Moubarak. La situation en Iraq nous préoccupe aussi. Nous pensons qu'il faut trouver une solution globale, nous pensons que l'Iraq doit appliquer les résolutions du Conseil de sécurité, mais nous pensons aussi que nous devons redonner une perspective à ce pays.
Quant au rôle de l'ONU, pour nous, il est essentiel. Nous avons dû agir dans l'urgence dans l'affaire du Kosovo, mais pour nous, c'est sous l'égide des Nations unies qu'on trouvera une solution diplomatique au Kosovo, et c'est sous l'égide des Nations unies que doivent être, quand c'est nécessaire, utilisés les recours à la force. Je voulais, à l'occasion de votre question, le rappeler.
Nous venons d'évoquer des conflits. La relations franco-égyptienne, elle, vit sous le signe de la paix dialogue entre nos cultures, échanges scientifiques, techniques, travail éducatif conjoint, vitalité des relations économiques et commerciales, regard porté en commun et souvent de la même façon, malgré nos histoires différentes, sur les grands problèmes diplomatiques du moment. Je crois vraiment que le dialogue des autorités égyptienne et française qui s'est développé entre le président Moubarak et le président François Mitterrand à partir de 1981, qui s'est poursuivi entre le président Jacques Chirac et le président Moubarak, qui était en France l'année dernière après que Jacques Chirac soit venu ici en 1996, ce dialogue, je sens qu'il continue à vivre à tous les niveaux, et au cours de ces deux jours qui n'en sont qu'un finalement, j'ai bien l'intention de le faire vivre avec le Premier ministre et aussi, puisque j'ai cet honneur, avec le président de la République.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 05 mai 1999)
ALLOCUTION DU PREMIER MINISTRE, M. LIONEL JOSPIN, DEVANT LA COMMUNAUTE FRANCAISE
(Le Caire, 2 mai 1999)
Messieurs les Ministres,
Monsieur l'Ambassadeur, Madame
Mesdames et Messieurs,
Mes chers compatriotes,
Je suis très heureux de clore cette visite au Caire par une rencontre avec les Français établis sur les rives du Nil. C'est pour moi un rendez-vous important C'est l'occasion de vous dire tout l'intérêt que le gouvernement français attache au travail de ceux qui ont choisi de représenter la France au-delà de ses frontières. Il me permet aussi de m'entretenir avec vous, de mieux vous connaître et de prêter une oreille attentive à vos préoccupations. Je voudrais enfin saisir ce moment pour vous faire mieux partager les sentiments qui animent notre pays, engagé dans une intervention difficile au Kosovo.
Notre présence en Egypte, pour ancienne et historique qu'elle soit, est tournée vers l'avenir. L'Egypte est entrée dans une phase de mutations rapides. Les travaux qui modifient en profondeur les infrastructures du Caire, et où nos entreprises prennent une place importante, en apportent quotidiennement la démonstration. Ce matin, j'ai inauguré l'exposition France-Expo 99, vitrine de cet engagement qui porte sur des domaines aussi variés que la construction du métro, le traitement et 1a distribution des eaux, les télécommunications, la cimenterie, l'électricité, les transports, l'agro-alimentaire ou l'hôtellerie. Mais nous ne devons en rester là. Notre effort doit porter sur les investissements, sur le commerce courant, qui est encore un peu insuffisant, et sur la présence en Egypte de nos petites et moyennes entreprises. L'action économique que vous menez dans ce pays et les succès que vous y remportez y contribueront, j'en suis convaincu.
Face aux défis nouveaux et de la mondialisation, l'Egypte a fait le choix d'une modernité maîtrisée, fondée sur la recherche d'un équilibre entre les contraintes du marché et les exigences de la solidarité. Je souhaite que le partenariat avec l'Union européenne - et j'ai plaisir à saluer ce soir les Ambassadeurs de nos partenaires -, soit un élément moteur de ce développement. Je forme aussi le voeu que l'accord de partenariat entre l'Egypte en cours de discussion soit signé rapidement.
Notre action culturelle elle aussi, emprunte des formes modernes. Les archéologues d'aujourd'hui, lointains héritiers de Champollion et de Maspero, utilisent pour leurs travaux, leurs recensements et leurs reconstitutions les techniques de pointe. Les hiéroglyphes sont collationnés et traités sur ordinateur. Les entreprises de travaux publics apportent leur concours aux fouilles et aux travaux de consolidation. Ainsi, la technique d'aujourd'hui vient à l'aide de la résurrection du passé. Nos enseignants, dont je salue la présence active et efficace, ne cessent de renouveler les approches pédagogiques et la méthodologie pour s'adapter à des publics très variés. Les filières que nous avons créées, au sein de l'université égyptienne, dans la gestion, le droit, les sciences politiques, le journalisme, ont connu, dès l'origine un très vif succès. J'espère que le projet d'université privée actuellement en gestation viendra compléter l'important effort entrepris.
