Texte intégral
Editorial d'Arlette Laguiller,
Dans " LUTTE OUVRIERE "
Du 05/03/2001
C'EST L'INTERET DE TOUS LES TRAVAILLEURS DE SOUTENIR LES LISTES LUTTE OUVRIERE
Le 11 mars, les électeurs sont appelés à réélire les conseils municipaux des 36000 communes de France. Aucun parti politique, même parmi les plus grands, n'a la possibilité de présenter des listes dans toutes ces communes. A plus forte raison, Lutte Ouvrière n'a pas la force de présenter des listes partout. Malgré tout Lutte Ouvrière présente cent vingt-neuf listes. Elle sera présente dans les quinze arrondissements les plus populaires de Paris, dans vingt-neuf communes parmi les plus ouvrières de la banlieue parisienne et dans la majorité des villes de plus de 100000 habitants.
Bien évidemment, les candidats de Lutte Ouvrière n'ont pratiquement aucune chance de conquérir une municipalité, et se présenter sur un programme de gestion municipale serait dépourvu de sens. Mais justement aucun des grands problèmes qui touchent aujourd'hui la population laborieuse, que ce soit le chômage, la multiplication des emplois précaires ou des temps partiels imposés, les menaces contre la retraite à soixante ans, la possibilité d'accéder à des logements de qualité aux loyers accessibles, ou encore la qualité des soins hospitaliers et les remboursements de la Sécurité sociale, ne sont du ressort des maires.
C'est pourquoi les listes de Lutte Ouvrière mènent une campagne politique, pour dénoncer ce patronat arrogant, qui a mis à sa tête un baron issu en ligne droite de ce "comité des forges" qui incarnait ce qu'il y avait de plus réactionnaire dans le patronat français dans les années 1930. Un patronat qui ose demander, en même temps, à étendre la pré-retraite avec l'aide de l'Etat et à repousser l'âge de la retraite à 65 ans, voire plus.
Elles dénonceront en même temps la droite, qui se présente cyniquement comme le porte-parole naturel de ce patronat, et qui n'a que mépris pour les travailleurs comme pour les femmes, à l'image de son leader à Paris, Seguin, qui a osé répondre "A la niche !" aux femmes qui critiquaient la manière dont il a évincé la jeune Roxane Decorte de la tête de liste du XVIIIème arrondissement.
Mais nos listes dénonceront aussi la politique de la gauche gouvernementale, qui présente comme un succès à mettre à son actif la baisse du chômage, due avant tout à la relative reprise économique, mais en oubliant de dire que cette baisse s'est accompagnée d'une augmentation considérable des emplois précaires, des temps partiels imposés, et que des millions de travailleurs doivent vivre aujourd'hui avec un revenu inférieur au SMIC. Une gauche gouvernementale qui poursuit la même politique de subventions directes ou déguisées aux grandes entreprises, de cadeaux fiscaux aux plus gros revenus, qui était celle de la droite en son temps.
C'est pour permettre aux travailleurs de faire entendre leur exigence d'une autre politique que Lutte Ouvrière présente des listes dans ces élections. Mais ce n'est pas que pour cela.
Si nous avons des élus, ou au moins un nombre de voix significatif, nous nous efforcerons, dans chaque commune où nous sommes présents, avec l'aide de ceux qui nous auront soutenus, d'exiger de la nouvelle majorité municipale, quelle qu'elle soit, qu'elle tienne compte des intérêts de la population laborieuse. C'est possible, parce que le territoire d'une commune est limité, parce que les élus municipaux y vivent sous les yeux de la population, et qu'il est donc relativement facile à celle-ci de les mettre face à leurs responsabilités.
Il est plus qu'urgent que le monde du travail fasse entendre ses exigences. C'est pourquoi nous appelons tous les travailleurs qui votent dans des communes où nous présentons des listes, à voter pour Lutte Ouvrière, le seul parti qui aujourd'hui se place sur le terrain de la défense des intérêts des travailleurs, le seul qui combatte résolument tout ce que la politique de ce gouvernement a d'anti-social. Et les travailleurs qui n'habitent pas ces communes peuvent convaincre leurs amis, les membres de leur famille, de voter Lutte Ouvrière.
