Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Merci dassister à ce point de presse au terme du voyage que je viens de faire en Égypte et qui, comme vous le savez, a été mon premier déplacement à létranger en tant que ministre des Affaires étrangères et européennes.
Depuis plusieurs mois maintenant, une profonde aspiration au changement et à la démocratie a été portée par les peuples arabes. La France qui est profondément attachée à ces valeurs, aux valeurs de la démocratie et des droits de lHomme, ne peut quaffirmer sa solidarité et elle la fait, à plusieurs reprises, en direction des populations principalement concernées.
En Égypte, ce mouvement a été conduit dune manière que lon peut qualifier dadmirable et qui fait en tout cas honneur au peuple égyptien. Lensemble des acteurs qui ont eu et qui ont encore à gérer cette révolution, depuis le 25 janvier, ont fait preuve dun sens tout à fait remarquable de la responsabilité. Lattitude des forces armées et des manifestants, rassemblés place Tahrir dans des moments très délicats, a été exemplaire.
LÉgypte a une longue tradition politique. Elle a été lun des foyers de la renaissance arabe ; elle le redevient aujourdhui. Les Égyptiens ont, eux-mêmes, renversé un régime autoritaire et cest aux seuls Égyptiens quil appartient, aujourdhui, de définir les contours du régime démocratique quils souhaitent. Je suis là tout simplement pour leur dire que nous les accompagnerons dans ce difficile cheminement. Le monde leur fait confiance pour aller au bout du chemin vers la démocratie.
Cette journée que je viens de passer au Caire ma permis de rencontrer le maréchal Tantawi à qui jai remis une lettre du président de la République, M. Nicolas Sarkozy. Je lai assuré de la confiance que la France place dans le Conseil suprême des forces armées pour conduire la suite du processus de transition politique.
Jai également rencontré les représentants des jeunes qui ont animé la révolution du 25 janvier. Je me suis longuement entretenu avec une dizaine de membres de la «Coalition des Jeunes pour la Révolution» qui expriment les revendications dune nouvelle Égypte. Ils ont partagé avec moi leurs préoccupations, mais aussi leurs ambitions pour lavenir et je dois dire que cet échange a été, pour moi, particulièrement dense et impressionnant.
Jai rencontré le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Moussa, que je connais bien puisque dans les années 93 et 95, lorsque jétais ministre des Affaires étrangères de la France, il létait aussi de lÉgypte, et jai évoqué avec lui les grands dossiers régionaux.
Comme je lai dit dès mon arrivée, je ne suis pas venu ici avec des recettes toutes faites ou des conseils à appliquer mais tout simplement pour exprimer la disponibilité de la France. Cette disponibilité se manifestera, tout particulièrement dans le domaine économique et social puisque nous mesurons bien les défis que lÉgypte a à relever dans ces domaines.
Sagissant du tourisme, la France a été lun des premiers pays à souhaiter que se réamorce le flux touristique.
Jai également indiqué que notre Agence française pour le développement était prête à augmenter les efforts quelle fait déjà en Égypte, et tout particulièrement en direction des petites et moyennes entreprises qui sont le tissu économique de ce pays et les principaux pourvoyeurs demplois.
Enfin, jai évoqué la volonté de la France de mobiliser lensemble de ses partenaires de lUnion européenne pour lÉgypte, mais aussi pour lensemble des pays du Sud de la Méditerranée, en refondant sous dautres formes possibles ce beau projet de lUnion pour la Méditerranée lancé en 2008.
Ce voyage, malgré sa brièveté, est pour moi important et, au-delà même de son importance diplomatique, émouvant sur le plan humain. On voit bien ici quil y a un des plus grands changements quait connu non seulement cette région mais, de façon plus générale, la scène internationale depuis longtemps. Cest donc de tout cur que nous souhaitons la réussite des peuples arabes dans leur marche vers la démocratie et laffirmation des droits de lHomme.
Voilà, je suis prêt maintenant à répondre à vos questions.