Fortement présente dans la société, l'économie et la culture égyptiennes, votre communauté est animée par une vie associative riche et dense. Caire-AccueiI, l'U.F.E., l'A.D.F.E., la Société française de bienfaisance, l'Association des parents d'élèves ou encore l'Association des familles franco-égyptiennes apportent un appui précieux et sympathique à l'ensemble de nos compatriotes installés sur cette rive de la Méditerranée. Je sais aussi qu'elles entretiennent avec les représentants de l'Etat des relations chaleureuses et confiantes et que l'ambassadeur et ses collaborateurs sont constamment à votre écoute. L'Ambassadeur, comme vos délégués au Conseil supérieur des Français à l'étranger, m'a fait part des difficultés que vous rencontrez. Je sais que vous êtes particulièrement préoccupés par l'avenir du lycée français du Caire.
Le lycée qui est, me dit-on, excellent, risque d'être de plus en plus à l'étroit dans ses locaux actuels du fait de l'accroissement de la communauté française du Caire. J'ai donné des instructions pour qu'on examine au plus vite la meilleure façon de faire face à ce problème et j'ai le plaisir de vous annoncer que, malgré des contraintes budgétaires lourdes, l'Etat fera, dès cette année, un effort financier particulièrement important pour permettre l'acquisition d'un nouveau terrain et la construction d'un nouvel établissement.
Après un examen des différentes formules possibles, il est apparu que la meilleure façon d'avancer vite et efficacement était de faire passer le lycée sous le régime de la gestion directe par l'Agence pour l'enseignement du français à l'étranger. L'association des parents d'élèves du lycée français du Caire, apportera, comme dans le passé, sa contribution à sa bonne marche et à son développement, selon de nouvelles modalités qu'il faudra définir. Ces mesures devraient répondre aux attentes de nos compatriotes vivant au Caire et de ceux qui viendront les rejoindre.
Je voudrais enfin vous faire partager les sentiments qui sont les miens, alors que notre pays est engagé dans une intervention importante au Kosovo.
Détermination, diligence, disponibilité, tels sont les principes qui soudent notre action.
Détermination dans ce conflit, a conduire les frappes aériennes jusqu'à ce que M. Milosevic accepte les conditions posées par le Groupe de contact, l'Alliance atlantique, l'Union européenne et le Secrétaire général des Nations unies. Nous restons déterminés à le fléchir. Je viens, vous le savez, de me rendre en Macédoine et en Albanie. Le spectacle des milliers de femmes, d'hommes et d'enfants jetés sur les routes de l'exil, par la volonté des dirigeants serbes, renforce notre détermination. Plus de 700.000 personnes ont fui le Kosovo depuis un an, et l'on compte aujourd'hui environ 367.000 réfugiés en Albanie, 142.000 en Macédoine, et 63.000 au Monténégro. Au Kosovo même, plusieurs centaines de milliers de personnes déplacées survivent, vraisemblablement, dans des conditions extrêmement précaires. Il nous faut continuer à faire payer à M. Milosevic le prix de ces agissements, pour que toutes ces victimes, tous ces habitants du Kosovo, tous ces citoyens de la Yougoslavie puissent, le plus tôt possible, rentrer chez eux.
Diligence, parce que là encore, la marque des souffrances que portent les visages des personnes déplacées, les témoignages terribles dont un certain nombre se fait l'écho, leur douleur muette, parce qu'indicible, nous invitent à agir. Nos compatriotes se sont mobilisés dans un élan exceptionnel. Plus de 20 000 tonnes d'aide seront acheminées sur place par les moyens de l'Etat, avec l'aide des collectivités locales. Plus de 10 000 familles se sont portées volontaires pour accueillir des réfugiés.
A ce jour, nous avons organisé, dans le respect du droit international et des compétences du HCR, l'accueil d'environ 1800 personnes dans des centres d'hébergement collectif. Nous poursuivrons cet effort de solidarité. Une partie de ces réfugiés rejoindra des familles françaises.
Dès le début de l'exode, le France a mis en place un dispositif d'aide humanitaire complet. Outre notre contribution à l'effort de l'Union européenne - soit 265 millions de francs - l'Etat a débloqué 300 millions de francs pour porter secours aux réfugiés.