Arlette Laguiller
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 13 mars 2001)
Editorial d'Arlette Laguiller,
Dans " LUTTE OUVRIERE "
du 12/03/2001
LUTTE OUVRIERE : APRES LE PREMIER TOUR DES MUNICIPALES
Lutte ouvrière, en présentant dans ces élections municipales 129 listes dans 109 villes, a pu s'adresser à 5 millions d'électeurs. Cela ne représente que 13 % de l'électorat et les résultats de nos listes, rapportés à la totalité de l'électorat, sont par là-même modestes.
Cela dit, 5 millions d'électeurs, cela représente quand même un sondage grandeur nature. Et, dans la quasi-totalité des villes où nous nous sommes présentés, et en particulier dans les villes à forte population ouvrière, nos résultats ont doublé, voire triplé par rapport aux élections municipales précédentes, et sont en augmentation par rapport à nos suffrages toutes élections confondues.
Dans la majorité des villes où nous nous sommes présentés, les listes Lutte ouvrière dépassent les 5 % des électeurs et, dans un certain nombre d'entre elles, les 10 %. Et nos scores les plus élevés sont atteints dans les quartiers populaires ou dans ces cités HLM où le chômage reste important et où on ne parvient pas à sortir de la pauvreté, même lorsqu'on a trouvé un travail précaire et mal payé. Nos résultats reflètent la déception d'une partie importante de la classe ouvrière envers la politique du gouvernement qui se dit de gauche.
Les électeurs qui ont voté pour les listes Lutte ouvrière ont évidemment voté contre les listes de droite et d'extrême droite. Mais, en même temps, ils ont refusé de voter pour la gauche gouvernementale. Ils ont voulu montrer par leurs votes qu'ils ne se reconnaissent pas dans cette gauche gouvernementale qui favorise les couches les plus riches de la population, pendant qu'une partie du monde du travail est maintenu dans la pauvreté. Un gouvernement prétendument de gauche qui déverse des centaines de milliards de subventions, de dégrèvements fiscaux et d'allégements de cotisations sociales aux entreprises pendant qu'on ferme des hôpitaux, qu'on diminue les remboursements de sécurité sociale et qu'on privatise des services publics. Un gouvernement qui se prétend de gauche mais qui n'a rien fait, depuis trois ans qu'il est au pouvoir, pour aider un tant soit peu les travailleurs face au grand patronat et à ses attaques contre les travailleurs. Il laisse les grandes entreprises licencier même lorsqu'elles font des profits fabuleux. Il laisse le patronat s'attaquer à la retraite à 60 ans.
Les candidats de Lutte ouvrière se sont fait les porte-parole des millions de travailleurs en bas de l'échelle sociale, victimes principales de la politique gouvernementale en faveur des riches. De ceux qui, malgré les vantardises du gouvernement sur la baisse du chômage, ne trouvent qu'un travail en intérim ou à temps partiel non souhaité et dont la généralisation fait que 14 % de la population laborieuse doivent vivre avec moins de 4.200 F par mois et que l'offensive patronale et la politique gouvernementale contribuent à marginaliser, à enfermer dans des ghettos sociaux.
Eh bien, ce sont ceux-là qui se sont exprimés sur nos listes. Et ils s'exprimeront de plus en plus dans l'avenir car ils se rendront de plus en plus compte que ce gouvernement n'est en rien le leur.
La progression des résultats des autres listes d'extrême gauche confirme ce rejet de la politique gouvernementale.
Bien que nous ayons multiplié par quatre nos conseillers municipaux, leur nombre reste faible. Mais, dans les villes où ils ont obtenu le soutien d'une partie significative de la population laborieuse, avec l'aide de celles et ceux qui ont voté pour les élire, ils sauront mener une politique locale en faveur des exploités, en faisant pression sur la majorité municipale, quelle que soit sa couleur politique.
Dans les quelques villes où les électeurs ont voulu que nous nous maintenions au deuxième tour en nous accordant les plus de 10 % de votes nécessaires à cela, nous serons présents pour défendre la politique que nous avons défendue au premier tour.
Là où nous ne pourrons pas nous présenter au deuxième tour, nous n'appelons pas plus à voter pour la gauche gouvernementale que pour la droite anti-ouvrière. Les travailleurs ont été assez trompés depuis 1981.