Q - Je voudrais vous poser deux questions Monsieur le Ministre, si vous le permettez. Premièrement, est-ce quil serait possible pour les pays occidentaux, lUnion européenne, non pas dannuler mais de suspendre quelques dettes égyptiennes de façon momentanée, le temps que lÉgypte puisse sortir de ses problèmes ? Deuxième question : quelle est lopinion de la France sur ce quon dit et quon répète actuellement sur une éventuelle intervention militaire en Libye ?
R - Sur le premier point, cest une question quil faut approfondir en en mesurant bien toutes les conséquences sur le crédit de lÉgypte. Il nest jamais bon, je pense, de ne pas payer ses dettes et il ne me semble pas - je parle sous le contrôle de notre ambassadeur - que lÉgypte soit, aujourdhui, dans une situation telle quune annulation puisse véritablement laider.
Sur la Libye, cest bien sûr notre principal sujet de préoccupation au moment où je vous parle. Compte-tenu de lattitude qui a été la sienne et notamment de la violence et de la brutalité dont il a fait preuve à légard des populations libyennes et dont il continue à faire preuve à légard de ses populations, le colonel Kadhafi et son régime sont, pour nous, discrédités et doivent partir.
Cette position est celle du Conseil de sécurité des Nations unies qui a mis en uvre ce nouveau principe de la responsabilité de protéger, adopté à lunanimité en 2005. Le Conseil de sécurité a aussi, pour la première fois, saisi le procureur de la Cour pénale internationale en lui demandant dexaminer lopportunité de poursuites contre ceux qui ont eu de tels agissements. Cette position est également celle de lUnion européenne qui est prête à mettre en uvre les sanctions dont le principe a été décidé par le Conseil de sécurité. Cest la position des États-Unis dAmérique, bien sûr. Cest la position de lUnion africaine. Cest la position de la Ligue arabe comme me la confirmé, à midi, M. Moussa.
Faut-il aujourdhui aller plus loin et envisager une intervention militaire ? La situation sur le terrain est difficile à saisir entre les offensives et les contre-offensives qui opposent les deux camps. La France, mais aussi plusieurs de ses partenaires que jai cités tout à lheure ne sont pas favorables à une intervention militaire occidentale en Libye qui pourrait avoir des effets tout à fait négatifs. Cela dit et dans lhypothèse où les combats deviendraient plus meurtriers, nous devons nous préparer à réagir. Cest la raison pour laquelle nous avons accepté la planification dune zone dinterdiction aérienne au dessus de la Libye. Pour nous, une telle intervention ne peut se concevoir, bien sûr, que sous un mandat des Nations unies et avec la participation de la Ligue arabe et de lUnion africaine. Nous suivrons donc lévolution de la situation, heure par heure.
Q - Vous avez rencontré, tout à lheure, parmi les jeunes, plusieurs membres des Frères musulmans. Est-ce que cela veut dire que les Frères musulmans sont, désormais, des interlocuteurs à part entière pour la France comme les autres forces politiques ?
R - Dabord, je ne veux pas mimmiscer dans les affaires intérieures de lÉgypte. Aux Égyptiens, eux-mêmes, de déterminer quels doivent être les acteurs de cette transition démocratique que nous appelons tous de nos vux. Pour ma part, jai souhaité rencontrer la coordination du 25 janvier et il se trouve que parmi les participants il figurait plusieurs personnes qui se réclament du mouvement des Frères musulmans. Le dialogue que jai eu avec lensemble de cette coordination, en particulier avec les membres des Frères musulmans a été intéressant et ma permis de bien mesurer que la présentation qui est faite, parfois de ce mouvement mérite dêtre éclairée et approfondie ; car plusieurs dentre eux mont fait part de leur vision dun islam libéral et respectueux des principes démocratiques.
Cest donc un dialogue qui mérite dêtre poursuivi, à la fois au sein de la société égyptienne mais aussi plus largement dans ce contexte de lUnion pour la Méditerranée que jévoquais tout à lheure.
Q - Vous avez visité la place Tahrir ; quelle est limportance de cette visite pour vous ?
