Texte intégral
Un kiosque ou un diffuseur de presse qui ouvre, c'est un acteur du lien social qui se crée ou qui renaît, c'est un lieu de sociabilité et de rencontres auquel on donne vie, c'est une chance que l'on donne pour l'exercice de la démocratie. Vous l'aurez compris, la signature de cette convention revêt à mes yeux une signification culturelle et politique : dans l'ère de « l'entre soi » souvent pointée par les travaux des sociologues, dans une « société des écrans », c'est un signal fort en faveur de l'écrit et de la relation sociale de proximité qui est lancée.
Je me réjouis de vous réunir aujourd'hui pour la signature d'une convention marquant l'engagement de mon ministère, celui des élus locaux à travers l'Association des Maires de France (AMF), et de la profession réunie autour du Conseil Supérieur des Messageries de Presse.
Cet engagement est l'aboutissement d'un travail de fond entrepris il y a plus d'un an, à l'issue des Etats généraux de la presse écrite. Il répond à l'une des préoccupations exprimées alors par le Président de la République en matière d'accès à l'information et de diffusion de la presse. Grâce au dynamisme de Mediakiosk, le réseau de kiosques a connu ces dernières années un net regain d'activité. Près de 70 kiosques ont été ouverts depuis 2007. Sur la seule année 2010, on dénombre pas moins de 33 nouvelles implantations. Le renouveau du réseau parisien, qui compte aujourd'hui 341 kiosques ouverts au public, contre 268 en 2005 contribue à donner l'exemple à l'ensemble des communes de France.
Le kiosque de presse connaît une belle embellie au moment où l'ensemble du réseau des diffuseurs peine encore à se stabiliser, au moment où les conditions d'exercice du métier n'ont pas encore trouvé le point d'équilibre souhaité à l'issue des Etats généraux. Le métier de diffuseur souffre de l'érosion des ventes, il subit la concurrence de points de vente complémentaires, qui n'ont pas la presse comme activité professionnelle de référence. La période de mutation profonde que traverse la presse remet en cause les équilibres historiques de la profession. C'est une phase de transition que nous avons le devoir d'accompagner. Et parce qu'un quartier sans marchand de journaux est un quartier sans vie, le ministère de la Culture et de la Communication entend contribuer par tous les moyens à la préservation et au développement du réseau.
C'est pourquoi j'ai décidé de reconduire il y a quelques semaines une aide exceptionnelle destinée à 8 000 diffuseurs de presse spécialisés, pour un montant de plus de 12 M €, soit une enveloppe ' individuelle moyenne qui avoisinera 1 500 €, en fonction du degré de spécialisation du bénéficiaire.
Toutefois, il est important que ce soutien budgétaire s'accompagne de mesures durables. C'est le sens de la modernisation annoncée de la régulation de la branche, c'est le sens des efforts que nous avons consacré au redressement de Presstalis au travers du renforcement des aides à la distribution des quotidiens nationaux. L'engagement du gouvernement en faveur du développement des kiosques de presse s'inscrit dans cette même logique.
Dans un contexte général de profondes réformes, le mouvement de relance des kiosques est amorcé et je souhaite, avec vous, grâce à notre engagement commun, lui apporter la garantie d'un ancrage à long terme.
Car la présence des kiosques est une réponse significative à la crise des commerces de proximité, et notamment de celle des commerces culturels qui subissent la pression grandissante des prix du foncier, notamment dans les centres villes. Le kiosque, par nature, contourne non seulement cette difficulté ; par ailleurs - grâce à un modèle économique diversifié soutenu par l'affichage - il résiste habilement à la baisse des ventes de presse enregistrées ces deux dernières années.
Notre objectif est ambitieux, je le crois toutefois réalisable. Il consiste à installer plus de 300 nouveaux kiosques sur l'ensemble du territoire national en trois ans, soit une progression de près de 40 %. Les objectifs que nous nous sommes fixés sont clairs et peuvent être résumés en trois points :
1.d'une part, il s'agit d'améliorer la situation générale des kiosquiers, qui ont le statut de travailleur indépendant et qui, vous le savez, travaillent souvent dans des conditions difficiles. Il faut consolider le modèle économique du kiosquier et rendre le métier plus attractif. C'est un objectif partagé avec tout le réseau des diffuseurs spécialisés.
2.d'autre part, je souhaite, comme le Président de la République l'avait évoqué à l'issue des Etats généraux, une clarification et une simplification des procédures d'installation des kiosques. Cette clarification du régime d'occupation du domaine public doit aboutir à la publication d'une charte d'information diffusée par l'AMF à l'ensemble de ses adhérents, en collaboration avec le Conseil supérieur des Messageries de Presse (CSMP). Pour véritablement séduire les collectivités locales, nous devons nous appuyer sur des procédures d'installation lisibles, homogènes, libérées des obstacles qui ralentissent encore trop souvent l'instruction des dossiers, quand elles ne découragent pas les communes candidates.
3.enfin un plan de financement faisant en partie appel à la contribution publique doit être mis en oeuvre afin d'accélérer le déploiement du réseau.
Les travaux des groupes de réflexion qui a réuni l'AMF, le CSMP, et le ministère de la Culture et de la Communication, ont déjà permis d'avancer sur la voie d'une simplification des procédures qui devrait se traduire par un aménagement souhaitable du cadre législatif. Ils ont également permis de définir le cadre général du plan de financement nécessaire au déploiement des 300 nouveaux kiosques. J'ai proposé qu'une partie du financement soit assuré grâce aux crédits du Fonds de modernisation de la presse quotidienne, le FDM. Je tiens à remercier les éditeurs qui ont déjà contribué, en 2010, à financer la première phase d'un projet qui sera, je le souhaite, renouvelé au cours des deux prochaines années.
La signature de cette convention formalise et consolide nos premières initiatives. C'est une étape importante. Elle me donne l'occasion de rappeler toute l'importance que j'attache au métier de kiosquier, une profession qui assure, dans de nombreux quartiers, un lien social pour toute la communauté et un lieu de dialogue pour de nombreuses personnes isolées, notamment les personnes âgées. Il est donc de notre devoir de d'accompagner, préserver et valoriser ce métier qui participe non seulement à l'attractivité des quartiers et des territoires, mais aussi à la diversité d'accès à l'information et au pluralisme de la presse dans notre pays.
C'est pourquoi je remercie chaleureusement le Président Jacques PELISSARD ainsi que le Président Jean-Pierre ROGER pour leur engagement au côté de mon ministère. Je tiens aussi à saluer la contribution des éditeurs de presse qui ont permis à cette convention de voir le jour.
Cette signature traduit, chacun le sent, l'attachement des pouvoirs publics, et le mien en particulier, à ce métier qui sert de ciment et de lien entre les habitants, ce métier qui peut aussi bien faire étalage des « manchettes menaçantes » des quotidiens décrites par Roger Martin du Gard dans Les Thibault en même temps que faire naître de belles vocations littéraires, à l'image du talentueux Jean Rouault.
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 23 mars 2011