En Macédoine et en Albanie, la France assure la gestion de plusieurs camps de réfugiés. Elle achemine sur place, depuis son territoire, des milliers de tonnes de fret humanitaire, nourriture, médicaments, tentes, produits de première nécessité. En Macédoine, prenant le relais de nos soldats, l'action humanitaire française gère maintenant, avec des ONG, le camp de Stenkovec, où séjournent plus de 11.000 personnes. En Albanie, la France assure, au sein de l'opération "Abri allié" la protection de la zone sud du pays. Des unités d'intervention de la sécurité civile (UISC) des éléments de notre corps du Génie travaillent sur place. Nous apporterons une aide directe aux familles albanaises ou macédoniennes qui accueillent des réfugiés, selon des modalités actuellement à l'étude. Dans le même esprit, nous accorderons une aide économique et financière aux pays les plus touchés.
Disponibilité parce que nous préparons l'issue diplomatique de ce conflit. J'ai eu l'occasion de m'en entretenir avec les autorités macédoniennes et albanaises.
La solution négociée que nous prônons devra comprendre le déploiement de troupes au sol. Pour y parvenir, nous devons avoir la Russie à nos côtés. Lorsque sera venu le temps, pour le Conseil de sécurité, d'adopter, sous chapitre VII, une résolution, celle-ci devra, de l'avis de la France, prévoir la composition et le mandat de cette Force de sécurisation internationale. Quant à la puissance déployée, quant à l'unicité nécessaire de sa chaîne de commandement, quant à l'efficacité des règles d'engagement qui doivent être les siennes, la configuration de cette force doit être définie avec précision. Elle ne peut pas, à l'évidence, être une simple force civile, sur le modèle de l'ancienne "Mission des vérificateurs au Kosovo". Ce ne peut pas être non plus une force de l'Otan, stricto sensu. C'est pourquoi il est important que la Russie soit associée à la préparation, à la mise en oeuvre et à la garantie de l'accord politique à venir.
Disponibles, nous le restons. Parce que les frappes peuvent cesser dès que M. Milosevic aura accepter de retirer ses forces militaires, paramilitaires et ses milices du Kosovo.
Mesdames et Messieurs,
Mes chers compatriotes,
Je vous remercie de l'accueil cordial que vous m'avez réservé Je sais que, loin de notre pays, vous partagez les émotions que suscite en France cette tragédie. Vous représentez avec chaleur, dynamisme et efficacité les Français dans toute leur diversité. Je souhaite que vous puissiez ici exprimer et expliquer le sens que nous donnons à notre engagement aux côtés de l'Alliance Atlantique. Je vous souhaite enfin un plein succès dans ce pays magnifique : vous êtes, tous ensemble, les artisans du lien riche et fort qui nous rattache à l'Egypte.
VISITE EN EGYPTE
CONFERENCE DE PRESSE DU PREMIER MINISTRE, M. LIONEL JOSPIN
(Le Caire, 2 mai 1999)
Je remercie d'abord le directeur de la MENA de m'accueillir dans cette maison de 1a presse. Je viens devant vous pour une rencontre des presses à l'issue de ce trop bref séjour en Egypte, qui s'est tenu à l'occasion de France-Expo 1999, c'est-à-dire d'une très grande manifestation économique, symbolisant la puissance de la relation économique et commerciale entre l'Egypte et la France.
Naturellement, ce prétexte qui m'était donné m'a permis d'avoir des entretiens avec le président de la République, avec le Premier ministre de la République arabe d'Egypte, avec plusieurs des membres du gouvernement, accompagné que j'étais par plusieurs membres du gouvernement français. J'ai pu mesurer à quel point la relation extrêmement ancienne qui existe entre nos deux peuples, qui s'est toujours nouée à travers un dialogue de civilisation qui fait sans doute la qualité particulière de cette relation moins fondée sur les dimensions économiques que sur une reconnaissance profonde de l'origine même de nos cultures, de la nature même de nos pays. Elle s'est ensuite effectivement enrichie sur le plan des relations économiques, s'est également accomplie sur le terrain politique et diplomatique dans la mesure où l'Egypte et la France sont incontournables dans la sphère ou elles vivent : l'Egypte dans le monde arabe et au Proche-Orient, la France en Europe. L'une et l'autre, à partir d'une identité forte, à partir d'une puissance réelle, mais sans esprit de domination, ont en outre une certaine vision du monde, quelque chose à dire aux autres peuples, un certain regard sur l'organisation des relations internationales. Non seulement l'une et l'autre ont chacune un regard, mais peut-être aussi une façon de regarder ces relations internationales ensemble.