R - Cela fait plusieurs semaines que sur tous les écrans de télévision français, on voit la place de la Libération, la place Tahrir, et que lon perçoit bien le rôle quont joué les manifestations qui sy sont déroulées dans la révolution que vient de connaître lÉgypte. Il était donc normal que je me rende sur cette place pour mieux percevoir les événements qui sy sont déroulés et, surtout, pour affirmer le soutien de la France à tout ce qui va dans le sens de plus de liberté et plus de démocratie en Égypte et, de façon générale, dans le monde arabe.
Q - Maintenant, la France a décidé de soutenir la formation de la démocratie en Égypte ; comment ?
R - En étant là, présent à côté du peuple égyptien.
Alors, il y a ce quil ne faut pas faire et ce quil faut faire. Ce quil ne faut pas faire, cest se mettre à la place des Égyptiens. Ce sont les Égyptiens qui décideront de leur transition démocratique, de lorganisation de leurs élections, des changements de leur constitution, de ce quils décideront ensemble et la France na pas lintention de sy immiscer. Mais, dun autre côté, nous ne pouvons pas rester indifférents à ce qui se passe ici parce que la Méditerranée est notre mer commune. Nous sommes donc concernés et cest la raison pour laquelle, de la manière dont le souhaiteront les Égyptiens, nous voulons les accompagner et les aider dans ce processus ; cest à eux de nous dire comment.
Q - Quelles sont les mesures que la France et lOTAN ont pris pour la Libye ?
R - Je viens de répondre, je crois assez longuement, sur cette question.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez évoqué le fait que la France va accompagner le renouveau de lÉgypte dans les mois qui viennent et les années à venir. Maintenant, concrètement, comment cette aide va-t-elle se matérialiser ? Est-il question daides financières au niveau de la France, de lUnion européenne et vers quels acteurs ?
R - Jévoquais ces trois points tout à lheure dans mon propos. La France est prête à aider en bilatéral. Jai évoqué lAgence française de Développement qui est lun de nos outils daide au développement. Jai évoqué, aussi, lUnion pour la Méditerranée rénovée, donc limplication de lUnion européenne qui a les moyens de contribuer à ce renouveau, à cette modernisation économique et sociale de lÉgypte. Et puis, nous sommes prêts à aider aussi dans le domaine juridique : nous avons une certaine expertise en matière constitutionnelle, en matière de processus démocratique et de garanties des droits de lHomme. Voici aussi un sujet sur lequel, si on nous le demande, nous sommes prêts à faire part de notre savoir-faire.
Q - Vous avez parlé de la Méditerranée tout à lheure. Jaimerais savoir si votre venue au Caire vous a aussi permis dévoquer aussi lUnion pour la Méditerranée et sur ce quelle va devenir maintenant ?
R - Oui, bien sûr. Jen ai parlé à la fois avec mes interlocuteurs égyptiens, avec le secrétaire général de la Ligue arabe. LUnion pour la Méditerranée est une belle idée. Cest lidée, tout simplement, dune solidarité accrue entre le nord et le sud de ce que jai appelé, tout à lheure, notre mer commune. Et cette solidarité simpose plus que jamais aujourdhui dans tous les domaines : dans le domaine politique, dans le domaine de la sécurité, dans le domaine économique, dans le domaine des flux migratoires. Nos destins sont communs, il faut travailler ensemble.
Alors, lUnion pour la Méditerranée, telle quelle a été lancée en 2008, mérite aujourdhui dêtre refondée puisque les choses ont changé notamment dans plusieurs pays du Sud. Cest le travail auquel nous allons nous attacher maintenant. Je nai pas, évidemment, la réponse à cette question au bout de quatre jours mais cest à lordre du jour de nos travaux à Bruxelles, dès cette semaine, et puis en étroite concertation, bien sûr, avec nos partenaires du Sud.
Je voulais remercier notre excellente interprète et puis, remercier M. lAmbassadeur et lensemble des services de lambassade qui ont organisé ce déplacement et mont permis de vous rencontrer.