Arlette Laguiller
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 20/03/2001)
Editorial d'Arlette Laguiller,
Dans " LUTTE OUVRIERE "
APRES LE DEUXIEME TOUR DES MUNICIPALES
20/03/2001
Les élections municipales ne sont pas très démocratiques, et le deuxième tour l'est bien moins encore que le premier.
Au premier tour déjà, les listes qui réalisent moins de 5 % des voix sont éliminées du partage des sièges, même si, comme cela arrive dans les grandes villes, chaque tranche de 2 % de l'électorat, voire moins, devrait être représentée par un élu.
Cet aspect antidémocratique est encore aggravé au deuxième tour, car les listes qui font moins de 10 % au premier tour ne peuvent pas se présenter au deuxième. Ainsi, le deuxième tour est donc loin de constituer une photographie de l'opinion. Par ailleurs, la liste qui réalise le meilleur résultat, même si c'est à 1 % près, rafle 50 % des sièges, auxquels s'ajoute un nombre de sièges correspondant au pourcentage qu'elle réalise dans l'électorat.
La représentation municipale est donc un reflet très déformé de l'électorat.
L'influence électorale des divers courants politiques ne s'établit donc qu'au premier tour. Or, les résultats du premier tour ont montré que la droite était majoritaire en voix. Ce n'est pas nouveau dans ce pays où des lois injustes écartent du droit de vote une fraction importante de la classe ouvrière : les travailleurs immigrés. Mais cela a été accentué par la politique anti-ouvrière et pro-patronale menée par le gouvernement qui a fait que c'est précisément dans les quartiers populaires que l'abstention a été la plus forte.
Il en résulte qu'au deuxième tour la gauche a perdu bien plus de municipalités au profit de la droite que l'inverse.
Bien sûr, dans deux des plus grandes villes du pays, à Paris et à Lyon, la gauche a enregistré un succès et a pris l'hôtel de ville. Ce n'est pas nous qui pleurerons sur le sort de Tiberi, de Seguin, de Millon et consorts. Cela dit, ceux des Parisiens qui ne sont ni bourgeois, ni petits bourgeois, n'ont rien à attendre du socialiste Delanoé. Les élections sont cependant, à Paris comme à Lyon ou Marseille, très particulières. Les mystères de cette loi électorale ont cette fois favorisé la gauche, lui permettant de s'installer à l'hôtel de ville alors, pourtant, que la droite a eu la majorité des suffrages dans les deux villes. La droite fait, pour une fois, les frais d'une loi électorale antidémocratique, établie en complicité entre grands partis.
Le fait notable de ces élections est la perte subie par le PCF. Perte de voix, mais aussi de mairies au profit de la droite ou au profit de son allié socialiste.
Robert Hue a déclaré, le soir du deuxième tour, en substance, que c'est parce que le gouvernement ne s'est pas assez soucié des travailleurs et des couches populaires et que c'est dans les quartiers populaires que l'abstention a été la plus importante. Constatant qu'il n'y a pas eu de "vague rose", il a ajouté que la "composante rouge" du gouvernement devra se manifester plus dans l'avenir. Il serait temps que Robert Hue se souvienne de la couleur rouge!
Robert Hue aurait pu ajouter que, là où elle s'est présentée, il y a eu une poussée vers l'extrême gauche. Si certaines de ses voix viennent de la mouvance socialiste, beaucoup viennent d'électeurs communistes. Robert Hue pourrait en tirer la conclusion que ses ministres devraient quitter le gouvernement, bien qu'on ne puisse même pas affirmer que cela sauverait son parti. Les dirigeants du PC font payer à leur parti des années de politique suiviste à l'égard du PS, de complicité dans la politique anti-ouvrière de celui-ci.
Ce qui serait regrettable, c'est que cela décourage les militants de base et les électeurs du PC et que cela leur fasse perdre non seulement leurs illusions envers les dirigeants du PCF mais aussi leur confiance en leurs idées.