C'est pourquoi la fécondité de ce rapport entre l'Egypte et la France sur le plan politique, qui s'est véritablement amorcée par les relations entre le président Moubarak et le président François Mitterrand, qui s'est prolongée et épanouie dans la relation entre le président Moubarak et le président Jacques Chirac, que je fais vivre aussi à ma façon, je pense que cette relation politique exceptionnelle entre nos deux pays est utile au monde dans cette période troublée.
Voilà quelques éléments que je voulais vous donner. Je me réjouis aussi que ma venue ait été l'occasion de la signature de contrats importants qui sont naturellement dus aux services administratifs lorsqu'il s'agit de contrats entre les gouvernements, et bien sûr à la vitalité des entreprises quand il s'agit de contrats privés. Je suis à votre disposition maintenant pour répondre à vos questions.
Q - Monsieur le Premier ministre, quel bilan faites-vous sur le plan politique, surtout après vos entretiens avec M. Moubarak et M. Arafat aujourd'hui ?
R - J'ai eu un entretien avec le président Moubarak à la présidence de la République, et j'ai partagé un déjeuner avec le président Moubarak et le président Arafat. Nous n'avons pas eu à proprement parler des entretiens ensemble. Je crois qu'il faut distinguer les deux choses. II y avait dans la première discussion une façon de passer en revue un certain nombre de problèmes internationaux d'aujourd'hui, au premier chef au Kosovo, mais aussi d'autres questions dont nous avons parlé. Et il y avait dans le déjeuner que j'ai eu l'honneur de partager avec le président Arafat en invitation du président Moubarak quelque chose qui relevait plus sans doute d'un symbole fraternel.
Q - Monsieur le Premier ministre. Ce matin, il y a eu échange de discours entre vous-même et votre homologue, le docteur Kamal El Ganzouri lors de l'inauguration de France-Expo. Le docteur Kamal El Ganzouri a souligné que la France était le troisième partenaire commercial et économique de l'Egypte, et en même temps le troisième partenaire sur le plan des investissements. Comment pouvez-vous, en tant que chef du gouvernement français, faire en sorte que ce troisième partenaire devienne le premier ?
R - Vous savez Monsieur, il s'agit de la compétition mondiale. La France est sûrement bien armée. Elle n'a pas pour autant la taille de tel ou tel autre compétiteur, si vous regardez les choses en terme de population, en terme de produit national brut. Il est donc assez logique que nous ne soyons pas dans tous les domaines au premier rang malgré l'excellence de nos entreprises. Mais quand on fait le tour des 250 entreprises françaises qui étaient là ce matin, exposant à France-Expo 1999, lorsqu'on voit la part qu'un certain nombre de très grandes entreprises françaises se sont taillées sur le marché égyptien, lorsqu'on voit les contrats considérables qu'elles sont capables d'emporter, lorsqu'on voit comment elles sont présentes sur un certain nombre de dossiers considérés comme emblématiques par l'Egypte, et notamment par mon collègue, le Premier ministre El Ganzouri, notamment ce projet de Tochka.
Je pense que nous sommes extrêmement bien placés. Je crois que pour progresser encore dans le sens de votre question. Il me semble que nous devons diversifier davantage notre présence économique, c'est-à-dire que nous ne devons pas seulement nous reposer sur les très grandes entreprises, les grands contrats - même s'il sont toujours nécessaires -, mais nous devons faire en sorte que davantage de moyennes entreprises ou de petites entreprises viennent sur le marché égyptien. C'est ce qui est en train de s'amorcer d'ailleurs. C'est cette diversification de ce commerce, c'est sa banalisation au bon sens du terme qui sont en cours. Il faut y veiller. Le président d'EDF, qui était là pour signer un contrat absolument considérable, m'a présente sur son stand trois entreprises moyennes qu'il emmenait avec lui, dans son sillage, qu'il parrainait. Voila une bonne démarche : une très grande entreprise française, mondialement connue, emmène avec elle des entreprises qui sont dans sa sphère. J'ai constaté aussi ce matin, en allant au stand de petites et moyennes entreprises, qu'il y avait une série d'entreprises performantes qui venaient seules, sans tuteur ou sans grand frère pour les tenir par la main. J'ai constaté que plusieurs d'entre elles entraient sur le marché égyptien par des partenariats avec les entreprises locales égyptiennes. Je pense que c'est une démarche féconde, et en tous cas, c'est celle que me suggérait d'emprunter mon collègue, le Premier ministre El Ganzouri.
Q - En qui concerne 1a Libye et l'Algérie, qui sont deux pays très importants pour l'Egypte, je voudrais savoir comment la France va poursuivre ces relations avec ces deux pays maintenant que la suspension des sanctions a eu lieu avec la Libye, et avec l'Algérie après ce coup de froid disons, suite aux déclarations du président Bouteflika vis-à-vis de la France ?