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mars 2011
Merci dassister à ce point de presse au terme du voyage que je viens de faire en Égypte et qui, comme vous le savez, a été mon premier déplacement à létranger en tant que ministre des Affaires étrangères et européennes.
Depuis plusieurs mois maintenant, une profonde aspiration au changement et à la démocratie a été portée par les peuples arabes. La France qui est profondément attachée à ces valeurs, aux valeurs de la démocratie et des droits de lHomme, ne peut quaffirmer sa solidarité et elle la fait, à plusieurs reprises, en direction des populations principalement concernées.
En Égypte, ce mouvement a été conduit dune manière que lon peut qualifier dadmirable et qui fait en tout cas honneur au peuple égyptien. Lensemble des acteurs qui ont eu et qui ont encore à gérer cette révolution, depuis le 25 janvier, ont fait preuve dun sens tout à fait remarquable de la responsabilité. Lattitude des forces armées et des manifestants, rassemblés place Tahrir dans des moments très délicats, a été exemplaire.
LÉgypte a une longue tradition politique. Elle a été lun des foyers de la renaissance arabe ; elle le redevient aujourdhui. Les Égyptiens ont, eux-mêmes, renversé un régime autoritaire et cest aux seuls Égyptiens quil appartient, aujourdhui, de définir les contours du régime démocratique quils souhaitent. Je suis là tout simplement pour leur dire que nous les accompagnerons dans ce difficile cheminement. Le monde leur fait confiance pour aller au bout du chemin vers la démocratie.
Cette journée que je viens de passer au Caire ma permis de rencontrer le maréchal Tantawi à qui jai remis une lettre du président de la République, M. Nicolas Sarkozy. Je lai assuré de la confiance que la France place dans le Conseil suprême des forces armées pour conduire la suite du processus de transition politique.
Jai également rencontré les représentants des jeunes qui ont animé la révolution du 25 janvier. Je me suis longuement entretenu avec une dizaine de membres de la «Coalition des Jeunes pour la Révolution» qui expriment les revendications dune nouvelle Égypte. Ils ont partagé avec moi leurs préoccupations, mais aussi leurs ambitions pour lavenir et je dois dire que cet échange a été, pour moi, particulièrement dense et impressionnant.
Jai rencontré le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Moussa, que je connais bien puisque dans les années 93 et 95, lorsque jétais ministre des Affaires étrangères de la France, il létait aussi de lÉgypte, et jai évoqué avec lui les grands dossiers régionaux.
Comme je lai dit dès mon arrivée, je ne suis pas venu ici avec des recettes toutes faites ou des conseils à appliquer mais tout simplement pour exprimer la disponibilité de la France. Cette disponibilité se manifestera, tout particulièrement dans le domaine économique et social puisque nous mesurons bien les défis que lÉgypte a à relever dans ces domaines.
Sagissant du tourisme, la France a été lun des premiers pays à souhaiter que se réamorce le flux touristique.
Jai également indiqué que notre Agence française pour le développement était prête à augmenter les efforts quelle fait déjà en Égypte, et tout particulièrement en direction des petites et moyennes entreprises qui sont le tissu économique de ce pays et les principaux pourvoyeurs demplois.
Enfin, jai évoqué la volonté de la France de mobiliser lensemble de ses partenaires de lUnion européenne pour lÉgypte, mais aussi pour lensemble des pays du Sud de la Méditerranée, en refondant sous dautres formes possibles ce beau projet de lUnion pour la Méditerranée lancé en 2008.
Ce voyage, malgré sa brièveté, est pour moi important et, au-delà même de son importance diplomatique, émouvant sur le plan humain. On voit bien ici quil y a un des plus grands changements quait connu non seulement cette région mais, de façon plus générale, la scène internationale depuis longtemps. Cest donc de tout cur que nous souhaitons la réussite des peuples arabes dans leur marche vers la démocratie et laffirmation des droits de lHomme.
Voilà, je suis prêt maintenant à répondre à vos questions.