Mais le progrès de l'extrême gauche, en particulier de celle qui s'est affirmée ouvertement sous son nom dans ces élections, prouve qu'on peut tout à la fois rester fidèle aux idéaux communistes de transformation sociale radicale et progresser dans l'opinion alors que la soi-disant gauche, y compris le PCF, recule.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 30 mars 2001)
Dans " LUTTE OUVRIERE "
Du 05/03/2001
C'EST L'INTERET DE TOUS LES TRAVAILLEURS DE SOUTENIR LES LISTES LUTTE OUVRIERE
Le 11 mars, les électeurs sont appelés à réélire les conseils municipaux des 36000 communes de France. Aucun parti politique, même parmi les plus grands, n'a la possibilité de présenter des listes dans toutes ces communes. A plus forte raison, Lutte Ouvrière n'a pas la force de présenter des listes partout. Malgré tout Lutte Ouvrière présente cent vingt-neuf listes. Elle sera présente dans les quinze arrondissements les plus populaires de Paris, dans vingt-neuf communes parmi les plus ouvrières de la banlieue parisienne et dans la majorité des villes de plus de 100000 habitants.
Bien évidemment, les candidats de Lutte Ouvrière n'ont pratiquement aucune chance de conquérir une municipalité, et se présenter sur un programme de gestion municipale serait dépourvu de sens. Mais justement aucun des grands problèmes qui touchent aujourd'hui la population laborieuse, que ce soit le chômage, la multiplication des emplois précaires ou des temps partiels imposés, les menaces contre la retraite à soixante ans, la possibilité d'accéder à des logements de qualité aux loyers accessibles, ou encore la qualité des soins hospitaliers et les remboursements de la Sécurité sociale, ne sont du ressort des maires.
C'est pourquoi les listes de Lutte Ouvrière mènent une campagne politique, pour dénoncer ce patronat arrogant, qui a mis à sa tête un baron issu en ligne droite de ce "comité des forges" qui incarnait ce qu'il y avait de plus réactionnaire dans le patronat français dans les années 1930. Un patronat qui ose demander, en même temps, à étendre la pré-retraite avec l'aide de l'Etat et à repousser l'âge de la retraite à 65 ans, voire plus.
Elles dénonceront en même temps la droite, qui se présente cyniquement comme le porte-parole naturel de ce patronat, et qui n'a que mépris pour les travailleurs comme pour les femmes, à l'image de son leader à Paris, Seguin, qui a osé répondre "A la niche !" aux femmes qui critiquaient la manière dont il a évincé la jeune Roxane Decorte de la tête de liste du XVIIIème arrondissement.
Mais nos listes dénonceront aussi la politique de la gauche gouvernementale, qui présente comme un succès à mettre à son actif la baisse du chômage, due avant tout à la relative reprise économique, mais en oubliant de dire que cette baisse s'est accompagnée d'une augmentation considérable des emplois précaires, des temps partiels imposés, et que des millions de travailleurs doivent vivre aujourd'hui avec un revenu inférieur au SMIC. Une gauche gouvernementale qui poursuit la même politique de subventions directes ou déguisées aux grandes entreprises, de cadeaux fiscaux aux plus gros revenus, qui était celle de la droite en son temps.
C'est pour permettre aux travailleurs de faire entendre leur exigence d'une autre politique que Lutte Ouvrière présente des listes dans ces élections. Mais ce n'est pas que pour cela.
Si nous avons des élus, ou au moins un nombre de voix significatif, nous nous efforcerons, dans chaque commune où nous sommes présents, avec l'aide de ceux qui nous auront soutenus, d'exiger de la nouvelle majorité municipale, quelle qu'elle soit, qu'elle tienne compte des intérêts de la population laborieuse. C'est possible, parce que le territoire d'une commune est limité, parce que les élus municipaux y vivent sous les yeux de la population, et qu'il est donc relativement facile à celle-ci de les mettre face à leurs responsabilités.
Il est plus qu'urgent que le monde du travail fasse entendre ses exigences. C'est pourquoi nous appelons tous les travailleurs qui votent dans des communes où nous présentons des listes, à voter pour Lutte Ouvrière, le seul parti qui aujourd'hui se place sur le terrain de la défense des intérêts des travailleurs, le seul qui combatte résolument tout ce que la politique de ce gouvernement a d'anti-social. Et les travailleurs qui n'habitent pas ces communes peuvent convaincre leurs amis, les membres de leur famille, de voter Lutte Ouvrière.