R - Je ne peux pas mettre ces deux pays sur le même plan. Nous avons une relation extrêmement ancienne avec l'Algérie, qui est souvent passionnée, mais qui est faite en réalité aussi de beaucoup d'intimité et de connaissance de chacun. Nous avons une communauté algérienne importante en France. Ce qui se passe en Algérie retentit dans nos coeurs, nous émeut et souvent nous éprouve. Nous condamnons profondément le terrorisme. II vient d'y avoir un changement politique. La relation avec l'Algérie est pour nous fondamentale, Nous souhaitons qu'elle soit excellente. Donc, nous espérons, puisque ces élections ont eu lieu maintenant, que cette relation se développera, et croyez qu'en tous cas la France y est prête.
En ce qui concerne la Libye, c'est une situation un peu différente, c'est un pays qui est plus loin, c'est un pays avec lequel nous n'avons pas exactement les mêmes liens, c'est un pays avec lequel nous avons eu entre nous un drame qui a connu un épisode judiciaire. La Libye est peut-être en train de se libérer d'un certain nombre de contraintes légitimes internationales qui pesaient sur elle en raison de sa capacité à accepter d'assumer un certain nombre d'actes qui se sont produit. Nous sommes prêts à développer dans ce cadre nouveau des relations avec ce pays. Mais ce n'est évidemment pas tout à fait sur le même plan que ce qui peut se passer entre la France et l'Algérie, vous vous en doutez.
Q - Monsieur le Premier ministre, certains pensent que l'intervention de l'OTAN, la déclaration de guerre de l'OTAN contre la Yougoslavie tend à marginaliser l'ONU. Est-ce le début d'une ère où la légalité internationale sera en récession ?
R - Je ne le crois pas, en tout cas je ne le veux pas. Pour nous, l'Organisation des Nations unies reste l'organisation internationale que ce sont données les nations au lendemain de la guerre de 1939-1945, lorsqu'elles ont voulu, tirant les leçons de l'espérance puis de l'échec de la Société des Nations, régir les relations internationales sous l'égide d'une organisation qui représente cette communauté internationale. Nous pensons que l'examen des grands problèmes du monde en dehors du dialogue entre les nations et la réglementation des affaires du monde, la légitimation de la force quand elle doit parfois être employée doivent continuer à relever des Nations unies.
L'OTAN, pour nous, est et reste une organisation régionale de sécurité collective, et non pas une organisation mondiale qui pourrait viser - si telle était son intention, mais je ne le crois pas -, à se substituer aux Nations unies, voire à s'émanciper des Nations unies. Je ne crois donc pas que la façon dont nous avons agi dans l'urgence aux côtés de nos alliés au Kosovo, non pas pour déclarer la guerre à la Serbie, mais pour frapper effectivement le potentiel militaire et de répression serbe, de façon à conduire les autorités serbes à une négociation et à la recherche d'une issue politique et diplomatique vaille précédent.
Nous gardons donc bien cette conception des Nations unies, et nous espérons d'ailleurs en l'espèce, pour revenir au cas du Kosovo, qu'une solution diplomatique et politique sera trouvée sous l'égide des Nations unies, même s'il faudra très certainement sur le terrain une force de sécurité internationale qui ne sera pas composée certainement que de forces des Nations unies, mais qui sera composée de façon plus complexe et plus efficace. Voilà ce que je peux vous dire pour éclairer votre pensée sur la position française.
Q - Monsieur le Premier ministre, quels sont les efforts français pour soutenir le candidat égyptien pour le poste de directeur général de l'Unesco à la lumière des efforts saoudiens pour soutenir leur candidat ?
R - Vous avez vu comme c'est compliqué déjà, ces efforts multiples. La France n'a pas l'habitude d'indiquer publiquement ce qu'elle fait. C'est l'art des diplomates que de décrypter ces démarches, et cela peut aussi être l'art des journalistes.
Q - J'ai deux questions en fait, la première sur le Proche-Orient, puisque vous venez de déjeuner avec MM. Moubarak et Arafat. Que pensez-vous de la décision de l'OLP de reporter à une date ultérieure la proclamation d'un Etat palestinien ? Deuxièmement, en ce qui concerne le Kosovo dont vous avez aussi parlé avec vos interlocuteurs, on a appris aujourd'hui que les trois soldats américains avaient été libérés d'une part, et d'autre part que par l'intermédiaire du pasteur Jackson, Slobodan Milosevic faisait des propositions. Est-ce que vous êtes au courant de ces propositions et qu'en pensez-vous ?
