Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, soyez le bienvenu. La France était l'allié du président Moubarak avec qui vous aviez créé l'Union pour la Méditerranée. Maintenant que le président Moubarak est parti, avez-vous le sentiment que la France a perdu un ami en Egypte et au Moyen-Orient et avez-vous le sentiment que cette amitié va durer ?
R - Notre ami, c'était le peuple égyptien. C'est avec le peuple égyptien, qui était représenté par le président Moubarak, autorité légale, que nous avons travaillé. Aujourd'hui, nous voulons travailler avec les nouveaux responsables égyptiens. Nous nous réjouissons de cette révolution démocratique qui est en train de se produire. Nous sommes prêts à aider le peuple égyptien sur cette voie et nous sommes tout à fait déterminés à resserrer nos relations, notre solidarité, dans le cadre d'une Union pour la Méditerranée qu'il va falloir rénover, refonder. Nous allons y travailler ensemble.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez dit que vous respectiez le choix du peuple égyptien et que vous n'alliez pas choisir à sa place. Qu'arriverait-il si le peuple égyptien choisissait un gouvernement islamiste ou nationaliste, s'il refusait la paix avec Israël ou s'il allait à l'encontre des intérêts de la France ? Quelle serait votre position alors ?
R - Je ne veux pas envisager le scénario catastrophe. Je fais confiance à la sagesse du peuple égyptien pour avancer vers une véritable démocratie. Si naturellement les évolutions extrêmes que vous évoquez se produisaient, nous en tirerions les conséquences. Mais plaçons-nous dans la réalité d'aujourd'hui qui est la marche vers la démocratie.
Q - Si un nouveau régime égyptien devait refuser la paix avec Israël et devait refonder ses relations avec vous et avec les pays occidentaux, ce serait une catastrophe ?
R - J'ai déjà répondu à cette question. Pour nous, la paix au Proche-Orient, c'est-à-dire le dialogue entre Israël - dont l'intégrité doit être respectée et la sécurité assurée - et un État palestinien qui doit voir le jour, c'est la ligne de conduite qui est la nôtre.
Q - Que souhaitez-vous pour l'Égypte et quelle aide pourrait apporter la France au nouveau régime égyptien ?
R - Nous souhaitons que l'Égypte puisse devenir une sorte de modèle au sud de la Méditerranée, d'un régime qui respecte les droits de l'Homme, développe la démocratie et surtout soit capable de donner aux Égyptiens un niveau de développement satisfaisant et du travail pour cette jeunesse qui est en recherche d'emploi. Sur cette voie-là, nous sommes prêts à l'aider dans un cadre bilatéral - j'ai évoqué par exemple l'intervention de notre Agence française de Développement - ou dans le cadre européen. Nous avons des moyens pour cela, et c'est dans le dialogue que nous allons définir ces modalités d'aide et d'intervention.
Q - Qu'en est-il de la Libye ?
R - Sur la Libye, notre position est tout à fait claire. Le régime Kadhafi s'est discrédité en utilisant la violence contre son peuple. Nous souhaitons qu'il parte. Nous avons déjà pris des mesures en ce sens. Si la situation se dégradait encore, nous sommes disponibles pour voir avec la Ligue arabe, avec l'Union africaine, comment réagir.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mars 2011