Q - Je voudrais vous poser deux questions Monsieur le Ministre, si vous le permettez. Premièrement, est-ce quil serait possible pour les pays occidentaux, lUnion européenne, non pas dannuler mais de suspendre quelques dettes égyptiennes de façon momentanée, le temps que lÉgypte puisse sortir de ses problèmes ? Deuxième question : quelle est lopinion de la France sur ce quon dit et quon répète actuellement sur une éventuelle intervention militaire en Libye ?
R - Sur le premier point, cest une question quil faut approfondir en en mesurant bien toutes les conséquences sur le crédit de lÉgypte. Il nest jamais bon, je pense, de ne pas payer ses dettes et il ne me semble pas - je parle sous le contrôle de notre ambassadeur - que lÉgypte soit, aujourdhui, dans une situation telle quune annulation puisse véritablement laider.
Sur la Libye, cest bien sûr notre principal sujet de préoccupation au moment où je vous parle. Compte-tenu de lattitude qui a été la sienne et notamment de la violence et de la brutalité dont il a fait preuve à légard des populations libyennes et dont il continue à faire preuve à légard de ses populations, le colonel Kadhafi et son régime sont, pour nous, discrédités et doivent partir.
Cette position est celle du Conseil de sécurité des Nations unies qui a mis en uvre ce nouveau principe de la responsabilité de protéger, adopté à lunanimité en 2005. Le Conseil de sécurité a aussi, pour la première fois, saisi le procureur de la Cour pénale internationale en lui demandant dexaminer lopportunité de poursuites contre ceux qui ont eu de tels agissements. Cette position est également celle de lUnion européenne qui est prête à mettre en uvre les sanctions dont le principe a été décidé par le Conseil de sécurité. Cest la position des États-Unis dAmérique, bien sûr. Cest la position de lUnion africaine. Cest la position de la Ligue arabe comme me la confirmé, à midi, M. Moussa.
Faut-il aujourdhui aller plus loin et envisager une intervention militaire ? La situation sur le terrain est difficile à saisir entre les offensives et les contre-offensives qui opposent les deux camps. La France, mais aussi plusieurs de ses partenaires que jai cités tout à lheure ne sont pas favorables à une intervention militaire occidentale en Libye qui pourrait avoir des effets tout à fait négatifs. Cela dit et dans lhypothèse où les combats deviendraient plus meurtriers, nous devons nous préparer à réagir. Cest la raison pour laquelle nous avons accepté la planification dune zone dinterdiction aérienne au dessus de la Libye. Pour nous, une telle intervention ne peut se concevoir, bien sûr, que sous un mandat des Nations unies et avec la participation de la Ligue arabe et de lUnion africaine. Nous suivrons donc lévolution de la situation, heure par heure.
Q - Vous avez rencontré, tout à lheure, parmi les jeunes, plusieurs membres des Frères musulmans. Est-ce que cela veut dire que les Frères musulmans sont, désormais, des interlocuteurs à part entière pour la France comme les autres forces politiques ?
R - Dabord, je ne veux pas mimmiscer dans les affaires intérieures de lÉgypte. Aux Égyptiens, eux-mêmes, de déterminer quels doivent être les acteurs de cette transition démocratique que nous appelons tous de nos vux. Pour ma part, jai souhaité rencontrer la coordination du 25 janvier et il se trouve que parmi les participants il figurait plusieurs personnes qui se réclament du mouvement des Frères musulmans. Le dialogue que jai eu avec lensemble de cette coordination, en particulier avec les membres des Frères musulmans a été intéressant et ma permis de bien mesurer que la présentation qui est faite, parfois de ce mouvement mérite dêtre éclairée et approfondie ; car plusieurs dentre eux mont fait part de leur vision dun islam libéral et respectueux des principes démocratiques.
Cest donc un dialogue qui mérite dêtre poursuivi, à la fois au sein de la société égyptienne mais aussi plus largement dans ce contexte de lUnion pour la Méditerranée que jévoquais tout à lheure.
Q - Vous avez visité la place Tahrir ; quelle est limportance de cette visite pour vous ?