R - Nous avons toujours considéré, en tous cas considéré depuis plusieurs années, que les Palestiniens avaient le droit à former un Etat, que, s'ils le faisaient dans une forme négociée, notamment avec leurs partenaires israéliens et avec la caution de la communauté internationale, nous pourrions asseoir le plus solidement les conséquences du processus de paix. Ce droit à affirmer un Etat est pour nous essentiel. En même temps, nous avons jugée sage la décision des autorités palestiniennes de repousser cette proclamation, peut-être parce qu'ils souhaitaient attendre le résultat des élections israéliennes. Cela, c'est leur appréciation. Aussi parce que c'est sûrement à travers un processus négocié que les choses se feront le mieux, à condition bien sûr qu'on ait en face un partenaire qui l'accepte. Sinon, ce droit existe, et donc il peut être proclamé. Voilà la position de la France. Nous en avons un petit peu parlé avec le président Arafat. Je l'ai notamment questionné sur la façon dont s'est passé le Conseil national palestinien. Mais cela fait partie de nos discussions à chaque fois que nous nous voyons. Le président Arafat était il y a un mois encore à Matignon, au siège du gouvernement français.
En ce qui concerne le Kosovo, je me réjouis de la libération des trois soldats américains qui avaient été kidnappés, il faut bien le dire. Je n'ai pas voulu faire de commentaires hier, parce que quand certains journalistes m'ont interrogé, cela n'était pas encore avéré : maintenant, cela semble l'être et donc je m'en réjouis.
Quant aux propositions qui ont pu être transmises, nous voulons d'abord les examiner de près, mais je pense que tout ce qui sera trop éloigné des conditions émises par les pays de l'Alliance atlantique et aussi par le Secrétaire général des Nations unies en ce qui concerne une issue politique au Kosovo, qui sont l'arrêt de la répression, cela va de soi, le retrait des forces militaires et paramilitaires serbes, le principe, avant que la démarche puisse se concrétiser, mais au moins le principe déjà du retour des réfugiés, la volonté de dégager les bases d'une issue politique dont d'ailleurs les éléments principaux avaient été préparés à Rambouillet à l'initiative en partie de la diplomatie française et notamment grâce aux efforts de M. Hubert Védrine, le ministre des Affaires étrangères qui est ici présent avec moi, et la nécessité qu'une force garantisse tout cela pour qu'on ait vraiment et enfin un Kosovo autonome, pluraliste, démocratique, où les concitoyens puissent vivre en paix. Toute proposition qui serait trop éloignée de ces conditions, qui pour la communauté internationale paraissent comme minimum, ont peu de chance de déboucher positivement. Pour autant, la France, qui reste déterminée à poursuivre, avec ses alliés, les frappes tant qu'elles sont nécessaires, est tout à fait attentive à toute possibilité de déboucher sur un accord politique pour ramener la paix au Kosovo.
Q - Monsieur le Premier Ministre, c'est la France qui a pris l'initiative du dialogue à la place de la confrontation Pourquoi alors nous ne sommes pas témoins jusqu'à présent d'un dialogue Nord Sud ?
R - C'est une bien vaste question, Madame. Heureusement quand même, un dialogue Nord-Sud existe. Il existe sur le plan bilatéral entre la France et beaucoup de pays du Sud. Nous venons d'amorcer la rénovation de notre politique de coopération pour dégager de nouveaux concepts, pour le fonder davantage sur le partenariat, c'est-à-dire sur un partenariat entre des pays égaux entre eux, quelque soit leur différence de développement. Nous la menons dans le cadre de l'Union européenne par la renégociation, que nous sommes en train de préparer, de la Convention de Lomé, qui unit les 15 pays européens et de nombreux pays de la zone africaine, de l'Amérique ou du Pacifique. Nous la conduisons dans des organisations internationales où la France défend souvent à la Banque mondiale, au Fonds monétaire ; dans la CNUCED, des positions qui sont plus favorables aux pays en voie de développement. Donc, ces dialogues existent, et pour ce qui concerne la France, nous sommes prêts à les poursuivre et à leur donner plus d'élan si c'est possible.
Q - Monsieur le Premier ministre, si vous permettez, je reprendrai le même thème du report de votre proclamation de l'Etat palestinien, mais d'un autre angle. Quel est le rôle de la France et de l'Union européenne pour relancer le processus de paix d'une part, et le rôle de l'initiative franco-égyptienne, toujours à cette même fin ?
