Texte intégral
Cela fait cinq ans qu'on attendait ce discours. Cette confidence d'un haut fonctionnaire de l'éducation nationale démontre que le coup a porté : contre la " marchandisation et le saucissonnage du savoir ", pour " l'enseignement professionnel républicain ", contre les vendeurs de titres et pour les diplômes nationaux, Jean-Luc Mélenchon, ministre délégué à l'enseignement professionnel, a lancé un avertissement, jeudi 30 novembre. En ouvrant à Nice un colloque national sur la validation des acquis professionnels, M. Mélenchon a signifié à ses collègues du ministère de l'emploi, Élisabeth Guigou, et du secrétariat d'État à la formation professionnelle, Nicole Péry, que l'éducation nationale ne se laissera pas déposséder de la " formation tout au long de la vie ". Cette incantation, dans les prochaines années, devrait être réalité.
Certificateurs de compétences
Élément essentiel de cette formation continue nouvelle manière, la validation des acquis professionnels, VAP pour les initiés, donne lieu à une âpre bataille dans laquelle s'affrontent les administrations publiques, les branches professionnelles et des organismes privés qui flairent un lucratif marché pour l'avenir. La VAP, inaugurée en France il y a quinze ans, permet à un salarié d'accéder à un diplôme sur la base de son expérience professionnelle. Deux dispositifs la régissent : un décret de 1985, qui autorise des professionnels à s'inscrire dans une formation supérieure ; une loi de 1992, portée à bout de bras par l'éducation nationale, qui leur permet de décrocher un diplôme en étant dispensés des épreuves des examens.
L'éducation nationale délivre, chaque année, 687 titres et diplômes nationaux à près de 600 000 personnes, du CAP au BTS ; parmi elles, 3 000 les ont décrochés par la VAP, démontrant que le savoir acquis en entreprise a le même statut que le savoir académique délivré dans les lycées et les universités. Cette petite minorité, en croissance exponentielle, pose un redoutable problème : l'éducation nationale va-t-elle garder son monopole de la délivrance des diplômes (70 % du " marché "), ou va-t-elle devoir partager cette prérogative avec d'autres certificateurs de compétences ? A ses côtés, mais " loin derrière ", a tenu à rappeler M. Mélenchon, le ministère de l'emploi délivre également des titres (320) pour 41 000 personnes (soit 6 % des diplômes délivrés en France) ; mais aussi les ministères de l'agriculture (7 %), de la santé (5 % des titres), des affaires sociales (2 %). Sans compter les chambres de commerce (5 %), et les branches professionnelles avec leurs certificats valables uniquement dans un secteur d'activité donné (1 %).
" Le monopole de l'éducation nationale est une double protection pour l'employeur, qui sait à qui il a affaire quand il recrute à un niveau de diplôme donné, et pour l'employé ", a précisé Jean-Luc Mélenchon. " Une certification ne donnant pas accès à un titre reconnu nationalement serait une mystification. " Et de plaider pour que tous les lycées professionnels deviennent des centres de VAP, ce que beaucoup sont déjà. M. Mélenchon tentera de faire partager sa vision " républicaine " à Nicole Péry et à ses homologues lors du prochain sommet européen consacré à la formation à Biarritz, le 6 décembre.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 6 décembre 2000)
Certificateurs de compétences
Élément essentiel de cette formation continue nouvelle manière, la validation des acquis professionnels, VAP pour les initiés, donne lieu à une âpre bataille dans laquelle s'affrontent les administrations publiques, les branches professionnelles et des organismes privés qui flairent un lucratif marché pour l'avenir. La VAP, inaugurée en France il y a quinze ans, permet à un salarié d'accéder à un diplôme sur la base de son expérience professionnelle. Deux dispositifs la régissent : un décret de 1985, qui autorise des professionnels à s'inscrire dans une formation supérieure ; une loi de 1992, portée à bout de bras par l'éducation nationale, qui leur permet de décrocher un diplôme en étant dispensés des épreuves des examens.
L'éducation nationale délivre, chaque année, 687 titres et diplômes nationaux à près de 600 000 personnes, du CAP au BTS ; parmi elles, 3 000 les ont décrochés par la VAP, démontrant que le savoir acquis en entreprise a le même statut que le savoir académique délivré dans les lycées et les universités. Cette petite minorité, en croissance exponentielle, pose un redoutable problème : l'éducation nationale va-t-elle garder son monopole de la délivrance des diplômes (70 % du " marché "), ou va-t-elle devoir partager cette prérogative avec d'autres certificateurs de compétences ? A ses côtés, mais " loin derrière ", a tenu à rappeler M. Mélenchon, le ministère de l'emploi délivre également des titres (320) pour 41 000 personnes (soit 6 % des diplômes délivrés en France) ; mais aussi les ministères de l'agriculture (7 %), de la santé (5 % des titres), des affaires sociales (2 %). Sans compter les chambres de commerce (5 %), et les branches professionnelles avec leurs certificats valables uniquement dans un secteur d'activité donné (1 %).
" Le monopole de l'éducation nationale est une double protection pour l'employeur, qui sait à qui il a affaire quand il recrute à un niveau de diplôme donné, et pour l'employé ", a précisé Jean-Luc Mélenchon. " Une certification ne donnant pas accès à un titre reconnu nationalement serait une mystification. " Et de plaider pour que tous les lycées professionnels deviennent des centres de VAP, ce que beaucoup sont déjà. M. Mélenchon tentera de faire partager sa vision " républicaine " à Nicole Péry et à ses homologues lors du prochain sommet européen consacré à la formation à Biarritz, le 6 décembre.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 6 décembre 2000)