R - Cela fait plusieurs semaines que sur tous les écrans de télévision français, on voit la place de la Libération, la place Tahrir, et que lon perçoit bien le rôle quont joué les manifestations qui sy sont déroulées dans la révolution que vient de connaître lÉgypte. Il était donc normal que je me rende sur cette place pour mieux percevoir les événements qui sy sont déroulés et, surtout, pour affirmer le soutien de la France à tout ce qui va dans le sens de plus de liberté et plus de démocratie en Égypte et, de façon générale, dans le monde arabe.
Q - Maintenant, la France a décidé de soutenir la formation de la démocratie en Égypte ; comment ?
R - En étant là, présent à côté du peuple égyptien.
Alors, il y a ce quil ne faut pas faire et ce quil faut faire. Ce quil ne faut pas faire, cest se mettre à la place des Égyptiens. Ce sont les Égyptiens qui décideront de leur transition démocratique, de lorganisation de leurs élections, des changements de leur constitution, de ce quils décideront ensemble et la France na pas lintention de sy immiscer. Mais, dun autre côté, nous ne pouvons pas rester indifférents à ce qui se passe ici parce que la Méditerranée est notre mer commune. Nous sommes donc concernés et cest la raison pour laquelle, de la manière dont le souhaiteront les Égyptiens, nous voulons les accompagner et les aider dans ce processus ; cest à eux de nous dire comment.
Q - Quelles sont les mesures que la France et lOTAN ont pris pour la Libye ?
R - Je viens de répondre, je crois assez longuement, sur cette question.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez évoqué le fait que la France va accompagner le renouveau de lÉgypte dans les mois qui viennent et les années à venir. Maintenant, concrètement, comment cette aide va-t-elle se matérialiser ? Est-il question daides financières au niveau de la France, de lUnion européenne et vers quels acteurs ?
R - Jévoquais ces trois points tout à lheure dans mon propos. La France est prête à aider en bilatéral. Jai évoqué lAgence française de Développement qui est lun de nos outils daide au développement. Jai évoqué, aussi, lUnion pour la Méditerranée rénovée, donc limplication de lUnion européenne qui a les moyens de contribuer à ce renouveau, à cette modernisation économique et sociale de lÉgypte. Et puis, nous sommes prêts à aider aussi dans le domaine juridique : nous avons une certaine expertise en matière constitutionnelle, en matière de processus démocratique et de garanties des droits de lHomme. Voici aussi un sujet sur lequel, si on nous le demande, nous sommes prêts à faire part de notre savoir-faire.
Q - Vous avez parlé de la Méditerranée tout à lheure. Jaimerais savoir si votre venue au Caire vous a aussi permis dévoquer aussi lUnion pour la Méditerranée et sur ce quelle va devenir maintenant ?
R - Oui, bien sûr. Jen ai parlé à la fois avec mes interlocuteurs égyptiens, avec le secrétaire général de la Ligue arabe. LUnion pour la Méditerranée est une belle idée. Cest lidée, tout simplement, dune solidarité accrue entre le nord et le sud de ce que jai appelé, tout à lheure, notre mer commune. Et cette solidarité simpose plus que jamais aujourdhui dans tous les domaines : dans le domaine politique, dans le domaine de la sécurité, dans le domaine économique, dans le domaine des flux migratoires. Nos destins sont communs, il faut travailler ensemble.
Alors, lUnion pour la Méditerranée, telle quelle a été lancée en 2008, mérite aujourdhui dêtre refondée puisque les choses ont changé notamment dans plusieurs pays du Sud. Cest le travail auquel nous allons nous attacher maintenant. Je nai pas, évidemment, la réponse à cette question au bout de quatre jours mais cest à lordre du jour de nos travaux à Bruxelles, dès cette semaine, et puis en étroite concertation, bien sûr, avec nos partenaires du Sud.
Je voulais remercier notre excellente interprète et puis, remercier M. lAmbassadeur et lensemble des services de lambassade qui ont organisé ce déplacement et mont permis de vous rencontrer.
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mars 2011