R - L'Europe des Quinze, notamment sur proposition de la France, même si la présidence allemande comme il était normal bien sûr a beaucoup contribuée à l'aboutissement, a adopté à ce propos une déclaration tout récemment, que beaucoup des acteurs ont jugée positive, et notamment les autorités égyptiennes et les autorités palestiniennes. L'Union européenne donc, indépendamment de l'effort qu'elle fait sur le plan financier, sur le plan de l'aide à un certain nombre de grands projets dans les territoires de l'autorité palestinienne, les Quinze, par ses déclarations politiques, par les soutiens qu'elle apporte au processus de paix, par la reconnaissance de la façon dont l'autorité palestinienne a abordé récemment la question de la proclamation de l'Etat palestinien, joue pleinement son rôle et va continuer à le jouer. La déclaration commune franco-égyptienne a été une initiative à laquelle la diplomatie française a contribuée, mais qui a été une initiative entre les deux présidents, le président Moubarak et le président Jacques Chirac. C'est à eux que revient la responsabilité de savoir sous quelle forme ils l'utilisent ou la relancent à un moment ou un autre. Nous espérons que le processus de paix, au lendemain des élections israéliennes, va reprendre avec plus de force, avec plus de confiance entre les partenaires, avec plus de foi dans la parole donnée, parce que les actes suivraient les déclarations. Nous espérons que ce sera le cas. Si cela ne l'était pas, alors pourrait venir un moment où la déclaration commune franco-égyptienne pourrait être utile.
Q - Monsieur le Premier ministre, que pensez-vous de la loi adoptée par le Congrès américain, "Libération de l'Iraq", visant à renverser le président Saddam Hussein, et qui prévoit également une assistance financière à l'opposition iraquienne récemment invitée à
Washington ?
R - Je ne commente pas, Madame, les déclarations d'un Parlement étranger. Je peux éventuellement commenter des actes de gouvernement, et encore mon rôle est moins de commenter que d'agir, mais je ne ferai pas de commentaire sur une résolution adoptée dans une assemblée américaine.
Q - Monsieur le Premier ministre, la France a toujours appelé à la liberté, à l'égalité, à la fraternité et à la justice également depuis la Révolution française. Comment peut-on aujourd'hui consolider ces valeurs avec toutes les crises qui font pression sur la conjoncture internationale politiquement et économiquement ?
R - Il faut d'abord que chaque nation témoigne pour ce qu'elle a à dire. Nous nous efforçons de faire vivre ces valeurs par notre diplomatie, par la façon dont nous réglons les conflits que nous pouvons avoir. La France n'a plus de conflit direct qui la concerne, qui concerne son territoire, mais nous essayons de faire entendre une parole de raison dans les conflits internationaux.
Par exemple à propos de la crise iraquienne, même si nous pensons tout aussi fermement que nos partenaires que l'Iraq doit respecter les obligations qui lui sont fixées par les Nations unies, il est vrai que nous n'abordons pas le problème de la solution du blocage du problème iraquien exactement de la même manière que tel ou tel partenaire de l'Alliance. Nous pensons que c'est de façon globale maintenant qu'il faut regarder la question de l'Iraq. Nous pensons aussi qu'il faut fixer une perspective avec ce pays pour lui donner envie en quelque sorte de rejoindre la communauté des nations, à la fois en remplissant ses obligations, mais en espérant aussi pouvoir sortir des contraintes qui lui ont été imposées jusqu'ici tout à fait légitimement par la communauté internationale.
Lorsqu'il y a des crises, nous essayons de garder la tête froide, nous essayons de regarder ce qui a marché et ce qui n'a pas marché, et nous essayons de proposer des solutions. Les propositions qui ont été faites par la diplomatie française à cet égard ont intéressé. Peut-être qu'elles viennent un peu tôt, peut-être qu'elles seront utiles plus tard, mais elles sont sur la table. Voilà un exemple. Donc, essayons d'agir comme nation selon ces valeurs puisque vous vouliez bien vous en réclamer, et puis essayons de faire en sorte qu'elle vive dans les relations internationales.
Q - Monsieur le Premier Ministre, des négociations très dures ont été engagées entre l'Egypte et l'Union européenne pour arriver à la signature d'un accord de coopération. Dans quelle mesure la France contribue à lever les derniers obstacles ?
R - Nous sommes favorables à ce que cette négociation débouche positivement, et donc nous sommes ouverts à la façon dont nous pourrions contribuer à ce que vous appelez la levée des derniers obstacles. En tout cas, si la relation privilégiée qui existe entre la France et l'Egypte sur le plan économique peut s'intégrer sans chasser une relation bonne entre l'Egypte et l'Union européenne, pour nous c'est tout à fait positif. Nous sommes prêts à y contribuer.