Arlette Laguiller
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 13 mars 2001)
Editorial d'Arlette Laguiller,
Dans " LUTTE OUVRIERE "
du 12/03/2001
LUTTE OUVRIERE : APRES LE PREMIER TOUR DES MUNICIPALES
Lutte ouvrière, en présentant dans ces élections municipales 129 listes dans 109 villes, a pu s'adresser à 5 millions d'électeurs. Cela ne représente que 13 % de l'électorat et les résultats de nos listes, rapportés à la totalité de l'électorat, sont par là-même modestes.
Cela dit, 5 millions d'électeurs, cela représente quand même un sondage grandeur nature. Et, dans la quasi-totalité des villes où nous nous sommes présentés, et en particulier dans les villes à forte population ouvrière, nos résultats ont doublé, voire triplé par rapport aux élections municipales précédentes, et sont en augmentation par rapport à nos suffrages toutes élections confondues.
Dans la majorité des villes où nous nous sommes présentés, les listes Lutte ouvrière dépassent les 5 % des électeurs et, dans un certain nombre d'entre elles, les 10 %. Et nos scores les plus élevés sont atteints dans les quartiers populaires ou dans ces cités HLM où le chômage reste important et où on ne parvient pas à sortir de la pauvreté, même lorsqu'on a trouvé un travail précaire et mal payé. Nos résultats reflètent la déception d'une partie importante de la classe ouvrière envers la politique du gouvernement qui se dit de gauche.
Les électeurs qui ont voté pour les listes Lutte ouvrière ont évidemment voté contre les listes de droite et d'extrême droite. Mais, en même temps, ils ont refusé de voter pour la gauche gouvernementale. Ils ont voulu montrer par leurs votes qu'ils ne se reconnaissent pas dans cette gauche gouvernementale qui favorise les couches les plus riches de la population, pendant qu'une partie du monde du travail est maintenu dans la pauvreté. Un gouvernement prétendument de gauche qui déverse des centaines de milliards de subventions, de dégrèvements fiscaux et d'allégements de cotisations sociales aux entreprises pendant qu'on ferme des hôpitaux, qu'on diminue les remboursements de sécurité sociale et qu'on privatise des services publics. Un gouvernement qui se prétend de gauche mais qui n'a rien fait, depuis trois ans qu'il est au pouvoir, pour aider un tant soit peu les travailleurs face au grand patronat et à ses attaques contre les travailleurs. Il laisse les grandes entreprises licencier même lorsqu'elles font des profits fabuleux. Il laisse le patronat s'attaquer à la retraite à 60 ans.
Les candidats de Lutte ouvrière se sont fait les porte-parole des millions de travailleurs en bas de l'échelle sociale, victimes principales de la politique gouvernementale en faveur des riches. De ceux qui, malgré les vantardises du gouvernement sur la baisse du chômage, ne trouvent qu'un travail en intérim ou à temps partiel non souhaité et dont la généralisation fait que 14 % de la population laborieuse doivent vivre avec moins de 4.200 F par mois et que l'offensive patronale et la politique gouvernementale contribuent à marginaliser, à enfermer dans des ghettos sociaux.
Eh bien, ce sont ceux-là qui se sont exprimés sur nos listes. Et ils s'exprimeront de plus en plus dans l'avenir car ils se rendront de plus en plus compte que ce gouvernement n'est en rien le leur.
La progression des résultats des autres listes d'extrême gauche confirme ce rejet de la politique gouvernementale.
Bien que nous ayons multiplié par quatre nos conseillers municipaux, leur nombre reste faible. Mais, dans les villes où ils ont obtenu le soutien d'une partie significative de la population laborieuse, avec l'aide de celles et ceux qui ont voté pour les élire, ils sauront mener une politique locale en faveur des exploités, en faisant pression sur la majorité municipale, quelle que soit sa couleur politique.
Dans les quelques villes où les électeurs ont voulu que nous nous maintenions au deuxième tour en nous accordant les plus de 10 % de votes nécessaires à cela, nous serons présents pour défendre la politique que nous avons défendue au premier tour.
Là où nous ne pourrons pas nous présenter au deuxième tour, nous n'appelons pas plus à voter pour la gauche gouvernementale que pour la droite anti-ouvrière. Les travailleurs ont été assez trompés depuis 1981.