Q - C'est une question d'ordre intérieur. Que pensez-vous du nouveau phénomène de politique française de cohabitation entamé par le président Mitterrand en 1986. Est-ce là une formule d'entente libre ou de mécontentement de la part du peuple français ?
R - Les questions adressées au peuple français doivent lui être adressées. Je ne prétendrai pas être son interprète. Vous dites que c'était en 1986. Nous sommes en 1999. Dites-moi, donnez-moi votre avis.
Q - Monsieur le Premier Ministre, une question sur la mondialisation. Nous vivons une époque où le moindre problème, le moindre phénomène est connu, même s'il a surgi en un point du globe, à l'autre bout de notre planète, et il a des répercussions. Avec la crise financière dans le sud-est asiatique, nous avons observé notamment ce phénomène. Nous sommes très vivement intéressé nous autres par le déséquilibre entre les pays riches du Nord et les pays pauvres du sud. Quels sont à votre avis les mécanismes à l'échelle mondiale qui peuvent le mieux introduire un équilibre ou une certaine équité entre les nations riches et les pays en développement afin que le système mondial puisse permettre une prospérité relative tout autour de notre globe ?
R - Naturellement, chaque pays est responsable de lui-même. Le développement d'une nation résulte d'abord du courage, du travail, de l'inventivité de ses ressortissants, de la sagesse, si elle existe, de ses autorités politiques, du dynamisme de ses acteurs économiques. Donc, cela n'est pas simplement l'organisation des relations internationales qui peuvent faire la prospérité de telle ou telle nation, mais l'effort de ceux qui la composent. D'ailleurs, à cet égard on peut dire que depuis plusieurs années, l'Egypte a accompli des pas en avant importants et a eu des résultats économiques significatifs.
Pour autant, à partir du moment où il y a un phénomène de mondialisation, de globalisation, il nous apparaît qu'il est nécessaire d'organiser ce monde global. En tant que pays, nous ne nions pas la globalisation : dans la politique économique que conduit mon gouvernement, on s'adapte à cette réalité. Mais en même temps, nous pensons que ce monde global doit être mieux organisé.
La crise financière de l'année dernière, qui a affecté d'abord des pays asiatiques, qu'on a retrouvé sous d'autres formes en Russie, qui s'est manifestée au Japon, qui a fait irruption au Brésil, montre qu'il est nécessaire d'organiser les relations économiques mondiales. Au plan monétaire, il s'agit d'équilibre entre les monnaies ; au plan financier, il s'agit des conditions dans lesquelles on investit, on place les capitaux ; au plan commercial, il s'agit des règles qui président aux échanges de façon à ce qu'ils soient équilibrés, ou bien encore il s'agit de problèmes très importants qui touchent la science, les techniques, les brevets, de façon à ce que chacun puisse y avoir accès. Nous pensons qu'il faut mieux organiser le système monétaire international, nous pensons qu'il faut assainir les mouvements financiers internationaux et en particulier limiter les fonds spéculatifs, donner plus de transparence et plus de règles aux mouvements de capitaux à long terme. Nous pensons que l'Organisation mondiale du commerce doit également organiser les relations commerciales, réguler les conflits, créer plus d'égalité, et puis il y a un certain nombre d'autres organisations internationales, dans d'autres domaines que j'évoquais qui peuvent également jouer ce rôle. Les dialogues bilatéraux, les accords d'association ou de coopération entre ensembles régionaux peuvent être aussi une façon de donner plus de stabilité aux relations économiques mondiales. Voilà en gros ce que je voulais vous dire. Une dernière question.
Q - Monsieur le Premier Ministre, est-ce que vous savez si la Libye ou d'autres pays du Proche-Orient vont essayer d'exporter du pétrole en Yougoslavie ?
R - Madame, les Quinze pays membres de l'Union européenne ont pris une décision politique qui signifie que chacun d'entre eux s'engage à ne pas fournir de produits pétroliers, de carburant à la Yougoslavie. C'est une décision politique. Quant aux décisions d'embargo qui ont été évoquées, notamment dans le cadre de l'OTAN, ces décisions supposent de respecter le droit international. Une nation ou un ensemble de nations ont toujours le droit de décider avec qui ils commercent. C'est une décision politique. Et en ce qui concerne l'établissement d'un embargo et les conditions dans lesquelles on le fait respecter, cela doit se faire dans le respect du droit international. C'est ce que la France a dit à ses partenaires. Alors, je préfère rappeler ces considérations générales que me fixer sur tel ou tel cas d'espèce.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 05 mai 1999)