Arlette Laguiller
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 20/03/2001)
Editorial d'Arlette Laguiller,
Dans " LUTTE OUVRIERE "
APRES LE DEUXIEME TOUR DES MUNICIPALES
20/03/2001
Les élections municipales ne sont pas très démocratiques, et le deuxième tour l'est bien moins encore que le premier.
Au premier tour déjà, les listes qui réalisent moins de 5 % des voix sont éliminées du partage des sièges, même si, comme cela arrive dans les grandes villes, chaque tranche de 2 % de l'électorat, voire moins, devrait être représentée par un élu.
Cet aspect antidémocratique est encore aggravé au deuxième tour, car les listes qui font moins de 10 % au premier tour ne peuvent pas se présenter au deuxième. Ainsi, le deuxième tour est donc loin de constituer une photographie de l'opinion. Par ailleurs, la liste qui réalise le meilleur résultat, même si c'est à 1 % près, rafle 50 % des sièges, auxquels s'ajoute un nombre de sièges correspondant au pourcentage qu'elle réalise dans l'électorat.
La représentation municipale est donc un reflet très déformé de l'électorat.
L'influence électorale des divers courants politiques ne s'établit donc qu'au premier tour. Or, les résultats du premier tour ont montré que la droite était majoritaire en voix. Ce n'est pas nouveau dans ce pays où des lois injustes écartent du droit de vote une fraction importante de la classe ouvrière : les travailleurs immigrés. Mais cela a été accentué par la politique anti-ouvrière et pro-patronale menée par le gouvernement qui a fait que c'est précisément dans les quartiers populaires que l'abstention a été la plus forte.
Il en résulte qu'au deuxième tour la gauche a perdu bien plus de municipalités au profit de la droite que l'inverse.
Bien sûr, dans deux des plus grandes villes du pays, à Paris et à Lyon, la gauche a enregistré un succès et a pris l'hôtel de ville. Ce n'est pas nous qui pleurerons sur le sort de Tiberi, de Seguin, de Millon et consorts. Cela dit, ceux des Parisiens qui ne sont ni bourgeois, ni petits bourgeois, n'ont rien à attendre du socialiste Delanoé. Les élections sont cependant, à Paris comme à Lyon ou Marseille, très particulières. Les mystères de cette loi électorale ont cette fois favorisé la gauche, lui permettant de s'installer à l'hôtel de ville alors, pourtant, que la droite a eu la majorité des suffrages dans les deux villes. La droite fait, pour une fois, les frais d'une loi électorale antidémocratique, établie en complicité entre grands partis.
Le fait notable de ces élections est la perte subie par le PCF. Perte de voix, mais aussi de mairies au profit de la droite ou au profit de son allié socialiste.
Robert Hue a déclaré, le soir du deuxième tour, en substance, que c'est parce que le gouvernement ne s'est pas assez soucié des travailleurs et des couches populaires et que c'est dans les quartiers populaires que l'abstention a été la plus importante. Constatant qu'il n'y a pas eu de "vague rose", il a ajouté que la "composante rouge" du gouvernement devra se manifester plus dans l'avenir. Il serait temps que Robert Hue se souvienne de la couleur rouge!
Robert Hue aurait pu ajouter que, là où elle s'est présentée, il y a eu une poussée vers l'extrême gauche. Si certaines de ses voix viennent de la mouvance socialiste, beaucoup viennent d'électeurs communistes. Robert Hue pourrait en tirer la conclusion que ses ministres devraient quitter le gouvernement, bien qu'on ne puisse même pas affirmer que cela sauverait son parti. Les dirigeants du PC font payer à leur parti des années de politique suiviste à l'égard du PS, de complicité dans la politique anti-ouvrière de celui-ci.
Ce qui serait regrettable, c'est que cela décourage les militants de base et les électeurs du PC et que cela leur fasse perdre non seulement leurs illusions envers les dirigeants du PCF mais aussi leur confiance en leurs idées.
Mais le progrès de l'extrême gauche, en particulier de celle qui s'est affirmée ouvertement sous son nom dans ces élections, prouve qu'on peut tout à la fois rester fidèle aux idéaux communistes de transformation sociale radicale et progresser dans l'opinion alors que la soi-disant gauche, y compris le PCF, recule.
(source http://www.lutte-ouvriere.org, le 30 mars 2001)